Alors que vous nous présentions Rustlin il y a quelques jours pour suivre un peu le parcours de l’ancien manager de la TV des *aAa*, nous rencontrons aujourd’hui Stéphanie Harvey. Connue pour être une compétitrice hors pair sur Counter-Strike et une battante dans la vie, elle participe avec une amie à un concours scientifique québécois qui aura lieu ce samedi 16 février... et il ne réunira que des jeunes femmes. Alors que tous les aspects scientifiques sont concernés, elle intervient en tant que designer de jeux-vidéo...

Bonjour Stéphanie "missharvey" Harvey, de nombreux lecteurs ici te connaissent, mais pour ceux qui n'ont pas ce plaisir, pourrais-tu te présenter ?

Bonjour, je m’appelle Stéphanie Harvey et je viens du Canada. Je joue à CS depuis 2003 et j’ai 7 participations à la coupe du monde à mon actif (CheckSix, SK-Gaming, emuLate!, UBINITED) et 4 médailles d’or. Je suis aussi conceptrice de jeux vidéo chez Ubisoft Montréal et chroniqueuse de jeux vidéo dans un show télé québécois, sur la chaîne Musique Plus (un genre de MTV canadien français).

 


Les filles de l'équipe UbiUnited, les grandes gagnantes de l’ESWC 2012

 

Tu participes au "Duo" un concours de science réservé aux filles de certaines régions du Québec avec Sophie Lamont-Cardinal, que préparez-vous ?
Dans le cadre du Duo, Sophie et moi allons créer un petit jeu vidéo d’environ 20 minutes pour les jeunes filles de 2e à 3e secondaires du Québec (environ 13-14 ans, la fin de collège en France). Étant porte-parole 2013 de l’organisme « Les filles et les sciences : un duo électrisant », notre but était de pousser les participantes à réfléchir aux préjugés qui entourent les filles qui veulent faire une carrière dans un monde masculin. Étonnamment, encore aujourd’hui, il y a toutes sortes de préjugés par rapport aux filles et les sciences et je suis très bien placée pour parler de ma propre expérience dans le gaming. C’est un conflit quotidien pour moi et mon équipe au sein de cette communauté entourée d’hommes.

Justement, une statistique française veut que plus de 50% des gens qui jouent soient des femmes, elles seraient presque 40% au Canada. Pourtant il existe un vrai débat concernant l'orientation du gaming, doit-il être sexué ou non ? Qu'en penses-tu ?
Je pense qu’il y a de la place pour tout. Je crois que l’industrie du jeu a encore un grand chemin à faire pour toucher les femmes autant qu’elle le fait avec les hommes. Les femmes ont une sensibilité et un besoin de sociabilité différents des hommes et des jeux comme World of Warcraft ou Mass Effect propose intrinsèquement des contacts humains, réels dans l’un, virtuels dans l’autre et qui peuvent attirer plus de femmes que les jeux de guerre par exemple. Je ne crois pas en des jeux destinés aux femmes, mais je crois en des jeux qui ne les oublient pas. Et plus il y aura de femmes dans l’industrie, plus on va penser à viser ce public cible grandissant de jour en jour.

 


Mass Effect est une trilogie qui possède des éléments de gestion de son équipe

 

En tant que joueuse, tu t'es brillamment illustrée de plusieurs médailles mais en en dehors d'un jeu compétitif, tu joues ? As-tu des genres ou des titres que tu préfères ?
J’adore les jeux d’aventures et les FPS en général. Je suis folle des séries Mass Effect, Deus Ex, Borderlands, etc. Je joue à tout et j’essaie de toucher à tous les genres de jeux. En plus de faire parti de mon travail, c’est aussi ma passion. Je joue beaucoup à League of Legends ces temps-ci et j’adore les jeux de combats aussi. Je suis allée jouer à l’EVO Championship l’année dernière et je vais y retourner encore une fois cette année. Quelle belle scène eSport!

Tu es game designer et fan d'esport, que peux-tu dire des difficultés de réaliser un jeu au potentiel eSportif ?
Je crois que designer pour l’esport est un des plus gros et beaux défis de design du siècle. Il est difficile pour moi de résumer en quelques lignes ce que j’ai déjà présenté en 2 heures durant quelques conférences, mais je vais tenter avec quelques mots-clés. Créer une énorme base de fans, avoir le moins de hasard possible, avoir des outils pour les spectateurs, avoir une profondeur qui permet aux spectateurs de voir le talent et être impressionné du skill (très difficile dans CS:GO par rapport à CS 1.6 par exemple) et créer une élite de superstars qui permet à la communauté de vouloir aspirer à les battre. Ça résume un peu ce que je pense.

 

Miss Harvey dans les coulisses de l’émission “Tout le monde en parle”

 

Le pourcentage d'étudiants en informatique dans l'eSport est relativement élevé, tu aurais des conseils à leur donner ?
Ne lâchez pas et suivez vos rêves. Je suis sortie de mon Master en tant que testeuse de jeux et j’ai persévérée longtemps avant d’avoir un poste de designer. Maintenant j’ai un des meilleurs postes au monde, dans une ville qui mange des jeux vidéos au dîner. Ne cessez jamais de croire en vous-même, même quand d’autres autour ont du succès avant vous. Si vous travaillez fort, un jour ce sera votre tour.

Et bien merci Stéphanie, bonne chance pour samedi ! Un dernier mot pour finir ?
Merci à tout ce monde qui nous soutient : famille, amis, fans. Suivez-moi sur  mon Twitter!