ESL Gaming et FACEIT, deux des plus grands organisateurs de tournois d'esports au monde, ont annoncé leur fusion qui devrait être finalisée au deuxième trimestre 2022. Cette nouvelle entité ESL FACEIT Group est rachetée par Savvy Gaming Group, un groupe d'investisseurs soutenu par le Fonds d'investissement public souverain saoudien, pour 1,5 milliard de dollars.

Une fusion et un rachat qui s'accompagnent de plusieurs préoccupations éthiques

La scène esport est sous le choc depuis la nuit dernière, lorsqu'elle a appris que Savvy Gaming Group, un groupe soutenu par le Fonds public d'investissement d'Arabie saoudite (le fonds souverain saoudien, le PIF), avait acheté deux des plus grands organisateurs de tournois / ligues de jeux vidéo, ESL (anciennement détenu par le groupe Modern Times à qui on doit l'ESL One, Intel Extreme Masters, l'ESL Pro Tour et ESL Play) et FACEIT (London Major 2018 sur CS:GO), pour un total de 1,5 milliard de dollars (1 milliard pour ESL et 500 millions pour FACEIT). Dans le cadre du nouvel accord, ESL fusionnera avec FACEIT et la nouvelle société évoluera dorénavant sous le nom ESL FACEIT Group. Selon l'annonce officielle l'accord devrait être conclu au deuxième trimestre de cette année.

L'accord combinera l'expertise d'ESL dans la construction, la diffusion et la commercialisation de l'écosystème esport premium, y compris les événements d'arènes et de festivals, avec les capacités de FACEIT dans le développement des meilleurs outils pour les jeux compétitifs et un réseau social leader de joueurs compétitifs. Ensemble, ESL & FACEIT fournissent une solution de bout en bout qui soutient les éditeurs et les développeurs de jeux pour construire des communautés de jeux compétitifs durables et des écosystèmes esportifs.

Les équipes dirigeantes d'ESL et de FACEIT resteront relativement les mêmes. Craig Levine et Niccolo Maisto seront co-PDG, tandis que le co-fondateur d'ESL, Ralf Reichert, occupera le poste de président exécutif pour soutenir l'équipe de direction, loin des responsabilités opérationnelles. 

Le groupe ESL FACEIT a profité de l'annonce de cette fusion pour partager un certain nombre de détails concernant les changements à venir dans l'écosystème concurrentiel de CS:GO, notamment au niveau de l'ESEA et de FACEIT. Ces projets visent à promouvoir plus de stabilité pour CS:GO en Amérique du Nord grâce à de nouvelles mesures pour les équipes professionnelles, et à soutenir le développement de scènes locales. La nouvelle société affirme également qu'elle investira massivement dans un parcours professionnel pour les joueurs prometteurs.

Ces dernières années, ESL et FACEIT ont eu un impact positif significatif pour la croissance de l'industrie de l'esport, en apportant une variété de propositions pour les joueurs, les équipes, les éditeurs et les développeurs. En unissant ces capacités complémentaires, et avec le soutien de SGG, nous adoptons une approche sur le long terme pour développer une plateforme plus robuste afin de mieux soutenir l'avenir de l'ensemble de l'écosystème des jeux compétitifs et de générer plus de valeur pour toutes ses parties prenantes de manière durable.
Niccolo Maisto, PDG de FACEIT

Le Savvy Gaming Group est un groupe d'investisseurs à long terme actuellement dirigé par Brian Ward, l'ancien directeur des studios mondiaux d'Activision Blizzard. Il travaille aux côtés de Jerry Gamez , PDG de la société d'infrastructure de Savvy, et de Kadri Harma, PDG de la société d'écosystème de Savvy. Ce groupe SSG, créé en 2021, est composé de cinq sociétés d'exploitation : Savvy Esports Company, Savvy Fund, Savvy Ecosystem Company, Savvy Games Studio et Savvy Infrastructure Company. Chacune est engagée à renforcer et à activer les stratégies de ses partenaires et investit massivement dans l'industrie des jeux et de l'esport. Selon son site Web, le groupe Savvy Gaming est un "investisseur à long terme" formé pour stimuler la croissance et le développement de l'esport et de l'industrie des jeux dans le monde entier.

D'après différents articles de presse, le Savvy Gaming Group est entièrement détenu par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, qui contrôle au moins 500 milliards de dollars de la richesse du pays et est supervisé par le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane.

Pour certains, de mauvais souvenirs 

Si ce fonds d'investissement saoudien nous semble familier, c'est parce qu'il fait parler de lui depuis plusieurs mois, notamment dans le monde du sport. L'année dernière, ce groupe a en effet acquis le club de football de Newcastle en Angleterre pour plus de 320 millions d'euros. Le PIF est également en pourparlers pour reprendre le club de série A Inter Milan pour plus de 1 milliard de dollars, et serait en pourparlers pour le club de Ligue 1, l'Olympique de Marseille. 

Il s'agit certainement ici de l'un des accords les plus importants dans le monde de l'esport dans la mesure où les implications d'une telle fusion/rachat auront très probablement un impact significatif sur le secteur. Pour autant, cette annonce est très loin de faire l'unanimité. Cette information a également eu le déplaisant effet de nous rappeler l'histoire du sponsoring du LEC (League of Legends) et des Blast (CSGO) par NEOM, projet de ville futuriste située au nord-ouest de l’Arabie saoudite, à proximité de la frontière avec la Jordanie et l’Égypte ; derrière NEOM, on (re)trouve Mohammed Ben Salmane, le prince héritier et vice-premier ministre d'Arabie saoudite. Moins de 24 heures après l'annonce de l'arrivée de NEOM en tant que nouveau partenaire principal, le LEC, en la personne d'Alberto Guerrero, a annoncé que la ligue européenne avait mis fin au partenariat avec effet immédiat, déclarant par la même occasion qu'une erreur avait été commise, qu'ils étaient allés trop vite en besogne et que cela ne se reproduirait plus.

Malgré l'annonce de la fin du partenariat entre le LEC et NEOM, le torchon a brulé pendant de nombreuses semaines, non seulement au sein de la communauté, mais également au sein même de Riot Games, et des questions sont restées sans réponse. Certains ont voulu savoir comment un tel partenariat avait pu voir le jour au sein même de la ligue. Ce projet de ville futuriste est également très critiqué au niveau international, notamment pour des histoires de menaces, d'expulsions forcées, d'assassinats, de désastre écologique et de violation des droits de l'homme. Quelques semaines après le retrait du LEC, BLAST a annoncé qu'ils avaient également décidé de mettre fin à leur partenariat, une décision prise d'un commun accord.