La Karmine Corp a dominé Fnatic 3 à 0 lors du deuxième tour du loser bracket des playoffs du LEC Spring Split 2025. Un succès net que Targamas explique par une connaissance approfondie de l’adversaire, une préparation rigoureuse en amont et une exécution disciplinée sur scène.
Targamas décrypte le 3-0 : méthode, maîtrise et mise au point collective
Quelques minutes après la fin du Bo5 remporté contre Fnatic, Targamas s’est présenté dans l’émission After LEC sur OTP, fidèle à son image de joueur réfléchi et mesuré. Devant les micros, il a analysé la rencontre sans détour, en insistant autant sur les choix stratégiques que sur les dynamiques mentales du groupe. Derrière l’apparente facilité du score se cache une lecture fine de l’adversaire, une remise en question post-KOI, et une volonté assumée de faire mieux qu’un simple top 3.
Une opposition connue par cœur
Pour Targamas, ce n’était pas un Bo5 comme les autres. La Karmine connaissait parfaitement Fnatic. « C’est, je pense, l’équipe qu’on a sans doute le plus scrim. J’ai pas les stats, mais de tête il me semble que c’est l’équipe qu’on a le plus scrim. Donc on les connaît très bien. » Cette familiarité s’est traduite sur le terrain par un contrôle presque total de la série, en grande partie grâce à une préparation ciblée. « On les respecte beaucoup aussi, parce qu’en saison régulière, c’est toujours l’équipe qui fait le plus peur, en tout cas qui arrive à chaque fois à gagner contre nous. Mais je pense que là, par exemple, ça fait deux semaines qu’on les a beaucoup joués. On sait exactement ce qu’ils veulent en draft. On sait comment faire pour gagner. »
Il ne s’agissait pas seulement de capitaliser sur des scrims. Toute la question était de répliquer le niveau d'entraînement en conditions de scène, un point souvent compliqué pour les équipes jeunes ou sous pression. « L’approche de ce Bo, c’était : OK, on gagne contre eux en scrim, on sait comment faire, maintenant il faut juste qu’on réplique ça on stage. »
Le travail de l’ombre sur la draft
Le succès dans cette série repose aussi sur une préparation en amont très structurée, où Targamas joue un rôle central. « Pour les plans de draft, c’est tout le temps Reha ou moi qui arrivons avec un plan. On discute un peu tous les jours. » Ce duo construit des stratégies pensées sur la durée. « On essaie de répliquer le même process en practice, avec des choses qu’on veut essayer, et d’autres dont on est certains. Une fois qu’on arrive on stage, y a un peu plus de gens qui veulent s’impliquer, parce qu’avec la pression et l’enjeu, tout le monde a envie de donner son avis. Mais globalement, le noyau dur, c’est Reha et moi. »
Dans le détail, il précise que la préparation concerne surtout les bans et les premiers picks. « Plus tu avances dans la draft, plus ça devient difficile à préparer. On ne va pas s’amuser à préparer jusqu’au 5e pick, y a trop de possibilités. La prep, c’est surtout les bans, le first pick, ou les deux premiers picks quand t’es red side. Après, il faut s’adapter. » Cette structuration stratégique est rendue possible par la polyvalence des joueurs. « On a beaucoup de chance d’avoir des joueurs open minded, qui peuvent pratiquement tout jouer à un très bon niveau. C’est aussi très facile de draft dans ces cas-là. »
Un exemple : la Zoé de Vladi, transformée par l’expérience
Le cas de la Zoé jouée par Vladi illustre parfaitement cette capacité d’adaptation. « C’est lui qui l’a demandée », précise Targamas. La semaine précédente, dans la défaite contre KOI, cette Zoé n’avait pas pu faire la différence malgré une bonne phase de lane. « Il avait fait une bonne game, mais après on n’a pas joué comme il fallait autour des drakes. »
Le staff et les joueurs en ont tiré des leçons concrètes. « Ça nous a beaucoup coûté. Une fois que la game est even et qu’on n’a pas les drakes, c’est compliqué de gagner. Aujourd’hui, on a rectifié le tir. Je sais même pas si Fnatic a eu un seul drake du Bo. À chaque drake, on était là, avec la Zoé en train de poke comme il faut. » Selon lui, cette défaite avait du bon. « C’est une bonne chose qu’on ait perdu aussi cette game Zoé. »
KOI, l’échec initial à effacer
Si le 3-0 contre Fnatic offre une respiration bienvenue, Targamas sait que le plus dur est à venir. Un match retour contre KOI les attend, et la précédente confrontation n’a pas été digérée. « On s’est vus trop beaux, c’est sûr. Pendant toute la semaine, on se voyait déjà au MSI. On ne se voyait certainement pas perdre un Bo5 contre eux. » Le discours a changé. « Ce jour-là, aucun de nous n’était dedans. On était vraiment déconnectés, on n’avait pas les bons plans. Maintenant, on va les prendre beaucoup plus au sérieux. »
Il ne sous-estime pas l’adversaire. « Je suis sûr qu’ils montreront un meilleur visage que le Fnatic d’aujourd’hui, qui avait l’air un peu démoralisé. Les forces de KOI sont très différentes. Notamment Jojo, qui fait un très bon split. Vlad contre Jojo, ça change beaucoup la physionomie de la game par rapport à Vlad contre Humanoid. » Et surtout, l’enjeu est énorme. « Tout va se jouer sur la game contre KOI. C’est vraiment tout ou rien. On a énormément de pression sur les épaules. »
Sur G2 : lucide, pas impressionné
Interrogé sur le retour de G2 en finale, Targamas ne se laisse pas emporter. Il ne nie pas leur capacité à performer en playoffs, mais refuse l’idée d’un renouveau. « On est dans une boucle. Il y a Fnatic, bons en saison régulière, qui choquent en playoffs. Et G2, qui redeviennent bons. Mais pour moi, je les vois pas meilleurs qu’avant. »
Il est plus dur encore avec Fnatic. « Je pense que Fnatic sous-joue vraiment par rapport à la saison régulière. Ils avaient aucune chance de gagner contre G2, de mon point de vue. Ils ont pas le niveau. » S’il devait retrouver G2, ce serait selon lui dans les mêmes conditions que lors du Winter Split. « Et j’espère qu’on aura cette occasion. Mais pour l’instant, je pense pas à G2. Je pense à KOI. »
Targamas clôt l’entretien avec sobriété, mais sans détour. « On va tout faire pour se qualifier pour le MSI et regagner le LEC. Je sais que les attentes sont très élevées en ce moment. Mais vous inquiétez pas, on a des grosses attentes pour nous-mêmes. Et ça s’arrête pas juste à la LEC. » La pression est forte, les objectifs sont clairs. Prochaine étape : battre KOI pour retrouver G2.
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