Battue en finale de la KeSPA Cup, Hanwha Life Esports termine 2025 sur une note inachevée. Dans une interview accordée à Inven, Zeus détaille ce que le nouveau roster a montré, ce que Gen.G a “cassé” en milieu d’année, et pourquoi il a prolongé avant l’intersaison.
Une fin d’année en forme de point d’étape, avant une saison 2026 déjà lancée
Interviewé par Inven, Zeus a replacé la KeSPA Cup dans un double registre : clôturer 2025, mais aussi offrir une première lecture de ce que peut devenir Hanwha Life Esports en 2026. Il résume d’abord l’état d’esprit général sans chercher d’excuse, en expliquant que « tout le monde se préparait sérieusement » et que, même si l’équipe n’a « pas pu tant s’entraîner que ça ensemble », le tournoi a servi de terrain d’apprentissage, parce que « on a beaucoup appris à travers le tournoi lui-même ».
Il assume aussi le côté “avant-goût”, en disant que « ça donnait vraiment un côté fun, comme un aperçu de 2026 », tout en laissant le regret principal : « c’est dommage qu’on ait fini deuxièmes, mais on est revenus à 2-2 en finale, et il y a eu un moment où on était vraiment tout près de gagner, donc c’est ça qui reste ». Malgré cette fin frustrante, il insiste sur l’utilité du rendez-vous, « on en retire quelque chose », et sur le ressenti immédiat avec les nouveaux coéquipiers, avec une formule qui dit autant l’excitation que l’intensité : « en jouant avec les nouveaux, on peut clairement goûter ce côté “pimenté”, donc c’était fun ».
Quand il précise ce que le groupe a réellement retenu sur le plan de jeu, Zeus décrit la KeSPA Cup comme un révélateur des qualités et des manques d’une équipe en construction. Son constat est posé en deux temps, « je pense qu’on a pu sentir à la fois les forces et les faiblesses du nouveau roster », avant de détailler le point fort majeur : « pour commencer, j’ai vraiment senti que notre niveau en escarmouches est incroyablement bon ». La limite, elle, est associée à un facteur très concret, le temps, « comme on n’a pas eu assez de temps pour construire la synergie, il y avait un certain nombre de domaines où on avait l’air inexpérimentés, surtout en gestion globale de partie et en macro ».
Kanavi après Peanut : un leadership similaire, une lecture du jeu différente
Sur l’un des changements clés dans la composition de l'équipe, la jungle, Zeus compare les profils en restant très descriptif. Il explique que Peanut « a tendance à s’assurer que l’équipe comprend son plan à l’avance, puis à jouer autour de ça », et qu’il retrouve une logique proche chez Kanavi, « Kanavi est similaire ». Il relie même ce ressenti à une expérience antérieure, « je l’avais déjà senti aux Asian Games de Hangzhou : il guide activement ses coéquipiers et dessine son propre plan, et sur ce point, je pense qu’ils se ressemblent ».
La différence principale vient plutôt d’une culture de jeu, liée au parcours de Kanavi : « comme Kanavi a passé toute sa carrière en LPL, j’ai clairement senti que sa perspective sur le jeu est différente de celle de la LCK ». Zeus ne cache pas que cela a produit des frottements ponctuels, « pendant la KeSPA Cup, il y a eu des moments où nos avis ne s’alignaient pas », mais il insiste sur la manière dont l’équipe a géré ça, « comme on essayait tous les deux de se rejoindre à mi-chemin, ça n’est jamais devenu un vrai problème ». Et il termine sur une projection simple, fondée sur le niveau du joueur, « il est tellement fort que je pense que ça va se mettre en place naturellement », en ajoutant un point plus personnel sur le style, « et sur l’idée de jouer proactivement dans la partie, j’ai senti que son style est proche du mien ».
Gumayusi et le staff : une arrivée sans inquiétude, un environnement très tendu
L’autre arrivée majeure est celle de Gumayusi, ancien coéquipier de Zeus chez T1. Sur ce sujet, Zeus tient un discours très clair, presque rassurant : « d’abord, Gumayusi est tellement fort dans le jeu que, simplement, ça me rassure ». Il explique avoir voulu l’aider sur l’adaptation, parce qu’il s’était installé un an plus tôt, mais il coupe vite l’idée d’un joueur en difficulté, « je me suis dit que je devais l’aider au début… mais honnêtement, il se débrouille beaucoup trop bien tout seul ». Et il conclut sur un détail du quotidien qui dit surtout que l’intégration est fluide, « il a l’air de vivre heureux, donc je ne suis pas trop inquiet ».
