League of Legends n’a pas encore été confirmé au programme de l’Esports Nations Cup 2026. Mais si la discipline était retenue, la France disposerait d’un vivier conséquent. En se limitant aux joueurs français de LEC et de LFL, deux sélections cohérentes pourraient voir le jour.
Un exercice spéculatif, mais révélateur du niveau tricolore
L’Esports Nations Cup, prévue pour novembre 2026, entend opposer des sélections nationales d’esport, sur un modèle proche des Coupes du monde traditionnelles. La liste des jeux n’a pas encore été officialisée. League of Legends pourrait en être absent, mais son poids historique et la présence des éditeurs impliqués dans l’ENC laissent la porte ouverte.
Pour la France, l’idée d’une “Team France LoL” n’a rien d’anecdotique. Le pays compte une dizaine de joueurs en LEC et alimente depuis des années la meilleure ligue nationale européenne, la LFL. En se limitant à ces deux compétitions, on peut déjà esquisser deux sélections complètes, chacune avec ses forces et ses limites.

Hans Sama, chez G2, fait partie des grands noms français (c) Riot Games
Le socle LEC : l’expérience du haut niveau
Le LEC Summer 2025 offre une photographie claire. G2 domine son groupe sans concéder une seule défaite, Fnatic et Karmine Corp suivent le rythme, tandis que NAVI et Heretics ferment la marche. Les Français sont dispersés dans plusieurs structures, avec des trajectoires contrastées.
Toplane : Adam (NAVI)
Seul représentant français sur la toplane en LEC, Adam traverse une saison compliquée. Son équipe ferme la marche de son groupe (0-3, aucun match remporté), ce qui pèse sur sa visibilité. Mais son statut reste unique : aucun autre Français n’occupe le rôle en LEC, ce qui en fait une option incontournable pour une sélection.
Jungle : Boukada (BDS), Sheo (Heretics), Skeanz (SK), Isma (GIANTX), SkewMond (G2)
C’est le poste où la densité est la plus forte. Boukada peinne à trouver son rythme dans un collectif fragile (1-2 en série). Sheo subit la mauvaise dynamique d’Heretics (0-3, dernier de son groupe), mais il a déjà évolué aux côtés d’Adam, Nuc et Stend, ce qui en ferait un sérieux prétendant : cette complicité pourrait peser dans une sélection nationale. Skeanz, de son côté, vient de retrouver la LEC après plusieurs splits passés en Turquie, et s’impose peu à peu comme une option crédible dans un SK plus compétitif que prévu (1-2). Isma n’est pas totalement novice : il avait déjà connu une première expérience LEC avec SK Gaming en 2024, avant de revenir cette année avec GIANTX (1-2). Enfin, SkewMond a rejoint G2 en janvier pour son tout premier split en LEC. Recruté à la place de Yike, il s’affirme progressivement dans un collectif invaincu dans ce Summer Split (3-0, 6-0 en parties) et monte en puissance au fil des semaines, notamment après ses deux expérience à l'international, le MSI et l'EWC.
Mid : Nuc (BDS), Kamiloo (Heretics)
Deux midlaners français actifs en LEC. Nuc reste l’option la plus installée, malgré une équipe BDS en difficulté. Kamiloo découvre la scène avec Heretics, une formation qui passe par une petite crise de résultats et une fin de saison estivale rapide.
ADC : Hans Sama (G2), Caliste (Karmine Corp)
Hans Sama reste une référence, aligné dans l’un des collectifs les plus solides du continent (G2, invaincu) et disposant d'une très grande expérience de la scène internationale, ayant même joué un temps au sein de la ligue nord-américaine LCS. Caliste, avec KC (3-1, leader du groupe A), confirme son potentiel dans une équipe compétitive. La France dispose donc d’une botlane d’exception, capable d’apporter des garanties immédiates.
Support : Stend (Heretics)
Seul support français en LEC. L’équipe Heretics traverse un split que nous pouvons qualifier à ce jour cauchemardesque, mais dans un exercice de sélection nationale, Stend resterait la seule option issue de cette ligue.

