Thibaut « Drako » Vancaeyseele fait partie de la toute récente rédaction Sheep Esports. Nous avons profité de sa présence dans la sélection des « 50 personnalités qui feront l'esport en 2024 » publiée par Gaming Campus & *aAa* pour aborder plusieurs sujets avec lui. Entretien.
Thibaut « Drako » Vancaeyseele, homme aux multiples casquettes
Bonjour Drako, tout d'abord, peux-tu nous parler de ton parcours esportif qui t'a amené à rejoindre la rédaction de Sheep Esports ?
Bonjour Flamm, merci pour l'interview, et merci à aAa. Mon parcours esportif a commencé vers fin 2015. J'étais déjà un gros joueur de jeux vidéo avant ça, mais plutôt pour le plaisir, en mode loisir et j'ai découvert League of Legends. Je connaissais le jeu de nom, mais je ne savais pas vraiment à quoi ça ressemblait. C'est en tombant sur les Worlds 2015 que je suis devenu un fan instantanément, même sans comprendre le jeu à l'époque. Ce qui m'a marqué, c'est la compétition, l'enthousiasme des fans. Je suis un grand fan de compétition professionnelle, surtout de football. Et j'ai trouvé cette passion dans l'esport, dès les Worlds 2015. Bien que je ne jouais pas à League of Legends à l'époque, la compétition elle-même m'a impressionné.
Je me suis alors intéressé à fond au jeu, en commençant à suivre toutes les ligues majeures à partir de 2016. J'ai essayé d'apprendre un maximum sur l'histoire de la scène. J'ai aussi commencé à jouer, pour mieux comprendre ce que je regardais. Au début, c'était un peu compliqué de suivre sans jouer. Ma passion a continué à grandir. J'ai rejoint des communautés de fans, sur des forums et autres. C'est sur l'un de ces forums, le forum JVC de League of Legends, que j'ai commencé à m'impliquer dans l'esport. À l'époque, beaucoup de tentatives d'organisation de tournois échouaient.
Un jour, quelqu'un a proposé d'organiser un tournoi au format LCS pour JVC. Malgré le scepticisme général, quelques personnes, dont moi, étaient motivées à créer quelque chose. Fan des LCS, je me suis dit qu'on pourrait tenter de faire quelque chose. Fin 2017, j'ai créé les JCS. Ce tournoi communautaire était d'abord destiné aux membres du forum, puis il s'est ouvert à tous. Lors de ce tournoi, on rediffusait les matchs et on cherchait des gens pour commenter. C'est là que j'ai commencé à commenter. Le commentaire a toujours été une grande passion pour moi. Quand j'étais gamin, fasciné par les commentateurs sportifs, je voulais en faire mon métier. Mais en école de journalisme, je me suis rendu compte que seul le journalisme sportif m'intéressait. J'ai donc décidé d'arrêter et de me concentrer sur autre chose, notamment le commentaire sur mon tournoi. Au début, je commentais juste pour dépanner. Mais plus j'en faisais, plus j'aimais ça. Cela me rappelait ce que j'aimais dans le commentaire sportif. Des gens du tournoi me disaient que j'avais un petit truc en plus, qu'ils aimaient bien quand je commentais. Ces encouragements m'ont fait réaliser que j'avais peut-être ma place dans l'esport.
À ce moment-là, j'étais en pleine réflexion sur mon parcours, après avoir quitté mon école de journalisme. J'ai donc décidé de voir s'il y avait quelque chose à faire dans l'esport, un rêve pour moi. J'ai postulé à divers projets et événements. Fin 2020, j'ai été recruté par ETVN, eSport TV Network, pour commenter des compétitions amateurs, notamment le MasterCard Nexus Tour. Ces expériences m'ont permis de commenter divers tournois, y compris la finale de l'Open Tour en 2021.
Parallèlement, j'ai travaillé sur mon image sur les réseaux sociaux, notamment Twitter. J'ai également réfléchi à la création de contenu, sur YouTube et Twitch. Fin 2022, j'ai créé Le Late Game Show avec Cro, diffusé sur Twitch. Ma formation en journalisme et mon intérêt pour le journalisme esportif m'ont ouvert des portes. J'ai écrit pour MGG et Eclypsia, et finalement, j'ai rejoint Sheep Esports.
Comment as-tu atterri dans cette rédaction ?
