Du rififi chez les nains (seconde partie)

 

l fallait réfléchir. Et de préférence vite. Même en combattant vaillamment, ils finiraient par succomber sous le nombre et le flot incessant de nains appelés en renfort du tréfonds des geôles.

« Faut décarrer d’ici…Trouver un moyen d’fuir… »

 

Mais avant de penser à jouer les filles de l’air, Darwinfugu avait encore un fer à battre sur le feu : il avait un nain à finir…

 

Son dernier adversaire, visiblement peu rassuré, fixait intensément les ombres autour de lui, cherchant à percer leurs mystères et éventuellement la localisation de l’assassin qui s’y était évanoui. Sans réussite…

 

La lame du Darw ouvrit une large estafilade au niveau des trapèzes du nain, sectionnant net muscles et attaches d’armure. Les armes du soldat tombèrent à terre. Impuissant, le sombrefer abandonna volonté, velléité et toute volonté de velléité. Malheureusement, quand on entame une valse avec le démon, il faut s’attendre à finir cette danse mortifère.

D’un ample mouvement décrivant un arc de cercle descendant, la lame de la senestre du voleur vint entamer la chair noirâtre du combattant au niveau du tendon d’Achille. Le rubis de sang vint distraitement éclabousser le dos de l’agresseur. Le râle guttural du nain se transforma en gémissement plaintif et caverneux…

Privé d’une de ses jambes, le soldat s’écroula lourdement. Alors qu’il gigotait mollement au sol, baignant dans une mare d’humeurs et de sang mêlés, Darwinfugu essuya négligemment ses dagues sur un morceau d’étoffe de sa victime.

 

 

Tandis que ses deux compagnons restants s’étaient regroupés et luttaient farouchement pour ne point céder un pouce de terrain face à un groupe de sept solides nains, Darw en profita pour se glisser furtivement parmi les ombres. En jargon militaire, on appelle plus communément cela un « repli stratégique ».

Adossé à la paroi d’une quelconque roche magmatique, plissée à l’extrême sous l’effet de la chaleur lors de sa genèse, l’agent du S.I-7 prépara méticuleusement ses lames, une langue rosée dépassant légèrement de la commissures des lèvres. Grâce à ses savantes décoctions létales, « pas la peine d’en mettre un max » : un peu de marc à café, un filet de jus de mandragore, une pincée de poudre d’escampette, un soupçon de culpabilité, un…

 

Hum…

Attendez voir un instant…Euuuh, comment dire ça…je crois que le rocher veut prendre la parole…

Hein ?

 

Le rocher  - « Pardon, ‘scusez moi d’vous déranger m’sieur… »

 

* un ange passe *

 

Darw – « Gné ?…Kèkecé ?… »

 

Le caillou – « Bien le bonjour…c’est moi qui parle…là, à vos pieds ».

 

Darw – « V’là que j’déraille ! Qui me parle ? C’est toi, Dieu de l’apéro ? L’heure du « dernier jus menthe-pastis de la fin des temps » serait-elle arrivée ? »

 

Matachka chuchotant du mieux qu’elle peut – « Oooooh ! Là…au sol…c’est moi, là !… »

 

* l’ange repasse *

 

Darw, indécis avant de jeter un regard à terre – « Euh ?… ?… ? »

 

Matachka – « Pourriez-vous me rendre un menu service ? J’ai perdu mon groupe à la suite d’un inopportun accident de type domestique que je qualifierai de « chute malencontreuse dans la lave. »

 

* Fatigué, l’ange trépasse. Forcément *

 

Matachka – « Ben quoi ! C’est domestique pour les sombrefer, ça ! Vous avez vu la gueule de leur turne des fois…»

 

Darw – « Vous savez…vous n’arrivez pas vraiment au bon moment…du moins, pour avoir une description détaillée par l’auteur…Trop d’action ! Trop de choses se bousculent, vous comprenez ? Je crois qu’il n’aura pas le temps de peaufiner sa description et ira à l’essentiel ».

