Vous me direz la question elle n'est pas si vite répondue que cela puisque depuis leur introduction en 2019 lors de la sortie de l'Opération Shattered Web, les nouveaux skins d'agents sont au cœur des débats. Depuis lors certains organisateurs ont tranché, mais d'autres laissent une totale liberté aux joueurs.

Tu me vois, tu me vois plus

Le 18 novembre 2019 Counter-Strike: Global Offensive sortait sa toute nouvelle Opération appelée Shattered Web. Il s'agissait de la neuvième depuis le lancement du jeu fin août 2012, et il aura fallu attendre une bonne année et demi pour que la remplaçante de l'Opération Hydra pointe le bout de son nez. Les joueurs étaient donc impatients, bien leur en aura pris puisque l'éditeur leur avait préparé quelques surprises dont l'une des principales aura été l'introduction de nouveaux modèles d'agents. Pour la première fois officiellement donc, vous aviez la possibilité de changer votre personnage en Terroriste ou Contre-Terroriste pour ainsi gagner en originalité. Problème rapidement soulevé, les développeurs n'ayant vraisemblablement toujours aucune idée de comment leur jeu se joue en compétitif, certains modèles étaient particulièrement difficiles à distingués ce qui leur donnait un avantage certain lors des matchs officiels. Dès l'origine de leur implémentation donc, les agents ont posé question et il n'aura pas fallu longtemps avant que Valve ne doive revoir sa copie.


Celle par qui tout a commencé en novembre 2019 (c) Valve

Moins d'un mois après l'introduction de Shattered Web donc, l'équipe de développement du jeu devait refaire quelques uns de ses modèles qui étaient clairement invisibles à certains endroits des cartes. Ainsi les Seal Team 6 Soldier, TwoTimes' McCoy et 3rd Commando dans les équipes en défense voyaient leur visibilité augmentée par rapport à leur version initiale. Cela ne sera toutefois pas suffisant pour contenter la communauté des joueurs professionnels et un conflit va débuter entre les organisateurs et l'éditeur. Ainsi FACEIT notamment sera au coeur de la fronde en mettant rapidement en place par défaut un système pour rendre invisible aux yeux des joueurs tous les nouveaux modèles de Valve, cette décision poussera l'éditeur a faire pression sur l'entreprise anglaise en la forçant à faire machine arrière dès le mois de janvier 2020.

Côté organisateur aussi, dans un premier temps ces derniers interdiront l'utilisation des nouveaux agents avant de faire machine arrière lorsque Valve publiera sa mise à jour. Toutefois le problème de visibilité des agents est-il pour autant réglé ? Pas vraiment non. L'année dernière le syndicat des joueurs CSPPA (Counter-Strike Professional Players' Association) avait pris le sujet en main en amont du Major de Rio qui a depuis été annulé, le but étant de discuter avec Valve des contraintes liées à leurs agents tandis que les développeurs n'avaient vraisemblablement aucune envie de faire la moindre concession. Et puis la pandémie est passée par là, le CSPPA s'est embourbé dans une histoire de conflit d'intérêts à l'été 2020 et on a plus entendu parler des agents depuis dans l'association.

Les joueurs et équipes professionnelles avaient donc pris un accord tacite où certains modèles étaient prohibés car peu visible, et un organisateur souhaiterait trancher la question dans un soucis de clarté : il s'agit de l'ESL. Ce dernier a donc dernièrement mis en place une nouvelle règle en ESEA interdisant l'utilisation de tous les agents (hormis ceux par défaut bien sûr) de ses compétitions. La nouvelle a encore du mal trois mois plus tard à être appliquée par tout le monde, mais pour l'instant en tout cas Valve n'est pas venu contredire cette décision. Plus proche de nous encore l'Anglais Alexander "Rushly" Rush, qui travaille pour l'ESL (propriétaire de l'ESEA) en tant qu'assistant producteur, a souhaité remettre le sujet sur la table. Invitant les joueurs à se réunir pour décider collégialement des skins qui seraient autorisés et ceux qui ne le seraient pas. Finalement ce que le CSPPA s'était engagé a faire mais n'avait pas fait l'année dernière.

Mais pourquoi après plus de deux ans d'introduction le problème n'est toujours pas réglé ? Tout simplement car malgré la mise à jour de Valve en décembre 2019 et d'autres qui ont essayé d'augmenter la visibilité, puis l'arrivée de nouveaux modèles via les Opérations Broken Fang et Riptide, aucun listing clair ne vient préciser ce qu'il faut faire. Il faut de plus ajouter que les joueurs daltoniens sont particulièrement touchés par ces problèmes de visibilité, parmi les professionnels ont retrouve concernés par ce handicap par exemple le Danois des ENCE Marco "Snappi" Pfeiffer ou encore le Brésilien de la Team Liquid Gabriel "FalleN" Toledo. Il serait finalement temps de fixer des règles, en collaboration avec l'éditeur, pour mettre un terme à une situation bancale qui dure depuis bien trop longtemps. Mais comme bien souvent l'équipe de développement de Valve n'est absolument pas moteur dans cette recherche de consensus, tandis que le syndicat des joueurs n'a visiblement pas réussi à trancher lui-même la question au sein de son comité consultatif. L'ESL y parviendra-t-elle ? Rien n'est moins sûr !


Il y a eu du mieux quand même