A l'aube de cette nouvelle saison du Capcom Pro Tour, Street Fighter V divise sur bien des avis : certains s'amusent pendant que d'autres ne peuvent pas y brancher leur stick.

 

De bêta réjouissantes à lancement catastrophique

 

Après moult bêta plutôt réussies, la date du 16 février 2016 était marquée d'une croix rouge sur beaucoup de calendriers de joueurs de jeux de combats. Beaucoup le voyaient comme un renouveau de la série qui regrouperait et ravirait la communauté, autant les joueurs de Street Fighter III : Third Strike que ceux de Street Fighter 2X. Mais une fois le produit en main, la flamme commença doucement à se dissiper. 

 

Des déconnexions intempestives, un jeu vide de contenu, un mode survie déplorable ou encore un menu qui ressemble à un debug mode sans compter un netcode qui vous fera facepalm, oui, le lancement de  Street Fighter V est une catastrophe. De plus les ventes ne se passent pas très bien puisque Capcom avait prévu 2 millions de copies vendues et n'a pas réussi à dépasser les 1,4 millions au 31 mars 2016. A ce jour les chiffres ne sont toujours pas bons puisque les ventes atteignent péniblement la barre des 1,5 millions de copies vendues.

 

Mais les premiers jours ont eu du bon pour un certain Crimson, puisque le joueur français a été le premier français à remporter un gros tournoi européen, le Cannes Winter Clash !

 

 

Juin, arrivée du mode histoire, mais peu de changements

 

Si vous aviez envie d'en apprendre plus sur le lore de Street Fighter (n'oublions pas que Street Fighter V se passe après Street Fighter IV et avant Street Fighter III), il vous aura fallu attendre 4 mois pour avoir le fameux mode histoire qui était livré avec deux nouveaux personnages, Balrog et Ibuki. Le jeu était-il enfin complet ? Eh bien.. Pas vraiment. 

 

Alors que la saison du Capcom Pro Tour bat son plein, le jeu a encore énormément de défauts online et surtout aucune mesure n'est prise pour punir le ragequit, chose impensable et qui fausse 70 % du classement, ni pour l'input lag qui rend le jeu plus lent. Capcom se veut à l'écoute mais ne l'est que d'une oreille, à croire que les critiques faites sortent directement par l'autre oreille. La communauté se lasse, les joueurs enthousiasmés par le nouvel opus commencent à partir, comme Alioune, Evans, Valmaster et bien d'autres, attendant la saison 2 qui est annoncée comme un tournant de Street Fighter V. 

 

 

Fondamentalement bon mais bancal

 

Même si les problèmes persistent, il y a beaucoup de joueurs, anciens comme nouveaux, qui s'amusent sur Street Fighter V. On peut évoquer le retour de Nuki, légende japonaise sur Street Fighter III : Third Strike; Gunfight, joueur français et l'un des meilleurs joueurs d'Europe sur lui aussi SFIII; GO1 un des meilleurs joueurs d'anime fighters (Blazeblue, Guilty Gear) au Japon et aussi des joueurs de Street Fighter 2X, Mortal Kombat, Ultimate Marvel vs Capcom 3. Presque tout le monde s'accorde à dire que Street Fighter V est fondamentalement meilleur que son prédécesseur mais qu'il lui manque une âme. 

 

Un des aspects généraux du jeu de combat, les footsies, se trouvent être très durs à mettre en place dans Street Fighter V à cause de l'input lag et ne permettent pas vraiment de whiff punish son adversaire en réaction (punir un coup dans le vent). Une autre mécanique fait aussi grincer des dents : les anti-airs au petit poing ou petit pied. Selon bon nombre de joueurs, ils ne devraient pas exister dans un Street Fighter puisque cela donne lieu à une situation de 50/50 à la retombée qui est majoritairement avantageuse pour celui qui anti-air au petit poing/pied.

 

Voici un joli bas petit poing en guise d'anti-air

 

En terme d'équilibrage, le jeu n'est pas si ingérable, chaque personnage peut gagner contre n'importe quel autre. C'est ce qui fait la force mais aussi la faiblesse de Street Fighter V : lors des matchs, l'erreur peut être fatale. Mais justement, est-ce qu'une erreur doit être sanctionnée aussi sévérement ? Le crush counter se veut assez déséquilibré et les options défensives limitées. Prenons Necalli qui fera des dégâts monstrueux si il réussit à faire un combo crush counter et qui a énormément d'options à la relevée; et prenons F.A.N.G qui fera 50% de dégâts en moins que Necalli et n'a pas cette pression qu'ont d'autres personnages. Il en résulte une mécanique très punitive donc mais très bancale. De plus les critical arts en garde ne sont pas punies par un crush counter. Faute ou pas, à vous d'en juger, mais certains pros voient ça comme une erreur de gameplay. 

