À quelques heures de l'Ascension à Lille, la rédaction a interviewé les joueurs pour connaitre leurs sentiments pour ce match de la dernière chance.

À la rencontre des joueurs de l'Ascension

Sur les 16 joueurs qui se sont qualifiés pour le Zénith de Lille, seuls 8 pourront atteindre les finales de Montpellier et rêver du cashprize. Parmi eux, on compte un joueur pour qui ce Zénith a une saveur particulière : Samuel "Sam" Tordjman qui a répondu à nos questions.

On est la veille de l’événement, tu as vu la salle et la scène en rentrant. Qu’est-ce que ça fait de voir ça et de se dire qu’on va y jouer demain ?

Sam : Je ne réalise pas encore, je pense. C’est un truc de fou. J’ai déjà fait une scène il y a 2 ans (ndlr : la finale Zrt Cup 2021 en comité restreint) devant 200 personnes, mais là ça va être 4000. C’est déjà impressionnant alors qu’il n’y a vraiment personne donc quand il va y avoir les 4000 personnes qui vont hurler quand je vais rentrer sur scène, ça va être un truc de fou.

Tu as la particularité d’être le local de l’étape. Est-ce que ça tu as apporté une motivation supplémentaire de te dire que tu pouvais jouer à domicile ?

Oui, je ne pensais qu’à ça. Surtout que c’était la dernière chance pour se qualifier, c’était chez moi, il fallait vraiment que je me qualifie, c’était obligatoire. Jouer chez moi c’est un boost de fou, j’ai trop hâte.

Maintenant que tu as atteint la scène, quel est l’objectif ? Profiter ou se qualifier pour Montpellier ?

En vrai je veux kiffer en allant à Montpellier si possible. Je pense que je suis celui qui s’est le plus entrainé, là j’ai 215 heures. Je pense que je peux y aller. Les 16 personnes qui sont qualifiées peuvent y aller. Donc le but pour moi c’est d’aller à Montpellier clairement. Je viens pour profiter, mais si tu ne viens pas sur scène te qualifier, ça ne sert à rien de venir. Il vaut jouer pour gagner.

On a vu que le format pouvait créer quelques surprises par rapport à des formats plus classiques. Est-ce que cela peut t’avantager ?

C’est clairement quelque chose qui nous avantage nous, les joueurs qui sont un peu moins forts sur le papier. C’est vraiment un format à upset. On l’a vu à Lyon avec quelques dingueries. Je pense que les pros ne sont pas trop heureux du format, mais pour nous c’est vraiment bien.

Côme "Cocow" Marquet s’est aussi qualifié alors que ne l’avait pas forcément vu au meilleur niveau depuis quelque temps. Lui qui pourrait presque faire partie des meubles de Trackmania nous a expliqué d’où venait sa motivation.

Tu es de retour sur une scène et une phase finale après quelque temps d’absence. Qu’est-ce qui t’a motivé à retrouver ce niveau ?

Cocow : La réponse est très très simple : c’est les potes avec qui je suis, Snow, Binkss, Alfadream, tous les gens du TOT qui se reconnaitront. On se connectait en groupe sur Discord après le boulot et on avait un objectif, c’était de se qualifier pour l’Ascension et d’envoyer le plus de personnes possible du groupe d’amis sur scène. Je pense que le compte est vraiment pas mal.

Tu avais un peu délaissé la compétition pour te consacrer au rôle de manager. As-tu pensé à arrêter totalement le jeu ou tu as toujours voulu t’accrocher ?

On y pense tous, même CarlJr a dû se dire "le jeu me saoule un peu, ça me prend du temps", mais à la fin l’esprit de compétition ressort tout le temps. Je pense qu’on est nés avec ça, on l’a construit et on l’a agrandi depuis des années, depuis 2012. Je pense qu’on a ça dans le sang et on pourra difficilement se passer de Trackmania et de la scène compétitive. Donc il va vraiment falloir qu’il y ait une nouvelle génération qui nous sorte de là parce que sinon on pourra rester jusqu’à 40 ans.

Après avoir fait beaucoup pour la scène, Zerator a fait comprendre qu’il allait moins investir de temps dans Trackmania. En parallèle, la scène professionnelle officielle continue de se développer. Comment vois-tu l’avenir de Trackmania ?

C’est une bonne question. En plus tu me la poses au lendemain de l’annonce de Softy. Il a annoncé son départ après plus de 5 ans à la tête de l’organisation esport de Nadeo. Franchement, depuis que je fais de la compétition, ça a pas mal progressé. Pas assez vite, tous les joueurs te disent ça, mais on voit quand même les signes positifs : un partenariat avec Alienware et AMD pour la coupe du monde. Ça annonce que du bon. L’année dernière c’était Toyota, on ne les a pas revus, mais il y a Cupra qui refait du contenu. Il y a un intérêt des marques et c’est ce qui nous manquait pour le jeu pour le développer. Des fonds et des grandes marques comme ça. Elles commencent à arriver et j’espère que les partenariats avec les marques que j’ai citées vont se renouveler pour la saison 2024.

L’un des grands favoris n’est autre que le G.O.A.T. de Trackmania, le canadien de Solary, Carl-Antoni "CarlJr" Cloutier. Il nous a expliqué comment il s’est remobilisé après la désillusion de Lyon.