L'arrivée chez Sheep Esports s'est faite assez naturellement. Je discutais déjà pas mal avec Wooloo depuis quelque temps, échangeant par messages privés sur Twitter. C'était assez sporadique, souvent c'était lui qui me posait des questions sur des ligues ou des joueurs moins connus. Il m'a demandé des infos sur les ligues asiatiques, notamment la LPL. Grand fan de la LPL, je lui ai fourni un résumé détaillé des forces en jeu, des équipes, des joueurs à suivre. Ça l'a impressionné, je crois, car il ne s'attendait pas à une réponse aussi complète. Ça m'a plu d'écrire sur un sujet qui me passionne.
On a fini par discuter de temps en temps. À un moment, Wooloo m'a parlé d'un projet en cours de développement. Je lui avais dit que s'il avait besoin d'aide, je serais disponible. Il m'a mentionné ce projet en train de se monter, ça remonte à un peu plus d'un an. Il m'a dit que si le projet aboutissait, ça pourrait m'intéresser. À l'époque, je n'y avais pas prêté beaucoup d'attention, c'était une discussion informelle. Mais j'étais ouvert à travailler avec lui si l'occasion se présentait.
On s'est rencontrés pour la première fois à Montpellier lors du week-end final du LEC, il y a environ trois ou quatre mois. Là, il m'a parlé plus sérieusement de son projet, déjà bien avancé. Il m'a proposé de rejoindre l'équipe, convaincu que je correspondais au profil recherché. Peu après, on a discuté plus sérieusement et ils m'ont présenté Sheep Esports. Avant ça, je ne savais pas exactement sur quoi ils travaillaient, mais je supposais que c'était un média. Le projet m'a rapidement séduit. Pensant à l'évolution des médias sportifs, j'ai trouvé que le projet de Wooloo avait du potentiel pour durer et fidéliser une communauté.
J'ai donc rapidement accepté de travailler avec eux, motivé à apporter ma contribution. La collaboration s'est faite naturellement, grâce à nos contacts précédents. Wooloo m'a présenté à l'équipe et tout s'est enchaîné rapidement. Le lancement du média a pris un peu de retard, l'intersaison ayant commencé plus tôt, mais ça s'est bien lancé finalement. Voilà comment j'ai atterri chez Sheep Esports.
La rédaction Sheep Esports a vu le jour cette année
La rédaction Sheep Esports est très réputée, notamment grâce à tous les leaks qu'elle publie. Comment fonctionnez-vous au quotidien pour obtenir toutes ces informations ?
Pour être honnête, cette question serait mieux adressée aux leakers, comme Wooloo, Anonimotum, Eevee, etc. Ils sont ceux qui se concentrent principalement sur les leaks chez Sheep Esports. Notre rédaction se divise en fait en deux parties.
D'une part, il y a les reporters liés directement aux leaks, et d'autre part, il y a des rédacteurs bénévoles comme moi, dymey, Didi, et d'autres. Nous, les bénévoles, sommes recrutés pour rédiger des articles dits "froids". Ces articles ne reposent pas nécessairement sur l'actualité immédiate, mais plutôt sur des analyses de fond, des révélations, des informations approfondies. Par exemple, les excellents articles de dymey sur les situations financières des équipes d'esports sont typiques de cette catégorie.
Les leakers travaillent étroitement avec nos éditeurs pour enrichir les articles de détails supplémentaires et d'informations contextuelles. Tandis que nous, les rédacteurs bénévoles, nous concentrons sur la rédaction d'articles plus approfondis et analytiques.
Personnellement, mon travail se focalise actuellement sur la présentation de joueurs. Comme nous sommes en fin de Mercato et pas encore dans la saison, les analyses de matchs ne sont pas d'actualité. Je me consacre donc à des articles présentant les joueurs. En ce moment, je travaille sur deux séries d'articles pour Sheep Esports, publiées à peu près chaque semaine. La première série présente de nouvelles recrues dans la LFL, des joueurs qui n'ont pas encore évolué sur la scène française. La seconde se concentre sur les rookies du LEC pour 2024, de nouveaux jeunes talents qui débutent en LEC.
Lorsque je suis arrivé chez Sheep Esports, j'ai aussi écrit sur les différentes régions majeures des Worlds, analysant les points forts et faibles de chaque équipe. C'est en gros ce qui constitue mon travail actuel chez Sheep Esports. Beaucoup de projets sont en préparation pour les mois à venir, surtout avec le début de la saison, donc mon rôle pourrait évoluer. En résumé, pour 2024, je continue à travailler sur ces sujets, en attendant de voir ce que l'avenir nous réserve chez Sheep Esports.
Cela fait maintenant quelques semaines que le site est lancé, es-tu satisfait de ses débuts ?
