Dans l’épisode 11 d’EUphoria, Upset et Mikyx ont débriefé leur saison régulière du LEC Spring Split avec Vedius et Dagda. Une émission riche en confidences sur l’évolution de Fnatic, la dynamique en botlane, et leurs choix pour le MVP et les All-Pro.

Upset et Mikyx dressent le bilan de la saison régulière dans EUphoria

Alors que Fnatic termine dans le haut du classement de la saison régulière du LEC Spring Split 2025, la botlane composée d’Elias « Upset » Lipp et Mihael « Mikyx » Mehle s’est exprimée dans la onzième édition du podcast EUphoria. Le duo revient sur les progrès de l’équipe depuis le Winter Split, la mise en place d’un style plus maîtrisé, les raisons de leur solidité en botlane et partage son regard sur les forces en présence dans le LEC. Une discussion franche et analytique, entre stratégie, dynamique d’équipe et reconnaissance individuelle.

Upset commence par souligner une nette amélioration dans la manière dont Fnatic aborde ses matchs. « On est plus intelligents. Un peu plus patients aussi qu’on ne l’était au Winter Split. Maintenant, on est capables de reconnaître qu’on ne peut pas toujours tout prendre, qu’on doit parfois échanger une partie de la carte contre une autre. Avant, on fonçait parfois sans réfléchir. Là, on se dit : est-ce qu’on veut contester ce dragon ? Non ? Alors on push le top. Et on prend l’initiative. » Mikyx confirme ce virage stratégique : « Le staff nous a rendus plus intelligents. Il y a beaucoup plus d’anticipation sur comment jouer la carte, sur quelles vagues on joue, sur quand on échange des objectifs. Et maintenant, on a des mots précis pour décrire ce qu’on fait. Avant, on disait juste : 'let's go top', mais on ne savait pas si ça voulait dire dive, push, swap… Là, il y a une vraie compréhension commune. »

Les deux joueurs évoquent également un changement de méthode dans la préparation des drafts, désormais entièrement confiée à GrabbZ. « Avant, nos drafts en hiver étaient moins bonnes. Là, on s’adapte mieux au format Fearless. GrabbZ fait tout. Parfois, je ne suis pas sûr de ce qu’il veut faire, mais on en parle. On se retrouve souvent sur les mêmes idées. Il a une vraie vision du jeu et ça nous permet d’être flexibles », explique Upset. Mikyx sourit : « Surtout sur le red side, il peut avoir des idées bizarres. Mais ça marche. »

Un duo plus agressif, une équipe plus stable

Sur l’ambiance interne, Upset reconnaît une certaine part d’émotion dans le groupe, notamment chez Oscarinin et Razork : « Ils sont très dépendants de leur confiance. Quand ils se sentent bien, ils sont très forts, mais ils peuvent aussi avoir des matchs plus faibles s’ils ne sont pas dans un bon jour. Ça se voit dans leurs prises de décision. C’est pas qu’ils jouent mal, c’est que leur niveau varie. » Mikyx se décrit lui-même comme plus posé. Upset acquiesce : « Je pense que Humanoid, Mikyx et moi, on est un peu plus cliniques. Même si ça ne se passe pas parfaitement, on garde le même niveau de performance. »

Le sujet de l’évolution individuelle d’Upset cette saison revient à plusieurs reprises, notamment dans les phases de teamfight, où il a souvent brillé. Il reconnaît une transformation dans son style, plus agressif et proactif : « Je me sens vraiment bien dans cette équipe. Je suis souvent dans de bonnes conditions pour infliger des dégâts. Si tu es en avance, c’est plus facile de prendre des risques, de tenter un move, de dash in. Mais pour ça, il faut que tout soit en place. Et là, c’est le cas. J’ai de bons supports, de bons tanks, de bonnes engages. » Il fait aussi une distinction entre les conditions de jeu de l’époque et maintenant : « Avant, avec Bo, les engages étaient souvent mauvais. On ne savait jamais s’il allait y aller ou non. C’était dur d’anticiper. Là, mes tanks me donnent des vrais timings à suivre. Et je peux vraiment jouer autour de ça. Je sais que si j’y vais, je ne serai pas tout seul. »

Sur son choix fréquent de jouer Kai’Sa malgré son retrait du haut de la meta, Upset développe : « J’ai un support qui joue très bien beaucoup de champions, donc c’est plus facile de jouer la lane. Et Kai’Sa, une ADC qui a un énorme shield, qui peut se repositionner facilement, qui a des dégâts mixtes, c’est un bon pick dans beaucoup de situations. Le seul problème, c’est la phase de lane, mais je m’en sors bien dans la plupart des matchups. Et j’aime la jouer, donc ça aide. »

