Gen.G favori logique, T1 solide prétendant, Anyone’s Legend outsider dangereux… YamatoCannon livre une analyse tranchée et dense de la hiérarchie du MSI 2025, dans une méta où les individualités l’emportent sur les équipes.

Une grille de lecture brute pour comprendre le MSI 2024

Dans une vidéo dense de plus de plus d'une heure, le technicien suédois YamatoCannon a passé en revue toutes les équipes présentes au Mid-Season Invitational 2025, livrant une hiérarchie argumentée bien au-delà d’un simple classement. Il y oppose des visions du jeu, des dynamiques de méta et les limites réelles de certaines équipes au prestige surévalué. Gen.G, T1, Anyone’s Legend et Bilibili Gaming composent pour lui le carré de tête, avec des nuances fortes sur la valeur réelle de chaque formation. Décryptage.

Un favori sans débat : Gen.G

Yamato ne laisse aucun doute sur la hiérarchie actuelle : Gen.G est, selon lui, l’équipe la plus forte du tournoi. « Si quelqu’un ne met pas Gen.G en numéro un, c’est qu’il est malhonnête ou qu’il veut faire le malin ». Le coach vante un top side qu’il considère tout simplement comme « le meilleur de l’histoire de League of Legends », composé de Canyon, Chovy et Kiin. « La plupart des grandes dynasties reposaient sur des duos. Là, on parle d’un trio ».

Il reconnaît toutefois que cette domination tient beaucoup à la qualité brute des joueurs, plus qu’à une construction collective infaillible : « Gen.G n’a pas le meilleur jeu d’équipe au monde. Ils se reposent sur un talent individuel qui leur permet de s’en sortir même dans des setups défavorables ». Il pointe notamment des drafts discutables et une préparation stratégique qu’il juge « parmi les plus faibles du tournoi ». Selon lui, c’est une équipe qui « vole trop près du soleil » et pourrait se brûler si la méta ou l’adversaire les pousse dans leurs retranchements.

T1, l’expérience et la botlane comme piliers

Derrière Gen.G, T1 se distingue par sa montée en puissance progressive. « Leur botlane est la meilleure du tournoi dans cette méta », affirme-t-il, évoquant la complémentarité parfaite entre Gumayusi et Keria. Il met également en avant la qualité du travail préparatoire de l’encadrement, notamment Mata et Tom : « Leurs drafts contre Hanwha Life en playoffs étaient brillantes. Du vrai travail d’échec ».

Faker, quant à lui, continue de représenter un facteur intangible mais essentiel : « Si on enlève les nameplates, T1 ne serait peut-être pas deuxième. Mais dans un BO5, l’expérience de Faker et l’aura de cette équipe, ça compte ». Il émet toutefois des réserves sur Doran, jugé imprévisible. « Si Doran joue comme en playoffs, c’est un plus. Mais historiquement, il ne convertit pas souvent ses leads. » T1 est, selon lui, « une équipe dont le plafond est haut, mais qui peut encore décevoir ». Le passif de l’organisation à MSI, entre fatigue, blessures, et défaites surprises, nourrit cette prudence.

Anyone’s Legend, la menace invisible

YamatoCannon est très clair : sans les noms sur les maillots, Anyone’s Legend serait pour lui meilleur que T1. « Ils ont la meilleure synergie jungle-support du tournoi, tous championnats confondus. Ils comprennent parfaitement comment connecter leurs rôles, quel que soit le matchup ».

Il décrit leur style comme un Koi version LPL, « sous crack », capable de prendre le tempo dès les premières minutes grâce à un contrôle du terrain impeccable. Tarzan est présenté comme « le MVP du printemps en LPL », Hope comme « l’ADC le plus constant de la saison », et Shanks comme un midlaner adaptable et fiable. Leur point faible est surtout contextuel : l’absence d’expérience internationale du groupe. Mais là encore, Yamato nuance : « Ce n’est pas un défaut structurel. On parle de joueurs qui ont déjà fait des Worlds, qui ont été bons, mais à qui on colle à tort l’étiquette de chokers ».

BiliBili Gaming, talent brut et limites stratégiques

Malgré son statut de finaliste mondial en 2024, BLG n’échappe pas à la critique. YamatoCannon pointe une équipe dont le style est trop figé : « S’ils doivent se battre, ils peuvent battre tout le monde. S’ils ne doivent pas se battre, ils perdent contre Anyone’s Legend, contre T1, contre Gen.G ».

Il juge leur coaching staff « en-dessous de celui de Gen.G, ce qui est déjà très bas », et se montre très dur envers Beichuan : « Il ne joue pas. Il est dans une piscine pleine de requins ». L’écart entre son niveau et celui des autres junglers du tournoi est, selon lui, trop important. Bin reste une exception : « Sa Gwen est interdite. Sa Camille peut faire la différence ». Mais même lui est bridé par des choix douteux : « Il refuse parfois de sortir Jax alors que c’est parfaitement jouable. Il manque de nerfs ».

G2, FlyQuest, Koi et les autres : l’écart se creuse

Au-delà du top 4, YamatoCannon distingue difficilement les équipes occidentales. Il estime que FlyQuest est « surcotée » malgré la forme de certains joueurs comme Inspired ou Massu. Il reconnaît leur capacité à adapter leur plan de jeu, mais souligne un early game souvent désordonné. Movistar Koi lui semble plus cohérent en termes de structure, avec une meilleure gestion du jeu et des leads. « Leur duo jungle-support est très solide, leur mid-late game est enfin structuré ». Mais leur plafond est plus bas.

Quant à G2, son analyse est sans appel : « Ce n’est plus une équipe centrée sur Caps. C’est devenu une équipe centrée sur Hans sama, Labrov et SkewMond. Et ce n’est pas viable ». Il critique la faible range de jeu, les drafts pauvres, et l’effondrement mental de Labrov en match couperet. « C’est un choker confirmé ». L’absence de Mikyx est vue comme un tournant : « Il faisait gagner cette équipe dans l’ombre ».

« C’est une ère de joueurs, pas d’équipes »

Le fil rouge de cette analyse, c’est que la méta actuelle, dite Fearless, ne récompense plus les systèmes ou les identités figées. « Tu dois savoir tout jouer : poke, disengage, jungle carry, jungle utilitaire, tout ». Et dans ce contexte, la capacité individuelle devient le facteur décisif. Gen.G, T1 et Anyone’s Legend ont cette flexibilité. BiliBili Gaming reste prisonnier d’un style. Et les équipes occidentales n’ont ni la rigueur, ni le niveau d’exécution pour suivre. Yamato résume : « On est revenus à une époque où avoir des joueurs vraiment monstrueux, c’est OP. Ce tournoi, c’est celui des joueurs, pas des systèmes ».