En dressant son Power Ranking des Worlds 2025, YamatoCannon place Gen.G très nettement en tête, voit BLG et TES comme les principaux défis venus de Chine, annonce un HLE sous-coté, garde T1 dans le coup malgré un été décevant, situe G2 juste au-dessus du reste de l’Europe avec un early game fragile, et estime FlyQuest limité par sa région.

Le Power Ranking de YamatoCannon, lecture des forces en présence sous Fearless

À quelques jours du coup d’envoi des Worlds 2025 de League of Legends, qui se tiendront du 14 octobre au 9 novembre à Shanghai, le technicien suédois YamatoCannon a livré son Power Ranking complet des équipes en lice. Ces championnats du monde, marquant les 15 ans de LoL Esports, inaugurent cette année le format Fearless, nouvelle règle de draft mise en place en début d'année supprimant les répétitions de champions au sein d’une même série. Un changement majeur qui, selon lui, redéfinit l’équilibre entre adaptation, mécanique et profondeur de pool.

YamatoCannon fixe d’emblée le cadre: il a suivi « la quasi-totalité de la LPL, toute la LCK et le LEC, la plupart de la LCS et un peu du Brésil via les matchs inter-régions », en assumant des « trous » sur certaines ligues. Il rappelle surtout que ces Worlds inaugurent la Fearless draft, ce qui « force les équipes à maîtriser plusieurs styles » et limite les renversements de méta de dernière minute. 

LCK : Gen.G au-dessus, HLE dangereux, T1 toujours menaçant, KT à relativiser

Son jugement sur Gen.G est sans nuance. « Gen.G numéro un, je ne pense pas que quelqu’un soit proche. » Il estime que ce format « est la meilleure chose qui soit arrivée à Chovy », le poussant à sortir d’une certaine rigidité pour explorer davantage. Le cinq Kiin–Canyon–Chovy–Ruler–Duro lui paraît complet, « sans faille de pool évidente », même s’il avertit que Canyon « sort d’un de ses pires playoffs » et que le rythme du tournoi pourrait leur jouer des tours : « Le 3-0 en Suisse, c’est douze jours sans match réel, et tu peux arriver en quarts sans t’être vraiment testé. » Pour lui, une seule conclusion : « Si Gen.G ne gagne pas ce championnat du monde, la déception sera majeure. »

Concernant Hanwha Life Esports, il parle d’une équipe « probablement sous-estimée ». Le trio Zeka–Viper–Zeus « peut rivaliser poste pour poste avec n’importe qui », mais le succès dépendra beaucoup de Peanut et Delight. « S’ils ouvrent une série avec Wukong–Rakan et que tout s’enchaîne bien, ils peuvent être la meilleure équipe du monde sur cette seule partie. Mais leur manque de flexibilité en jungle et support peut vite les exposer en game 4 ou 5. »

Sur T1, il garde la même réserve : « T1 en Bo5, c’est toujours difficile à sortir. » Il souligne que les contraintes médiatiques de la saison disparaissent aux Worlds et que « le Faker reposé est le plus dangereux ». En revanche, le Fearless pourrait les mettre en difficulté : « Tu ne peux plus faire Ahri–Orianna tous les jours et finir sur Galio à chaque game. Il faudra montrer plus de diversité. » Il nuance aussitôt : « Quand ils collent à leur confort, c’est leur meilleure façon d’avoir un avantage contre Gen.G. »

Quant à KT Rolster, YamatoCannon se montre mesuré. « Bdd est clairement top 3 mid du tournoi, mais le reste du roster me convainc moins. G2 ou FlyQuest ont tout à fait les moyens de les battre, surtout si le mid adverse tient la joute mécanique. »

LPL : BLG en tête du peloton chinois, TES baromètre impitoyable, AL retombe, IG dépend de ses vétérans

