Tandis que le conflit en Ukraine se poursuit, les sanctions à l'encontre de la Russie et son allié biélorusse s'accélèrent et notamment en ce qui nous concerne ici : la scène Counter-Strike: Global Offensive.

Alerte aux visas

Alors que la scène esportive ukrainienne est totalement à l'arrêt depuis l'invasion russe et que les structures, à l'image de la plus importante NAVI, se réorganisent tant bien que mal afin d'apporter leur soutien à la population, certains des principaux acteurs locaux sont aujourd'hui en première ligne. On peut citer notamment le cas de l'entreprise d'événementiel WePlay Holding qui a d'ores et déjà annoncé la fin de sa collaboration avec plusieurs partenaires. Les premiers à avoir été touchés sont les Russes forcément dont les contrats de partenariat ont été rompus sans préavis (idem pour le cas de Natus Vincere). Plus récemment encore, WePlay a également souhaité rompre ses relations avec ses partenaires de Biélorussie, le pays s'étant clairement positionné en soutien de l'invasion russe et servant de base de lancement de missiles et de troupes. Et puis dans ses activités même, la société a annoncé qu'elle n'était pas en mesure d'assurer la production audiovisuelle des GAMERS GALAXY: Dota 2 Invitational Series Dubai 2022 (logique, les studios sont en plein cœur de Kiev tout comme les bureaux de NAVI d'ailleurs) et elle a donc fait le choix d'offrir les droits en langue russophone à tous ceux qui souhaitent retransmettre l'événement. Sans oublier également des compétitions locales qui ont été annulées (même celles en ligne), ou encore les WePlay CIS Masters: Spring 2022 dont les qualifications devaient avoir lieu début mars.

Toutefois chez WePlay comme chez NAVI l'activité est toujours présente dans les bureaux, d'une autre manière c'est certain, et avant tout pour tenter de faire entendre la voix de l'Ukraine plus que pour s'entraîner ou organiser des compétitions esport. Car désormais on voit mal comment dans ces conditions n'importe quelle formation ukrainienne pourrait participer à une quelconque qualification pour le Major ou autre tournoi. Car oui, si la guerre se poursuit, cela concernera les tournois les plus importants également. Or face à cette situation les Danois de chez BLAST ont choisi d'être les premiers parmi les occidentaux à réagir. Ils ont en effet décidé d'annuler leur qualification dans la zone russophone et ont pris l'initiative de ne pas inviter les écuries basées en Russie à leurs compétitions. Cela concerne donc certains poids lourds comme Virtus.pro, Team Spirit ou encore Gambit Esports qui ne sont par conséquent plus, jusqu'à nouvel ordre, les bienvenus dans une compétition organisée par BLAST. Pour ce qu'il en est des joueurs en revanche, ils ne sont pas concernés par cette décision, le jeune Ilya "m0NESY" Osipov peut donc poursuivre sa route chez G2 Esports.

Sauf qu'une ombre plane désormais au-dessus de la tête de tous les citoyens russes mais également biélorusses. L'Europe et certains de ses pays membres, dont la Belgique, réfléchissent à un élargissement des sanctions interdisant la délivrance de visas aux ressortissant de nationalité russe ou biélorusse. Si une telle mesure venait à être entérinée, cela pourrait entraîner une réaction en cascade concernant les prochains tournois qui doivent se jouer, et en premier lieu le Major. Côté belge en effet le secrétaire d'État à l'Asile et la Migration Sammy Mahdi a déclaré qu'« une interdiction générale de visa pour les Russes ne devrait pas être un tabou ». Pendant ce temps-là le Japon a déjà instauré ce type de sanction et côté européen, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lorsqu'elle a dévoilé les dernières mesures, s'est arrêtée pour l'instant « aux diplomates et les hommes d’affaires » qui n'auront plus accès à l'ensemble de l'Union européenne. Toutefois la question de la délivrance des visas est sur la table depuis le début de la crise sans avoir évolué jusqu'à maintenant. En l'absence de mesures prises par les organisateurs de tournois que sont ESL ou PGL pour ce qui concerne le Major d'Anvers, les sanctions politiques pourraient donc bien finir par contraindre les organisateurs à revoir leurs plans.

On a déjà aujourd'hui bien du mal à imaginer NAVI être en mesure de défendre son titre dans les conditions actuelles avec un effectif composé pour moitié de Russes et qui n'a plus les moyens aujourd'hui de s'entraîner ensemble (voire même de s'entraîner tout court pour ceux qui sont en Ukraine). Dans le même temps, tous les tournois RMR (Regional Major Ranking) qualificatifs pour le Major doivent se disputer à la mi-avril en Roumanie, à Bucarest, or le pays fait partie de l'Union européenne. Il pourrait néanmoins ne pas être concerné, s'il le souhaite, par les mesures prises contre la délivrance des visas puisqu'il n'est pas membre de l'espace Schengen de libre circulation. Mais tout cela sera éventuellement à analyser en temps voulu en fonction des différentes réunions entre les chefs d'États. Quoi qu'il en soit, comme nous vous le précisions plus haut par la voix du secrétaire d'Etat à l'Asile et la Migration Sammy Mahdi la Belgique, déjà très engagée dans ce conflit, pourrait décider elle-même l'application d'une telle sanction. Auquel cas, dans la mesure où le conflit durerait et qu'aucune solution de sortie de crise ne serait trouvée, le Major d'Anvers se ferait sans aucun joueur russe et biélorusse.