Jian « Uzi » Zihao devient le deuxième joueur intronisé au Hall of Legends, après Faker. Une reconnaissance majeure pour l’ancien ADC de RNG, saluée par Riot Games et accompagnée d’un message personnel de l'ancien compétiteur où il revient avec lucidité sur sa carrière.

Une reconnaissance pour l’un des joueurs les plus marquants de l’esport League of Legends

Pour la deuxième année consécutive, Riot Games célèbre l’héritage d’un joueur professionnel à travers son Hall of Legends, un panthéon destiné à honorer celles et ceux qui ont façonné l’histoire de League of Legends bien au-delà de leurs résultats bruts. Après Faker en 2024, c’est au tour de Jian « Uzi » Zihao d’y faire son entrée. L’annonce officielle a été faite il y a quelques jours, et le joueur sera intronisé lors d’un événement en jeu dédié, ainsi que d’une cérémonie officielle prévue à Shanghai le 6 juin 2025. Un moment fort pour le public chinois, mais aussi pour la communauté mondiale, tant Uzi est resté une figure emblématique du rôle d’ADC depuis ses débuts en 2012.

La décision d’introniser Uzi repose sur un vote mondial, réunissant des experts issus de toutes les régions. À travers ses mécaniques, son influence et sa longévité, Uzi a marqué de son empreinte la voie du bas et inspiré des générations de joueurs. Son palmarès, notamment sa victoire au Mid-Season Invitational en 2018 avec Royal Never Give Up, deux finales de Worlds (2013 et 2014) et plusieurs titres LPL, témoigne d’une carrière dense, même si inachevée sur certains plans. Car c’est bien ce mélange de maîtrise individuelle, d’influence collective et de fragilités humaines qui fait de lui une figure à part.

« J’ai toujours aimé ce jeu »

Pour accompagner cette intronisation au panthéon de la scène League of Legends, Uzi a publié un message personnel, introspectif et sans détour. Dès les premières lignes, il évoque le poids des années : « J’ai eu une très longue carrière et j’ai tout traversé. Je me souviens qu’après notre défaite aux Worlds 2017, beaucoup disaient que leur jeunesse était finie. À ce moment-là, je ne comprenais pas vraiment ce que cela signifiait. J’étais juste fatigué et rempli de regrets. »

Avec le recul, il identifie un moment précis comme déclic : « Je me souviens que dans une partie en particulier, j’étais pleinement concentré, puis j’ai perdu ma concentration. Ce moment de distraction m’a fait comprendre que quelque chose avait déjà changé. Je n’étais plus celui que j’étais avant. » Il s’interroge alors sur ce qu’était pour lui la jeunesse. « Je ne sais pas vraiment ce qu’est la “jeunesse”. Peut-être que c’est simplement avoir beaucoup de temps pour faire ce que l’on veut. Ma jeunesse n’était pas compliquée. C’était faire encore et encore la même chose. Certains me voient comme déterminé, agressif, passionné sur scène. Mais pour moi, c’est la réalité. Jouer est ce que je savais faire, et je voulais juste faire de mon mieux. »

« Mon plus grand regret a été de ne pas avoir pu soulever le trophée des Worlds »

Uzi ne cache pas la blessure qui l’a accompagné tout au long de sa carrière. « Mon plus grand regret a été de ne pas avoir pu soulever le trophée des Worlds. Même aujourd’hui, y penser me fait mal. Mais je sais que, aussi douloureux que ce soit, je ne peux pas me laisser vivre sous l’ombre de l’échec. Le futur ne changera pas à cause du passé. Il ne change que grâce au présent. Je dois entrer sur un tout nouveau champ de bataille. »

Ce champ de bataille ne sera plus celui de la compétition, mais la passion pour le jeu reste intacte : « Depuis le tout début jusqu’à maintenant, j’ai toujours aimé ce jeu. Il y a des années, j’étais juste un gamin qui sortait en cachette pour aller jouer au jeu que j’aimais dans des cybercafés. Pendant toutes ces années, j’ai fait la même chose : je lançais une file, game après game, en me disant qu’il fallait absolument que je gagne celle-là. Si je perdais, je relançais une partie. Aujourd’hui encore, que je joue en pro ou non, dès que je tombe sur une game de très haut niveau, je ressens une vraie joie, une joie pure. Peut-être que ma jeunesse est terminée, mais mon amour pour League of Legends et ma faim de victoire ne m’ont jamais quitté. »

Il revient également sur ses limites passées, avec honnêteté : « Peut-être que je vieillis. Quand je repense à mon passé, je vois beaucoup de défauts chez le jeune joueur que j’étais. Je pensais trop à moi. Mon style n’était pas très flexible. J’avais du mal à supporter la pression. Avec les années, j’ai essayé de m’améliorer, et je pense avoir fait des progrès. J’espère pouvoir continuer dans cette voie. »

« Ce que j’ai vécu sur scène m’accompagnera toujours »

Dans la dernière partie de son message, Uzi explique que sa carrière professionnelle a façonné durablement sa manière d’aborder la vie. « Je crois que ma carrière professionnelle passée a façonné la personne que je suis aujourd’hui. Chaque fois que mon identité et ma vie changent, chaque fois que je fais face à de nouveaux défis, je repense à mon expérience en tant que joueur professionnel et je me rappelle : tiens bon encore un peu, les choses s’amélioreront peut-être. »

Il conclut en remerciant ses proches et ses fans. « Merci à tous d’avoir lu ceci. Enfin, je veux remercier ma famille, mes coéquipiers, mes entraîneurs et mes parents. Marcher à vos côtés a été la plus grande chance de ma vie. Merci à League of Legends et à la LPL de m’avoir donné cette scène, de m’avoir permis, à ce gamin qui aimait simplement le jeu, de vivre son rêve de héros. Et surtout, merci à tous ceux qui me soutiennent. Merci d’être restés avec moi tout ce temps. Si un moment, même infime, d’une de mes games a pu vous inspirer, et si j’ai eu la chance d’être une petite partie de votre jeunesse, cela me rend sincèrement heureux et comblé. »

Avant de tirer un trait sur sa carrière de joueur, il glisse un dernier conseil à tous ceux qui le lisent : « Que vous travailliez ou que vous étudiiez, pensez à bouger, à vous lever, à prendre soin de vous. C’est la seule façon de continuer à poursuivre ce que vous aimez. »