À quelques heures du coup d'envoi des Worlds 2021 de League of Legends avec la première journée de la phase de groupes du Play-In, la rédac vous propose un tour d'horizon des équipes Wildcard qualifiées pour ce championnat du monde.


Beyond Gaming – Seed 2 PCS 

Depuis sa restructuration, la ligue PCS continue de réaliser son petit bonhomme de chemin. Après une mise en route correcte, certaines équipes se sont déjà détachées du peloton de tête pour s'ériger en tant que leaders. C'est le cas du PSG Talon. Mais derrière, il y a de nombreuses équipes aux dents longues . Si lors du Championnat du monde 2020, le grand public faisait connaissance avec Machi Esports, cette année, c'est Beyond Gaming qui s'envolera vers l'Islande.

 

       

 Beyond Gaming

        Wu "Liang" Liang-Te
        Hsieh "PK" Yu-Ting
        Huang "HuSha" Zi-Wei 
        Chien "Maoan" Mao-An
        Chiu "Doggo" Tzu-Chuan
        Chu Wu "Kino" Hsin-Jung

L'équipe n'est pas forcément inconnue au bataillon. Certes nouvelle dans le paysage esportif lolesque, elle a remplacé en début d'année une ancienne structure très connue à l'internationale : ahq e-sports Club. De ce fait, il est logique de retrouver au sein du roster des joueurs de cette ancienne équipe, et de facto, des habitués aux joutes de feu la LMS. On note ainsi la présence de l'ADC Chiu « Doggo » Tzu-Chuan, du support Chu Wu « Kino » Hsin-Jung et du jungler Huang « HuSha » Zi-Wei. Pour les aider, ils sont accompagnés d'un vétéran de la scène en toplane en la personne de Wu « Liang » Liang-Te, qui a déjà participé aux Worlds, et d'un rookie, Chien « Maohan » Mao-An, pour qui cette année est la seconde en tant que professionnel. 

Qualifiée en tant que seed 2 de sa région, l'équipe a eu de bons résultats tout au long de la saison. Lors du Spring Split, après une seconde place en saison régulière derrière l'ogre « parisien », les joueurs ne purent rien faire face à ces mêmes adversaires, deux fois battus 3-0, notamment lors de la grande finale. Requinqués, les coéquipiers de Liang finirent une nouvelle fois derrière le PSG Talon en été. Mais cette fois-ci, ils purent rivaliser avec eux. Écartant dans un premier temps Machi Esports au Round 2 des playoffs (3-1), Beyond Gaming réussit à battre ses grands adversaires 3-2 pour filer en finale du Winner Bracket. Malheureusement, ils durent s'incliner sur le même score lors de la joute décisive face au collectif taïwano-hongkongais. 

L'équipe possède un style de jeu qui lui est propre. Tout d'abord, on reconnaît chez elle la patte qui a fait la célébrité de la LMS en son temps. Même si celle-ci déclina au fur et à mesure des années, elle fut reconnue comme étant très tactique et pénible à affronter. Beyond ne déroge pas à cette règle, et ajoute une particularité supplémentaire assez séduisante. Dans une méta qui se veut rapide, agressive, voulant contester la moindre parcelle d'objectif, Beyond préfère attendre patiemment. Tel le prédateur guettant sa proie, l'équipe est partisane de la tactique de la tortue. Patiente, elle est capable d'encaisser les coups et de répliquer au bon moment, avec les bonnes armes, notamment en teamfight. Elle ne se jette pas en pâture et préfère construire méthodiquement ses plans de jeu en gardant ses ultis ou ses summoners pour les utiliser le plus tardivement possible. Dans la construction de cette stratégie, le fer de lance se nomme HuSha. Très adepte de Xin et Viego pendant les playoffs (pick 5 fois chacun), c'est lui qui va initier les escarmouches et mettre sur de bons rails ses coéquipiers par son agressivité. Pour l'aider dans cette tâche, il peut compter sur Maohan, midlaner au profil classique (Ryze, Lucian, Orianna, Sylas) qui a une petite tendance à plus apprécier le mage des arcanes. Il sait DPS au bon moment et décaler quand il y a besoin. Un autre atout de cette équipe est LianG. Son expérience se ressent aussi bien par son panel de picks (Gwen, Jax, Camille, GP) que dans son style de jeu. Il y a une intelligence notable dans son jeu à travers ses flankings (Kennen) ou le splitpush. C'est une épine dans le pied que le PSG a tenté à maintes reprises de retirer pour éviter qu'il ne prenne trop d'avance. La game où il joua Lucian en témoigne. Concernant la botlane, elle joue dans les standards de la méta avec une certaine préférence pour Varus chez Doggo, ainsi que pour Ziggs. Kino, lui, préfère des champions protecteurs ou à engage tels que Braum ou Rakan. Cependant, on sent chez l'AD Carry cette expérience de bien savoir fight en utilisant son pick dans de bonnes conditions. La game 2 de la demi-finale en est un exemple avec son Aphelios. Il utilisa son pick à bon escient dans le pit du Nashor pour punir un commit du PSG dans sa volonté de forcer l'objectif.

