Il est encore jeune mais fait déjà partie des meilleurs joueurs de l'histoire de TrackMania : Gwen, pilote officiant chez GameWard, a accepté de répondre à nos questions. Il revient sur son parcours et nous parle de son quotidien.

Gwen, le fou du volant

Bonjour Gwen, peux-tu te présenter brièvement ? 

Je m'appelle Gwendal Duparc, j'ai 17 ans, je suis du Morbihan près de Vannes. Actuellement au lycée, je rentre en Terminale cette année. Je n'ai pas de passion précise, mais d'une façon générale j'aime les jeux vidéo, notamment "open world" ou ceux qui nécessitent peu de touches pour jouer (coucou Trackmania:), le sport en tout genre (tennis, basket, muscu, etc.), ainsi que voyager.

Raconte nous tes débuts dans l'esport et sur Trackmania.

Mes premiers souvenirs remontent à une vidéo de moi jouant à Trackmania alors que je n'avais que 4 ans et demi, grâce à mon père qui était lui-même joueur sur ce jeu depuis sa sortie. Par la suite j'ai plutôt joué à des jeux comme Dofus ou Minecraft lorsque j'avais 8-12 ans, avant de rejouer plus régulièrement à Trackmania pour le plaisir, puis de façon sérieuse avec l'arrivée des premiers résultats significatifs. L'année 2019 marquera enfin un tournant dans mon parcours avec ma qualification pour la Trackmania Cup de Strasbourg, puis le recrutement par GameWard quelques mois plus tard.

 


Gwen, déjà pilote à 4 ans


Quel est ton rythme d'entrainement ? 

Cela dépend des périodes. Il faut déjà savoir que pour chaque compétition ce sont des maps différentes, si bien que tu ne peux pas t'entraîner avant de les connaître. Donc hors compétition je ne joue pratiquement pas au jeu, et lorsqu'il y a des compétitions importantes je m'entraine en moyenne jusqu'à 5h par jour, grand maximum. Globalement j'ai dû mal à jouer beaucoup.

Quelle est l'importance de la préparation pour une compétition ?

Pour ma part, ayant la chance d'apprendre relativement vite, je dirais que 90% du résultat final se joue pendant la compétition, et 10% en préparation pour apprendre les maps, les connaître et savoir quoi faire. Je suis convaincu que je peux battre au mental des joueurs qui se seront préparés bien plus que moi pour une compétition. Après ce n'est pas le cas de tout le monde, certains grands joueurs diront probablement que c'est 50% de préparation et 50% de compétition.

Comment concilier performance et suivi des études ? Comment trouves-tu ton équilibre personnel ?

Peu importe ce qui se passera sur Trackmania, je ferai toujours passer ma vie personnelle avant le jeu, que ce soit la famille ou les études. Du coup je ne joue à Trackmania que lorsque j'ai des créneaux après mes priorités. Cela fait maintenant 2 ans que je suis pro, et c'est un équilibre que j'ai trouvé sans trop de difficultés.

Tu es donc en terminale cette année, sais-tu déjà ce que que tu veux faire par la suite ?

Pas précisément encore. Disons que techniquement j'ai déjà mon parcours en tête, mais qu'il me reste encore un an pour me décider. Pour le moment j'aspire à enchainer avec des études d'ingénieur/informatique pour éventuellement travailler plus tard dans la cyber sécurité. Mais je n'exclus pas la possibilité d'une année de césure pour pouvoir profiter pleinement de l'esport à haut niveau.

Comment gères-tu la pression ?

A mes débuts c'était compliqué de la gérer, notamment dans les dernières phases d'un tournoi où mon niveau était clairement affecté. J'ai souvenir des quarts de finale pour se qualifier à la Trackmania Cup de Strasbourg en 2019  (qui comprenait finale + demi-finale ndlr) qui se jouaient en duo et qui ont été à la fois l'un des pires et des meilleurs moments de ma vie compétitive : la pression était horrible pour mon binôme et moi, chacun étant tributaire de l'autre pour espérer se qualifier. Au final on est passé, mais la tension a été intense ! Quand à Strasbourg, c'était mon premier tournoi offline de cette ampleur ; autant à l'entrainement tu fais ce que tu veux de ta manette, autant sur scène, devant 8000 personnes, ce n'est pas du tout la même et le joystick tremblait pas mal ! (rires).

Aujourd'hui je n'ai plus la même pression. Avant j'avais celle de l'outsider, je n'étais pas vraiment attendu sur le podium, mais on espérait tout de même une surprise. A présent j'ai davantage la pression de devoir être performant et de finir dans les premières places, au risque de me décevoir ainsi que les personnes qui me suivent. En revanche, contrairement à mes débuts, cette nouvelle pression est positive et m'aide à me dépasser.

Comment trouves-tu la motivation maintenant que tu es au top niveau ?

