Movistar KOI quitte le MSI 2025 sans gloire, battu 3–1 par CFO. Zaboutine revient longuement sur cette élimination logique, mais refuse d’y voir une catastrophe isolée : pour lui, la défaite de MKOI reflète surtout les failles structurelles de la scène européenne. Une analyse technique, lucide, et ancrée dans une vision à long terme.
KOI éliminé, mais pas seul responsable
Le dernier espoir de l’Europe s’est éteint face à CFO. Movistar KOI sort du MSI 2025 dès le premier tour du Losers'Bracket, sans réussir à franchir l’obstacle taïwanais. Pour Zaboutine, l’échec est net, mais ne mérite pas d’être traité avec la même sévérité que celui de G2. MKOI a perdu contre une équipe solide, qui a emmené T1 en cinq manches. « C’est difficile d’être positif vis-à-vis de MC aujourd’hui, ils ont pas bien joué. Mais j’ai pas forcément envie d’avoir la même attitude que vis-à-vis de G2. »
Selon lui, l’écart s’est creusé dès les premiers drafts, avec un ressenti clair : MKOI n’avait ni l’exécution ni les réponses individuelles pour rivaliser.
Des drafts discutables, une exécution rigide
Zaboutine commence par pointer des choix peu convaincants dès la première game. « Quand j’ai vu l’ouverture Yone Rumble Trundle, et en face Sivir Ezreal Alistar, je me suis dit que c’était vraiment difficile à perdre pour KOI. Et ils se sont quand même fait outplay. » Les drafts suivantes ne le convainquent pas davantage. Notamment celle autour de Twisted Fate, pick central du plan de jeu. « TF, c’est un champion qui gagne quand il y a de la volatilité. Caitlyn Karma contre Jhin Bard, oui tu gagnes la lane. Mais pour qu’il y ait de la pression, il faudrait que Jhin et Bard se jettent dans des skillshots. Et ça, ça n’arrivera pas. »
Résultat : un plan early game inefficace, un mid qui scale dans le vide, et un jungler sur Lee Sin sans réelle ouverture. « Ils avaient pas de lanes sur lesquelles jouer. Le 2v2 a pris un petit avantage, mais il s’est vite compensé. » Côté toplane, Myrwn a tenté de relancer la série avec une Irelia convaincante. « Il l’a ressortie en compétitif, et ça a marché. Mais sur la dernière game, ils sont revenus à un Renekton en réponse à K’Santé. Honnêtement, ça manque d’ambition. »
Un KOI trop limité individuellement
Au-delà de la draft, c’est le niveau mécanique et mental qui a flanché. JojoPyun, solide contre BLG, a sombré face à HongQ. « Il avait presque l’air tilté. Le mid a été très difficile. » Le top n’a pas pu s’exprimer, et seul le duo Alvaro/Supa reste relativement épargné. « Encore une fois, Alvaro et Supa sont vraiment bons. C’est les bons éléments de cette équipe. »
Mais dans une méta très proactive, un bot stable ne suffit pas. « C’est très difficile de porter une équipe en tant qu'ADC, surtout dans cette méta. »
Le vrai problème est structurel
Pour Zaboutine, cette défaite n’est pas simplement celle d’un BO. C’est le symptôme d’un déséquilibre plus large au sein de la scène EMEA. « Aujourd’hui, il n’y a plus vraiment de régions majeures ou mineures. Certaines sous-régions, comme l’Amérique du Sud, produisent deux bonnes équipes. La LPL et la LCK en produisent une multitude. Et nous, est-ce qu’on en produit vraiment ? »
La réponse est nuancée. Il dénonce d’abord un creux générationnel : la génération post-2019, Larssen, Vetheo, Abbedagge, n’a pas su s’imposer durablement au plus haut niveau. « Ça a fait certains trucs, mais c’était jamais le top top niveau. On a broyé une génération de talents avec des projets esportifs et des managements nuls. » Il note aussi que l’Europe a trop vécu sur ses vieilles gloires, et que le renouvellement a été mal accompagné. « Il y a pas mal de mecs qui sont sur des slots LEC placeholders, où ils font pas grand-chose. »
Des signes de renouveau… portés par la Karmine Corp ?
Malgré ce constat sévère, Zaboutine refuse le pessimisme. Il voit émerger une nouvelle vague de joueurs prometteurs : « Vladi, Caliste, Parus, Stend, Sheo, NuQ… ce sont des gars qui grindent, qui sont jeunes. » Il salue aussi un meilleur turnover entre anciens et rookies, une soloq revenue au centre des attentions, et une densité de talents plus intéressante.
Mais pour lui, l’avenir de l’Europe à l’international repose sur un acteur en particulier : « Je pense que MKOI, même quand ils sont en pleine bourre, restent en dessous de la Karmine. » Et d’ajouter : « Malheureusement, l’ancien Fnatic, je pense qu’on l’aura plus. Donc c’est à Karmine de porter la torche. »
Une défaite, mais pas une impasse
L’élimination de KOI marque la fin du MSI pour l’Europe. Mais à l’inverse de certaines critiques immédiates, l’analyse de Zaboutine appelle à replacer cet échec dans un temps long. Mauvaises dynamiques, transition générationnelle mal gérée, et manque de projets solides ont plombé la région. Pourtant, le potentiel reste là, jeune, brut, et encore inconstant. L’Europe n’est pas morte. Elle est en reconstruction. Mais le temps des excuses est révolu. Et l’espoir de retrouver une équipe capable de porter l’étendard pourrait bien passer par la Karmine Corp, d'après l'expertise de Zaboutine.