[MàJ] Saisi entre autre par des membres de l'opposition, le Conseil constitutionnel a statué sur la loi Hadopi adoptée par les parlementaires français. La nouvelle n'est pas bonne pour le gouvernement et notre ministre de la culture, Christine Albanel, puisque le Palais Royal a censuré partiellement la dite loi. En particulier son volet concernant les sanctions encourues par les pirates. Les sages ont en effet considéré ce volet en contradiction avec les articles 9 et 11 de la Déclaration des droits de l'Homme protégeant respectivement la présomption d'innoncence ainsi que la liberté de communication et d'expression. Même si le principe de la haute autorité est validé, le Conseil constitutionnel a jugé que ce n'était pas le rôle de hadopi de sanctionner le pirate. La ministre de la culture ne baisse pourtant pas les bras et attend les consignes du premier ministre ainsi que du Président de la République sur le sujet. Affaire à suivre, donc.
___________

Christine "Hadopi" Albanel
Le piratage des oeuvres numérique est un problème auquel les gouvernements tentent de s'attaquer depuis maintenant bientôt 15 ans et les premiers procès contre le premier réseau d'échange peer-to-peer, Napster. Jusqu'à aujourd'hui, le délit de piratage était assimilé au délit de contrefaçon et donc passible de 300000€ d'amende et 3 ans de prison ferme, ce qui fait beaucoup pour un simple téléchargement du dernier Lorie (quoique).
C'est de ce constat qu'est né dans le cerveau de nos hommes politiques, ou plutôt de l'ancien directeur de la Fnac, Denis Olivennes l'idée de riposte graduée. Le principe est très simple, la première fois que vous vous faites attraper à télécharger illégalement du contenu on vous envoie un mail vous priant d'arrêter, la deuxième fois un courrier recommandé, la troisième fois vous perdez votre connection Internet. Dans les faits, c'est beaucoup plus compliqué, et de nombreux points ont été contestés de manière très virulente sur Internet par des associations comme la Quadrature du Net ou le Réseau des Pirates.
Tout d'abord l'Identification par Adresse IP est un processus très incertain, le protocole ne vérifie jamais l'adresse source, les routeurs sont décentralisés et il est impossible de vérifier l'identité d'un internaute par ce seul biais. De plus, comme un voleur peut se faire flasher par un radar avec votre voiture, il est tout a fait possible pour votre charmante voisine de palier de cracker le réseau WiFi de votre Freebox en quelques minutes et de vous mettre dans l'illégalité.
Ensuite, la juridiction mise en place, la fameuse Haute Autorité, organe supposé indépendant, pose beaucoup de questions. En effet elle est d'une part saisie par les majors qui ont la charge de trouver les internautes enfreignant la loi, par des méthodes à leur seule discretion (envoi de fichiers mouchards, récupération d'adresse ip téléchargeant, etc.) et vous êtes dès lors présumé coupable. A vous ensuite de prouver l'inverse en saisissant les tribunaux. Ceci risque d'une part d'engorger les tribunaux, d'autre part le Conseil Constitutionnel risque de ne pas apprécier (il a dores et déjà été saisi par le Parti Socialiste) le principe de Renversement de Charge de la Preuve alors qu'en France (contrairement aux Etats-Unis par exemple) la Présemption d'Innoncence est censée être la règle.
Mais la plus grande crainte du web (très souvent paranoiaque à ce sujet) est de voir HADOPI se transformer en véritable Big Brother. Même si cet aspect n'est mentionné nulle part dans la loi, il existe une peur que celle-ci ne soit qu'un prétexte pour tout contrôler sur Internet et au final imposer le Sarkozysme comme une dictature en France.
Revenons aux choses sérieuses avec les aspects techniques de cette loi. Les décrets d'application ne sont pas encore publiés donc on ne connait pas grand choses aux mesures techniques qui seront mises en place par les majors pour identifier les pirates. Elles devraient sans doute continuer a appliquer leurs méthodes habituelles qui ont toujours fait leur preuves auprès des internautes "casuals" qui téléchargent sur Kazaa et ne connaissent rien aux arcanes du Peer-to-Peer.
Le point plus inquiétant concerne le Filtrage, la loi mentionne en effet : Elle évalue, en outre, les expérimentations conduites dans le domaine des technologies de reconnaissance des contenus et de filtrage par les concepteurs de ces technologies, les titulaires de droits sur les oeuvres et objets protégés et les personnes dont l'activité est d'offrir un service de communication au public en ligne. Elle rend compte des principales évolutions constatées en la matière, notamment pour ce qui regarde l'efficacité de telles technologies, dans son rapport annuel prévu à l'article L. 331-13-1.
Pas de filtrage en tant que tel à l'heure actuelle, mais on pourrait voir débarquer dans les années à venir des blocages de ports, voire de noms de domaines entiers demandés à nos Fournisseurs d'Accès à Internet. Si cela est un problème pour les Internautes, c'est aussi très mal vécu par les FAI et les hébergeurs qui font déjà des marges très faibles et ne peuvent pas se permettre de mettre en place des filtrages sémantiques complexes avec des forfaits vendus 30€ par mois.
