Un soulagement, mais aussi une prise de conscience

La victoire face à Fnatic a apporté un grand soulagement, sans masquer les limites encore visibles du collectif. « Je me sens soulagé, surtout parce que cette victoire nous donne au moins trois jours supplémentaires pour travailler », explique Elyoya. « Avec notre niveau actuel, nous ne sommes pas encore capables d’aller au bout. Notre objectif est de gagner les Worlds, mais pour être honnête, on n’en est pas là aujourd’hui. En revanche, je sais que nous sommes l’équipe qui apprend le plus vite. Si nous utilisons bien ces trois jours, nous deviendrons vraiment dangereux. »

Le jungler espagnol évoque des performances contrastées entre les scrims et les matchs officiels : « C’est difficile à évaluer. Parfois, on montre un très bon visage à l’entraînement, parfois moins. Ce qu’on a montré contre G2, par exemple, ne reflète pas toujours notre niveau en scrim, mais ça arrive aussi à l’entraînement. On a des matchs où tout s’aligne et d’autres où notre coordination s’effondre. C’est un bon rappel qu’on doit encore travailler nos séquences et notre exécution collective. » Il reconnaît que certains matchs officiels, comme le deuxième face à Fnatic, ne ressemblent à rien de ce qu’ils produisent à l’entraînement. « Heureusement, ce genre de partie ne se reproduit pas souvent. C’était plus… une “taxe Jojopyun”. Parfois, il faut accepter ce genre de moment quand on a un joueur comme lui. »

Des drafts improvisées, mais assumées

KOI a surpris avec des choix de champions inattendus, notamment un Kassadin et une Vayne. Elyoya raconte : « Nous n’avions pratiqué ni Kassadin ni Vayne. Mais les opportunités étaient bonnes, et Supa est excellent sur Vayne. Pour Kassadin, disons que Jojo a tenté sa chance. » Il détaille la manière dont se prennent ces décisions en pleine draft : « Ce n’est pas moi qui décide, heureusement. Parfois, le choix est laissé au joueur. Dans la deuxième draft, Jojo disait : “Prenez ce que vous voulez, Gnar ou Kassadin, peu importe.” Alvaro a hésité jusqu’à la dernière seconde et a fini par taper Kassadin à la va-vite. C’était presque improvisé [...] Si un joueur voit un bon angle et qu’il se sent capable, on le laisse faire. La confiance fait partie de notre identité. »

Elyoya insiste sur la difficulté mentale du format Swiss, où chaque jour peut décider du destin d’une équipe : « Le plus dur aux Worlds, c’est de devoir assimiler énormément d’informations en très peu de temps. Si tu n’arrives pas à t’adapter, tu es éliminé. Nous savions que notre approche était bonne, qu’il ne manquait que quelques ajustements. Mais quand tu perds deux fois, ça pèse. » Il explique que l’équipe a pris le temps d’en discuter longuement avant ce match capital : « Nous avons eu une discussion très honnête. Nous croyons au processus que nous avons mis en place. Nous savons que nous sommes sur la bonne voie, il faut juste apprendre vite et corriger nos erreurs. Nous étions proches de battre KT, dans une position gagnante, avant de tout gâcher. Si nous restons concentrés, nous pouvons battre n’importe qui. »

La conviction du groupe

Elyoya reste confiant pour la suite : « Nous croyons sincèrement que tout dépend de nous. Si nous jouons notre jeu, si nous coordonnons bien nos timings et notre tempo, nous pouvons battre n’importe quelle équipe. Mais il y a encore des moments où l’on s’écroule sans raison claire, à cause du mentale, émotionnelle, ou simplement d’ego. » Malgré cela, il reste persuadé que l'équipe progresse dans la bonne direction : « Nous avons le potentiel, le travail et la confiance. Ce n’est qu’une question de temps avant que nous atteignions notre vrai niveau. »