Peu avant le début du match de son équipe en LFL, Kameto a pris la parole en live pour revenir sur les problèmes techniques du VCT EMEA et les tensions avec Riot Games autour du match Karmine Corp vs Team Liquid. Il y décrit une situation intenable et un dialogue qui semble difficile avec l’organisateur.

Un climat délétère autour d’un match jugé « injouable »

Quelques heures avant le coup d’envoi de la Karmine Corp en LFL, Kameto a décidé de consacrer une partie de son live à un sujet brûlant : le chaos technique survenu lors du match opposant KC à Team Liquid en VCT EMEA, et les échanges qui ont suivi avec Riot Games. Alors que la ligue européenne de Valorant traverse une crise de confiance liée à des incidents répétés, le cofondateur de la Karmine a choisi de s’exprimer sans détour sur ce qu’il considère comme un profond dysfonctionnement structurel.

Il revient sur le déroulement du match du 25 avril, interrompu à plusieurs reprises. « Le match est injouable. Il y a un round, une pause de 20 minutes. Un round, une pause de 20 minutes », lâche-t-il. Face à une telle situation, la KC envisage un geste fort : quitter volontairement la rencontre, à condition d’avoir l’accord de Team Liquid. « Venez, vas-y, on se met d’accord, on quitte le match et ça envoie un message fort », explique-t-il. L’initiative n’aboutit pas, Liquid préférant poursuivre malgré les conditions.

Peu d'équipes prêtes à se mouiller

Kameto tente ensuite d’élargir la mobilisation à d’autres organisations. Il contacte les autres owners via un groupe commun aux structures franchisées. Selon lui, seules quelques voix s’élèvent réellement. « Il y a certaines équipes qui étaient d’accord avec nous, qui étaient chaudes de mettre un point sur la table », reconnaît-il. Mais la majorité fait profil bas, dans un contexte très sensible. « Tout le monde a peur de perdre son slot dans les équipes partenaires », affirme-t-il, en référence au processus de renouvellement des places dans le circuit VCT.

Ce silence généralisé alimente chez lui un sentiment d’isolement stratégique. « On était très peu à être en mode "Venez, on tape du poing sur la table". [...] Le but c’est pas de créer du chaos, c’est juste de jouer dans de bonnes conditions, avec équité sportive. »

Des décisions arbitrales contestées

Après l’interruption du match, Riot annonce dans un premier temps que la partie ne sera ni rejouée, ni remise à zéro, ni modifiée. Kameto dénonce un déséquilibre évident : « Si on rejoue le match plus tard et que c’est le même map pool, l’équipe adverse va s’entraîner spécifiquement sur ces maps et on va juste se faire baiser. » Il insiste : pour la Karmine, la seule solution juste est le remake total ou, à défaut, un veto de cartes réinitialisé.

Avec l’appui de Daniel Ringland, responsable du VCT EMEA, l’affaire remonte jusqu’au plus haut niveau. La KC échange avec le head referee mondial et expose ses arguments, via Clément, Arthur, et le head coach Engh. « Grâce à Daniel, on arrive à avoir un contact avec Riot Monde. [...] Il nous a mis en relation avec le head of des arbitres officiels monde. » À l’issue de cette séquence, Riot maintient le score de 1-0 pour Liquid, mais accepte de modifier le map veto. « Au final, ils acceptent de changer le map pool pour plus d’équité. [...] On s’est vraiment battus. »

Pourquoi la KC n’a pas boycotté

Face aux appels à une grève ou un boycott plus ferme de la part d'une partie de la communauté et des fans, Kameto se montre lucide sur les risques. « On est quasiment les seuls. [...] Si on va plus loin, on va se prendre une sanction, amende financière, disqualification, pas de Champions. » Il évoque les conséquences économiques et sportives : exclusion possible, perte de sponsors, impact sur les salariés, les joueurs et la structure elle-même. Il refuse aussi d’entraîner les joueurs dans une impasse. « Les joueurs, ils vont se retrouver dans la merde, sachant qu’on a zéro match. [...] On va être les seuls dans la merde. »

Malgré la frustration, Kameto ne veut pas céder à une posture de confrontation permanente. « Mon but c’est pas de faire la guerre, d’être ce révolutionnaire, je sais pas quoi. Je veux juste que ça joue et que ça soit fairplay. » Il insiste : « Je ne veux pas de révolution. Je veux juste que dans le futur tout soit carré. » Mais il estime que la KC a été clairement désavantagée : « Le match doit jamais reprendre en 0-1 si c’est un peu fairplay. [...] Maintenant, soit on part en couilles, soit on joue le match en 0 et bonne chance. »

S’il se dit fatigué de devoir monter au front en solo, il affirme que KC est allée au bout de ce qu’elle pouvait faire. « On a été les plus vocaux, les plus casse-couilles pour eux, parce que les autres voulaient pas trop se mouiller. [...] On a fait tous les calls nécessaires. [...] Parle à un mur. »

La compétition a repris, et le match contre Liquid a été rejoué le vendredi 2 mai avec un map pool revu. Kameto, lui, a préféré caster Rocket League ce jour-là. Une manière de marquer encore sa distance. La suite du VCT EMEA dira si cette séquence laisse des traces durables dans les relations entre Riot Games et ses partenaires.