Qualifié pour les playoffs avec Movistar KOI, Alvaro était l’invité du Post Game Lobby après la victoire face à SK Gaming. Il est revenu sur la progression de l’équipe depuis le Winter Split, la discipline retrouvée, la communication avec Jojo, et son impatience de jouer en Bo5.
Une progression réelle, forgée dans la régularité et la méthode
Qualifiée en playoffs après un split beaucoup plus convaincant que celui du Winter, Movistar KOI aborde les séries avec un socle plus solide. Pour Alvaro, la différence se situe autant dans les résultats que dans la façon dont l’équipe a appris à construire sa régularité. « Le plus important pour moi, c’est d’être en playoffs. C’est là que tout commence. On a eu des hauts et des bas pendant la saison, mais on a toujours réussi à rebondir. Même quand on a été en difficulté, comme contre Vitality, on a su rester calmes et se remettre à travailler ». Cette stabilité nouvelle contraste avec les débuts plus hésitants du projet, et semble témoigner d’une maturité collective en développement constant. Le joueur ne cherche pas à enjoliver les choses : il sait que c’est maintenant que la vérité du niveau va se jouer.
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Madrid, une épreuve charnière pour une équipe en construction
Si Alvaro revient longuement sur la progression de son équipe, c’est notamment parce que le roadshow organisé à Madrid a marqué un tournant. Pour lui, l’expérience a été exigeante mais bénéfique. « Il y avait plein de petits désavantages : la scène, le bruit, la proximité avec le public. Mais dans ces conditions, c’est celui qui s’adapte le plus vite qui gagne ». Au-delà de l’aspect logistique, le support espagnol souligne à quel point ces moments hors du cadre classique sont essentiels pour construire la résilience d’un groupe. « On s’est adaptés, on a appris à gérer la pression, et je pense que ça nous a rendus plus solides pour la suite ». Le lien est clair : vivre ce genre de situation, c’est anticiper les conditions qu’ils retrouveront bientôt en playoffs, où la tension est décuplée et les marges d’erreur minimes.
Mais le vrai tournant, selon Alvaro, se situe ailleurs. La différence se fait dans le quotidien, dans la structure de jeu que le groupe a réussi à mettre en place. « Mentalement, on essaie d’être plus disciplinés. On a même une blague en scrims : on parle du ‘discipline sex’ ». Derrière l’humour, une réalité très sérieuse : l’équipe a défini un cadre précis, fondé sur « quatre règles simples » que chacun respecte désormais sans discussion. Le support ne détaille pas ces règles, mais insiste sur leur efficacité : « On les applique tous. Et maintenant, tout le monde sait ce qu’il a à faire ». Cette structuration nouvelle permet à l’équipe de gagner en fluidité et en cohérence. Alvaro note qu’auparavant, beaucoup d’actions reposaient sur de l’improvisation ou de la réaction. Désormais, le plan de jeu est clair, et chacun s’y inscrit.
Moins de paroles, plus d’habitudes : comment Jojopyun est devenu le pivot silencieux
La progression tactique de MKOI s’est aussi accompagnée d’un meilleur partage des responsabilités vocales. Jojopyun, le midlaner canadien, reste le joueur qui parle le plus, selon Alvaro, mais le contexte a changé. « Comme on a pris de bonnes habitudes, il y a moins besoin de parler autant ». Là où l’équipe avait besoin d’un guide verbal permanent, elle fonctionne aujourd’hui avec des automatismes. Ce changement soulage Jojopyun dans son rôle central, mais permet aussi à d’autres joueurs, dont Alvaro lui-même, de s’affirmer davantage à des moments clés de la partie. « Supa et moi avons chacun nos rôles dans certaines situations », dit-il sans en faire des caisses, comme pour souligner que le collectif a fini par respirer au bon rythme.
Une équipe qui apprend à être bilingue… par contrainte (et par amitié)
Sjokz aborde un point souvent éludé : Jojopyun est le seul joueur du cinq majeur à ne pas parler espagnol. Pour une équipe qui baigne naturellement dans la langue de Cervantès, cela aurait pu poser problème. Alvaro reconnaît qu’il a fallu poser des limites. « Quand Jojo est arrivé, certains parlaient trop espagnol. On a instauré la règle du ‘Spanish tax’ : à chaque phrase en espagnol, tu paies un dîner ». Depuis, l’anglais est redevenu la norme à l’oral, même si l’habitude reste tenace. Le joueur assure que Jojo « dit que ça ne le dérange pas », avant d’ajouter : « Peut-être que ça le touche un peu au fond, mais je pense que ça va. » La remarque semble sincère et laisse transparaître une bonne entente dans le groupe malgré les contraintes culturelles.
Questionné sur le niveau global du LEC cette saison, Alvaro ne tourne pas autour du pot. Pour lui, le top 4 composé de Fnatic, KC, G2 et MKOI est clairement au-dessus du reste. « Si on jouait 100 séries contre les équipes de bas de tableau, je pense qu’on en gagnerait 70 % ». Mais le support ne tombe pas dans l’excès de confiance. Il cite notamment Vitality comme une formation capable de faire déjouer les plans les plus bien huilés. « Ils s’amusent beaucoup, et je pense qu’en événement, ça leur donne un avantage ». Une manière de rappeler que le LEC reste une ligue ouverte, et que le classement n’est jamais un verdict définitif.
Playoffs, Bo5 et envie de faire parler autre chose que de Rakan
Ce que le joueur attend désormais, ce sont les playoffs. Le format best of 5, les drafts à préparer sur plusieurs parties, les moments de bascule mentale. « C’est tellement plus intense. Il y a des champions que tu ne sors qu’en Bo5 ». Un terrain qui, selon lui, révèle mieux les vraies forces collectives. Lorsque Odoamne le taquine sur ses picks de confort et le surnomme “one-trick Rakan”, Alvaro répond du tac au tac : « Peut-être que je vais sortir Nidalee support ». La plaisanterie est légère, mais traduit une réalité plus sérieuse : l’équipe semble être prête à surprendre, prête à montrer un autre visage.
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