Notre série d'interviews dédiées au vingtième anniversaire d'against All authority se poursuit aujourd'hui avec Ludovic « Maarek » Planès, fabuleux joueur de notre équipe Counter-Strike du début des années 2000...

L'un des premiers grands noms de la scène française

Les plus vieux d’entre vous ont peut-être suivi les aventures des joueurs aAa à Cologne, en 2002, lors de la CPL et de l’exceptionnel parcours des tricolores dont faisait partie le fameux Ludovic « Maarek » Planès. Une seconde place avait alors été décrochée par kyo, bisou, Louen, Emkill, r0nan et lui-même, après avoir fait tomber les deux équipes SK. Le match contre la formation scandinave du Schroet Kommando est d'ailleurs rentré dans la légende et a été immortalisé par Nicolas « gOrdi » Loisel dans un dossier exceptionnel.

Par la suite, une certaine vidéo realisée par Laurent « zouzou » Massoni a fait définitivement entrer against All authority dans l'histoire. C'est d'ailleurs cette fragmovie qui a popularisé le nom de la pose « Maarek » sur dust2...

Il y a tant à dire sur cette époque que nous pourrions en rediger un livre, mais il est temps de laisser la parole à l'interviewé du jour, monsieur Maarek.

Salut Maarek, à quoi ressemblaient tes premiers pas dans l'esport ?

Cela a commencé dès le départ avec Counter-Strike, avec les premières versions 1.3 ou 1.4, je ne sais plus trop. A l'époque j'étais en fac à Jussieux, il y avait une salle de jeux en réseaux à côté, et je me souviens notamment d'un premier tournoi en 3vs3, où la notion d'équipe et de compétition m'est vraiment apparue. J'ai commencé avec des potes IRL ou de la salle,  puis on a créé le tag E-team, équipe avec laquelle j'ai d'ailleurs participé à la LAN Arena 5 en janvier 2001.

Comment as-tu connu et intégré aAa ?

Si j'ai commencé à jouer en salle, le moment déclencheur a été l'arrivée du câble à la maison, synonyme de connexion haut débit. Du coup je jouais beaucoup plus régulièrement sur les quelques serveurs FR qui existaient à l'époque. De fil en aiguille tu vois qui sont les bons joueurs et les bonnes équipes, c'est de cette manière que j'ai été recruté et débuté chez *A*, et peu de temps après nous devenions *aAa* en fusionnant avec l'équipe aAa Quake. Même si ce n'était pas le jeu le plus joué, comparé à CS ou Starcraft, c'est un nom qui me parlait à l'époque en tant qu'équipe référence sur ce jeu en France.

Une fois *aAa*, comment se passent les débuts ?

Entre le moment où on est chez *A*, et où on était pas mal de joueurs, et le moment où on passe chez *aAa*, il y a un écrémage qui se fait au sein de l'effectif. On avait la volonté de garder ceux qui souhaitaient s'investir sérieusement dans la compétition, avec en ligne de mire la CPL Londres en août 2001. C'est l'époque où les deux top teams en France sont goodgame et armaTeam. Alors que ces derniers réalisent une excellente seconde place en Angleterre, je me souviens que de notre côté on s'était lamentablement foirés. On était revenu furieux et frustrés de notre performance. Très rapidement on se remet au travail, à fond, en mode revanchard, pour préparer les qualifications françaises aux premiers WCG, qualifications que nous remportons et qui nous emmènent en Corée.

Quel est ton meilleur souvenir lié à *aAa* ?

J'en ai deux, nos deux meilleures performances en fait. Les WCG France justement, qui ont été intenses, sur une journée, et que nous remportons devant toutes les meilleures équipes et notamment aT que nous battons en finale. Le feeling était dingue, et je pense que c'était la même chose pour mes coéquipiers qui étaient aussi de bons potes. Et puis la CPL Cologne forcément. C'était des tournois de référence qui regroupaient les meilleures équipes du monde. J'ai notamment souvenir que pour atteindre la finale on avait fait un match de fou contre les SK.sca, avec deux ou trois prolongations, on était vidés mais tellement heureux !


Maarek, en haut à droite, avec ses coéquipiers Sileo, Louen, r0nan, El Tiozo ou encore Zakazul

Pourquoi stoppes-tu ta carrière en 2003 ?

Les sacrifices, le temps et l'investissement que cela demandait pour se préparer, et la frustration quand les choses ne se passaient pas bien, devenaient trop pesants. C'est évidemment les exigences du haut niveau, et à titre personnel j'ai considéré que cela n'en valait plus la chandelle. D'autant qu'à cette époque je n'étais plus autant disponible du fait de mes études. Cela ne m'a pas empêché de rester proche de *aAa* pendant un an ou deux, en les coachant de temps à autre et en les dépannant une dernière fois lors de la coupe de France 2005.

Tu te souviens probablement de la vidéo de Zouzou, quel impact a-t-elle eu sur vous à l'époque ?

C'était une des premières vidéos de frags montées comme ça, et même si ces derniers n'étaient pas dingues en eux-mêmes, c'était nouveau, ça faisait le buzz sur les chans IRC. Personnellement on était forcément tous contents, d'autant que ça nous faisait des super souvenirs. Après ça a surtout permis de donner de la visibilité à la structure hors de France.

Tu vis à présent à Shangai, est-ce qu'on a déjà entendu parler de *aAa* là-bas ?

Tout à fait ! Lors de mes premières années en Chine, il y a 8-10 ans,  je suis tombé sur un forum de français qui cherchaient des joueurs pour jouer à CS et participer occasionnellement à des LAN. Et rapidement on est venu à évoquer *aAa*. C'est d'ailleurs comme ça que j'ai refait un peu de CS, 1.6, 10-15 ans après.

Tu sais que la pose que tu tiens en B derrière la caisse sur Dust_2 porte encore aujourd'hui ton nom chez certains?

Oui j'ai appris ça en jouant avec eux justement (rires).

Et aujourd'hui, tu joues encore ?

Oui de temps en temps, pas à CS mais à Apex... rester planquer derrière les caisses restant toujours ma spécialité. C'est un format de jeu qui me va bien car je n'ai plus trop le temps de jouer non plus. 

D'ailleurs tu fais quoi maintenant ?

Je travaille dans l'industrie du luxe, plus précisément dans les fonctions de Supply Chain.

Il y a des personnalités qui t'ont marqué dans l'esport ?

Pas vraiment, si ce n'est la scène scandinave au global. Le nom qui me revient spontanément en tête c'est fisker, qui était un pur dingo sur ma map préférée, de_train, où tu peux te cacher partout.

Tu parles des caisses sur Apex, des cachettes sur Train, c'est que t'aimes bien camper ? 

Pas spécialement camper, mais j'adore "brain" mes adversaires, en jouant avec la map, l'environnement, et les pousser à la faute.

Dernière question, qu'est-ce qui a changé pour toi dans l'esport par rapport à ton époque ?

Je suis principalement la partie compétitive de certains FPS, et ce qui me marque c'est la grandeur et la professionnalisation des événements. Quand je vois l'Overwatch League par exemple, sur le modèle des sports US, où t'as vraiment une grosse structure, saison régulière, où tout est codifié et contractualisé, c'est vraiment le jour et la nuit avec notre époque. Le côté professionnel, mais aussi la partie média. Nous on galérait pour jouer en 56K, alors que maintenant tu peux suivre les matchs en live sur Twitch, et consommer de l'esport quasiment autant que tu peux. C'est un autre monde.

Un dernier mot ?

Merci pour l’interview et longue vie à *aAa* !

Les précédentes interviews de notre série « 20 ans » :