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Nous vous en avions parlé il y a quelques semaines déjà, Facebook arrive dans l'univers du streaming grâce à un partenariat signé avec le premier éditeur de jeux du monde : Activision-Blizzard. Mais qu'en est-il des ambitions du géant américain, et Twitch devrait-il s'en méfier ?

 

C'est le 12 mai dernier que la branche média d'Activision-Blizzard (Activision Blizzard Media Networks) a annoncé le lancement d'un tout nouveau contenu en lien avec la retransmission de compétitions. Il s'agissait de lier à la prochaine Major League Gaming (MLG), celle de Anaheim qui s'est jouée du 10 au 12 juin derniers, un tout nouveau partenaire à savoir le géant des réseaux sociaux Facebook. Le but était simple, offrir du contenu exclusif aux téléspectateurs d'esport qui suivaient la compétition via la page fan de la MLG, permettre d'élargir la cible des personnes susceptibles de voir ce tournoi, et tester également les capacités de l'application Facebook Live qui permet une retransmission en direct. Depuis aucune des deux entreprises n'a communiqué sur le succès de cette tentative, une chose est certaine elles ne souhaitent pas en rester là et c'est maintenant au tour de Blizzard d'expérimenter quelques petites choses.

 

 

 

Mark Zuckerberg lui-même aux commandes

 

Blizzard ira beaucoup plus loin que ne l'a été la MLG dernièrement. L'éditeur souhaite en effet ajouter une toute nouvelle option à ses derniers jeux PC. Il sera ainsi possible de streamer directement depuis son compte Facebook, et donc avec l'application Facebook Live. Cela signifie qu'il faudra, pour utiliser cette option, s'inscrire sur Battle.net avec son compte sur le réseau social. Pour le moment il n'est pas prévu de permettre aux consoles d'en faire de même, certainement que la suite du développement se fera après les premiers résultats obtenus sur PC et les corrections éventuelles de bugs. Quoi qu'il en soit cette direction empruntée par l'éditeur, mais également par le réseau social, semble indiquer un désir réel de trouver une alternative à Twitch et sa position dominante. En ce qui concerne Activision-Blizzard cela n'a rien d'étonnant, la MLG étant déjà une entité à part avec sa propre webTV. En revanche pour la société créée par Mark Zuckerberg c'est plus surprenant même si finalement cela s'explique assez simplement.

 

Lancé en décembre 2015, l'option Live de Facebook est une véritable priorité dans le développement du groupe. Le patron et créateur de l'entreprise lui-même a donné de sa personne pour vendre ce nouveau produit, le 26 février à Berlin il jouait le commercial pendant plus d'une heure. Or depuis beaucoup d'améliorations ont eu lieu. Par exemple, alors qu'au lancement on ne comptait que douze partenaires, aujourd'hui ils sont plus d'une centaine à travailler sur des solutions matérielles ou logicielles visant à diffuser de la vidéo en direct. C'est aussi tout récemment que Facebook a retiré sa limite de diffusion qui était de 90 minutes, désormais vous pouvez retransmettre en illimité (chose plutôt intéressante pour les joueurs et organisateurs esport). L'objectif pour Facebook n'est pas seulement d'enterrer Twitch, c'est surtout de modifier les habitudes en permettant de rester toujours plus sur le réseau social. Bientôt il sera donc possible de suivre des compétitions sportives, pourquoi pas le prochaine Tour de France ou les Jeux Olympiques ? De plus avec la géo-restriction les annonceurs pourront être bien plus précis qu'à la télévision et les publicités ciblées feront leur apparition, pour le meilleur et pour le pire.

 

 

 

Twitch a de quoi s'inquiéter

 

Outre la taille colossale du réseau social face à Twitch, d'autres avantages peut-être moins frappants en font un adversaire redoutable. Pour cela il faut regarder les points où Twitch rencontre le plus de difficultés. Le premier concerne la gestion des commentaires sur les différents salons de discussion. Cela requière un grand nombre de personnes et beaucoup de temps pour supprimer tous les messages à caractères racistes ou autres qui polluent les fils de discussions. Or Facebook possède déjà des robots beaucoup plus perfectionnés et une expérience redoutable dans la gestion de ce problème. Le traitement des mauvais élèves est d'ores et déjà mieux géré que sur Twitch où les sanctions tardent souvent trop longtemps avant de tomber. Idem dernièrement nous vous parlions des fausses donations aux streamers, or le paiement sécurisé est intégré depuis longtemps sur Facebook. De plus lorsque vous vous rendez sur Twitch, vous n'avez pas autant d'interconnexions avec vos contacts, sur Facebook c'est immédiat et cela par un grand nombre de moyens (messages privés, messenger, commentaires etc.). Il existe également la possibilité de discuter en direct en public mais aussi en privé, autre option malheureusement absente sur Twitch. En bref la somme des fonctionnalités que propose l'entreprise de Menlo Park est colossale, tout comme les 1,04 milliard d'utilisateurs actifs quotidiens qu'elle revendique.

 

L'arrivée de Facebook se fait également par un biais tout aussi important que les fonctionnalités, celui de l'argent. L'entreprise a déclaré qu'elle avait envie de prendre part à l'esport et qu'elle était prête à payer pour en faire partie. A l'heure où les droits de retransmission sont une véritable interrogation, d'où la création de la World Esport Association par l'ESL pour espérer négocier quelque chose, un acteur aussi puissant et riche que Facebook qui affirme arriver avec le portefeuille ouvert devrait en réjouir plus d'un. Jusqu'à maintenant la position dominante de Twitch ne permettait pas de réellement faire monter les enchères, et ceux qui s'y sont essayés (pour ne pas citer Azubu) se retrouvent aujourd'hui dans des situations financières très compliquées. Mais l'apport d'un véritable concurrent aux reins solides devrait permettre de monter les tarifs, chacun espérant s'arracher les droits de retransmission des compétitions les plus prestigieuses. De plus l'expertise publicitaire et la renommée d'une société aussi importante ne peut qu'être un atout positif pour le développement du sport électronique.

 

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L'aventure est loin d'être terminée, elle ne fait que commencer même et pour le moment Facebook n'a pas vraiment sorti le grand jeu. Le partenariat avec Activision-Blizzard est une première tentative, signifiant déjà que l'éditeur a quant à lui d'ores et déjà choisi son camp. Facebook demeure malgré tout un ogre dont la présence serait positive mais également négative par certaines aspects. En revanche cet intérêt soudain pour l'esport pourrait également laisser penser que d'autres sociétés, notamment Twitter et son application Periscope, pourraient elles aussi être intéressées. L'arrivée d'autres acteurs serait d'ailleurs une très bonne chose pour l'ensemble du secteur. Une seule chose est certaine, le modèle traditionnel de diffusion audiovisuel est mort et son remplaçant se construit petit à petit sans que l'on sache encore en définitive à quoi il ressemblera dans les prochaines années.