Analyse du LEC et des botlanes

Leur regard sur le reste du LEC est sans filtre. G2 est jugée « déconnectée » par Mikyx, malgré un regain de forme récent. Upset estime qu’il s’agit surtout d’un problème de forme individuelle : « Ces joueurs méritent du respect. Ils ont été très bons, mais là, il y a un peu d’underperformance. Et parfois, dans une équipe, les dynamiques se cassent. Tu fais encore des choses correctes, mais pas à ton meilleur niveau. »

Karmine Corp, principal rival de Fnatic, est décrite comme solide mais en retrait dans l’early game : « C’est un peu moins fort qu’en playoffs l’an dernier. Canna est encore bon, mais pas aussi dominant. Caliste a de très bonnes mécaniques, il est rapide, il joue bien mécaniquement. Mais leur compréhension de la lane reste moyenne. Ils se battent beaucoup, mais pas toujours pour de bonnes raisons. »

Sur Heretics, Upset ne cache pas que le match-up leur est favorable : « Leurs lanes étaient juste trop faibles. C’était sans résistance. On avait le contrôle partout. Mais je leur reconnais de belles progressions sur la map. Ils jouent mieux qu’avant. » Il pointe néanmoins la dépendance de l’équipe à leur jungler Sheo : « S’il doit sacrifier ses lanes, ça devient très dur pour lui. Et s’il joue autour d’eux, il ne peut pas carry. Il est trop essentiel. »

All-Pro Team et élection du MVP

Vient ensuite le débat sur les All-Pro. Dagda et Vedius placent tous deux Upset en tête chez les ADC, avec Caliste, Ice et Hans comme candidats suivants. Mikyx tranche aussi : « Jusqu’à ce qu’il flash dans mon hook, je mettais Hans premier. Maintenant, il est deuxième. Mais c’est un très bon joueur. » Upset, de son côté, met en avant la régularité et les conditions difficiles d’Ice : « Ice, je le mets deuxième. Il est très solide, il fait peu d’erreurs. Il joue souvent dans de mauvaises conditions et il s’en sort bien. Caliste est très proche aussi, mais parfois il prend des fights étranges, un peu random. Hans est un excellent joueur, surtout sur ses picks comme Varus ou Draven. Mais vu les résultats de G2, je ne peux pas le mettre plus haut. »

En support, Upset cite sans hésiter Mikyx en tête, suivi d’Alvaro (KOI) et Jun (GX) : « Jun fait souvent des bons engages, il trouve des angles. Et son Nexus explose quand même. Je trouve ça triste. Alvaro joue bien, surtout quand il a des picks qui peuvent créer des actions. »

Sur le sujet du MVP, les points de vue s’opposent entre valeur au sein de l’équipe et meilleur joueur tout court. Sheo, le jungler de Heretics, est cité pour son rôle central, mais Upset n’est pas convaincu : « Pour moi, le MVP doit aussi être encore là à la fin de la compétition. Et je pense que Heretics serait plus fort avec Yike ou Razork. Sheo est bon, il fait ce qu’il peut, mais c’est pas suffisant pour être MVP selon moi. » Il désigne plutôt Vladi comme le joueur le plus régulier côté KC : « Il a une grande variété de champions, il est constant, il assure en teamfight, il a toujours un impact. Même quand KC joue mal, il est là. Et il a pas besoin qu’on joue autour de lui pour exister. » Interrogé sur sa propre place dans la discussion MVP, Upset ne l’écarte pas : « Je pense que cette saison, avec Mikyx, on a été la meilleure botlane. Je me sens fort, je fais la différence, et je joue de manière constante. C’est ce que je valorise pour un MVP. Je suis un joueur stable. Tu peux t’appuyer sur moi. Et quand je suis en forme, je peux vraiment porter les fights. »

L’émission s’achève sur une série de questions du public, où les deux joueurs évoquent leur gestion des communications en jeu, leur passé de coéquipiers, et une vision humoristique du rôle d’avocat qu’Upset avait jadis pour Hylissang et qu’il tient désormais pour Mikyx. « Je sais qu’il est fort. Alors je ne tilt pas quand il int. C’est la face cachée du rôle. J’étais déjà comme ça avec Hylissang. J’ai toujours été un avocat, un gars loyal. Je préfère défendre un coéquipier qui tente des choses plutôt qu’un joueur passif qui ne fait rien. »

À quelques jours des playoffs, Fnatic aborde la phase finale avec confiance, un duo botlane soudé et des idées claires sur ses ambitions. « Si on veut gagner, on devra battre tout le monde de toute façon », conclut Upset.