Nous débutons notre rétrospective des différentes régions à l'approche des Worlds 2020 de League of Legends avec, aujourd'hui, les huit équipes qui représenteront les ligues mineures.


 

       

 Unicorns Of Love

        Vladislav "BOSS" Fomin 
        Kirill "AHaHaCiK" Skvortsov 
        Lev "Nomanz" Yakshin 
        Ilya "Gadget" Makavchuk 
        Aleksandr "SaNTaS" Lifashin 

Passée proche d'une qualification au Main Event l'an passé, (éliminée par Splyce sur le score de 3 à 2), UOL avait à cœur de se racheter. Dans cette optique de qualification pour les Worlds 2020, l'équipe Russe a conservé son ossature, ne changeant que sa botlane. Pour suppléer le toplaner Vladislav « BOSS » Fomin, le jungler Kirill « AHaHaCiK » Skvortsov et Lev « Nomanz » Yakshin à la midlane, UOL s'est attaché les services du Biélorusse Ilya « Gadget » Makavchuk au poste d'adc et du Russe  Aleksandr « SaNTaS » Lifashin à celui de support. Anecdote notable, cet effectif se connaît déjà parfaitement, puisqu'il a fait les beaux jours de Vega Squadron, vainqueur du Spring LCL 2019 et participant du MSI 2019. 

Dans leur habit de grandissimes favoris, les Licornes ont respecté leur statut et avec la manière ! Durant le Spring, UOL n'a connu qu'une seule défaite lors de la saison régulière, écrasant ensuite ses adversaires en demi-finale et en finale (3-0 à chaque fois). Forte de son succès, l'équipe démarre sur les mêmes bases durant le Summer, s'offrant le luxe de finir la saison régulière invaincue. La demi-finale ne fut, quant à elle, qu'une formalité. Emmenée par un Nomanz de Gala (KDA de 21/1/23), UOL écrasa son opposant pour filer en finale et rejoindre Gambit dans un classique attendu. Néanmoins, pour se qualifier, UOL devait se méfier de ses adversaires, comme le souligne Jean-Pierre « Toucan Céleste » Giaccone, analyste pour les Licornes : « Nous étions confiants, sans pour autant croire que c'était "les mains dans les poches". On prépare tout à l'avance, on essaye d'anticiper au maximum ce que peuvent faire les équipes et les joueurs que l'on affronte. »

Lors de la première manche, les coéquipiers de Nomanz ont dû redoubler de patience et attendre le moment opportun pour renverser la vapeur. Mis à mal par l'agressivité de Gambit, notamment par l'intermédiaire de Diamondprox sur sa Nidalee, les UOL furent asphyxiés tout au long de la game, perdant objectifs sur objectifs et accusant un retard de 9400 golds à 27 minutes. Attendant les erreurs de leurs adversaires, et se reposant sur le scaling de leur composition, les UOL réussirent à arracher le teamfight victorieux qui leur permit de saisir le dragon ancestral ainsi que la victoire. Une game compliquée comme l'explique Toucan Celeste : « J'étais moyennement fan de l'idée de Sona/Lux quand elles ont été pick. Ce choix demande vraiment beaucoup de scaling. J'avais calculé qu'il fallait attendre 30 minutes de jeu pour que l'on puisse commencer à jouer par rapport aux niveaux et aux items qu'il nous fallait pour pouvoir nous imposer et devenir invincibles face à la composition adverse. Et, après ces 30 minutes, il s'est passé ce miracle qui nous a permis de remonter la pente. Cela devenait compliqué pour l'équipe ennemie de surpasser nos shields. » 