Néanmoins, cette force est un peu leur talon d’Achille, sans mauvais jeu de mot. Beyond n'étant pas fan de prendre le tempo à son avantage, on sent la formation en difficulté lorsqu'elle le possède. L'équipe a du mal, comme beaucoup, à canaliser son agressivité et ses excès d'engagement, à l'instar de HuSha. Comme ce dernier est l'initiateur, il se met souvent en faute. L'équipe tente aussi de forcer des fights pour minimiser des pertes qui lui seront préjudiciables dans le futur. Cependant, en faisant cela, elle ne récolte souvent presque rien. La première game de la demi-finale est révélatrice de ce fait de jeu puisqu'au bout de 7 minutes, quatre morts concédées sonnèrent leur glas. Beyond a également la fâcheuse tendance à se laisser déstabiliser lors des drafts. La game 3 de ce même BO a vu LianG être mis en grande difficulté avec un Lucian top pris en last pick. Ayant l'information, le PSG a puni ce choix et l'équipe n'a jamais pu répondre. Idem lors de la game décisive en finale. Ayant joué Viego quatre fois, HuSha s'est retrouvé avec un Olaf en main et fut très fébrile. Le joueur était moins à l'aise dans cet aspect conquérant et duelliste qui pourtant lui sied. Alors qu’il était pris à son propre jeu, ses coéquipiers furent incapable de revenir. C'est un gros point faible : dès que l'équipe passe derrière, elle a du mal à rattraper son regard pour revenir dans le match, sauf en cas de grossières erreurs de son adversaire. Enfin, plus globalement, on retrouve des erreurs individuelles assez génériques. Maohan est a encore trop tendance à mourir facilement. Kino n'est pas un support éclatant. Il ne marque pas les esprits et joue un League of legends propre mais sans plus. Quant à Doggo, bien que bon et solide mécaniquement, il peut parfois se trouer. Enfin, c'est le joueur qui centralise le plus les dommages de son équipe. Ce faisant, s'il est écarté en premier, l'équipe adverse n'a plus qu'à finir le travail. 

Malgré ses faiblesses, Beyond Gaming devrait pouvoir se qualifier pour la phase principale du tournoi. L'inverse serait une énorme déception. Même si celle-ci apparaît comme lente au démarrage, ne choisissant pas de prendre le tempo à son compte, elle a des qualités tactiques bien supérieures à celles des équipes Wildcard. Si son exécution devrait pêcher face aux mastodontes LNG, C9 ou encore Hanwha, HuSha et sa troupe devraient terrasser le reste. En phase de poules, ce sera plus compliqué, et essayer d'obtenir deux victoires sera déjà un beau challenge. En revanche, l'équipe sera intéressante à observer notamment dans ce duel face aux très gros pour voir leur réaction et la mise en place de leur stratégie turtle. La ligue PCS progresse petit à petit, et il est intéressant de la voir à l’œuvre.