Pour cette première semaine, le coup de cœur de la rédac s'attarde sur FlyQuest, qui démarre cette année 2020 sur des chapeaux de roue. Difficile de dire ce qu'il se passera pour la suite de la saison, mais l'équipe peut tout de même profiter de ce moment sous le feu des projecteurs.

Une saison compétitive de League of Legends est souvent tumultueuse. La route est bien longue, du début du segment de printemps à la consécration d’un champion du monde. Les fans de tous les horizons sont tenus en haleine, entre compétitions régionales et internationales, les saisons régulières et les playoffs, les tournois sérieux et ceux d’exhibition… Mais quel bilan reste-t-il année après année ? On ne retient que trop souvent, avec une certaine froideur, les vainqueurs, les statistiques et les records. Mais ce serait une erreur d’occulter la multitude de petites histoires qui façonnent également une saison compétitive. Pour leur rendre hommage, la rédaction a décidé de consacrer une série d’articles à ces joueurs et ces équipes qui ne resteront peut-être pas dans les annales mais qui auront aussi pleinement participé à développer la passion du jeu. Pour capturer cette dimension émotionnelle, moment par moment, par-delà les chiffres et les résultats, voici le tip’s de la semaine.

 

FlyQuest décolle en ce début d'année 2020


Une équipe qui, avec le recrutement de PoE et d'Ignar, espère viser plus haut

 

FlyQuest à la recherche de résultats et d’identité 

Année après année, FlyQuest traverse la saison dans un relatif anonymat. Alors qu’elle débute son 7e segment cette année, elle n’a jamais réussi à jouer les premiers rôles… Rien de très étonnant quand on regarde les rosters qui se sont succédés : depuis sa création, l’équipe n’a jamais eu les armes pour jouer les trouble-fête. On pourrait même dire que la structure s’assimile plus à un refuge de gloires passées sur la pente descendante de leur carrière : LemonNation, Hai, Balls, Keane, Flame… Si, au printemps, l’équipe a fait bourgeonner quelques belles promesses avec deux 4e places, surpassant les attentes des observateurs, quand vient l’été, tout s’évapore. FlyQuest se brûle les ailes et n’existe pas du tout en fin de saison, lorsque c’est le plus important. Dans un éternel recommencement… Il semblerait que cette année encore, FlyQuest débute bien le début du segment de printemps. Mais pour combien de temps ? Est-ce que, cette fois, c’est vraiment la bonne, et la dynamique saura être entretenue dans la durée ?

Au-delà de résultats anodins, l’équipe éprouve aussi les plus grandes difficultés du monde à se forger une identité. Elle reste aussi peu audible dans la Faille de l’Invocateur qu’en dehors. Sans fait d’armes majeur, l’équipe souffre également de l'absence d'une rivalité historique et n’a connu que des joueurs relativement lisses et peu clivants. FlyQuest, c’est une peu la bonne poire que personne n’aime ni ne déteste vraiment. 2020 ne déroge pas à la règle, personne n’attend l’équipe au tournant. Pour mentionner rapidement le ranking proposé par O’Gaming, FlyQuest n’obtient qu’une piteuse 9e place avec des classements individuels très bas pour l’ensemble des joueurs de l’effectif. Et pourtant, l’équipe se place actuellement sur la seconde marche du podium outre-Atlantique. Seulement deux semaines se sont écoulées, mais c’est la bonne surprise de ce début de saison, là où on attendait beaucoup d’Evil Geniuses, ou d’Immortals et sa colonie française. Avec 3 victoires pour 1 défaite, concédée aux champions en titre Team Liquid, FlyQuest espère prendre son envol sans se brûler les ailes.  

 

Une alchimie et une vraie cohésion d’équipe

Derrière les résultats positifs pour le moment, il faut surtout apprécier l’alchimie et la cohésion dégagées par l’équipe. Difficile de dégager un leader naturel au sein de cette équipe, qui abrite tout de même 4 joueurs expérimentés ayant connu le plus haut niveau mondial aux Worlds. Mais avant de parler de ces vétérans, attardons-nous quelques instant sur le 5e joueur de l’effectif, V1per le toplaner. Ancien monstre de soloQ et joueur réputé de Riven, il entame sa deuxième année dans l’équipe. Capable de fulgurances, il jouait cependant de manière agressive, trop agressive, et tombait facilement dans les pièges tendus par ses adversaires. Difficile d’avancer cela avec certitude, mais il semblait manquer de confiance dans le reste de son équipe et voulait à tout pris compenser la relative faiblesse de ses coéquipiers sur le reste de la carte, ce qui au final pouvait se montrer contre-productif, très contre-productif… Mais cette année, il semble jouer de manière plus harmonieuse avec les autres joueurs, il a réussi à se fondre dans le collectif… ou plutôt le collectif a réussi à se fondre dans ce joueur. De manière plus calculée, V1per continue à jouer sur sa force individuelle et ses toplaners carry tout en abusant du splitpush. Il apporte une réelle pression sur le haut de la carte, synergise mieux  avec Santorin, son jungler, et sert de point d’ancrage pour toute son équipe. V1per, grâce à son individualité, sublime le collectif.

