FlyQuest sort des Worlds 2025 après sa défaite contre CFO. Au terme d’une année quasi ininterrompue de compétition, l’équipe s’arrête avant les playoffs. Au micro de Hotspawn, Bwipo revient sur la série, la dynamique interne des derniers mois, les choix de draft et ce qu’il veut pour la suite de sa carrière.
La culture a dérivé : moins d’équipe, plus d’individuel
FlyQuest a cédé samedi face à CFO au bout d’un Bo3 maîtrisé. Interrogé par nos confrères du site Hotspawn juste après la rencontre, Bwipo a immédiatement assumé sa part de responsabilité et replacé la série perdue contre G2 au centre de son analyse. Il a ensuite détaillé les difficultés structurelles traversées par l’équipe, livré son regard sur la toplane adverse, expliqué la logique de draft côté FlyQuest, puis évoqué sa situation contractuelle et l’état du « gap » Est–Ouest : « Je me sens désolé pour les fans et pour mes coéquipiers parce que j’ai jeté la série contre G2. Je pense que j’étais en excellente position pour carry la partie et je n’ai pas converti, surtout en game 3. En game 2, j’ai aussi mal joué, donc mon équipe n’a pas vraiment eu la chance de jouer la partie. En game 1 contre CFO, je pouvais complètement carry si je ne faisais pas certaines erreurs clés. C’est ce sur quoi je suis focalisé et ça fait vraiment mal. »
Sur l’état du collectif, Bwipo a décrit une dérive dans la façon de travailler : « À un moment, notre culture d’équipe a changé : moins d’équipe et plus d’individuel. Pas beaucoup de direction ; on apparaissait sur la Faille et on devait bien jouer. Au lieu de trouver des solutions pour s’aider mutuellement, c’était ta responsabilité individuelle de mieux jouer. Si ta lane phase était mauvaise, à toi de la réparer. Si tu ratais un teamfight ou un angle, c’était de ta faute et tu devais le corriger. On n’avait rien sur quoi s’appuyer en termes de jeu collectif : pas de set plays, pas de cadre commun. Les reviews portaient sur ce que chaque joueur pouvait faire de mieux individuellement, mais il n’y avait quasiment pas de discussions orientées équipe sur ce qu’on voulait faire ensemble et comment. C’était notre plus gros problème. »
« Aux Worlds, tu dois verrouiller les champions en lesquels tu crois »
Sur la préparation et les drafts, Bwipo a expliqué la philosophie défendue en interne : « Aux Worlds, tu joues un minimum de quatre matchs. Ce n’est pas beaucoup. Tu dois parler à tes coaches et coéquipiers, et choisir des champions tels que, quand tu rentres chez toi, tu sois en paix parce que tu as joué ce en quoi tu crois. Avant et pendant le bootcamp, je ne sentais pas que certains champions qu’on sélectionnait étaient les bons. Mais si mes coéquipiers me regardent dans les yeux et me disent “je veux jouer ça, j’y crois”, quel coéquipier je serais si je ne les laissais pas ? J’ai mis toute ma confiance en eux et j’ai fait de mon mieux. Si j’avais carry la game contre G2 comme j’étais censé le faire, on aurait peut-être été en quarts et on aurait eu plus de temps pour ajuster nos pools. Peut-être pas. Mais mon conseil restera le même : verrouille les champions en lesquels tu crois. »
Sur la gestion de la pression et du « mental stack », il a posé un diagnostic personnel : « Je suis un joueur qui prospère dans la structure où je peux créer du chaos. Quand je sais ce qui se passe et que je peux fermer les yeux en visualisant la carte, je deviens créatif et je fais beaucoup de bonnes choses. Quand je ne sais pas, je ressens le besoin de forcer des actions parce que je ne vois pas les angles à venir et je porte ce fardeau. C’est mauvais, c’est mon plus gros point faible, et après six ans, je ne devrais plus avoir ce trait. Mais c’est aussi ce qui me rend fearless : si je vois un angle, je joue. Contre G2 et T1, la pression a montré que j’ai encore du chemin à faire. Il faut que je travaille ça. »
Sur son avenir, son contrat arrivant à terme : « J’ai passé quatre ans en Amérique, quatre ans en Europe. Je suis ouvert aux deux. Les succès internationaux resteront au premier plan de ma décision. C’est un engagement que j’ai pris en rejoignant Fnatic en 2018. J’aimerais vraiment rejouer. »
« Le gap s’est réduit surtout contre les 3e/4e seeds LPL/LCK »
Questionné sur l’écart entre régions, il a déclaré : « Le gap qui a rétréci, c’est surtout sur les troisièmes et quatrièmes seeds de LPL/LCK, qui sont battables. Techniquement, avec un lead de 2 000–3 000 gold, les winrates sont énormes ; trouver ces ‘feats of strength’ compte beaucoup dans ce patch. Historiquement, le plus gros écart est au mid/late game et dans la constance sous pression. Les joueurs asiatiques sont acclimatés à jouer à très haut niveau toute l’année. Le ‘mental stack’ pèse match après match, scrim après scrim. Cette année encore, j’ai eu ce match où j’ai compris, après coup, à quel point j’étais mentalement saturé. »
- Lien pratique : le suivi complet des Worlds 2025