Sur le banc, Zeus parle aussi du nouveau head coach Homme. Là encore, le premier mot est très concret : « la première chose que tu remarques, c’est qu’il est vraiment passionné, et il donne beaucoup d’avis sur le jeu ». Il décrit ensuite un environnement très actif, où tout le monde parle, « tous les joueurs sont proactifs aussi », ce qui produit une ambiance particulière en draft et en match, « quand on draft ou qu’on joue, la tension de tout le monde est toujours élevée, parfois c’est un peu chaotique ». Il ajoute une observation personnelle, « je pensais déjà être assez énergique, mais depuis que je suis ici, ça n’a rien à voir », avant de ramener le tout à un paramètre classique : « je pense que c’est le genre de chose que le temps peut résoudre ».
Le tournant Gen.G : des débuts gagnants à une saison qui se dérègle
Zeus replace 2025 dans une chronologie : un démarrage fort avec un titre en LCK Cup et au First Stand, puis une série de coups d’arrêt en LCK. Il résume d’abord l’élan initial, « au début, on a si bien démarré que j’avais l’impression que l’année allait être grande ». Puis il situe la bascule, « mais à partir du Road to MSI, j’ai eu ce sentiment que quelque chose n’allait pas, comme si la timeline s’était déréglée ». La défaite contre Gen.G est présentée comme un point de rupture mentale, « après s’être fait reverse sweep par Gen.G, je pense qu’on a vraiment commencé à vaciller ».
Il prolonge avec les Worlds, où le contraste est encore plus dur, parce qu’il dit être arrivé confiant : « même aux Worlds, j’étais vraiment confiant, mais on a tiré Gen.G en quarts et on s’est fait éliminer d’une manière qui sonnait creux ». La conclusion est posée sans détour : « au final, c’est une année où les fans, et moi aussi, peuvent raisonnablement se sentir déçus par les résultats ». Il ajoute toutefois un second niveau de lecture, plus personnel, qui n’annule pas la déception mais explique son ressenti : « en même temps, il y a eu des moments dans le processus où je me suis senti confiant, et j’ai beaucoup appris en me fondant dans une nouvelle équipe, donc personnellement, c’était une année satisfaisante ».
Quand Inven lui demande ce que recouvre exactement cette idée de “timeline déréglée”, Zeus pointe un moment unique, clairement identifié : « le moment où on est passés de 2-0 contre Gen.G à perdre 2-3 ». Il enchaîne sur la conséquence immédiate, « après ça, on a affronté T1 et on a perdu 0-3, ce qui voulait dire qu’on ne pouvait pas aller au MSI. Si on avait juste battu Gen.G 3-0 et avancé, je pense qu’on aurait surfé sur cette dynamique et que les résultats auraient pu être différents ».
À l’inverse, quand il doit citer un moment positif, Zeus situe ça plutôt en début d’année. Il explique qu’il garde « pas mal de souvenirs durs » du second semestre, mais que « mes souvenirs du LCK Cup sont plutôt bons ». Et il donne un exemple précis, en rappelant une période de séries longues, « on a joué tellement de séries en cinq manches à l’époque », avant de citer celle qui lui revient en tête : « parmi elles, je me souviens du match de playoff Round 1 contre T1 où on a gagné avec Olaf–Amumu ».

Une saison LCK très longue, un Fearless Draft plus “fun”, mais exigeant
Sur cette saison 2025, Zeus décrit un calendrier étiré qui a aussi modifié la manière de gérer la forme. Il explique que c’était « difficile » parce que l’équipe a enchaîné des périodes où elle affrontait « des grosses équipes coup sur coup », avec « pas vraiment le temps de respirer ». En revanche, à titre individuel, il donne un contrepoint : « personnellement, j’ai trouvé ça plus facile de maintenir ma forme ». Le point négatif, pour lui, est plutôt compétitif, parce que certaines équipes se croisent peu : « avec les équipes des autres groupes, tu passes longtemps sans vraiment les jouer, c’est presque comme si elles étaient dans une autre ligue », et il dit que « c’est dommage ».
