Games Services est la société organisatrice de l’événement de l’année pour les joueurs français : la Coupe de France des Jeux vidéo. C’est aussi celle qui est en charge du Mondial du Gaming, finales de l’ESWC regroupant tous les qualifiés de chaque pays participant. Anciennement Ligarena, elle a pris son nom actuel depuis son entrée en bourse à l’été 2005. C’est une nouvelle lourde de conséquence pour l’esport français et international qui nous est parvenue par une personne proche du dossier. Autant même dire que la nouvelle n’est pas bonne du tout puisque Games Services serait sur le point de fermer boutique. En des termes plus techniques, la société déposerait le bilan sous peu.

Il y a eu des signes avant-coureurs, ça sentait le sapin même. NVIDIA, le sponsor principal de la licence phare de Games Services, avait modifié son partenariat avec l’entreprise il y a de ça quelques mois, en décembre pour être précis. Mathieu Dallon avait alors déclaré :
"Oui, le logo de NVIDIA a bien été retiré de nos bannières internet parce que NVIDIA ne sera plus le sponsor principal international de l’ESWC pour 2009. Cela dit, NVIDIA pourra choisir ou non de supporter des évènements plus locaux comme les préliminaires de l’ESWC. Et nous sommes actuellement en pleines discussions avec eux concernant la prochaine grande finale de la Coupe du Monde des Jeux Vidéo prévue pour juin prochain à Paris. Ce n’est un secret pour personne, toutes les industries, et notamment celles qui supportent traditionnellement le sport électronique, sont entrées dans une période de crise globale.
L’ESWC, comme beaucoup d’autres projets sportifs, ludiques ou culturels va être affecté, et ce n’est pas une bonne nouvelle. Mais étant des pionniers dans le milieu, nous avons la chance de détenir une grande expérience vis-à-vis de ce type de difficultés : nous sommes confiants."

Pourtant déjà à l’époque, certains observateurs annonçaient que, sans la venue d’un nouveau sponsor de taille, l’avenir de cette compétition semblait bel et bien compromis.

Voici le communiqué que nous venons de recevoir :


Ces derniers mois, de nombreuses faillites ont secoué le monde du eSport, notamment celles de CGS et de MYM très récemment. ESL a du réduire ses prizemoney et justifier sa stratégie. L’ESWC ne semble pas épargnée : des rumeurs circulent sur Internet sur la mauvaise santé financière de Games-Services. Que pouvez-vous répondre ?

Nous traversons la crise la plus forte, la plus soudaine et la plus obscure de toute notre histoire. Le mois de février 2009 a été catastrophique dans le secteur de la communication – comme pour beaucoup d’autres secteurs d’ailleurs – il a été pour nous le pire mois depuis les difficultés rencontrées en 2007. Nous attendions des engagements de sponsors pour l’ESWC et le Mondial du Gaming, déjà repoussés depuis plusieurs semaines, qui ne sont pas venus. Plusieurs de nos partenaires licenciés, à travers le monde, n’arrivent pas à monter leurs opérations nationales et donc n’arrivent pas à payer leur licence. Un climat totalement attentiste règne dans l’univers du sponsoring en ce moment. Les grandes marques du secteur IT/Hardware ne peuvent pas s’engager car elles ne maitrisent pas leur marché, sur lequel des pertes se profilent en 2009.  Les budgets de sponsoring, déjà faibles pour notre activité de niche, sont en général les premiers à être annulés dans de telles circonstances. Nous réalisons un peu plus, chaque jour qui passe, qu’en fait, nous nous éloignons progressivement de nos objectifs et qu’une faillite est possible. Je vous parle en toute transparence et en temps réel. Nous avons écrit ce vendredi une lettre à tous nos licenciés pour leur faire part de la situation.  

Concrètement, que va-t-il se passer pour l’ESWC dans les prochains mois ?

Nous travaillons en ce moment tous les scénarios possibles. Notamment ceux qui dissocieraient l’avenir de Games-Services de celui de l’ESWC. D’un côté, nous cherchons à recapitaliser la société avec de nouveaux partenaires financiers – de l’autre nous recherchons toutes les meilleures options pour que la Finale ESWC ait lieu en 2009 dans de bonnes conditions, quitte à la décaler plus tard dans l’année, voire dans un autre pays, et quitte à ce que ce ne soit pas Games-Services qui l’organise. Nous tentons des rapprochements avec d’autres organisations de l’univers du eSport, mais le contexte est le même pour tout le monde : incertain et asséché en terme de budget. En parallèle, parce que tout n’est pas négatif, l’ESWC Asia Masters est en cours de préparation et profite heureusement d’un « micro-climat » coréen pour l’eSport qui lui assure d’être organisé dans d’excellentes conditions. Tout va se décider dans les prochaines semaines.

Et pour la Coupe de France ?

La Coupe de France doit suivre son cours normalement. Nous sommes en train de sécuriser avec la Ville de Puteaux l’organisation de la Finale par un porteur de projet indépendant et associatif de manière à ne pas mettre en danger la production de l’événement. Quel que soit l’avenir de la Finale Mondiale, il faut pouvoir déterminer les champions de France 2009 en mai.

Games-Services gère aussi d’autres projets comme la Team Packard Bell. Quel est son avenir ?

Packard Bell ne sera pas notre partenaire PC en 2009, et ACER sa nouvelle maison mère non plus, malgré des discussions poussées et constructives. Le contexte économique et le timing stratégique du groupe ne le permettant pas. Cependant, pour le moment, rien ne change autour de la Team en France et son avenir n’est décidé que par Packard Bell.

Quelles sont les prochaines étapes ?

L’annonce probable de la suspension de la Grande Finale prévue en juin et son décalage à fin 2009. Je l’espère aussi de bonnes nouvelles comme l’annonce de nouveaux partenaires financiers pour sauver la société.

Vous pensez sincèrement que cette situation n’est due qu’à la crise ? Ou est-ce que la crise n’a pas tout simplement bon dos en ce moment ?

Le contexte est vraiment dégradé. Notre société est dans sa 9e année, donc ce n’est pas qu’une coïncidence. Pour la première fois de son histoire, le marché IT/Hardware décroit et les grands fondeurs de puces enregistrent des pertes. Ce contexte révèle, en effet, la fragilité des modèles économiques du eSport fondés sur le sponsoring, et soumis à des décisions moins stratégiques qu’affectives. Cependant il n’en reste pas moins que les budgets de sponsoring sont coupés pour de nombreux secteurs, pas seulement l’eSport.


Un autre communiqué, envoyé aux partenaires, peut être résumé de la sorte :

Les sociétés qui organisent des finales dans leur pays n’arrivent pas à boucler leurs budgets et en conséquence Games Services ne leur demande pas le paiement des licences. Il n’y aura pas de nouveaux jeux à l’ESWC, contrairement à ce qu’espéraient certains. La grande finale mondiale de l’ESWC n’est pas annulée, mais son processus est gelé et elle aura lieu, si Games Services parvient à l’organiser, dans le dernier quart de cette année. Des solutions à ce problème sont actuellement à l’étude, et notamment la possible d’un déroulement à l’étranger. Un nouveau communiqué arrivera sous peu à ce sujet. Le Master d’Asie, en Corée, sera a priori maintenu, car il est financé par des sponsors locaux.



Lien : Games Services