La principale mesure éducative d'HADOPI, en dehors de belles paroles pour qu'une éducation accrue au droit d'auteur soit faite au collège, concerne le principe de mouchards. Ces logiciels espions pourraient être placés par l'internaute pour pouvoir continuer a utiliser Internet malgré une sanction et contrôleront vos échanges. Problème, ces logiciels seront d'une part propriétaires et payants, de plus contrôlés par des entreprises privées, et si il est probable de les voir sous Windows et Mac, on doute qu'ils apparaissent un jour sous Linux ou *BSD par exemple.
D'autres débats plus philosophiques sont aussi apparus, à savoir si Internet était un droit inaliénable et si il était donc interdit de l'interdire. Dans tous les cas ces discussions ont encore renforcé le sentiment qu'il était impossible de forcer le web à suivre une direction, à sa conformer à des lois et que le changement dans celui-ci viendra toujours de l'intérieur.
Ne vous inquiétez pas trop non plus si vous souhaitez continuer à télécharger illégalement en toute quiétude et si vous avez un minimum de connaissances techniques, c'est surtout des Madame Michu qui se feront prendre. La capacité de débit des réseau rend aujourd'hui enviseagable de chiffrer tous vos échanges en SSL, d'utiliser IPREDator le Virtual Private Network de The Pirate Bay, de télécharger sur MegaUpload, RapidShare ou plus simplement d'emprunter le réseau de votre charmante voisine de palier.
HADOPI promet en tout cas des affaires langoureuses en perspective, et on attend avec impatience les premières contestations judiciaires par des utilisateurs s'étant fait prendre en téléchargeant du contenu légal, ou en ne téléchargeant rien du tout. La Commission Européenne a jugé le texte conforme à la loi européenne, le dernier obstacle au passage de cette loi reste donc le Conseil Constitutionnel.
Modifié le 17/04/2019 à 13:18
De quel droit inviterions nous les visiteurs de team aAa a contacter leurs députés pour leur dire que "hadopi c'est bien/mal".
J'utilise du logiciel libre, mais je ne peux pas supporter de voir linuxfr.org faire deux depeches militantes par jour sur hadopi, des gamers ont le droit d'être pour ou contre hadopi, les utilisateurs d'open source ont le droit d'être pour ou contre hadopi, les artistes ont le droit d'être pour ou contre hadopi, aucune de ses catégories n'est obligée de former une "guilde" au sens moyen-ageux du terme qui doit avoir une unité d'opinion.
Encore une fois aAa n'a pas vocation à faire de la politique, et si nous laissons toutes les opinions s'exprimer sur ce sujet tant que ca n'atteint pas le point Godwin (et 79 commentaires sur hadopi sans point godwin distribué il faut le faire) ce n'est pas notre objectif de communiquer autour de textes de lois qui ne concernent pas directement le gaming, le jour ou un texte interdira les fps, la oui nous militerons.
Les opinions dans des domaines connexes aux sport électronique (jeux vidéo, informatique, etc.) ont néanmoins leur place dans les blogs et il n'est pas impensable d'y voir un jour des rédacteurs y donner leurs convictions, mais les brèves doivent s'efforcer de rester neutres pour respecter les divergences d'opinions des lecteurs, même si 95% du web (la France est le pays qui pirate le plus dans le monde) est contre hadopi car se sent visé par cette loi.
Personnellement je suis plus pour le principe de licence globale qui colle mieux a la tendance du moment (j'ai déjà ugc illimité, forfait illimythics, vélib illimité, ...)
Modifié le 17/04/2019 à 13:18
Modifié le 17/04/2019 à 13:18
- le Canard enchainé : "L'ordinateur personnel de François Fillon aurait téléchargé 18 millions de MP3 depuis l'entrée en vigueur de HADOPI. En effet il semblerait qu'un groupe d'étudiants en informatique ait réussi à tromper la vigilance des mouchards et redirigé la totalité de leurs infractions vers cet ordinateur pour montrer la débilité d'une telle loi. "
haha j'aime le canard enchainé y'a qu'eux pour citer de tel anecdotes !
Ceci dis, de toute évidence cette loi est une foutaise car contrable sur tout les niveaux, puis je suis sur que sa n'améliora pas les ventes de disques ou de dvd ! par exemple : moi quand je télécharge une musique ou un film, si j'aime j'achète ! puis étant moi même musicien je le sais mieux que quiconque depuis que le peer to peer est présent sur internet beaucoup plus d'artiste vendent ( via iTunes, Places de concerts & disques etc... ) tout simplement parce que le téléchargement est accessible à tous, donc sa reste tout bonnement la meilleur promo international dont puisse rêver un artiste.
++
Modifié le 17/04/2019 à 13:18
j'adore cette femme, elle me fait pleurer de rire