Sur la Fearless Draft, il exprime un avis globalement positif au départ : « personnellement, une fois qu’on a commencé la Fearless Draft, c’était plus fun, et je me sentais confiant que je pouvais faire encore mieux ». Il précise que ça a « bien marché » pour lui au début, mais insiste sur la complexité qui monte avec la profondeur d’un match, « plus tu avances, comme c’est un jeu d’équipe, il y a tellement de choses à penser, champion pool, toutes les variables supplémentaires, donc ça devient vraiment dur ». Il ajoute enfin une remarque sur la réalité des drafts malgré 170 champions : « même s’il y a plus de 170 champions, en Fearless Draft, les champions qui apparaissent en pro restent limités », au point de se demander si « ceux qui ne sont jamais joués n’ont pas besoin de reworks ou quelque chose comme ça ».
La période de transfert : émotions fortes, rumeurs, et une manière de s’en sortir
Sur la période de transfert, Zeus décrit d’abord une phase difficile, puis une sortie par l’action. Il admet « que c’était une période dure après le transfert », mais explique qu’au lancement de la LCK Cup, il a basculé sur une logique de focus, « une fois que la LCK Cup a commencé, je me suis concentré sur ce que j’avais à faire, honnêtement, je ne pouvais pas faire grand-chose d’autre que me concentrer sur le jeu ». Il décrit ensuite un apaisement progressif, « en continuant à jouer, ces émotions se sont estompées petit à petit », avec une phrase très simple sur la concentration : « quand je suis complètement plongé dans le jeu, je n’ai plus la bande passante pour m’inquiéter de ces choses ». Et il conclut, « en passant du temps comme ça, je pense que ça allait lentement mieux ».
Prolongation et “superteam” : un choix fait tôt, et une condition pour que ça marche
Sur sa prolongation, Zeus donne une raison presque immédiate : « un an, c’était trop court ». Il explique que partir maintenant aurait donné une impression d’inachevé, « partir comme ça aurait été décevant, parce que je ne pense pas qu’on ait fait assez ». Il reconnaît les titres pris, « on a gagné le LCK Cup et le First Stand », mais fixe son vrai objectif de prestige, « je veux gagner des événements plus grands, comme le MSI ou les Worlds ».
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Il précise aussi un point de contexte important : sa décision a été prise avant l’intersaison, « comme j’ai décidé de prolonger avant le stove league, ce n’était pas une situation où je pouvais recevoir d’autres offres ». Il raconte ensuite une inquiétude très concrète, « j’étais inquiet de savoir qui remplirait les places restantes », et explique que l’annonce des arrivées a été un soulagement réel : « entendre que Kanavi et Gumayusi rejoignaient l’équipe m’a rendu vraiment heureux ».
Sur les attentes 2026, Zeus refuse l’optimisme automatique : il décrit un projet à fort potentiel, mais très dépendant de la cohésion. Il explique que « si on construit la synergie et l’élan, je pense qu’on jouera un style vraiment explosif et rafraîchissant ». À l’inverse, il assume un risque, « si on ne le fait pas, ça peut ressembler à un chaos total, donc l’entraînement et la coordination sont essentiels ». Et il pose une image très claire de ce que doit devenir une équipe candidate au titre : « si on peut devenir une équipe qui fonctionne naturellement sans avoir besoin de tout dire à voix haute, je pense qu’on sera vraiment une équipe du niveau championnat ».
Le dernier mot aux fans : un soutien déterminant, et une promesse de jeu
Pour finir, Zeus revient sur ce qui l’a soutenu pendant la période difficile. Il explique que « c’était vraiment un moment dur, et j’avais besoin de quelque chose sur quoi m’appuyer », et que « ma famille et les fans m’ont fait confiance et m’ont soutenu, et c’est comme ça que j’ai traversé ça ». Il insiste aussi sur un point qu’il juge important, « ça n’a jamais affecté ma performance, et je crois que ça n’était possible que grâce à leur croyance en moi ». Il conclut sur la gratitude, « je suis très reconnaissant ».
Puis il se tourne vers 2026 avec un message très concret : « on se prépare pour 2026 avec un nouveau roster », et même si la KeSPA Cup s’est terminée à la 2e place, « ça a montré notre potentiel ». Il parle enfin de la suite immédiate en termes de travail, « si on s’entraîne dur pour le LCK Cup, on peut affiner beaucoup », et termine sur une promesse mesurée mais claire : « je pense qu’on peut devenir une équipe effrayante à affronter. On vous montrera beaucoup de matchs excitants ».