Le célèbre joueur américain Spencer "Hiko" Martin s'est récemment penché sur la question du calendrier de Counter-Strike: Global Offensive qui était trop chargé en tournois à travers le monde en comparaison à Valorant, jeu sur lequel il est depuis un peu plus d'un an.

Les voyages est-ce un vrai problème ?

On le savait déjà et c'était un problème qui avait été soulevé avant la pandémie de COVID-19, Counter-Strike: Global Offensive a un calendrier trop chargé en tournois internationaux ce qui entraîne des voyages en permanence pour les joueurs. Toutefois depuis l'arrivée du virus et la mise en place de cette fameuse ère du tout en ligne, les difficultés mentales et physiques des joueurs n'ont pas faiblis, elles se sont même aggravées.


Hiko désormais sur Valorant chez 100 Thieves

L'ancien joueur CSGO Spencer "Hiko" Martin, qui avait fait les beaux jours de Cloud9 ou de la Team Liquid, a depuis le mois de juin 2020 choisi de basculer sur le FPS de Riot Games Valorant. Dernièrement sur son stream il a répondu aux interrogations de ses téléspectateurs qui se questionnaient sur la différence entre les deux jeux de tir les plus populaires en compétition sur PC.

Counter-Strike en est arrivé à un point où vous voyager littéralement sept ou huit mois dans l'année. Quand j'étais plus jeune, en 2013, on voyageait beaucoup. On allait en Europe, on y faisait nos stages de préparation tout le temps. C'était compliqué à gérer. Je pense que si Valorant prend le modèle de League of Legends où vous ne voyagez pas beaucoup, où vous êtes beaucoup à la maison et où il y a beaucoup de choses qui se passent en ligne avec de rares grandes compétitions en physique, ça rend ces tournois plus importants et plus impactants. C'est également moins exigeant pour les joueurs qui ont des familles, des amis, des copines. Je pense que c'est probablement mieux pour tout le monde si la scène n'est pas aussi chargée de voyages qu'elle ne l'était à l'apogée de Counter-Strike: Global Offensive.

Dans sa réflexion Spencer "Hiko" Martin ne prend pas en compte le recul que nous avons pu avoir depuis le début de l'ère du tout en ligne. Or désormais on sait avec certitude que les voyages n'étaient finalement pas le problème, c'est surtout l'accumulation des événements qui est la véritable maladie de Counter-Strike. Contrairement à Valorant qui est géré directement par son éditeur et qui, au grand dam de certains, propose beaucoup moins de tournois, Counter-Strike laisse la liberté totale aux organisateurs de gérer leurs propres compétitions en montant des circuits qui peuvent se chevaucher les uns avec les autres. Finalement la seule chose imposée par Valve ce sont ses tournois Majors et les qualifications pour s'y rendre, mais même dans ces cas-là l'entreprise de Seattle sous-traite le tout à des sociétés d'événementiel. Ce choix a permis l'émergence de compétitions de qualité montées par l'Electronic Sports League ou BLAST par exemple, mais également des tournois plus critiquables. Le dernier en date étant certainement le RMR russophone dont Epic Esports Events et RESF avaient la charge en mai 2021.

La pandémie a donc empêché aux joueurs de voyager mais ne leur a pas pour autant pas permis d'améliorer véritablement leur qualité de vie. Pour beaucoup d'étrangers il a fallu se rendre en Europe, qui est resté le cœur de CSGO, pour avoir de bonnes conditions de jeu et de connexion lors des événements. Or ils se sont retrouvés bloqués de longs mois sur le continent suite aux restrictions mises en place. Certains l'ont mal vécus, on pense notamment au jeune américain Owen "oBo" Schlatter qui a tout simplement abandonné Complexity en cours de route pour rejoindre les États-Unis et sa famille. Mais même pour les Européens la situation a été complexe, on se souvient du surmenage du capitaine de la Team Vitality Dan "apEX" Madesclaire début 2021 ou tout simplement le transfert du Danois Nicolai "dev1ce" Reedtz chez Ninjas in Pyjamas dans le but de se rapprocher de sa compagne. En effet dans une organisation professionnelle, bien souvent vous devez malgré tout quitter votre lieu de vie habituel pour vous entraîner et jouer dans les locaux du club. Déménager et quitter tous ses proches pour passer ses journées et week-ends derrière un ordinateur cela devient vite usant. Les voyages avaient pour eux d'offrir un moment de répits, de découverte d'un nouveau pays et la rencontre avec le public. Aujourd'hui ce n'est plus le cas et ce qui était une bouffée d'oxygène, même si cela restait bien entendu fatiguant, s'est transformé en un sentiment d'être un machine.

Si Counter-Strike: Global Offensive est effectivement très différent de Valorant sur la manière dont est organisé son circuit professionnel et amateur, la véritable difficulté reste finalement le trop grand nombre d'événements et pas nécessairement les lieux où ils se jouent. Avec un calendrier qui serait allégé de toutes les façons les deux problématiques seraient réglées, seule demeurerait finalement cette obligation pour les joueurs hors d'Europe de venir passer des stages ici. Toutefois pour changer cela il faudrait à ce moment-là diviser davantage la scène par régions géographiques ce qui limiterait le nombre de compétitions où les meilleurs mondiaux se retrouvent. Serait-ce un problème ? A terme oui pour l'Amérique du Sud, l'Asie et l'Amérique du Nord où le niveau de compétitivité reste inférieur, ce qui par conséquent n'empêcherait pas les grandes écuries de faire le choix de se délocaliser pour conserver une effectif capable de gagner les plus grands trophées. Car la séparation géographique cela a déjà eu lieu par le passé (sur Counter-Strike 1.6 notamment) et rapidement on a vu disparaitre les meilleures structures de ces continents tout simplement parce que leur visibilité était réduite, les investissements également et le niveau s'était alors rapidement dégradé. Alors moins de tournois, un circuit plus clair et des tournois qui ne se chevauchent pas, la solution est simple elle demande simplement une concertation entre des entreprises concurrentes qui ne veulent pas réduire leur part du gâteau.