STARCRAFT 2 EST-IL LE BON JEU POUR DEMOCRATISER L\'ESPORT VERS LE GRAND PUBLIC?
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INTRODUCTION :
Plus d’un an après sa sortie, celui qui était le tant attendu Starcraft 2 est devenu le messie du sport électronique, un titre qui s’est quasi immédiatement hissé au dessus des autres titres, bien que ces derniers soient pour une bonne partie sur une phase descendante. Aujourd’hui, il y a tous les jours des compétitions sur SC2, des compétitions qui plus est dotées pour la majorité d’entre elles.
Avant de me lancer dans le cœur de mon explication, de tenter de répondre à la question posée, je tiens à préciser que je ne remet pas en question la qualité de ce jeu, dont le succès n’est pas dû au hasard. La question est donc, si on abandonne notre point de vue de gamer, pour un point de vue « grand public, non initié ni aux jeux vidéos, ni au sport électronique, ni bien-sûr à Starcraft 2 » de savoir si SC2 est réellement le jeu qui pourra tendre vers une démocratisation de l’eSport vers le grand public.
DES AVANTAGES INDENIABLES
Son grand frère StarCraft : Broad War a eu une carrière de plus de 10 ans, et lui-même semble parti pour une longue carrière. Sorti il y a bientôt un an et demi, il y aura pour 2012 la première extension Heart of the Swarm, puis en 2013/14 le dernier volet de cette trilogie, Legacy of the Void ; et une fois que la dernière extension sera distribuée, il faudra compter quelques années avant que le jeu soit pleinement exploité, et avant de voir éventuellement, au loin, un SC3, pointer son nez. On peut donc sans prendre trop de risques dire qu’il y a une fenêtre d’au moins 5 ou 6 ans d’eSport SC2 à venir, ce qui est clairement un avantage : en effet, un jeu qui s’inscrit dans la durée à plus de chances d’être suivi, et d’attirer des nouveaux joueurs et public, qu’un jeu à la Call of Duty qui sort un nouvel épisode tous les ans.
En terme de contenu, le jeu est là encore très intéressant, surtout en ce qui concerne le niveau de jeu. Avec son système de ligue, du Bronze au Grand Master, tous les joueurs arrivent à prendre du plaisir, que ce soit au un niveau débutant ou tout en haut, chez les pro gamers. Et c’est un avantage certain, cette évolution du niveau des joueurs va très haut, le skillcap de StarCraft 2 est très élevé. De plus, le fait d’être dans l’attente d’extensions qui va apporter de nouvelles unité permet d’espérer de nombreux changements dans les stratégies des joueurs sur les années à venir, conservant dont l’intérêt que peut porter le public sur les joueurs.
Enfin, et paradoxalement, c’est ce que les joueurs considèrent comme peut-être le moins important, à l’inverse du public, le jeu est beau, très beau. Si l’on veut vendre du sport électronique au grand public, cela ne peut se faire qu’avec des jeux agréables à regarder (en faisant abstraction de tout le reste qui concerne le contenu du jeu). Déjà à l’époque ou CS 1.6 était le jeu phare du sport électronique, nombreux ceux qui mettaient en avant ses graphismes sommaires comme un frein à sa démocratisation. Avec l’évolution récente des plate-formes de VOD, de la diffusion en HD, de l’accessibilité du grand public vers du matériel (écrans, télévisions) toujours plus grands et de meilleure qualité, il est important que le contenu diffusable soit de qualité graphique correcte, et c’est le cas avec Starcraft 2.
De nombreuses qualités dont pour SC2, mais qui ne doivent pas masquer des défauts également…
UN JEU DIFFICILE A COMPRENDRE
Une fois de plus, je tiens à préciser qu’il faut pour comprendre cette réflexion se placer du point de vue d’une personne complètement étrangère au sport électronique et à SC2, la « cible », avec un terme marketing, que doit toucher l’eSport pour se développer.
Le premier obstacle, c’est que la richesse de SC2 est en fait un défaut : ses races, ses unités et leurs mouvements et possibilités doivent être connus du public pour pouvoir être apprécié et compris. Pour un non-initié, SC2 est un jeu où apparaissent à l’écran des dizaines d’unités, qui bougent vite, pour une action donc soutenue mais floue. Peut-on alors considérer que le jeu peut attirer les gens ?
Disons qu’il faut diviser le public en trois parties : les gamers, les casuals, et les autres. En ce qui concerne les gamers, oui, le jeu attire. Son activité débordante au niveau eSportif, le plaisir qu’il peut apporter dans le jeu, bref, SC2 attire les gamers, ce n’est pas un scoop. Pour les casuals, le jeu attire là encore, mais pas des moyens plus diversifiés. Par l’intermédiaire d’une campagne solo intéressante à jouer, où par des shoutcasteurs « grand public » tels que P&T, les casual gamers ont donc divers moyens d’être ramenés vers le multijoueur, et vers la compétition.
