L'invasion de l'Ukraine se poursuit aujourd'hui et cela a de nouvelles conséquences toujours plus importantes sur la scène Counter-Strike: Global Offensive. Que ce soit en Russie, en Ukraine voir même pour ceux qui portent simplement les couleurs d'un club concerné, impossible de passer au travers de la situation.

Toujours plus de mesures

Aujourd'hui nous fêtons tristement le huitième jour de l'invasion russe en Ukraine. De nombreuses sanctions ont déjà eu lieu mais dernièrement elles se sont accélérées. Que ce soit les organisateurs de tournois, les structures ou bien les joueurs, tout le monde est désormais touché de plein fouet par ce conflit. Les relations se tendent d'ailleurs de plus en plus entre les deux parties et même dans l'esport, tandis que certains essayent tant bien que mal de poursuivre leur parcours dans le sport électronique malgré tout.

  • Les organisateurs :

Tout d'abord après BLAST qui a tout simplement interdit aux structures basées en Russie de participer à son circuit, tout en annulant sa qualification en zone russophone, ce sont désormais l'ESL et Elisa Esports qui prennent des mesures. Les premiers interdisent aux écuries ayant des liens avec le gouvernement russe de participer à la prochaine saison de l'ESL Pro League qui doit débuter le 9 mars prochain. Sont concernées concrètement Gambit Esports détenu par la société de télécoms russe MTS depuis janvier 2018 et Virtus.pro par ESforce Holding (avec qui NAVI a souhaité couper tout lien).

A noter que cette dernière société est elle-même entre les mains du groupe internet VK qui a vendu 45% de ses parts en décembre dernier à Sogaz Insurance Group. Or justement Sogaz a été visé directement par l'Union Européenne le 28 février dernier, accusé d'avoir participé aux travaux titanesques du pont reliant la Crimée à la Russie dans le détroit de Kertch et inauguré en mai 2018. Toutefois les joueurs de ces organisations pourront jouer la compétition ESL à condition de ne pas représenter leurs clubs (pas de maillots, pas de tags, pas de sponsors etc). Ils devront simplement se présenter en tant que représentants totalement neutres. Pour l'heure VP ou Gambit n'ont pas réagi à ces mesures.

Dans le même temps un autre organisateur donc a également mis à jour ses règles, il s'agit d'Elisa Esports qui n'accepte dorénavant plus de clubs russes dans ses compétitions. Pour d'autres comme WePlay ou Eden Esports (qui s'occupe notamment des Malta Vibes) la guerre les empêche tout simplement de travailler et donc de poursuivre leurs activité étant donné que la majeure partie de leurs employés sont en Ukraine. Seuls finalement les Serbes de Relog Media (Home Sweet Home, Spring Sweet Spring etc.), dont le pays est traditionnellement proche de la Russie, ont fait le choix de ne prendre aucune mesure si ce n'est de proposer aux Ukrainiens et aux Russes de venir s'installer en Serbie pour jouer.

  • Les structures :

Celles qui sont les plus touchées sont les Ukrainiennes puisqu'elles ne peuvent tout simplement plus travailler du fait de l'invasion et des bombardements. La situation devient d'ailleurs totalement folle puisque les qualifications pour le PGL Major d'Anvers se poursuivent et des équipes composées de joueurs ukrainiens participent, devant réclamer des pauses pour cause de bombardements. PGL n'a par ailleurs toujours pris aucune mesure ni n'a communiqué sur cette question. Côté clubs ukrainiens notons également que HellRaisers a déclaré qu'ils stoppaient tout simplement leurs activités jusqu'à ce que la guerre se termine. Il s'agit de l'une des toutes premières équipes où avait joué le meilleur joueur du monde 2021 Oleksandr "s1mple" Kostyliev. Concernant sa situation personnelle, ce dernier n'est d'ailleurs pas rentré en Ukraine après les IEM Katowice et la situation des joueurs NAVI est par ailleurs assez compliquée à tracée du fait du conflit. Pour l'heure on ne sait pas dans quelles conditions ils pourront ou non continuer de jouer les tournois qui approchent, l'ESL Pro League Saison 15 en tête dès le 9 mars.

