Éliminés en quart de finale des Worlds 2025, les G2 quittent le tournoi après la défaite face à Top Esports. À la sortie du match, BrokenBlade est revenu pour Hotspawn sur la préparation de l’équipe, les erreurs commises, l’écart persistant avec les formations asiatiques et son regard sur la suite.

Une préparation ciblée, mais une exécution défaillante

Interrogé sur la préparation du quart de finale dans une interview accordée à Hotspawn, BrokenBlade explique que G2 s’attendait à un affrontement d’une intensité rare. Selon lui, « Top Esports est l’une des équipes les plus agressives du tournoi », un collectif dont le style rappelle celui de Fnatic, « mais en beaucoup mieux ». Cette comparaison a servi de base au plan de travail du staff, qui a cherché à déterminer « ce qu’il fallait faire pour être prêts face à leur façon de jouer ».

Le toplaner revient également sur les ajustements effectués depuis la phase suisse, avec un accent mis sur certains concepts fondamentaux du jeu. « On regardait beaucoup de choses, notamment comment contester les vagues », explique-t-il. « Les équipes asiatiques font ça extrêmement bien, et on était un peu en retard quand on est arrivés dans le tournoi. » Une progression a été ressentie au fil des matchs, même si le résultat final laisse un goût amer : « Je pense qu’on s’est beaucoup améliorés à ce niveau-là, mais à la fin, c’était malheureusement pas suffisant. »

Des décisions hésitantes autour des objectifs

BrokenBlade identifie un autre facteur déterminant : les choix effectués autour des objectifs neutres. « Je pense que c’est surtout les décisions qu’on a prises à ces moments-là. On était trop hésitants à les laisser, mais on ne se battait pas non plus quand il fallait. » Cette indécision s’est traduite par une perte de rythme, de ressources et de contrôle global sur la carte : « On a gaspillé beaucoup de choses à les regarder faire l’objectif plusieurs fois, et ça nous a fait très mal, en tempo, en or, en tout. On s’est retrouvés très vite derrière. »

Le joueur évoque notamment la troisième manche comme un exemple concret de ces erreurs : « Sur la game 3, ils avaient des champions qui donnaient beaucoup de contrôle. Théoriquement, on a mal joué contre cette composition. Si c’était à refaire, j’irais plutôt sur l’autre côté de la carte quand il y a un objectif, parce qu’ils étaient trop oppressants avec leur poke. On voulait trop gagner les combats, et quand on s’en est rendu compte, c’était déjà trop tard. »

Une draft risquée et des regrets sur le plan de jeu

La troisième manche a également été marquée par un draft atypique du côté de G2, avec notamment un Ivern en jungle et un Thresh en support. BrokenBlade explique que ces choix n’étaient pas improvisés : « C’était une composition préparée, mais on n’a pas bien répondu dans cette draft en particulier. » Il détaille le raisonnement de l’équipe : « On manquait clairement d’engage. Mon champion n’en apportait pas vraiment non plus, donc il fallait trouver des angles créatifs. C’est pour ça qu’on est partis sur Sylas, pour essayer de forcer des ouvertures. » Mais face à un retard trop important dès les premières minutes, la stratégie n’a pas pu se déployer : « Ils étaient déjà trop en avance, trop tôt. À ce stade, c’est difficile de trouver un bon angle. » Le passage en blue side pour la quatrième partie répondait à une logique similaire de recherche d’adaptation : « On voulait pouvoir pick certains champions qu’on bannissait avant. On pensait que c’était le meilleur plan, surtout parce qu’ils ont fini par bannir eux-mêmes nos priorités. »

Le constat d’un écart toujours présent entre l’Est et l’Ouest

Interrogé sur la différence de niveau entre les équipes asiatiques et occidentales, BrokenBlade ne se cache pas : « Je pense que globalement, l’Ouest n’a pas fait un très bon tournoi. On était la seule équipe occidentale dans le top 8. » Malgré cette situation, il retient un motif de satisfaction sur le plan individuel et collectif : « On a fait mieux, c’est déjà un plus pour G2. Personnellement, je n’avais encore jamais atteint les quarts de finale, donc c’est une première pour moi. » Mais il nuance aussitôt : « Si on suit cette logique, l’écart s’est réduit pour G2, mais on veut évidemment être meilleurs l’année prochaine. »

Présent sur la scène compétitive depuis 2016, BrokenBlade évoque ce qui le pousse encore à performer après près d’une décennie de carrière. « C’est la victoire, le fait de soulever un trophée. C’est la récompense que tu obtiens pour tout le travail que tu fournis. » Il ajoute qu’au-delà du collectif, il existe une satisfaction plus personnelle : « J’aime le sentiment d’être meilleur que mon adversaire. Ces deux choses me motivent énormément. » Malgré la défaite, le joueur retient avant tout la cohésion du groupe et la sérénité affichée pendant le tournoi. « On a traversé beaucoup de difficultés cette année, mais les Worlds ont probablement été l’événement le plus fluide pour nous, en termes d’attitude et d’effort. Tout s’est bien passé. »

Il insiste sur la solidité mentale du collectif : « Beaucoup d’équipes souffrent de la pression aux Worlds, mais je suis très fier de la façon dont on a géré ça. » À titre personnel, il considère cette édition comme une réussite sur le plan de l’état d’esprit : « En termes d’ambiance et de cohésion, c’est probablement les meilleurs Worlds que j’ai joués. »

Une fin de saison tournée vers le repos et la réflexion

À l’approche de l’intersaison, le joueur garde la tête froide. « Pour l’instant, je veux juste rentrer chez moi et me reposer. Je vais réfléchir à ce qui s’est passé cette année, à ce que je peux faire mieux. Je ne pense pas encore à l’avenir. » Avant de conclure, il adresse un dernier message aux supporters : « Merci à tous de nous avoir soutenus. Jouer ici, en Chine, a été un vrai plaisir, et j’espère qu’on se reverra l’année prochaine. »