Si la partie suivante fut à l'avantage de Gambit (malgré un très bon early), UOL se remobilisa lors des troisième et quatrième games. Beaucoup plus patients, les Licornes surent parfaitement jouer sur leurs conditions de victoires et les erreurs de leurs adversaires. Emmenées par un Gagdet des grands soir, et un AHaHaCiK plus pro-actif sur la map, ces derniers surent faire la différence (notamment lors de teamfights plus propres) et s'envoler pour Shangaï. Toucan explique ce revirement : « De mon opinion, il y a eu deux phases. La première avec Sona/Lux qui était une composition pour "jauger" l'équipe ennemie. La suivante, lors de la game 2, avec une draft qui manquait de dégâts. Nous n'arrivions pas à scale. On était très tanky mais on n'était pas une menace pour l'équipe ennemie. Pendant la partie, on était en train de discuter des problématiques de "pourquoi nous perdions" en détails. Par conséquent, on a établi un autre plan d'action par rapport à des critères de Gambit et ce que nous pouvions sortir. Et, comme nous avions compris les enjeux de Gambit, la manière dont ils jouaient, notamment comment contrer l'agressivité de Diamondprox, c'est nous qui avons pris l’ascendant en jouant plus agressifs dans la jungle les games suivantes. »

UOL est une équipe globalement assez imprévisible, capable de jouer toutes les compositions et de s'adapter à leurs adversaires. Nomanz et Gadget, les deux damage dealers de l'équipe, ont joué respectivement 16 et 10 champions différents. Véritables fers de lance de leur équipe, ils sont très souvent mis en orbite par leur jungler qui utilise des picks agressifs (Nidalee/Kha'Zix, Lee, Graves) pour aider au maximum son équipe. Toujours dans cette optique de polyvalence, BOSS et SaNTaS savent parfaitement s'adapter.
Si BOSS a une préférence pour les bruisers et splitpushers (Aatrox/Camille/Wukong), l'alter-ego de Gadget peut jouer agressif, peel ou plus passif (Thresh, Lux ou encore Tahm Kench), complétant parfaitement la voie du bas. Cette polyvalence est un atout que Toucan appuie : « On s'adapte à ce qu'il se passe dans la partie pour changer nos façons de jouer. On ne ressort jamais tout le temps les mêmes picks. On travaille aussi énormément sur le fait d'être difficilement scoutables. Comme on ne joue pas tout le temps les mêmes picks, on a de gros pools de champions, ce qui empêche l'ennemi de s'adapter ».

Malheureusement, l'équipe manque encore de rigueur dans certains compartiments de jeu. AHaHaCiK peut passer au travers de sa partie s'il tombe face à une équipe très agressive, ce qui sera le cas contre des équipes du Play-In, telles que LGD. De plus, UOL manque parfois de rigueur dans leurs teamfights ou dans leurs drafts comme ce fut le cas de la game 2. Enfin, le mental sera aussi une donnée importante à prendre en compte : « Je pense que ça sera lié aussi au mental ou au stress en général » appuie Toucan Céleste. « On reste des humains, on n'est pas infaillibles à une erreur. C'est beaucoup plus par rapport à la manière dont on va canaliser la frustration, les tensions et l'enjeu. Tout est possible, mais c'est l'aspect humain qui va beaucoup transiter sur la réussite. »
Cependant, l'équipe possède de solides atouts pour espérer une qualification pour le Main Event. Comme celui d'être une équipe pas comme les autres : « On est littéralement une famille », insiste Toucan Céleste : « ça peut paraître bizarre de dire cela, mais il y a vraiment ce côté soutien qui dépasse l'amitié. Et, par rapport à l'encadrement, on est très bien conditionnés chacuns pour être recentrés, canalisés comme il le faut. Je pense que ça joue énormément par rapport à la qualité de la performance de l'équipe. On n'a pas les joueurs les plus connus, on n'a pas un Zinédine Zidane, mais comme l'équipe de France championne du monde en 2018, il y avait un encadrement derrière. Sans prétention, on a une cohésion très présente, très forte et qui est incomparable. »

Avec le nouveau format du Play-In, les Licornes peuvent espérer de voir la vie en rose. Mais attention à ne pas sombrer dans les paradis artificiels sous peine de vivre un spleen intense, comme celui de l'an dernier.