Pour Bilibili Gaming, le constat est : si un prétendant vient de LPL peut être en haut du tableau, c’est bien BLG. Bin a fini fort, et Knight peut être le deuxième meilleur joueur du tournoi. Il met cependant en garde sur « une situation étrange avec Shadow dans la jungle et Baishuan » et sur « une botlane capable de très hauts et de très bas ». Malgré cela, il juge que BLG « peut dévorer votre phase de lane et transformer la moindre avance en victoire », sauf face à des équipes capables de « retirer l’oxygène du match ». Sur Top Esports, YamatoCannon est catégorique : « C’est peut-être la meilleure équipe du monde en teamfight, mais l’une des pires en setup. » Il précise : « Ils se battent beaucoup trop souvent. Ils gagnent parfois en 4v5 après une erreur de position, mais leur macro est trop souvent déficiente. Contre des équipes plus faibles, dix minutes suffisent à vous noyer. »

À propos de Anyone’s Legend, il explique que c’est « la plus coréenne des équipes chinoises quand tout fonctionne, mais une équipe stagnante depuis MSI ». Flandre « a perdu son avance créative » et Shanks « n’a plus le niveau monstrueux affiché à MSI », même s’il reste solide face à ses homologues régionaux. Invictus Gaming, enfin, est selon lui trop dépendante de ses vétérans : « Gala est top 3 ADC mondial derrière Ruler et Viper, Rookie reste excellent, mais leurs playoffs ne m’ont pas convaincu. Weiy et Mako sont trop inconstants. Face à T1, Oner et Keria ne doivent jamais perdre ça. »

Europe, Amériques et Pacifique : G2 Esports au-dessus du LEC mais friable tôt, FlyQuest fort mais bridé par les NA, CFO est l’outsider le plus crédible

Sur G2 Esports, YamatoCannon développe une vision équilibrée : « Leur phase de lane n’est pas si bonne, et face aux équipes LPL ou LCK, l’entrée de match peut être très dangereuse. » En revanche, il salue « une vraie transformation de la coordination jungle–support, une meilleure compréhension de l’information, et une gestion des sides proche du niveau Gen.G ». Selon lui, G2 « peut rivaliser avec KT ou IG et battre AL, mais tout dépendra des dix premières minutes. » Fnatic et Movistar KOI apparaissent en retrait : la première pour ses limites top lane, la seconde pour sa dépendance à Elyoya.

Concernant FlyQuest, YamatoCannon déclare notamment : « Il n’y a pas de vraie opposition en LCS, pas de ladder compétitif, pas de rythme. Mais cette équipe serait probablement meilleure que G2 si elle jouait en Europe toute l’année. » Il voit en Inspired « le meilleur joueur occidental du tournoi », mais déplore « un mid limité à des mages et une botlane en perte de vitesse », tout en saluant « un duo Inspired–Busio toujours létal ». Un bon tirage en format suisse pourrait, selon lui, « les emmener jusqu’en top 8 ». Enfin, sur la scène PCS, CTBC Flying Oyster (CFO) est selon lui « la meilleure chance d’upset hors des grandes régions ». Il juge Doggo, Junia et Hongu « élite à leur poste », capables « de battre G2 ou FlyQuest sur un bon jour ». Il nuance : « Le problème, c’est qu’ils acceptent trop l’inaction entre deux bonnes séquences, sans doute à cause du rythme de leur ligue. »

Le format suisse et la hiérarchie « réelle »

YamatoCannon distingue la hiérarchie pure de la photographie que donnera le format suisse. « Le top 8 sera très étrange, dépendant beaucoup des tirages. » En valeur intrinsèque, il place Gen.G tout en haut, suivi de BLG, HLE, T1, TES, puis AL, KT, G2, FlyQuest et CFO. Il rappelle que la présence limitée d’équipes LCK et LPL « ouvre mathématiquement plus de place pour un passage en quarts de G2 ou FlyQuest ». Gen.G en figure de proue, BLG en poursuivant direct, HLE et T1 capables de tout, G2 Esports discipliné mais encore vulnérable, FlyQuest ambitieux mais contraint par sa région. YamatoCannon résume l’enjeu à sa manière : « Si vous ne pouvez pas battre mécaniquement l’adversaire dans un teamfight équilibré, vous n’êtes pas qualifié pour l’upset. »