Après un Spring Split raté, Striker s’est exprimé sur les choix forts opérés chez BDS pour le Summer Split du LEC 2025. Entre ambition assumée, pression personnelle et retours francs sur le niveau de la ligue, le coach trace une ligne claire : les Worlds ou la sortie.

Team BDS, un été pour redresser la barre

Après un Winter prometteur mais un Spring totalement manqué, Team BDS a opéré des changements pour aborder le Summer Split. Deux joueurs ont été remplacés, et Striker, le head coach de l’équipe, s’est exprimé longuement sur les raisons de cette refonte, les exigences de résultats et les dynamiques internes. Il assume pleinement l’échec du Spring : « On a eu des résultats qui étaient pas ceux qu'on voulait, avec un top 8 de la honte. » L’optimisme du début de saison, nourri par une élimination honorable contre Fnatic en Winter, n’a pas résisté à une série de matchs jetés en Spring alors que l’équipe menait.

Il explique : « On n'a pas réussi à être régulier et discipliné une game. Pendant le Spring, il y a eu beaucoup de games qu'on a jetées après avoir été en position dominante. » Le travail fourni n’a pas été récompensé, malgré des semaines de scrims intensifs : « Je pense qu'on était l'équipe qui bossait le plus. On finissait souvent vers minuit, et parfois plus. Mais ça n'a pas porté ses fruits. »

Changer pour repartir

Face à ce constat, deux changements ont été décidés : l’arrivée de Rooster au top et celle de Boukada en jungle. Rooster était déjà ciblé fin 2024, mais HLE semblait vouloir le faire monter. Finalement resté en Challenger, il est redevenu accessible entre le Spring et le Summer. « C'était notre prospect numéro 1 fin 2024. Quand l’opportunité s’est rouverte, on a foncé », précise Striker. Dans la jungle, l’équipe a testé plusieurs profils avant de retenir Boukada, alors chez SK Gaming. Le choix s’est fait sur des critères clairs : « Ce qu'on voulait, c'était un joueur qui pouvait être structuré du début à la fin de la game. Medy (Bukada) était celui qui apportait le plus ces points-là en tryout. Il y avait une synergie naturelle avec Nuc. »

Les joueurs restants ont bien accepté ces décisions. Striker explique que l’évidence du changement s’est imposée d’elle-même : « Tous les joueurs étaient conscients de la nécessité du changement. On n’a pas eu besoin d’expliquer. »

Une exigence posée noir sur blanc

Striker a également annoncé que sa propre place dépendait de la qualification aux Worlds. Une déclaration assumée, loin d’un effet de communication : « C'est quelque chose qui est arrivé après une réflexion. Si l'on perf et qu'on va aux Worlds, je sais que BDS voudra me garder. Si on ne perf pas, ils peuvent explorer leurs options. » Il justifie cette position comme un moyen de cadrer les choses de manière simple : « Après avoir fait top 8 et top 6, je suis pas fier. Donc je me suis dit : la meilleure façon d'avoir ce truc-là, c’est d’aller aux Worlds. » Il ajoute que cette pression supplémentaire est quelque chose qu’il recherche : « Avoir une pression supplémentaire, c'est quelque chose qui me plaît. »

Rooster, un profil hors norme

S’il y a un point sur lequel le coach se montre sans réserve, c’est le niveau de Rooster. « J'espère qu'il va deliver on stage, mais j'ai jamais vu ça depuis que j'ai commencé à coach », affirme-t-il. Il parle d’un joueur complet, impressionnant sur tous les aspects : « Jamais vu ce niveau individuel, que ce soit en lane, en teamfights, même sur certains points de réflexion draft. » L’approche du staff est simple : ne pas chercher à le transformer. « L’erreur, ce serait de vouloir trop le changer. Il a déjà tout ce qu’il faut. Il faut juste s’assurer que tout soit fait autour de lui pour qu’il puisse jouer comme il sait le faire. »

Les scrims ont confirmé les attentes : « On a scrim toute la ligue. Il n’y en a pas un qui a été meilleur en lane. Il y avait toujours une différence significative, même contre les meilleurs. » Malgré la barrière de la langue, l’intégration progresse. « Il parle pas encore bien anglais, mais ses teammates le trouvent tous très forts », note le coach.

Interrogé sur le niveau général du LEC, Striker n’élude pas les critiques : « Je pense pas qu’on donne tous le maximum pour réussir. Il y en a encore certains qui n’ont rien à faire là. » Il estime que la ligue est en transition, et que le renouvellement est en cours : « Le temps fait bien les choses. Tu as des pommes pourries qui ont été remov du LEC, et d’autres qui devraient tomber. » Il identifie NAVI comme une équipe à suivre, et estime que Heretics ou Fnatic pourraient souffrir : « Fnatic ne fait pas top 2 dans notre groupe. » À l’inverse, il place Movistar KOI comme l’équipe ayant montré le meilleur jeu du Spring : « Tu enlèves les nameplate, tu enlèves les logos, tu enlèves les copains… Moi c’était MKOI que j’aimais regarder. »

Cap sur le Summer

Boukada, de son côté, semble s’être rapidement imposé comme un élément moteur dans l’équipe : « C’est un mec plug and play. Il va vers les autres. Il a pris l’initiative de faire un glossaire in-game pour son toplaner. » Striker apprécie son exigence, sa capacité à structurer le jeu, et son refus du relâchement en scrim : « Si ça trolle un peu, il va rappeler les gens à l’ordre. »

BDS aborde donc le Summer Split avec des objectifs clairs, une équipe remaniée, et un staff qui ne s’accorde aucune excuse. Striker le résume ainsi : « Si demain j’ai fait les Worlds alors qu’on a fait un changement sur deux membres de la line-up, c’est que j’ai fait le taf. » Le reste se jouera sur scène.