Oui, je suis globalement satisfait de ce qui se passe avec le lancement de Sheep Esports. On a généré un certain engouement autour du média, ce qui n'était pas évident au début. Avant, Wooloo, Anonimotum, et Eros étaient vus comme les principaux animateurs du mercato avec leurs leaks. Maintenant, Sheep Esports est reconnu comme une référence dans ce domaine, ce qui était clairement notre objectif.
Il y a encore du travail à faire pour que Sheep Esports ne soit pas uniquement associé à Wooloo. Il est important de reconnaître que notre équipe est composée d'une vingtaine de personnes travaillant dans différents domaines : rédaction, community management, édition, développement web, marketing, etc. Aujourd'hui, Sheep Esports est bien plus qu'une plateforme de tweets de Wooloo ; c'est un média complet que nous construisons ensemble.
L'un de nos défis est de faire comprendre que Sheep Esports n'est pas seulement le média de Wooloo. Bien qu'il en soit le créateur, notre média propose une grande diversité de contenus et d'auteurs. Nous devons faire en sorte que les gens ne se tournent pas vers Sheep uniquement pendant le mercato. Dans les prochains mois, notamment avec la reprise de la saison, nous devons montrer que Sheep Esports va au-delà du mercato. Notre objectif est de devenir un média complet, couvrant diverses ligues, compétitions, et proposant des interviews de personnalités de l'esport. Nous voulons apporter notre touche unique au paysage médiatique de l'esport.
Je suis très satisfait des débuts de Sheep Esports et je suis convaincu que si nous continuons sur cette voie, nous pourrons aller loin et créer quelque chose de grand et de durable dans le domaine de l'esport.
Comment vois-tu le média Sheep Esports dans un an ?
Prédire l'avenir de Sheep Esports est complexe, surtout avec les défis à venir. Les prochains mois seront cruciaux et pourraient grandement influencer notre avenir.
Dans un an, après une autre période de mercato, j'espère que Sheep Esports aura continué à se développer. L'objectif est d'établir une stabilité entre les périodes de mercato et hors mercato. Nous voulons être perçus comme un média complet, actif en permanence, apportant une réelle valeur ajoutée à l'esport et à nos lecteurs.
Notre but principal est de créer du contenu pertinent et utile. J'espère que d'ici un an, Sheep aura su se positionner parmi les médias reconnus de la scène esportive, montrant des signes de stabilité pour les années à venir.La vision à long terme de Sheep Esports est claire et je la partage entièrement. Cela dit, réaliser cette vision implique de nombreux défis, certains hors de notre contrôle. Mais nous, l'équipe de Sheep, travaillons pour assurer la pérennité et la durabilité du média.
J'espère que dans un an, Sheep Esports aura renforcé son image de média global et sera reconnu sur la scène esportive. Un autre aspect crucial est la stabilité financière. La plupart d'entre nous sont bénévoles actuellement, et bien que je ne sache pas si c'est le cas pour tous, je sais qu'une majorité le sont. Il est difficile de rémunérer une équipe au début d'un projet, surtout un projet qui part de zéro.
Néanmoins, j'espère que les progrès de Sheep Esports permettront bientôt de rémunérer ceux qui contribuent au média. Travailler bénévolement est gratifiant, mais cela ne paie pas les factures. Il est essentiel que le média atteigne une stabilité financière, et je suis optimiste qu'en un an, nous aurons une vision plus claire de cette réalité. J'espère que Sheep Esports conservera son image de média généraliste et continuera à enrichir ses lecteurs.
Thibaut « Drako » Vancaeyseele fait partie des « 50 personnalités qui feront l'esport en 2024 »
Le développement des IA, particulièrement dans le monde du journalisme, est impressionnant. Est-ce quelque chose qui t'inquiète pour l'avenir de la profession ?
C'est un sujet complexe. Je ne suis pas totalement au courant de toutes les évolutions des IA et je n'ai pas une grande connaissance dans ce domaine. Je suis, comme beaucoup, les avancées technologiques en tant que spectateur.
Concernant le journalisme, je n'ai pas remarqué de développements spécifiques liés aux IA. Cela dit, je pense que l'IA peut être un outil utile pour certains aspects du journalisme, comme la facilitation de l'écriture d'articles ou la traduction. Chez Sheep Esports, par exemple, nous avons parfois utilisé l'IA pour des traductions initiales, ce qui simplifie grandement le processus.