Mais quid de tous ces gens qui ne s’intéressent pas aux jeux vidéos, SC2 peut-il être LE jeu qui attire leur attention ? Pour une très faible partie d’entre eux, éventuellement, mais pour l’immense majorité, soyons clairs, la réponse est non. Pensez vous réellement que des gens qui ne s’intéressent pas aux JV soient attirés par un 200vs200 en TvZ ? Comme je l’ai dit précédemment, ce jeu qui est la tête de pont du sport électronique est difficile à comprendre, et est donc à l’opposé d’une volonté de démocratiser la discipline. Non, la démocratisation du sport électronique ne sera pas automatique, elle passera par une volonté réelle de le faire.
Mais pour SC2, il y a une donnée supplémentaire à prendre en compte.
L’UNIVERS DES SHOUTCASTEURS
StarCraft 2 est certainement le jeu qui a servi de boom au développement du shoutcast et du streaming. L’avantage d’une grande diversité de shoutcasteurs pour le public, c’est donc bien qu’il y a une grande diversité de styles, du très technique (mak0z) au grand public (P&T) en passant par divers shoutcasteurs tout aussi intéressants, YoGo ou Zerator par exemple.
A mon humble avis, c’est le fait que des shoutcasteurs parviennent à décrypter un jeu difficile à comprendre qui les rend aujourd’hui plus populaires qu’une bonne partie des joueurs dont ils analysent les parties. Est-ce un mal ? Non, comme je l’ai développé dans un précédent article, les pro gamers ont souvent très peu de charisme à l’inverse de ces commentateurs, donc il ne faut pas minimiser le travail et la popularité des shoutcasteurs qui sont, je pense, le premier vrai levier entre eSport et public (plus ou moins large).
D’AUTRES JEUX PLUS APTES A DEMOCRATISER L’ESPORT
Être le jeu phare du sport électronique ne signifie pas forcément être celui qui peut démocratiser la discipline, et d’autres jeux sont, ils me semblent, plus aptes, plus efficaces, et ce en dépit de leurs qualités intrinsèques.
En premier lieu, je pense aux jeux qui ne sont que des « virtualisations d’activités réelles », à savoir les jeux de sport ou de course automobile. Un non-initié aux jeux vidéos sera certainement plus enclin à regarder du FIFA/PES, ou du Gran Turismo, même non-commentée, que du Starcraft 2 ou d’autres jeux peut-être plus difficiles d’accès en terme de compréhension du spectacle proposé.
C’est la raison qui devrait nous pousser, nous fans de sport électronique, à défendre ce genre de jeux, et les aider à devenir (ou rester) des disciplines fortes de l’eSport : ceux de foot, ou par exemple TrackMania, qui est certainement un modèle à suivre en terme de jeu propice au développement eSportif (gratuité, facilité de la prise en main, plaisir immédiat, skillcap très haut, compréhension immédiate du concept pour le public)
UNE VAMPIRISATION DE L’ESPORT PAR SC2 ?…
Pendant la DreamHack Winter, Rod « Slasher » Breslau a poussé un petit coup de gueule sur son Twitter :
Hey SC2 Community: You talk about ‘supporting eSports’ but then shit on other HISTORIC games. Stop being bitches and enjoy TRUE ESPORTS.
Car oui, partout, c’est Starcraft 2, et quasi-exclusivement du Starcraft 2. Sur les sites de news, c’est du Starcraft 2. Et la communauté Starcraft 2 défend Starcraft 2, et rien d’autre. Normal me direz vous, mais…quand est-ce qu’on s’y met ?
Depuis trop longtemps, les joueurs, les acteurs du sport électronique défendent leur petit bout de gras, en balançant sur les autres jeux, et…rien. La petite gueguerre qui a duré de nombreuses années, et qui n’est pas réellement finie , entre 1.6 et CSS en est certainement l’exemple le plus flagrant. Aujourd’hui, c’est SC2 qui domine, est-ce une raison pour enterrer tous les autres jeux ?
Chaque communauté organise ses petits événements, annonce faire ça « pour l’eSport », sorte de formule passe-partout pour justifier uniquement son envie de développer son petit business, et au final, rien n’avance.Starcraft 2 est un jeu formidable, et c’est l’un des rares jeux pour lequel il y a l’assurance de voir du spectacle pour les quelques années à venir, sans que Blizzard nous ponde un SC3 sorti de nulle part, mais c’est un jeu compliqué, et ce n’est pas ce jeu tout seul qui fera du sport électronique une discipline populaire.
Le seul petit point d’espoir que je vois, c’est ce qu’a fait O’Gaming, mais d’une façon plus ou moins involontaire à la base. Thud explique dans une interview qu’il y a eu un rapprochement avec Ken Bogard, et donc le monde du VS Fighting, au début pour diminuer les risques de fail autour de la soirée au Bataclan, en raison des coûts en amont. Mais au final, P&T ont rapproché SC2 avec un autre genre de l’eSport, et ça, c’est prometteur. Wait & see !
OUI MAIS EN COREE, IL AIMENT STARCRAFT ?