 

Mais le jeu n'est pas pauvre, il fait très souvent appel aux réflexes. Nous avons pu le constater avec Momochi ou Xiaohai qui, grâce à leurs confirms (mettre tatsumaki ou super après un bas moyen pied touchant l'adversaire), ont su retourner des matchs et se mettre dans une position avantageuse. C'est sur de petits détails que peut se jouer un match de Street Fighter V. Le jeu est très punitif ce qui demande donc d'être très solide et confiant. Si l'on peut reprocher au jeu de Capcom d'être parfois trop aléatoire, il ne faut pas oublier qu'il y a eu une ou plusieurs situations qui vous ont poussées à prendre un choix qui n'est parfois pas le bon. Bien que le jeu soit si carré qu'il laisse peu de place à la créativité, il ravit les nouveaux joueurs qui arrivent à vite prendre le jeu en main et comprennent très vite les enjeux.

 

Capcom, développeur fantôme

 

Ce qui est très souvent reproché à Street Fighter V n'est pas le jeu en lui-même, mais bien le développeur et l'éditeur. Un manque de communication flagrant, des prises de décisions douteuses, à part le Capcom Pro Tour, l'éditeur ne semble pas investi dans le développement de Street Fighter V. Malgré les nombreuses plaintes, Capcom n'en fait qu'à sa tête. 

 

Un système anti-ragequit qui aura mis 10 mois pour être mis en place, une communication qui laisse à désirer, notons tout de même l'effort lors du CEO 2016 avec le teaser de Juri et Urien à la fin du trailer de Balrog. Il faudra attendre le Playstation Experience pour avoir de réelles nouvelles de Capcom et d'entendre la douce voix de Yoshinori Ono. Des nouvelles qui viennent en package, d'abord la révélation d'Akuma et en fin de vidéo l'annonce de la saison 2 avec ses tous nouveaux personnages, de l'espoir pour les joueurs.

 

 

La saison 2 arrive avec son énorme patch note, et surprise, des personnages comme Alex et F.A.N.G se voient enfoncés six pieds sous terre sans raison, les shoryukens ne sont plus invincibles sauf si on les fait en EX (une première dans un jeu de combat moderne !) et qui supprime une fois de plus une option défensive. Un choix très controversé mais qui n'est que de la poudre aux yeux puisque les problèmes fondamentaux persistent : un input lag encore trop grand et un online encore médiocre.

 

La démarche que veut prendre Capcom est de pousser Street Fighter V dans le monde de l'esport. Le nombre de joueurs aux tournois est toujours croissant, notamment le nombre d'inscrits à l'EVO 2016 qui s'est élevé à plus de 5000 participants. Malgré ses défauts, Street Fighter V ramène du monde, les joueurs n'ayant jamais touché à un jeu de combat trouvent plaisir à jouer mais les pros trouvent le jeu trop linéaire et carré même si fondamentalement le jeu a quelque chose à offrir. Maintenant c'est au tour de Capcom de réagir et de ne pas oublier d'informations importantes dans leur prochain patch note comme ils ont pu le faire ce 27 janvier suite à celui sortie en même temps que la saison 2. 

 

 

Des décisions qui divisent

 

Il est clair que Street Fighter V divise comme Street Fighter IV a pu le faire. Les attentes étaient tellement grandes pour ce nouvel opus que le lancement, en plus de la mauvaise communication et promotion de Capcom, fait que l'on ne peut être que déçu de ce que l'éditeur a montré. Mais cela ne fait pas de Street Fighter V un mauvais jeu de combat, il est certes moins élitiste mais veut s'ouvrir à un plus large public. Cependant beaucoup de joueurs n'arrivent pas à faire la transition ou alors n'aiment pas le système de jeu le jugeant trop simple, aléatoire et punitif, ce qui semble tout à fait légitime.

 

Les décisions que prend Capcom sont sujets à discussion comme nerf le shoryuken pour qu'il ne soit plus invincible et oublier d'introduire certaines informations dans leur patch note. Ce que fait l'éditeur avec Street Fighter V et la communication autour n'est pas vraiment exemplaire et terni l'image du jeu. Les critiques concernant le season pass montrent à quel point les joueurs sont réticents envers Capcom. Alors que les season pass, dans beaucoup de jeu comme Dark Souls, sont faits pour rester "mystérieux" plusieurs mois. Capcom a besoin de regagner la confiance des joueurs car ce manque pourrait être fatal.

 

Street Fighter V va perdurer et peut-être changer fondamentalement, n'oublions pas les changements qu'a connu Street Fighter III pour être le jeu qu'il est aujourd'hui. Alors ne perdons pas espoir dans une licence qui essaye maladroitement de s'ouvrir à une scène plus grande et de populariser le genre.