C'est effectivement très compliqué de trouver systématiquement la motivation, d'autant que Trackmania est un jeu nécessitant une grosse préparation avant chaque compétition pour travailler les différentes cartes sélectionnées. Après il y a toujours cette envie d'être meilleur que ses adversaires, et puis parfois la récompense mise en jeu peut avoir son importance. Je pense notamment à la Trackmania Travel Cup qui proposait au vainqueur un voyage à Los Angeles pour 2, ce qui pour moi, aimant voyager, avait bien plus de valeur qu'une récompense financière. Cette compétition que j'ai remportée haut la main devant des grands noms m'a véritablement fait comprendre qu'en mettant l'envie, l'énergie et le travail pour réussir, je pouvais être très redoutable et prétendre aux premières places sur le jeu.


Gwen porte fièrement les couleurs de GameWard depuis près de deux ans (c) GameWard

Quand as-tu intégré GameWard ? Comment t'y sens-tu, et comment la structure t'accompagne-t-elle ?

J'ai rejoint GameWard en décembre 2019, et si j'y suis toujours c'est que je considère que j'ai une chance d'être chez eux. Cette structure a été un tremplin pour ma carrière et sans eux je n'en serais pas là aujourd'hui. En terme d'accompagnement nous disposons d'un nutritionniste par exemple, qui m'a permis d'améliorer considérablement mon hygiène de vie. Concernant les déplacements pour les événements je n'ai rien à faire, ils s'occupent de tout, trajets, hôtels etc., et restent disponibles dès que j'ai besoin de la moindre chose.

Comment tes parents ont-ils perçu ton rapport au jeu vidéo à tes débuts ? Et maintenant que tu es devenu un champion ?

J'ai commencé à jouer pas mal au début de ma 4ème, et ce n’était pas toujours évident au début. Si mon père connaissait déjà le monde du jeu vidéo, ce n'était pas le cas de ma mère avec tout n'était pas toujours simple à ce sujet. Mais comme je jouais pour le plaisir, je n'éprouvais pas vraiment la contrainte parentale les fois où l'on pouvait éventuellement limiter mon temps de jeu. A cette époque en aucun cas je n'avais pour objectif de devenir joueur pro, donc ça allait. D'autant qu'une fois que ma mère a compris que je pratiquais à haut niveau, les choses se sont clarifiées, et elle s'est mise elle aussi à me faire confiance et me soutenir à 100%. Cela n'empêche pas mes parents de me mettre parfois des limites encore aujourd'hui, ce que je trouve tout à fait normal.

Comment ont-ils perçu ton intégration chez GameWard ?

Au début ils ont naturellement fait très attention à l'approche de la structure, surtout avec l'arrivée du premier contrat, première équipe avec salaire fixe, premier déplacement pour des shooting photos etc. C'était quelque chose de nouveau, et je pense qu'ils voulaient s'assurer qu'il n'y ait pas de mauvaises intentions à mon égard.

Au-delà du jeu, quelles sont tes missions et obligations pour la structure ? Comment participes-tu à la communication ?

Je n'éprouve pas vraiment "d'obligations". On parle surtout de participations à des communications sur les réseaux sociaux, l'utilisation du matériel de nos partenaires, et parfois de la présence à certains événements liés à la structure.

Quels sont pour toi les écueils à éviter dans une carrière de top joueurs ?

Pour moi la plus grosse erreur serait de faire passer le jeu avant ses études et sa vie personnelle. Il n'y a que très très peu de joueurs professionnels aujourd'hui en France, et prendre le pari d'une carrière au détriment de fondamentaux est très risqué ; mieux vaut aviser au fil du temps et des opportunités.

Après si je me base sur mon expérience sur Trackmania, l'autre conseil qui me vient en tête c'est de rester humble. On voit de plus en plus de nouveaux joueurs qui, dès leurs premiers résultats, se vantent de manière grossière, et ces attitudes sont mal perçues par la communauté d'une façon générale.

Peux-tu nous dire en quoi consiste une saison sur Trackmania ?

Pour un pro une année typique de Trackmania se base sur 2 TMGL, une en début d'année, l'autre en fin d'année. Cette compétition comprend 16 joueurs et correspond à la saison régulière de la ligue professionnelle du jeu. En parallèle, en termes de gros événements il y a également la Zerator Trackmania Cup, et depuis cette année une World Cup.

Tu as gagné la ZrT Cup avec 2 joueurs d''expérience, Papou et Aurel, est-ce que ça t'apporte de jouer avec eux ?

On m'aurait posé cette question il y a 2 ans, j'aurais répondu qu'Aurel et Papou étaient des légendes du jeu que j'admirais. Aujourd'hui j'ai naturellement un regard différent. C'est évidemment toujours un plaisir de jouer avec eux, mais avec mon expérience je les considère surtout comme des potes à présent. Et d'ailleurs je ne pouvais rêver de meilleur trio avec eux pour la ZrT Cup.

Quels sont tes prochains objectifs ?

La prochaine TMGL, et puis surtout Bercy en 2022 !