On peut ensuite dégager deux duos dans l’équipe. PoE et Ignar se retrouvent chez FlyQuest après avoir partagé une aventure commune en 2017 du côté de Misfits. Au sommet, ils avaient fait trembler ensemble les grands SKT de l’époque. Tous les deux arrivés cette année, il se sont parfaitement adaptés à l’équipe. PoE est le carry principal, c’est lui qui reçoit le plus de ressources et qui doit être la source de dégâts principale. Pour le moment, il reste sobre et efficace et il n’a pas encore sombré dans ses penchants d’expérimentations aléatoires. Ignar, lui, joue le rôle de support modèle. Il sait être là où il faut quand il le faut… Ce qui n’est pas toujours chose aisée quand son ADC se prénomme Wildturtle… 


Peut-on vraiment en vouloir à Wildturtle quand il sourit comme ça ?
Nexus.LeagueofLegends

Wildturtle est en effet plus connu pour ses erreurs de placement que ses performances. Il le sait lui-même et malgré les critiques, garde son grand sourire communicatif. Pourtant, malgré les quolibets, ce n’est pas n’importe qui. Il a remporté à de multiples reprises la ligue nord-américaine, c’est d’ailleurs lui qui a le plus beau palmarès de l’équipe (LCS NA, IEM…). Une partie de ses titres a d’ailleurs été remportée avec Santorin, le jungler de l’équipe, lui aussi transfuge de TSM. Niveau critiques, Santorin n’est pas en reste puisqu’il a été pointé du doigt à de nombreuses reprises dans sa carrière chaotique (Team Coast, NRG, H2K…). Mais malgré leur palmarès et leur expérience, les deux joueurs mettent leur ego de côté et jouent pour les autres. Santorin, raillé par le passé pour sa passivité et son manque d’initiative, est actuellement le jungler américain qui a le meilleur ratio de Kill Participation et celui qui a le plus d’assistances. Très actif, il se plie en quatre pour ses coéquipiers. Ce constat est encore plus criant pour l’ADC, qui s’oriente sur un rôle utilitaire (notamment en jouant Senna). Il a des statistiques personnelles médiocres (farm, KDA, dégâts…) et reçoit peu de ressources. Mais il arrive tout de même à aider son équipe à distance. Il continue à recevoir beaucoup d’attention dans les teamfights, mais dans la hiérarchie des carrys, il se place clairement derrière PoE et V1per. Dans un rôle d’ADC utilitaire où il a moins de pression, il semble beaucoup plus à l’aise tout en restant capable d’actions de grande classe quand il en a l’occasion.

 

Une identité en construction

FlyQuest s’est également fait remarquer par une initiative en dehors de la Faille de l’Invocateur. Avec le projet « TREEQUEST », l’équipe a promis de planter des arbres grâce à ses équipes professionnelles de League of Legends (l’équipe académique est aussi concernée). Difficile de compter avec précision le nombre d’arbres qui seront plantés en fin d’année grâce à cette initiative, mais avec 3 victoires, on est déjà à plus de 300 arbres… L’initiative est louable, surtout dans le contexte actuel. Le projet fait l’unanimité et permet de construire une belle campagne de communication.


Une initiative louable a été lancée par la structure, elle a promis de planter un maximum d'arbres en fonction des matchs de son équipe.

Et si c’était ça, le futur de FlyQuest ? L’image d’une équipe sans problèmes, sans rivalités et consensuelle ? Il y a sûrement des identités plus sexy à base de joueurs charismatiques, de dramas et de coups d’éclat, mais l’image d’une équipe gentille n’est pas mauvaise non plus. En attendant la gloire, les titres et la reconnaissance, elle a au moins le mérite pour le moment d’avoir attiré l’œil de la rédaction en ce début de saison 2020.