 

_ _ _

 

L’auteur - Certes. J’allais le préciser.

 

- Premier élément de description - C’est une elfe.

 

- Second élément circonstancié - Elle est perdue.

 

- Troisième élément superfluElle est chasseresse…Une coureuse des bouéés quoi… ».

 

 

Le Darw furetant par-dessus l’épaule de l’auteur – « Euh, c’est pas un peu court quand même ? »

 

L’auteur – « Non. »

 

« Ah si, j’oubliais…sa spécialité : feindre la mort, comme en ce moment.

Tiens, ça m'fait penser, vous connaissez la différence entre un bon et un mauv… »

 

Le Darw - « C’est bon, c’est bon. Je te laisse deux secondes mon poulet. Je reprends le fil de mon histoire. »

 

_ _ _

 

Rien n’avait changé.

 

Les nains sombrefer refoulaient toujours du goulot. Enfin, je veux plutôt dire qu’ils ne cessaient d’arriver par petits groupes des goulots d’étranglement et boyaux souterrains que comportaient ces cavernes. Ben tiens…

 

Lessien et Sémiramis ne cessaient de lutter. On pouvait cependant noter un mauvais coup porté à l’épaule de l’agent du SI-7 et une ouverture généreuse de la robe de Sémiramis qui dévoilait…grumpf…

 

L’elfe feignant la mort gisait encore lamentablement au sol. R.A.S.

 

Ah, par contre, on pouvait noter un très subtil changement de comportement du Darw.

 

Darw sous l’effet d’un sort d’intelligence et d’une malédiction de bienséance (10 secondes de débuff. Note pour plus tard : penser à en mettre une dans la tronche d’une guide-mage pour m’imposer ça !) – Chère damoiselle, j’apprécierai que vous soyez brève et concise…Comme vous pouvez le constater, je suis légèrement occupé. Vous cherchez la sortie, c’est ça ?

 

Matachka le rouge aux joues – « Voui… »

 

Darw, chasseur de goulots « Hum, rappelez moi, les p’tits chasseurs ne sont pas censés être doués d’un sens extraordinaire de l’orientation ? Retrouver son chemin ? Pister un tauren à des lieues de distance, accroupi et humant, le nez dans leurs bouses ? »

 

Matachka coureuse des bois déboussolée – « Euh. C’est un peu réducteur. Comme je le dis toujours, “Pour moi, les chasseurs, ce sont des êtres libres, sauvages et puissants“. »

 

Décrochement de mâchoire…

 

Darw moqueur – « Puissant ? Fouabenbondiou ! Ben alors, tu fais quoi par terre, là ? Tu cherches des asticots pour ton animal familier ? Tu voudrais pas nous aider plutôt ? « 

 

Matachka -  « A ton avis, pourquoi je fais la morte ? En plus, j’ai des engagements avec mon groupe ! »

 

Darw – « A la sortie ?…Bah ! Peu importe…

Et au fait ! J’t’aime ben bien toi ! Et pour pas se quitter comme cela, v’là une p’tite énigme dédicacée : “Pourquoi les chasseurs tirent-ils sur les panneaux de signalisation ?“ »

 

Matachka mode réflexion on - …

 

Darw primesautier – « Pour que les aveugles puissent les lire… »

 

Matachka mode familier agressif on – « Eh oh, c’est pas bien de se moquer des infirmes… »

 

Darw – « Oui, oui c’est ça ! On leur dira…pauv’ chasseurs ! Mouhahahah ! Bon, c’po tout ça hein !  A la revoyure la coureuse des bois ! J’ai du nain à dépecer au couteau à beurre ».

 

 

Tournant les talons, le Darw retourna au combat un sourire jusqu’aux oreilles.

 

 

 

 

A la s'maine prochaine pour la chronique VIII, bande de grands bazus !