Cependant, je suis convaincu qu'il est impossible de remplacer complètement un journaliste ou un traducteur par une IA. Le journalisme nécessite une touche humaine, une patte personnelle, que ce soit dans des articles de fond ou même dans des articles SEO génériques. Chaque journaliste apporte une perspective unique, même dans des écrits standardisés.L'IA pourrait alléger la charge de travail sur des tâches répétitives, mais elle ne peut pas reproduire la richesse et la nuance d'une écriture humaine. Les journalistes doivent garder cette dimension personnelle, cette humanité dans leur travail.
En ce moment, je ne suis pas particulièrement inquiet de l'évolution des IA. Au contraire, je trouve que ces technologies peuvent apporter une valeur ajoutée, notamment en réduisant les aspects plus pénibles du journalisme. Je ne suis pas un expert pour prédire l'évolution future des IA. Je ne sais pas dans quelle mesure elles pourront imiter une écriture journalistique personnelle et diversifiée. Pour l'instant, je suis plutôt satisfait des progrès réalisés et je ne suis pas alarmé.
Cela dit, l'évolution des IA pourrait être bénéfique pour le journalisme. Elle pourrait inciter le secteur à se renouveler, à moderniser ses pratiques, face à l'essor des technologies. Cela pourrait même entraîner plus de bonnes choses qu'on ne le pense initialement.
Tu es aussi shoutcaster. As-tu des projets liés à cette activité pour 2024 ?
Oui, le shoutcasting est une passion pour moi, peut-être même mon activité préférée. Si j'avais à choisir, je me concentrerais entièrement sur le commentaire. Depuis mon enfance, j'ai toujours été fasciné par le commentaire sportif, et cela s'est transformé en passion pour le commentaire esportif, en particulier sur League of Legends.
Mon objectif ultime est de devenir un commentateur professionnel reconnu, et idéalement chez OTP. Je veux non seulement être professionnel, mais aussi compter parmi les meilleurs commentateurs en France. Commenter un match, pour moi, c'est plus qu'un travail, c'est une passion et un plaisir.
Le chemin pour y parvenir en France est complexe, le milieu de l'esport étant assez fermé. Mais je reste ouvert à toutes les opportunités. En 2023, j'ai déjà eu des expériences enrichissantes, comme commenter pour le MasterCard Nexus Tour en remplacement chez MGG.
Pour 2024, j'espère pouvoir rejoindre officiellement l'équipe de commentateurs. J'ai renouvelé ma candidature et j'attends de voir si cela aboutira. En parallèle, j'ai postulé chez OTP et je suis en attente de nouvelles.
En dehors de cela, j'ai des projets de LAN en vue. J'ai commenté pour la Gamers Assembly et d'autres LANs plus petites. Je prépare d'autres projets qui pourraient se concrétiser en 2024.
Shoutcaster est vraiment ce que j'aime faire le plus dans l'esport. Si vous avez des projets et que vous cherchez un commentateur, n'hésitez pas à me contacter. Je suis ouvert à toutes propositions et prêt à étudier sérieusement toutes les offres. J'espère continuer à évoluer dans ce domaine et apporter ma contribution au niveau du commentaire.Si tu souhaites dire un petit mot aux personnes qui te lisent en cette fin d'année 2023, c'est ton moment.
Tout d'abord, un grand merci à toi, Flamm, pour cette interview, ainsi qu'à tous ceux qui la liront, en particulier à ceux qui me soutiennent déjà. Votre soutien est crucial pour moi, il m'a permis de progresser dans l'esport et nourrit mes espoirs pour l'avenir. Si je n'avais pas eu l'encouragement de mon entourage, je ne serais pas là où je suis aujourd'hui. Je suis très reconnaissant envers tous ceux qui me suivent et me soutiennent, que ce soit de près ou de loin.
Merci beaucoup aussi à mes parents, à ma mère et à mon père, qui sont mes deux plus grands fans et me soutiennent le plus dans tout ça. Et sans eux, clairement, je n'aurais pas été capable d'avancer dans ce genre de parcours.
Donc, un énorme merci à eux parce que leur soutien a une valeur absolument énorme. Et pour les personnes qui ne me connaissaient pas à travers cette interview et qui me découvrent, j'espère que mon profil vous a plu et n'hésitez pas à venir me suivre sur mes réseaux sociaux si vous voulez en savoir plus et voir tout ce qui va se passer en 2024 parce que je vous assure que 2024, ça va être une année très chargée et j'espère que je pourrai en faire la meilleure année de ma vie jusqu'à présent. Voilà, merci beaucoup pour cette interview et à la prochaine.
- A lire ou à relire : les 50 personnalités françaises qui feront l'esport en 2024