Kameto s’est exprimé en direct hier soir après les révélations autour du futur format du LEC. Le cofondateur de la Karmine Corp affirme que les clubs étaient unanimement opposés à la première version du projet et dénonce un manque de cohérence après les sacrifices consentis pour intégrer la ligue.

Un projet rejeté par les clubs du LEC

Alors que des informations ont révélé l’idée d’un tournoi de lancement à douze équipes dès 2026, intégrant deux représentants issus des ERL aux côtés des dix formations LEC, dont l'équipe Los Ratones, Kameto a tenu à clarifier la position de la Karmine Corp et des autres organisations évoluant au sein de la ligue européenne.

Selon lui, aucune structure n'a soutenu la première mouture du projet. « Il n’y avait pas un mec qui disait que c’était peut-être pas mal. Je vous le dis, tout le monde était d’accord pour ne pas être d’accord, pour être complètement contre. Tout le monde a dit que c’était de la merde et qu’il ne fallait pas le faire. »

Il en appelle également aux supporters et au public pour prendre plus de recul face à la multiplication des rumeurs : « Dès qu’il y a un truc qui sort sur les réseaux, maintenant c’est pris pour vrai. En cinq minutes, tout change. Ce que je demande, c’est de prendre un peu de recul plutôt que d’aller insulter des gens sur la base d’infos qui sont fausses. »

Le rappel des sacrifices pour intégrer le LEC

Au fil de son intervention, Kameto est revenu longuement sur ce que représentaient les choix économiques et personnels derrière l’entrée en LEC. « C’est moi qui ai perdu mes pourcentages, c’est moi qui dois payer, je suis endetté depuis des années. On a fait ça pour aller aux Worlds, pour réaliser notre rêve. J’étais prêt à tout sacrifier pour y arriver. J’aurais pu juste streamer et faire de l’argent, mais j’ai choisi de tout investir dans la Karmine. J’ai perdu quasiment un million d’euros, je suis retombé à zéro. J’ai jamais rien gagné, mais je l’ai fait par passion. » Il insiste sur la différence de traitement entre ceux qui ont acheté un slot et les perspectives offertes aujourd’hui à d’autres acteurs. « Si tu voulais aller en LEC, il fallait payer. On a même regardé ailleurs, mais il n’y avait pas d’autre solution. On a donné notre cul pour aller en LEC et quelques années plus tard, on se fait pisser dessus. »

L’un des points centraux de son discours concerne les invitations directes pour certaines équipes évoluant au sein du circuit ERL. Kameto estime que cela fragilise la compétition. « L’équipe qui gagnera le droit de venir en LEC ne sera même pas la même quelques mois plus tard. Les rosters changent après chaque mercato, donc l’équipe qui joue les ERL n’aura rien à voir avec celle qui participera au Winter Split. Ce n’est pas stable, ce n’est pas réfléchi. » Il évoque même les dérives possibles : « Qu’est-ce qui m’empêche d’envoyer mon académie jouer le premier split pour qu’ils prennent de l’expérience, pendant que ma main team s’entraîne en Corée ? Qu’est-ce qui m’empêche de recruter des joueurs pour faire un one shot ? Ça devient n’importe quoi. »

La promesse initiale brisée par Riot

Pour Kameto, la frustration vient aussi du contraste avec ce qui était interdit dans le passé. « Pendant des années, on a demandé juste de jouer un showmatch contre une équipe LEC au KCX et c’était non. C’était interdit. On nous a dit que si on voulait affronter les équipes du LEC, il fallait acheter un slot. Alors on l’a fait. Et maintenant, les règles changent. » Il considère que cette ouverture tardive intervient au détriment de ceux qui ont investi lourdement : « Les derniers qui ont acheté un slot, dont nous, ce sont les bananes du siècle. Même les anciens voient leur slot perdre de la valeur. Tout le monde s’est fait avoir. »

Dans la dernière partie de son intervention, Kameto insiste sur la cohérence compétitive et la nécessité de protéger les structures déjà engagées. « Tout le monde était contre. Pas un club n’était pour. Il faut comprendre que ce n’est pas qu’une question de spectacle, il y a des équipes, des employés, des vies derrière. Tu ne peux pas prendre des décisions comme ça sans penser aux conséquences. » Il rappelle également le rôle joué par la Karmine Corp dans le développement de la scène : « Sans la Karmine, il y a quinze clubs qui n’existeraient pas. On a été pionniers. On a rempli des stades, on a amené des centaines de milliers de viewers. Mais à l’époque, ça n’a jamais compté. Aujourd’hui, ça compte parce que ça arrange. »

Un bras de fer encore loin d’être terminé

Pour lui, la situation traduit un manque de vision : « Ça laisse place à un milliard de trucs qui n’ont rien à faire dans une ligue professionnelle. Si ça continue, ça devient la ligue des clowns. » En choisissant de s’exprimer sans détour, Kameto dévoile des échanges qui auraient sans doute dû rester confidentiels entre clubs et Riot Games, une prise de parole publique qui pourrait ne pas être du goût de l’éditeur et tendre davantage les relations qui doivent de toute façon l'etre depuis quelques temps. Reste maintenant à voir si Riot Games et le LEC maintiendront leur cap pour 2026 malgré la contestation, ou s’ils choisiront de revoir leur copie face à la réaction de la communauté et à la sortie publique de certaines équipes.