Caliste sera attendu par une grande partie du public français (c) Riot Games
En résumé : une équipe 100 % LEC aurait de solides arguments, mais serait contrainte sur certains rôles. La botlane est une force claire (Hans Sama – Caliste en rotation), la jungle offre des options multiples, mais le top et le support manquent de profondeur. Voici le choix de la rédaction :
L'équipe de France (spéciale LEC)
Adam "Adam" Maanane
Rudy "SkewMond" Semaan
Ilias "nuc" Bizriken
Steven "Hans Sama" Liv
Paul "Stend" Lardin
Le réservoir LFL : profondeur et diversité
La LFL Summer 2025 est dominée par les Galions, invaincus (8-0). KC Blue suit (5-3), tandis que Gentle Mates et Solary tiennent la cadence (5-3 et 4-3). Vitality.Bee est en milieu de tableau (4-4), devant un bloc équilibré. Ce contexte met en avant un vivier français extrêmement riche.
Toplane : Sotsy (GameWard), Leny (Joblife)
Les options françaises ne sont pas nombreuses au top, mais elles existent. Sotsy s’affirme comme l’un des rares toplaners locaux titulaires. Leny reste jeune mais déjà identifié comme un profil intéressant.
Jungle : Stormax (GameWard), Zicssi (Gentle Mates), Theocacs (Ici Japon)
Un poste où la LFL est compétitive. Theocacs est considéré comme un des talents les plus prometteurs. Stormax a l’expérience des séries LFL. Zicssi assure de la profondeur et des styles différents.
Mid : Vetheo (Vitality.Bee), Eika (Gentle Mates), Decay (Solary)
Le mid est l’un des rôles phares. Vetheo, déjà passé par la LEC avec succès, reste une référence. Eika, vétéran, garde une vraie stabilité dans ses performances. Decay s’impose comme un profil plus offensif, leader chez Solary.
ADC : 3XA (KC Blue), Matias (GameWard), BOOSHI (BK ROG)
Un poste où on trouve du choix. 3XA confirme sa progression chez KC Blue (5-3). Matias et BOOSHI complètent un vivier assez large.
Support : Prime (Ici Japon), HONOR (GameWard), Zoelys (Galions), Myrtus (BDS Academy)
Le rôle le plus fourni. Zoelys domine avec les Galions (8-0), Prime apporte son expérience, HONOR s’affirme chez GameWard, et Myrtus progresse chez BDS Academy.
En résumé : une équipe 100 % LFL aurait une richesse fort sympathique. Tous les postes offrent au moins deux options sérieuses, certains (jungler, midlaner et support) sont bien chargés. La limite vient du manque d’exposition internationale récente, mais la profondeur compense. Voici le choix de la rédaction :
L'équipe de France (spéciale LFL)
Leny "Leny" Albertini
Theo "Theocacs" Sauda
Vincent "Vetheo" Berrié
Thomas "3XA" Foucou
Théo "Zoelys" Le Scornec
Deux sélections nationales, deux réalités
Comparer les deux visions permet de cerner les forces et faiblesses de chaque vivier. Le LEC rerpésente (normalement) l’expérience et la régularité. Tous les joueurs affrontent l’élite européenne chaque semaine. Mais certains rôles n’offrent qu’une seule option française ou des joueurs qui peinent un peu à trouver leurs marques au sein de l'élite européenne, ce qui rend la sélection fragile en cas de méforme. La LFL, quant à elle, représente la densité et la variété. Chaque rôle a plusieurs candidats, certains avec une expérience LEC (Vetheo, 3XA ).
En clair, la France aurait le choix entre une équipe LEC plus sûre mais limitée en profondeur, et une équipe LFL plus ouverte mais encore à prouver. Cet exercice spéculatif montre que la France est l’un des rares pays capables d’imaginer deux équipes nationales complètes rien qu’en s’appuyant sur deux ligues différentes, mais complémentaires. Si League of Legends venait à être retenu pour l’Esports Nations Cup, la France aurait donc un vrai luxe : celui de devoir trancher entre l’expérience du plus haut niveau et la vitalité d’un championnat national particulièrement dense et réputé pour être de très belle facture.