Fraîchement sacré à Austin, Dan “apEX” Madesclaire est revenu sur le parcours de Vitality, sa gestion du groupe, les critiques qu’il continue d’entendre et les choix forts faits cette saison. Une prise de parole sans filtre, à l’image d’un capitaine expérimenté, sûr de son collectif.
Une voix forte après une victoire sans appel
Sur la scène du Moody Center, au terme d’une finale disputée mais parfaitement contrôlée dans sa deuxième moitié, Dan “apEX” Madesclaire n’a pas mis longtemps à livrer le fond de sa pensée. À chaud, avec sa franchise habituelle, il est revenu sur la gestion du match, l’évolution de son leadership, la valeur de son groupe, et les critiques persistantes dont il fait l’objet depuis des années. Pour lui, ce troisième Major n’a rien d’un aboutissement personnel, mais vient valider un travail collectif et une dynamique que Vitality compte bien entretenir jusqu’au bout de l’année.

apEX célèbre à Austin (c) HLTV.org
Une entame difficile, une réaction immédiate
La finale n’avait pourtant pas démarré comme prévu. Perdre Mirage 5–13, d’entrée, dans une salle américaine peu favorable à Vitality, aurait pu faire dérailler beaucoup d’équipes. Mais pas celle-là. « On a tellement bossé tous ensemble. Je suis tellement heureux qu’on ait réussi à revenir après cette première map catastrophique. Mais c’est ce qu’on s’est dit entre nous : cette année, ça nous est déjà arrivé de perdre la première carte en finale, et on savait qu’on pouvait revenir », expliquait apEX au micro de Sjokz. Ce genre de scénario ne leur est plus étranger. Pour lui, il ne faisait aucun doute que les deux cartes suivantes allaient tourner à leur avantage : « Sur les deux dernières maps, il n’y avait pas de match. On est juste une meilleure équipe. Je suis juste fier de mes gars, de tout ce qu’on a accompli. Merci Austin… fuck, merci ».
L’atmosphère hostile ? Un facteur de motivation. Il sourit : « J’ai adoré jouer ici. J’adore être le méchant. J’adore que vous vouliez me baiser, en fait ». Austin n’a peut-être pas applaudi Vitality à l’entrée, mais elle s’est levée à la sortie. Et c’est dans cette tension que le capitaine a trouvé un point d’appui. « J’aime quand les gens veulent me détester. Ça m’aide à rester focus ».
Cette capacité à gérer les moments-clés n’est pas née par hasard. apEX le dit sans détour : « Bien sûr que je gère mieux mes émotions aujourd’hui. C’était indispensable. Je suis quelqu’un de très émotif, donc dans les grands tournois, j’ai dû apprendre à devenir un vrai capitaine, pas seulement un IGL ». À Austin, il estime avoir trouvé l’équilibre : « Sur ce tournoi, je ne me suis jamais énervé contre mes gars, même quand on jouait mal ».

apEX a trouvé l'équilibre dans son équipe (c) HLTV.org
Ce progrès personnel, il le relie au travail collectif. « Il y a eu énormément de boulot. Je suis content que ça ait payé aujourd’hui, autant pour l’équipe que pour moi. Parce que sur Inferno, je les ai baisés. Ne changez jamais ». Pas de calcul, pas de retenue, mais une confiance maîtrisée.
Répondre par les résultats
Cette victoire, apEX ne la voit pas uniquement comme un titre. Elle est aussi une réponse. À ceux qui doutaient de lui, de ses choix, de ses partenaires. Il le répète : « Je suis désolé Magisk, mais ropz, c’est le meilleur move de tous les temps. Sept trophées en sept tournois, qu’est-ce que tu veux faire de plus ? » Le constat est clair, assumé. « Les gars, vous pouvez déjà voir la meilleure équipe de 2025. C’est fait ». Et les critiques passées sur les recrues ne sont pas oubliées. « Tous les messy doctors de Twitter, ceux qui disaient “virez mezii”, “virez apEX”… et ouais, fuck you les gars ». Il ne cherche pas l’approbation, seulement les résultats. Treize fois, il a entendu qu’il n’était plus au niveau. Treize fois, il a répondu. « Une fois encore, pour la treizième fois de ma carrière, j’ai donné tort aux haters. Et c’est ce qui me rend le plus heureux ».
— Dan Madesclaire (@Vitality_apEX) June 22, 2025
Au milieu de cette tension entre revanche et lucidité, apEX n’oublie pas ceux qui l’ont soutenu. D’abord les fans : « Merci aux Français, évidemment. Aux Golden Hornets, ceux qui sont toujours derrière nous. Ce sont les meilleurs fans. Malheureusement, ils n’ont pas pu venir, ça coûte cher, mais ils étaient là à distance ». Ensuite, l’interne. Il cite ceux qui, dans l’organisation, ont continué à lui faire confiance malgré les doutes. « Merci à tous ceux qui ont cru en nous, en moi, chez Vitality, quand ça allait mal. Après Chungai, on a eu un long appel. Il a cru en moi. Et bien sûr, on a eu Robin, donc ça a aidé aussi ». Et il termine avec un mot plus intime : « Je suis juste fier de tout le monde. Et un gros shoutout à ma copine, qui regardait depuis chez nous ».
Et ce n'est pas fini
apEX ne cherche ni à plaire ni à expliquer plus qu’il ne faut. Ce Major, il l’a gagné avec une équipe qu’il a vu se construire, mètre par mètre, contre les doutes et les projections extérieures. Trois Majors, sept titres d’affilée, une saison en cours qui restera quoi qu’il arrive comme l’une des plus cohérentes de l’histoire du jeu. Pour apEX, la victoire n’est pas un clap de fin. C’est la suite logique d’un travail, et le début de ce qu’il décrit déjà comme « la meilleure année qu’on peut faire avec Vitality ». Rien d’autre à prouver, juste à continuer.

Nous retrouverons apEX et les Vitality du 23 juillet au 3 août pour les IEM de Cologne, ainsi que du 20 au 24 août pour le tournoi CS2 de l'Esports World Cup.