NAVI d'ailleurs qui est entré plus encore dans la guerre en prenant position, tout d'abord par la voix de son président Yevhen Zolotarov qui, dans un long communiqué sur Instagram, a déclaré : « Certains croient ce qui est diffusé sur les écrans de télévision. Ma mère est russe, mon père est juif, je parle russe, mais je suis ukrainien. Nous sommes unis comme jamais auparavant. Votre pays sera isolé du monde, et peut-être que le monde ne recevra pas la menace de l'utilisation d'armes nucléaires par un Führer fou. Vous pouvez l'arrêter, ne vous taisez pas !  » Mais il n'est pas seul puisque le fondateur du club, Oleksandr "ZeroGravity" Kokhanovskyi, qui a pris du recul avec l'organisation mais en demeure un employé, a pris les armes et s'est engagé dans la résistance dans la capitale Kiev. Côté employés chez Natus Vincere on s'organise également pour venir en aide à la population, faire circuler des pétitions ou utiliser son influence pour transmettre des messages hors des frontières de l'Ukraine. Le club est toujours ouvert même s'il tourne au ralenti, à l'heure actuelle il n'a toutefois pas été touché par les bombardements dans la capitale.

Dernier point au sujet des clubs, une organisation en particulier est pointée du doigt il s'agit de Virtus.pro. Tout d'abord car à sa tête se retrouvent plusieurs oligarques proches du pouvoir russe. On peut citer l'ancien joueur devenu businessman à succès et qui avait fait revivre VP en 2010 Anton "Sneg" Cherepennikov. Pour l'anecdote c'est un ancien camarade de classe et grand ami de Dmitry Smilyanets, bien connu lui aussi pour avoir dirigé Moscow Five avant de finir en prison aux États-Unis suite à l'une des affaires de piratage informatique les plus retentissantes de ces dernières années. Désormais à la tête de la plus importante entreprise esport de Russie avec ESforce Holding? Anton "Sneg" Cherepennikov a depuis beaucoup diversifié ses activités via d'autres groupes regroupés sous le nom de Citadel et comprenant une filiale, ICS Holding, qui travaille en collaboration avec les services secrets russes dans la mise en place de solutions d'écoutes et de renseignement. Très proche du pouvoir de Vladimir Poutine donc, il fait partie des nouveaux oligarques qui ont pris place suite à la purge des anciens qui, s'ils ne sont pas en prison, ont fui à l'étranger (comme Vadim Vasilyev) ou son morts (le plus célèbre étant certainement Boris Berezovsky). Mais Virtus.pro est également entre les mains d'autres personnages puissants en Russie dont le plus important est certainement le milliardaire russe Alisher Usmanov qui avait investi 100 000 millions de dollars en 2015 dans l'organisation (aujourd'hui il fait partie des personnalités visées par les sanctions de l'Union Européenne), sans oublier le rachat récent de 45% des parts de VK (vendues par Usmanov) par la première société d'assurance russe SOGAZ, devenant de fait l'actionnaire principal d'ESforce Holding qui détient elle-même Virtus.pro. Bref tout ce micmac interne explique pourquoi le club est particulièrement observé et pourquoi NAVI a souhaité rapidement stopper toutes ces relations avec eux. On comprend mieux également la polémique avec WePlay qui aurait réclamé aux dirigeants et joueurs présents aux GAMERS GALAXY: Dota 2 Invitational Series Dubai 2022 de prendre position publiquement contre l'invasion de l'Ukraine.

  • Les joueurs :

Pour l'heure hormis les organisateurs de tournois qui ont interdit la venue de structures russes dans leurs événements (BLAST et Elisa Esports) pour les autres qui continuent leurs activités, les athlètes en provenance de Russie seront acceptés. Seul point noir les concernant la délivrance des visas puisque cette question n'a toujours pas été tranchée au niveau européen et que certains pays, la Belgique en tête, souhaitent interdire la délivrance de ce précieux document aux citoyens russes prochainement. Or justement récemment l'un des membres de l'équipe Virtus.pro, le Letton Mareks "YEKINDAR" Gaļinskis a déclaré chez nos confrères de sportacentrs.com :

Si une réglementation spécifique ou des restrictions concernant l'arrivée de mes coéquipiers de Russie aux tournois venaient à être appliquées, des problèmes de visas part exemple ou des règles des organisateurs eux-mêmes, il est très probable qu'il y aura des changements dans l'équipe. Il y en aura très probablement même. Tout ce que je peux faire pour l'instant c'est attendre et voir comment les choses vont évoluer, l'avenir est incertain pour le moment.

Mareks "YEKINDAR" Gaļinskis - Virtus.pro

En conclusion la guerre se poursuit et les conséquences en Ukraine mais également en Russie sont de plus en plus marquées. Les uns souffrant forcément du conflit qui les empêche de poursuivre leurs activités et mettent tout en œuvre pour stopper cette guerre via les moyens qui s'offrent à eux, y compris armés, et les autres subissent les actions de leur gouvernement même si les liens que peuvent avoir des organisations avec le pouvoir peuvent expliquer également pourquoi ils sont plus visés que d'autres. Tout cela risque d'évoluer encore dans les prochains jours, nous ne manquerons pas de vous tenir informés des évolutions.