Suite à l’élimination de G2 Esports face à FlyQuest au MSI 2025, les critiques pleuvent sur les réseaux sociaux. Certains réclament des changements immédiats dans l’effectif. Dans ce climat tendu, Jankos prend la parole lors d'un live en compagnie de DoubleLift et jette un éclairage brut sur les mécanismes internes de l’organisation. À l’écouter, les décisions les plus lourdes ne viendraient pas toujours du terrain.
Des décisions venues d’en haut ?
Quelques instants après la défaite de G2 contre FlyQuest, synonyme d’élimination du MSI 2025, Jankos s’est exprimé en live sur les coulisses de l’équipe, une organisation qu'il connait relativement bien. L’ancien jungler des G2, toujours très suivi pour son franc-parler, réagit aux différents remous qui fusent en ligne : remises en cause individuelles, appels à "bench", critiques de la structure… Et il choisit de poser le débat autrement. Pour lui, les grandes décisions, notamment celles qui ont conduit aux départs de Mikyx et Yike fin 2024, ne sont pas dues à un échec de groupe ou à des désaccords internes. Elles viendraient de plus haut.
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Des départs décidés sans les joueurs ?
Jankos revient sur les événements de l’intersaison 2024-2025, à l’origine de l’actuel roster. « D’après ce que j’ai compris, aucun des joueurs n’a eu son mot à dire concernant le fait de virer Yike ou Mikyx. Je pense que les deux ont été écartés par la direction. » Il précise ne pas pouvoir tout confirmer, mais assure avoir des sources fiables : « Je ne suis pas 100 % certain, mais c’est ce que j’ai entendu de quelqu’un. C’est tout ce que je peux dire. »
Le plus troublant, selon lui, c’est que ces décisions étaient déjà en préparation avant même la fin de Worlds 2024 : « Il y avait déjà des rumeurs de changement de roster chez G2 alors que l’équipe n’était même pas encore sortie de Worlds. » Un timing qui laisse entendre que les choix de management sont parfois indépendants des résultats concrets ou des dynamiques internes de l’équipe.
Un modèle où la défaite à l’international efface tout
Dans la foulée, Jankos critique un phénomène qu’il juge récurrent et toxique : le réflexe de démanteler une équipe dès que l’international ne répond pas aux attentes, même si le parcours régional est excellent. « C’est vraiment le truc le plus bête qu’on puisse faire : changer le roster à cause des résultats internationaux. » Il développe : « Tu arrives à ce niveau parce que t’es la meilleure équipe de ta région, ou dans le top 3. Ça devrait être une énorme réussite. Mais à chaque fois, ça finit mal pour les équipes occidentales. Tu te fais exposer contre des équipes plus fortes, tu passes pour les outsiders, et derrière ton roster explose. C’est ce qu’on appelle “suffer from success”. Ça arrive littéralement tous les ans. »
Les discussions enflammées sur les réseaux sociaux semblent lui donner raison. À peine la défaite de G2 confirmée que certains réclament déjà des départs, comme si tout était à refaire.
Mikyx et Yike : des résultats jamais vraiment reconnus ?
Ce que souligne surtout Jankos, c’est le paradoxe entre les performances européennes et les décisions prises. « Yike et Mikyx, ils ont tout gagné. Sur six ou sept splits, ils en ont remporté quasiment tous. Ils ont juste perdu un spring. » « Ils ont gagné pendant deux ans. » Deux années de domination régionale, balayées d’un revers de main. « En 2021, G2 a viré Wunder et Mikyx, comme ça. Pas de discussion, ils étaient juste partis. »
Une mécanique bien connue : succès en LEC, échec aux Worlds ou au MSI, puis remaniement drastique. Mais cette logique court-termiste semble de moins en moins tenable selon Jankos et d'autres anciens.
Une gestion interne trop centralisée ?
Autre point de friction : le pouvoir décisionnaire au sein de G2. « Caps, c’est un peu le GM. Il prend les décisions sur le roster. » Une remarque faite sur le ton de la discussion, mais qui souligne l'influence supposée du midlaner dans la composition de l’effectif. Cependant, dans le cas Mikyx/Yike, Jankos pense que Caps n’était pas à la manœuvre : « Je pense pas que c’était Caps qui a demandé à virer Yike ou Mikyx. » Ce flou autour des responsabilités nourrit l’idée d’un fonctionnement centralisé, où les joueurs eux-mêmes peuvent être écartés sans que leurs coéquipiers soient consultés. Une gestion plus proche d’un modèle top-down que d’un collectif uni.
Au final, c’est la répétition d’un scénario devenu presque automatique dans l’esport occidental : la recherche permanente de changement après chaque contre-performance internationale. La défaite face à FlyQuest vient raviver cette mécanique, avec son lot de jugements immédiats et d’appels au renouvellement. Mais Jankos invite à regarder au-delà du résultat brut. Derrière l’élimination, il y a une dynamique d’équipe, une histoire de cycle, et surtout une gestion dont les choix passés peuvent éclairer les échecs du présent. Changer pour changer n’est pas une solution. Et ceux qui construisent les victoires domestiques ne sont pas toujours ceux qui décident de leur propre avenir.