Nous continuons notre rétrospective des différentes régions à l'approche des Worlds 2019 de League of Legends avec, aujourd'hui, les trois équipes de la région Amérique du Nord : Team Liquid, Cloud9 et Clutch Gaming.


 

       

 Clutch Gaming

        Heo "Huni" Seung-hoon
        Nam "Lira" Tae-yoo
        Tanner "Damonte" Damonte 
        Sun "Cody Sun" Li-Yu
        Philippe "Vulcan" Laflamme 


(c) Riot Games

Que dire du parcours de cette équipe qui avait été transparente en 2018 et qui est désormais présente au Championnat du monde  ? Discrète, très discrète lors du Spring Split avec une neuvième place sans aucun éclat, elle a réussi le tour de force d'accrocher la cinquième place de la saison régulière et donc les playoffs du Summer Split. Ce qui va suivre représente parfaitement ce qu'une équipe bien constituée et entraînée peut accomplir : les CG vont d'abord rouler sur TSM en quarts de finale, puis emmener la Team Liquid en cinquième game d'une demi-finale qui sera perdue. À l'issue d'un match une nouvelle fois en cinq manches, elle s'inclinera finalement en petite finale face à CLG.

Mais ce résultat en demi-teinte cache une vraie réussite : celle d'envoyer Clutch en Regional Qualifier. La remontée fantastique est entamée contre FlyQuest, puis l'équipe prend une revanche avec la manière face à CLG, et enfin, dans un BO5 dantesque face à des TSM qui n'avaient pas joué depuis un mois, Clutch Gaming s'offre un reverse-sweep historique et une qualification pour le Championnat du monde qui l'est tout autant. Il lui aura fallu la somme hallucinante de vingt-sept parties lors des playoffs et du Regional Qualifier pour s'offrir le billet tant convoité, signe d'une résilience et d'un mental hors du commun.

Mais au-delà de la belle histoire, c'est avant tout une équipe qui pratique un League of Legends plutôt flamboyant. Bien que parfois trop agressive, elle s'offre la première tour de la partie dans près de trois quarts des matchs. Emmenée par un cinq très diversifié, elle peut se permettre de nombreuses folies maîtrisées par des joueurs d'expérience savamment mixés avec de réels talents. Même si la marche d'une sortie de poule semble trop haute face à l'élite mondiale, l'équipe peut rêver et sera quoi qu'il arrive très clairement capable de mettre l'ambiance dans son groupe une fois le potentiel piège du Play-In évité.


(c) Riot Games

Huni
Huni est le premier joueur de l'histoire à se qualifier pour les Worlds avec trois équipes de trois régions différentes, et il est inutile de préciser que l'expérience du bonhomme en fait un atout de luxe. Parfois moqué pour le côté pile ou face de ses prestations, il s'est bien repris et offre désormais un superbe niveau de jeu tout en étant bien plus stable. Son agressivité et sa capacité à jouer n'importe quel champion au moment où on l'attend le moins fait de lui le gros point fort de l'équipe. 

Lira
Bien que très discret et finalement peu connu sur la scène, Lira est pourtant un excellent jungler et peut-être même le principal artisan de la fantastique remontée des Clutch. Joueur de Skarner hors-pair, il est peu décisif au niveau individuel mais est capable de mettre ses coéquipiers dans un fauteuil à tout moment. Les principales interrogations autour de ses faiblesses trouveront réponse quand il affrontera des junglers très agressifs. Son pool de champions pourrait cependant poser problème, car il est peu varié et sa Sejuani n'est pas restée dans les annales.

Damonte
Après avoir traîné sur la scène nord-américaine durant de nombreuses années, Damonte avait débarqué dans la cour des grands avec l'étiquette d'un potentiel excellent midlaner. La confirmation est arrivée avec la qualification. Damonte n'est par contre pas le principal bâtisseur de l'agressivité de son équipe. Pas toujours parfaitement à l'aise en early game, il compense avec d'excellents placements et des flank bien sentis. Excellent joueur de Qiyana, son pool de champions couplé à celui de Huni permet souvent à son équipe de brouiller des pistes lors de la draft.

Cody Sun
Avec trois qualifications d'affilée au Championnat du monde dans trois équipes différentes, le Canadien d'origine chinoise est décidément un joueur à avoir dans son effectif. Cody Sun meurt peu et fait d'énormes dégâts, ce qui est plutôt avantageux pour un carry AD, et il se permet de le faire sans nécessité apparente de disposer d'un pick de confort. Dominant et agressif en early game, il a cependant besoin de dérouler en lane pour monter en puissance. Et c'est là son principal défaut, d'autant plus que la dépendance de son équipe envers lui lui vaut régulièrement d'être l'homme à abattre.

Vulcan
Le premier Québecois de l'histoire des LCS et des Worlds est très jeune, à peine 20 ans. Autrefois très discret voire transparent quand son équipe pataugeait dans les tréfonds de la ligue, il est désormais le symbole de la montée en puissance et du sérieux travail effectué. Agressif mais toujours au service d'un Cody Sun qui n'attend que ça, Vulcan compense son manque d'expérience par des mécaniques assez intéressantes. Lais il lui faudra probablement se débarrasser de sa grosse dépendance envers Nautilus et Rakan, ainsi que de sa tendance à enchaîner les glissades quand la partie se complique.