Symbole d’une jungle en mutation, Jarvan IV traverse l’un des pires tournois de sa carrière internationale. Neuf apparitions, zéro victoire, une présence pourtant massive dans les drafts : le prince de Demacia peine à trouver sa place dans la méta des Worlds 2025.

Le prince de Demacia en pleine chute libre

Dès les premiers jours des Worlds 2025, une tendance se dessine dans la jungle : certains de ses champions emblématiques donne le sentiment d'être dépassés par l’évolution de la méta. Jarvan IV en est l’exemple le plus marquant. Le champion, longtemps perçu comme une valeur sûre, affiche un bilan catastrophique depuis le début du tournoi : 9 matchs joués (en incluant le play-in), 9 défaites, soit un taux de victoire de 0 %. D’après les données compilées par gol.gg, il reste pourtant omniprésent dans les drafts, apparaissant dans plus de 60 % des séries disputées jusqu’ici.

Un contraste saisissant avec ses heures de gloire. Lors des Worlds 2023, Jarvan IV trônait en tête des junglers les plus sollicités : 30 picks, 37 bans et un solide 56,7 % de winrate. Deux ans plus tard, le constat est brutal : son KDA moyen plafonne entre 1,3 et 1,6, il accuse en moyenne 99 gold de retard à 15 minutes et sa contribution aux dégâts reste modeste, autour de 300 points par minute. Même entre les mains de junglers réputés comme Kanavi, Peanut ou Inspired, le champion peine à peser dans les combats et s’efface dès l’early game.

Une jungle qui cherche son identité dans ces Worlds 2025

Ce déclin s’inscrit dans un contexte plus large : celui d’une jungle où les repères changent vite et où les picks de contrôle classiques cèdent du terrain aux options plus proactives. L’introduction du mode Fearless Draft au Swiss Stage, combinée à une méta centrée sur la mobilité, le swap et la pression des lanes, a réduit la marge de manœuvre de champions comme Jarvan IV ou Vi. Les chiffres traduisent cette difficulté. Vi, autre vétérane de la Faille, ne fait guère mieux : sept apparitions pour deux victoires seulement, soit un taux de réussite de 28,6 %. La jungle, autrefois bastion des champions d’engage, semble aujourd’hui dominée par des profils plus agressifs, capables d’imposer leur rythme dès les premières minutes.

Pendant que ses compagnons d’armes s’effondrent, Xin Zhao s’impose comme la valeur la plus stable du moment. Choisis six fois et présent dans près des deux tiers des drafts, il affiche un winrate de 66,7 %. Son impact se ressent dès les premiers ganks, son scaling reste correct et son ulti lui confère une résilience précieuse dans une méta où la survie du jungler est souvent déterminante. Cette efficacité contraste violemment avec celle de Jarvan IV, dont les engagements se transforment trop souvent en pièges pour sa propre équipe. L’héritier de Demacia, autrefois figure de l’ordre et du tempo dans la jungle, semble aujourd’hui subir le jeu plus qu’il ne le dicte.

Un symbole d’évolution plus large ?

Au-delà du cas individuel, le naufrage statistique de Jarvan IV illustre une tendance plus globale : celle d’une méta qui valorise la flexibilité et le tempo plutôt que les schémas rigides d’engage frontal. Le prince déchu ne manque pas d’outils, mais son profil paraît aujourd’hui trop lisible, trop dépendant d’une exécution parfaite et d’un avantage de composition pour réellement briller. Le tournoi n’en est qu’à ses débuts et certaines équipes pourraient tenter de redonner sa chance au champion, mais pour l’heure, la réalité est claire : Jarvan IV vit son pire Mondial depuis son apparition dans la scène compétitive.