En ouverture du MSI 2025, G2 Esports s’est imposé de justesse face à FURIA sur le score de 3 à 2. Un BO5 très poussif pour les Européens, malmenés dans le jeu comme en draft, et dont la victoire finale ne masque pas les inquiétudes.
Une victoire à l’arrachée qui en dit long
Le MSI 2025 s’est ouvert à Vancouver sur un affrontement a priori déséquilibré : G2 Esports, second de LEC, affrontait FURIA, représentant d’Amérique du Sud, dans un premier BO5 censé mettre en valeur l’expérience européenne. Ce ne fut pas le cas. Emmenés dans une série de cinq manches, les G2 ont frôlé l’élimination, tant individuellement que collectivement dépassés par l’agressivité sud-américaine. Zaboutine, dans son débrief, dresse un constat sans concession : « Honnêtement, j'arrive pas à m'expliquer cette contreperformance ». L'ancien coach revient en détail sur les drafts et les exécutions des deux équipes. Il se concentre sur ce qui devait être un simple tour de chauffe pour G2, mais s’est transformé en alerte rouge.
Zaboutine plante le décor sans détour : « FURIA contre G2, théoriquement ça devait être un stomp en faveur des G2 ». Pourtant, dès la première draft, plusieurs choix interpellent. Côté G2, on aligne une composition autour de Vi, Ahri, Kai’Sa et Warwick, des pick peu convaincants. FURIA, de son côté, répond avec une draft atypique mais cohérente, misant notamment sur Xin et Aatrox top, puis une botlane Nilah-Rakan jugée plus fonctionnelle malgré sa portée limitée.
Un début de tournoi laborieux pour G2 Esports
Mais ce qui choque le plus, c’est la performance individuelle : « La première chose dont je veux parler dans l'exécution, c’est la catastrophe de la performance de Bibi dans l’intégralité de ce BO », juge Zaboutine. BrokenBlade se fait dominer en lane, concède des solo kills et laisse toute la priorité à son vis-à-vis. Résultat : FURIA snowball proprement, sécurise les objectifs et conclut la partie en moins de 30 minutes. En game 2, G2 revient avec une draft plus solide autour de Varus, Maokai, Alistar et Corki. Mais là encore, rien de rassurant dans le jeu. « Ils ont frôlé la correctionnelle dans la deuxième game. Honnêtement, c’est pas passé très loin ». Bibi, encore une fois en difficulté, peine à exister malgré un pick Jax censé lui offrir du confort. La game se joue à peu de choses, et sans la légère inefficacité des carrys de FURIA, le score aurait pu grimper à 2-0 contre G2. Zaboutine souligne la fragilité mentale des Européens à ce moment du BO : « Si jamais les Furia avaient drafté un truc avec un tout petit peu plus de pêche… ça aurait pu être la correctionnelle ».

C’est paradoxalement FURIA qui va relancer G2 dans ce BO. En game 3, la formation sud-américaine propose une composition centrée sur Lucian-Nami, Panthéon et Rumble. Une draft jugée trop exigeante mécaniquement et sans réel contrôle : « Carton rouge. Je pense pas que les joueurs de FURIA étaient individuellement supérieurs… sauf en top lane ». Cette fois, la réponse de G2 est plus claire : Jhin, Nautilus, Ornn et Annie, autour desquels l’équipe déroule enfin un plan de jeu propre. Hans Sama et Labrov tiennent leur lane, Caps prend le contrôle mid, et malgré une nouvelle game compliquée pour Broken Blade, G2 passe à 2-1 sans trop trembler.
Mais en game 4, G2 retombe dans ses travers. Zaboutine décrit une draft "intellectuellement esthétique" mais trop ambitieuse pour une équipe qui n’a pas les moyens de la jouer proprement. Naafiri, Blitzcrank, Kalista, Neeko, Renekton : une tentative de compo surprise avec des flex picks mal exécutés. FURIA, en face, s’appuie sur une Séraphine support, un Nocturne impactant et une Akali bien utilisée : « Très dur de l’attraper… et un Sion qui va jouer le rôle de midbag ». Les duels sont vite perdus côté G2, la Kalista devient inutilisable et Blitzcrank inexistant. G2 s’incline logiquement.
C’est finalement en game 5 que G2 s’impose. Pas grâce à une draft géniale, ni une synergie retrouvée, mais bien parce que Caps récupère enfin un champion capable de faire la différence : Yone. « Surprise générale, surprise Pikachu.png : quand Caps est sur un champion playmaker, ça se passe très bien ». Avec Jarvan et Gragas pour encadrer les escarmouches, une botlane Senna-Braum pour contrôler les entrées, G2 domine la game de bout en bout. FURIA, cette fois, n’a pas les outils pour riposter. Zaboutine conclut : « On n’a jamais vu les FURIA exister. Ils se sont fait peur. Honnêtement, moi j’ai eu peur pour G2 ».

Une qualification sans relief, des doutes bien réels
Si le score final donne raison à G2, le contenu du match ne plaide pas en leur faveur. Dominés mécaniquement sur plusieurs positions, fragiles mentalement, incapables de tirer parti de drafts parfois trop compliquées, les Européens abordent leur prochain match face à BLG dans une position très inconfortable. Zaboutine est clair : « Je pense que c’est KC ou MAD la meilleure équipe d’Europe en ce moment. G2, même pas sûr qu’ils soient top 2 ». En face, BLG a survolé sa série contre GAM et semble hors de portée si G2 reproduit la même prestation. Pour Zaboutine, une chose est sûre : « Ce n’est pas la meilleure équipe d’Europe. Je m’attendais à mieux ».