Tu arrives en pleine forme après avoir très bien réussi tes qualifications. Comment as-tu réussi à te remobiliser après l’échec de la première phase à Lyon ?

Carljr : C’est juste la question des maps. Je me suis dit que j’allais participer si les maps me plaisaient et il y a eu 10 ou 11 maps assez simples donc d’un point de vue d’entrainement, ça ne demandait pas énormément de temps. C’est un peu ce qui m’a motivé.

Récemment, tu avais plus de mal à te motiver ou à prendre du plaisir à jouer à Trackmania. Est-ce que ça a changé avec les maps de l’Ascension que tu as dit aimer ?

Ouais, j’ai eu du fun pendant mon training. C’est très, très rare aujourd’hui sur Trackmania. C’était parce que les maps me plaisaient, parce que pour les entrainements, j’avais un objectif en tête donc c’était plus facile de me motiver. J’ai eu du fun lors des qualifications !

Cocow me disait plus tôt que vous avez l’esprit de compétition dans le sang depuis plus de 10 ans et que si personne ne vous pousse dehors, il va rester jusqu’à 40 ans. Est-ce que tu te vois partir ou bien toi aussi, il va falloir te mettre à la porte ?

Ça dépend. Il y a beaucoup de choses qui vont jouer là, mais tant que le jeu est payant, je pense que je vais rester !

Parmi les joueurs qui découvrent les scènes, il y en a un avec un parcours très atypique. À 29 ans, Richie est le joueur le plus âgé des qualifiés, mais il joue à Trackmania depuis seulement 3 ans.

Tu as eu un parcours assez atypique avant d’arriver sur Trackmania. Tu peux nous raconter comment tu as commencé à jouer à Trackmania ?

Richie : je connaissais le jeu de nom. J’avais très rapidement touché à Trackmania - avant, mais je serais incapable de dire lequel c’était - en roulant sur des serveurs et je ne savais même pas drifter. Quand j’ai vu que Trackmania 2020 sortait, je me suis dit que j’allais essayer. Je savais que Zerator faisait des compétitions et j’ai vu qu’il en préparait une. Je voyais que les circuits avaient l’air vraiment bizarres et je me suis dit que ça allait être marrant. En plus tout le monde peut s’inscrire donc même si je n’avais pas le niveau à ce moment-là, c’était l’occasion d’essayer. Je m’étais entrainé après le boulot le soir en rentrant, j’ai passé quelques rounds [aux qualifications] et ça m’a bien amusé. Après ça, j’ai rejoint différents serveurs Discord liés à Trackmania et j’ai vu qu’il y avait plein de compétitions sur le jeu.

J’aime beaucoup les compétitions sur les jeux vidéos, j’en ai fait sur d’autres jeux avant. Des jeux de tennis, de vrais jeux de simulation de voiture et même Street Fighter. Donc j’ai attendu qu’il y ait une compétition qui m’avait l’air pas mal et je me suis inscrit. Je faisais aussi les Cup Of The Day parce que c’était des mini-compétitions et c’est comme ça que de fil en aiguille j’ai enchainé les compétitions et j’ai progressé petit à petit. J’ai eu mes premiers succès et j’ai même fini par gagner une compétition l’année dernière.

Et là j’attendais l’Ascension. J’avais fait les autres Zrt Cup avant, mais à chaque fois c’était difficile de trouver du temps pour s’entrainer. Même pour l’étape 1 de l’Ascension avec le boulot ce n’est pas évident de trouver assez de temps, car c’est beaucoup de circuits. Le temps de train pour une cup de Zerator ça n’a rien avoir avec une cup normale.

Enfin pour l’étape 2, c’était génial, j’avais deux semaines de vacances donc je me suis dit "vas-y, tu donnes toute ta vie dessus, c’est l’occasion". Et finalement, je me retrouve là !

Enfin, les deux joueurs de Trackmania Grand League d’Into The Breach ont pu se qualifier. Le Suisse Sébastien "Affi" Affolter (fraichement arrivé de BDS) et le polonais Hubert "Mime" Dziedzic nous ont raconté comment ils se sont entrainés.

Vous faites partie de la même équipe depuis peu et vous n’avez pas encore joué de match en duo. Est-ce que vous avez quand même pu préparer l’Ascension ensemble ?

Affi : Non, on avait déjà des plans de prévus avant de savoir qu’on serait un duo. On avait déjà formé nos groupes de joueurs avec qui nous entrainer.

Affi, tu as déjà fait une grosse scène avec Bercy. Est-ce que tu as donné des conseils à Mime pour gérer la pression ?

On a parlé du fait que Mime n’a jamais fait de grosse scène là où j’en ai fait, mais je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de conseils à donner. Tout le monde gère la pression différemment. Je sais que Mime tient très bien la pression comme il l’a montré à la World Cup l’année dernière même si c’était une petite scène. Il a joué extrêmement bien donc je pense qu’il n’a pas besoin de conseils.

Mime, tu as performé dans des matchs très difficiles. Par exemple à la World Cup où tu as été second après un match très serré. Est-ce que cela peut t’aider à gérer cette nouvelle expérience ?

Mime : Je ne pense pas. Pour moi, chaque événement est différent. Bien sûr j’ai un peu d’expérience des petites scènes et ça devrait m’aider pour les sensations initiales, mais la pression est là quoiqu’il arrive.