Pour 2026, Riot Games envisagerait un tournoi d’ouverture réunissant les dix équipes partenaires du LEC et deux représentants issus des ERL, dont Los Ratones de Caedrel et le futur champion des EMEA Masters Summer. YamatoCannon salue l’ouverture vers les ERL, tout en soulignant plusieurs zones d’ombre : le statut des académies, la stabilité des rosters, l’intérêt des BO1 et l’articulation du calendrier.
Un projet d’ouverture du LEC qui pose déjà des questions
L’entraîneur suédois s’est penché sur l'information annonçant un Winter Split à 12 équipes, dont deux issues des ERL. Il replace d’abord le contexte : Los Ratones seraient invités d’emblée au vu de leurs sacres aux EMEA Masters du Winter et Spring splits ; le champion Summer obtiendrait l’autre billet, transmis au finaliste si doublon. Il rappelle que les Spring et Summer Splits resteraient, eux, sur un format classique à dix équipes. Dans ce cadre, il salue l’ouverture du haut de tableau à une équipe régionale très suivie, tout en prévenant que plusieurs zones restent floues, notamment le cas des équipes académiques et l’impact du mercato sur l’équipe ERL qualifiée.
Pour YamatoCannon, l’intérêt sportif et économique est évident. « Intégrer Los Ratones au LEC, c’est un impératif. Ils ont une énorme base de fans. » Il avance toutefois un point de principe : ménager la valeur des partenaires qui ont payé leur place. À ses yeux, l’enjeu est de « ne pas créer un précédent qui dévalorise l’investissement des équipes déjà en place », tout en trouvant une porte d’entrée raisonnable pour une structure populaire extérieure au circuit.
Il insiste aussi sur la mécanique choisie pour l’invitation ERL du Summer Split : « L’idée du champion EMEA Masters Summer est étrange. Les chances que l’équipe reste intacte sont quasi nulles : beaucoup de joueurs signeront ailleurs. » À défaut, il reconnaît que ce billet pourrait servir d’argument de recrutement pendant l’intersaison : construire un roster “pour la coupe” afin d’affronter des équipes LEC dans un format court.
Un format à stabiliser, une ligue à 2 étages
Sur la forme, il plaide pour sortir du BO1 : « Les BO1, il faudrait les abandonner. Les gens veulent voir les meilleures équipes s’affronter avec des enjeux. » Il considère que multiplier des journées “online” pourrait réduire les coûts et augmenter le volume de matchs, avec des affiches phares conservées en studio le week-end. Il juge « problématique » la cadence actuelle lorsqu’elle étire les pauses ou concentre trop peu de séries longues, et invite à s’inspirer des modèles performants quand ils existent. Au passage, il relève la question de calendrier : les EMEA Masters et le mercato s’entrechoquent, avec des joueurs ERL amenés à signer en LEC pendant qu’ils jouent encore. À ses yeux, ce décalage fragilise la lisibilité sportive d’une invitation pour le champion du Summer Split.
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YamatoCannon détaille une voie qu’il croit plus robuste à moyen terme. « Scinder le Spring pour établir une hiérarchie, puis jouer un Summer en deux groupes, top cinq et bottom cinq, c’est très bien. » Dans ce schéma, il imagine un sas d’intégration : « Les meilleures équipes ERL pourraient défier le bas de tableau LEC pour accéder aux playoffs. » Il y voit un moyen clair de préserver le statut “LEC” pour les partenaires en place, tout en ouvrant un passage méritocratique aux meilleures équipes ERL. Au-delà, il projette une structure de format plus intégrée : « On finira par avoir un LEC 1 et un LEC 2, avec des invités et des rotations. Centraliser les équipes et les grandes fanbases serait l’avenir, pour faciliter les passerelles et assurer un volume de matchs régulier. »
Il ne masque pas la tension entre principe sportif et poids de l’audience. Il reconnaît frontalement le moteur du projet : « Soyons honnêtes, l’ouverture vise à inclure Los Ratones. Les équipes LEC y voient l’intérêt en audience. » Il prévient qu’un échec sportif de Los Ratones rendrait le cadre embarrassant, forçant à réécrire des règles pensées d’abord pour leur cas. D’où sa suggestion d’assumer publiquement le critère de popularité dans la gouvernance, plutôt que de s’abriter derrière des principes qu’il juge inapplicables dans la durée.
Une précision apportée sur les réseaux par Yamato
Après sa vidéo, YamatoCannon a tenu à « ajouter de la nuance » sur X en revenant sur l’équilibre délicat entre ouverture et confiance des partenaires. Il résume sa position en trois points : « Garder Los Ratones dans l’écosystème et les intégrer est une bonne chose. Aller contre les souhaits de toutes les équipes partenaires et briser la confiance, en prouvant que Riot fera ce qu’il veut alors que les équipes ont investi des millions, c’est une mauvaise chose. La franchise elle-même est une mauvaise chose, je regrette qu’elle ait eu lieu. »
Il alerte sur les règles imposées puis contournées : « Vous fixez des règles, vous laissez les équipes jouer avec, et vous leur cassez les mains quand cela vous arrange. Cela va laisser un goût amer. » Et il insiste sur le verrou légal et financier qui complique toute transition : « Le problème de sortir de la franchise est exactement là : les équipes ont dépensé des millions sur la base d’un retour précis, avec des clauses contractuelles spécifiques. Ce n’est pas quelque chose que vous pouvez simplement arracher et passer à autre chose. » Enfin, il pose une interrogation de principe : « Certains disent que ce n’est que pour l’hiver. Oui, mais qu’est-ce qui empêche Riot d’aller plus loin à l’avenir, maintenant que le précédent existe ? »
Un message qui prolonge celui de Kameto, en plaçant la question de la confiance et des engagements au cœur du débat sur l’évolution du LEC.
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