La guerre en Ukraine a été déclarée et l'armée russe est entrée dans le pays, cela a d'ores et déjà eu des conséquences sur la scène esport et particulièrement celle de Counter-Strike: Global Offensive en plein tournoi majeur. Voyons donc pourquoi ?

L'esport fait bloc

Première chose, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a décrété le jeudi 24 février la mobilisation militaire générale. Cette mesure concernera ceux soumis « à la conscription militaire et les réservistes », elle pourrait donc avoir déjà des conséquences sur les joueurs de nationalité ukrainienne qui pourraient être appelés sous les drapeaux et ainsi mettre logiquement leur carrière en pause. Cette mobilisation doit être effectuée dans les 90 jours à compter de la date d'entrée en vigueur du présent décret. Sur Counter-Strike: Global Offensive on pense bien entendu aux deux plus grandes vedettes du moment chez Natus Vincere Aleksandr "s1mple" Kostyliev (24 ans) et Valeriy "b1t" Vakhovskiy (19 ans), mais ils ne sont pas les seuls à être susceptibles de devoir stopper leur carrière afin de venir prêter main forte aux forces armées de leur pays. Si l'on a l'habitude d'assister au retrait de joueurs coréens contraints de partir servir sous les drapeaux, le service militaire étant obligatoire chez eux du fait de la situation avec leur voisin du nord, ce serait une première sur Counter-Strike de voir celui qui vient tout juste d'être élu meilleur joueur du monde devoir mettre entre parenthèses sa carrière. Or justement s1mple s'est exprimé suite à l'invasion de son pays, il s'est déclaré pour la paix mais n'a pas non plus manqué de rappeler que sa ville natale avait été bombardée et que, par conséquent, ses proches étaient en danger.

Principaux concernés par cela également, l'organisation numéro 1 du pays NAVI qui possède des ramifications en Russie d'ailleurs et qui voit donc ses activités être mises à l'arrêt. Elle qui vient tout juste de terminer la rénovation de ses bureaux à Kiev risque bien de perdre beaucoup dans cette histoire. Les dirigeants se sont d'ailleurs exprimés par le biais de leur cellule communication dès le début de l'invasion en déclarant que leur objectif était pour l'heure de prendre soin de leurs proches. Et on les comprend, les activités esportive sont donc actuellement à l'arrêt, sachant que certains de leurs employés risquent également d'être soumis à l'ordre de mobilisation générale. Autre personnalité ukrainienne a avoir pris la parole, la dernière recrue des MAD Lions Viktor "somedieyoung" Orudzhev. Contrairement à ses camarades de chez NAVI lui se trouve actuellement en Ukraine et il a assisté aux premières explosions depuis sa fenêtre. Il a également déclaré avoir vu des jeunes comme lui partir défendre le pays mais il n'avait pour l'heure pas pris la décision de son côté de s'engager avant que l'ordre de mobilisation générale ne soit ordonné par le président. Il risque donc également, en fonction de l'évolution du conflit, de s'éloigner pendant quelques temps des serveurs de jeu.

Côté russe on a pu assister au soutien de deux organisations du pays, la première Gambit Esports s'est exprimée par la voix de son président Konstantin "groove" Pikiner qui a simplement déclaré sur Instagram qu'il était hostile à toute forme de guerre. Plus engagés encore on retrouve la Team Spirit qui a choisi de communiquer au nom de la structure dans son ensemble en se déclarant elle aussi contre la guerre et en se détachant de sa nationalité pour se placer en tant que club international proche de l'Ukraine et qui est inquiet pour certains de ses collaborateurs ou employés sur place. D'autres structures internationales ont apporté leur soutien, les plus célèbres étant les Ninjas in Pyjamas, Astralis, G2 Esports et même la nouvelle écurie des ex-DBL Poney, HEET qui a également souhaité participer à cette vague de soutien mondiale. Beaucoup de joueurs ont par ailleurs pris position contre la guerre et se sont déclarés inquiets pour leurs amis, proches, connaissances qu'ils ont sur place. L'Ukraine ayant été au cours des dix dernières années une terre d'accueil d'un grand nombre de compétitions, dont la dernière en date la WePlay Academy League Saison 3 s'est terminée le 13 février dernier à Kiev.

Petite particularité, un des clubs les plus importants de la zone (Virtus.pro) n'a de son côté fait aucun commentaire sur la situation. En revanche un de ses joueurs, Mareks "YEKINDAR" Gaļinskis, a pris position contre la guerre en soutien avec le peuple ukrainien. Cette déclaration a permis de mettre un terme à une rumeur propagée sur les réseaux qui affirmait que Gambit Esports et Virtus.pro avaient interdit à leurs membres de communiquer sur le sujet. Une fausse information propagée par un commentateur très suivi en Ukraine (plus de 200 000 abonnés sur Twitter), Vitalii Volochai, et qui heureusement a rapidement été démentie par les faits et d'autres observateurs encore plus populaires dont Oleksandr "s1mple" Kostyliev. Preuve s'il en était besoin que les informations diffusées sur les différentes plateformes restent à prendre avec des pincettes, toute guerre étant également menée dans la communication et tous les supports étant bons à prendre pour tenter d'influencer un camp ou l'autre.

Dernier point concernant l'étranger, les Intel Extreme Masters XVI - Katowice se jouent actuellement en Pologne et ils sont, pour l'heure, maintenus. Certaines formations en revanche qui avaient fait le choix de venir s'entraîner dans ce pays frontalier de l'Ukraine ont choisi de raccourcir leur séjour pour rentrer chez elles. On peut citer les Brésiliens de MIBR et ceux d'Imperial Esports, les premiers n'ayant plus rien à espérer de Katowice suite à leur élimination avant d'atteindre les phases finales et les seconds ne jouant rien d'important en Europe. En revanche côté GODSENT on a fait le choix de rester jusqu'à la fin prévue du voyage dimanche 27 février. Notons malgré tout le geste fait par la Team Liquid qui a ouvert ses bureaux et appartements aux Pays-Bas à quiconque ne pourrait pas rentrer chez lui du fait du conflit. Un joueur, dont le nom n'a pas été communiqué, a d'ailleurs pris contact avec l'organisation afin de bénéficier de ces facilités d'hébergement.

La situation évoluant rapidement, et l'invasion se poursuivant, d'autres nouvelles devraient prochainement nous parvenir. On s'interroge par exemple sur les NAVI qui doivent jouer leur demi-finale samedi 26 février tandis que pour la majorité des joueurs leur pays est actuellement envahi et leurs proches potentiellement en danger. Mais les Russes pourraient également à leur tour être concernés si des restrictions venaient à être imposées aux citoyens du pays se trouvant à l'étranger, les empêchant de rentrer.