En s’imposant face à Rogue, Movistar KOI a sécurisé une place dans le top 3 de la saison régulière du LEC Spring Split 2025. Mais pour Quentin "Zeph" Viguié, le contenu du match laisse un goût amer. Dans l’After Show d’OTP, il revient sur la forme de l’équipe, son rôle dans le staff, et les échéances à venir.
Une fin de split frustrante malgré le top 3
Movistar KOI termine dans le trio de tête du classement, mais la prestation contre Rogue n’a pas convaincu. Dans une rencontre sans enjeu majeur pour l’équipe, Zeph n’a pas apprécié la manière, malgré la victoire. « Aujourd’hui je pense qu’on mérite de perdre. La game qu’on a jouée, c’était horrible. » Face à une équipe de Rogue qui n’avait plus rien à jouer, KOI est apparue apathique, loin du niveau affiché quelques jours plus tôt à Madrid.
Pour Zeph, l’adversaire a su proposer quelque chose, et KOI a simplement compensé par la qualité individuelle. « Respect à Rogue. Ils sont arrivés aujourd’hui avec un game plan et ils l’ont exécuté. Je trouve qu’ils ont mieux joué que nous overall. Juste, mes joueurs sont meilleurs. » Ce constat lucide souligne une crainte plus large : la capacité de l’équipe à jouer sérieusement lorsqu’un match semble comptablement secondaire.
« Je sens pas très bien maintenant, même si on a gagné », ajoute-t-il. « Ça fait pas plaisir de gagner cette game. » Il tient toutefois à rappeler que certains détails peuvent avoir un impact en playoffs. « Ce n’est pas une game totalement inutile. Le fait d’avoir le side en BO5, ça peut faire une vraie différence. »
La parenthèse madrilène : un pic émotionnel
Zeph revient ensuite sur l’expérience de Madrid, où KOI s’était qualifiée pour la scène principale après avoir battu Fnatic dans un match couperet. Un souvenir fort. « C’était juste un pur plaisir d’être là-bas. Ça me rappelle un peu les LAN en France, en 2017. Cette vibe où tu te dis : putain, c’est pour ça que je fais ce travail. »
La victoire contre Fnatic, dans un match tendu et spectaculaire, reste un moment fort du split. « C’est la meilleure victoire. La game, c’était un pur bang. Tu regardes le truc, c’est un show. Moi, j’ai enjoy la game. » Dans un contexte où les phases régulières s’enchaînent parfois sans saveur, ce genre de soirée redonne du sens au quotidien d’un coach. L’accueil du public espagnol a aussi marqué les esprits. « Les fans espagnols, ils sont géniaux. Y’a une vraie ferveur, un vrai soutien. Pour les joueurs comme pour le staff, c’était un vrai plus. »
Un rôle de head coach par intérim, mais une vraie responsabilité
Depuis Madrid, Zeph officie officiellement comme head coach de KOI, à la suite du départ temporaire de Melzhet pour un congé parental. Un changement de hiérarchie assumé. « Melzhet est en congé parental. Il est pas là. Tout simplement. » Pour remplacer l'entreineur en chef, le choix s’est porté naturellement sur Zeph. « Je connais les joueurs depuis plus longtemps. C’était un choix logique pour Melzhet. »
Il tient néanmoins à rappeler que Melzhet continue d’avoir un rôle actif, à distance. « Il travaille toujours avec nous tous les jours sur Discord. C’est pas comme si j’étais seul ou que je décidais de tout. » Mais pour tout ce qui est draft et gestion en direct à Berlin, c’est bien Zeph qui endosse la responsabilité.
Il ne cherche pas à enjoliver ce rôle temporaire. Le métier de coach, encore plus en LEC, implique une pression constante. « C’est stressant. T’es sur le banc, tu vois tout, tu peux rien faire. Tu veux intervenir, mais tu peux pas. » Une position d’observation souvent frustrante, surtout quand les consignes préparées en amont ne sont pas appliquées.
Une draft incomprise, une stratégie trahie
L’un des moments clés de l’interview concerne la fameuse draft Kalista/Renata jouée face à Rogue. Un choix surprenant, critiqué sur le plateau OTP, et que Zeph ne défend pas. Il en explique les coulisses sans détour. « Je pense qu’il regarde trop Viper, et il se dit qu’il doit 100 % pouvoir jouer ce duo. » Selon lui, le joueur a insisté au moment du pick, alors que le contexte ne s’y prêtait pas. « Ce n’était pas une bonne game pour le faire. Je voulais pick autre chose. Quand il a lock Renata, j’étais choqué. Derrière, je m’attendais à autre chose : une Ashe, un counterpick, plein de trucs à faire. Mais non. »
La composition nécessitait une prise rapide des dragons pour forcer les affrontements sur terrain neutre. Mais le plan n’a pas été respecté. « Quand tu joues cette draft, tu dois stacker les drakes. Tu veux que les gens viennent vers toi. Mais je sais pas ce qu’on fait. On veut pas prendre les dragons. » La frustration est palpable. « Moi, j’étais en mode “j’espère qu’on perd”. Comme ça je peux leur dire : vous voyez, vous devez stack les drakes, faut pas pick ce champion-là. » Il ne se cache pas derrière les joueurs, mais exprime bien le décalage entre la préparation et la réalité en jeu. « Je donne trois indications, et au bout de 30 secondes, c’est oublié. »
Un œil sur les playoffs, sans excès de confiance
Avec une place dans le top 3 sécurisée, KOI aura son mot à dire en playoffs. Interrogé sur son adversaire préféré, Zeph évoque Heretics. « Je pense qu’ils sont pas encore à leur forme finale. Ils sont toujours bons, ils ont bien joué hier, mais je trouve qu’ils sont atteignables. » Un choix stratégique plus qu’émotionnel, même si l’idée d’une revanche contre Fnatic circule dans l’équipe. Il rappelle aussi que la préparation aux BO5 se joue sur plusieurs tableaux, notamment en phase de draft. Sur ce point, il estime que le travail effectué avec l’équipe est solide. « Je pense qu’en fearless, on va avoir un vrai avantage. On a souvent bien drafté sur ce split. » Mais encore faut-il que le plan soit suivi jusqu’au bout. Le message de Zeph reste clair : KOI a les moyens de faire un bon run, mais pas sans rigueur ni discipline.
L’interview se termine sur une note plus personnelle, inattendue, qui tranche avec la tension des échanges précédents. « Sûrement ma mère va regarder l’interview. Bonjour maman. » Un clin d’œil sincère, lancé avec un sourire, qui rappelle que derrière les responsabilités d’un coach en LEC, il y a encore un joueur passionné et un homme ancré dans le réel.
- Lien pratique : le suivi complet du LEC Spring Split 2025