Right, Starcraft en Corée du Sud, c’est comme le football en France. Bon le souci, c’est que les coréens sont meilleurs que nous à Starcraft et au foot, bref.
Pour comprendre ce phénomène Starcraft en Corée, il faut prendre un point de vue plus large, et remonter un peu le temps. Il y a maintenant un bon moment que les autorités de Corée du Sud ont lancé une politique massive d’accès à Internet pour la population, qui leur procure aujourd’hui le meilleur accès à Internet du monde.
Certes, ils ont des bonnes lignes Internet, et alors ? Alors il faut se pencher sur le phénomène d’un point de vue « sociologique ». Cette politique pour l’Internet a été simultanée dans diverses régions de Corée avec les premières années de vente et de compétition sur Starcraft, premier du nom ; et par conséquent, Internet est rentré rapidement dans les mentalités coréennes, avec une partie de ce qui est lié, dont les jeux vidéos.
La situation est trop différente en France pour voir un phénomène identique, que ce soit économiquement ou culturellement. Il y a en France, et plus généralement en Europe occidentale une difficulté à s’ouvrir vers l’extérieur. Souvent, en France, on prend comme modèle l’Allemagne ou éventuellement le Royaume-Uni, mais pas ce qui se passe en Asie ou ailleurs. C’est une tendance qui dépasse complètement le jeu vidéo ou les loisirs, comme je peux le voir dans la matière dont je suis étudiant, l’histoire.
Il y a depuis les débuts de l’histoire une tendance que l’on appelle « l’ethnocentrisme occidental » cette manière plus ou moins volontaire de considérer notre région comme un centre, notamment culturel, en décrédibilisant ce qui peut se passer dans d’autres régions du globe, qui d’un point de vue historique, étaient considérées comme « moins influentes », ou « sous influence européenne »
Les choses évoluent aujourd’hui, dans un « monde mondialisé » ou les frontières s’effacent sous le passage d’Internet, ou n’importe qui peut communiquer avec n’importe qui et n’importe où. La génération des moins de 30 ans actuelle, qui est la première à avoir grandi avec les jeux vidéos et Internet est-elle plus ouverte sur le monde que ses ainés, la génération des 50+ ? Probablement. Mais pour quelques années encore, c’est bien cette génération des 50+ qui est au pouvoir, que ce soit au niveau politique, ou dans les médias, cette génération qui peine à comprendre des phénomènes tels que le sport électronique (ou qui ne veut pas comprendre, mais c’est un tout autre débat)
J’espère que le cheminement de ma réflexion n’est pas trop floue, j’essaye juste d’expliquer pourquoi, à mon avis, la possibilité de voir une vraie démocratisation du sport électronique à court terme, est très compromise. Mais sur un moyen ou long terme, avec un renouvellement générationnel, tout est possible ; mais ça ne viendra pas tout seul quoiqu’il arrive, il faudra un jour mettre les mains dans le cambouis !
CONCLUSION
Sorti en Juillet 2010, Starcraft 2 est aujourd’hui le jeu phare du sport électronique dans le monde entier. Profitant de ses grandes qualités, et de la disparition programmée des autres monstres de la discipline (Counter-Strike 1.6 et Quake), le joyau de Blizzard est bien placé pour tirer l’eSport vers le haut. Mais malgré toutes ses qualités, SC2 est et reste un RTS, donc un type de jeu compliqué à comprendre, notamment pour des non-initiés.
Lien > http://www.rogaaajj.com/starcraft-2-est-il-le-bon-jeu-pour-democratiser-lesport-vers-le-grand-public%C2%A0/
INTRODUCTION :
Plus d’un an après sa sortie, celui qui était le tant attendu Starcraft 2 est devenu le messie du sport électronique, un titre qui s’est quasi immédiatement hissé au dessus des autres titres, bien que ces derniers soient pour une bonne partie sur une phase descendante. Aujourd’hui, il y a tous les jours des compétitions sur SC2, des compétitions qui plus est dotées pour la majorité d’entre elles.
Avant de me lancer dans le cœur de mon explication, de tenter de répondre à la question posée, je tiens à préciser que je ne remet pas en question la qualité de ce jeu, dont le succès n’est pas dû au hasard. La question est donc, si on abandonne notre point de vue de gamer, pour un point de vue « grand public, non initié ni aux jeux vidéos, ni au sport électronique, ni bien-sûr à Starcraft 2 » de savoir si SC2 est réellement le jeu qui pourra tendre vers une démocratisation de l’eSport vers le grand public.
DES AVANTAGES INDENIABLES
Son grand frère StarCraft : Broad War a eu une carrière de plus de 10 ans, et lui-même semble parti pour une longue carrière. Sorti il y a bientôt un an et demi, il y aura pour 2012 la première extension Heart of the Swarm, puis en 2013/14 le dernier volet de cette trilogie, Legacy of the Void ; et une fois que la dernière extension sera distribuée, il faudra compter quelques années avant que le jeu soit pleinement exploité, et avant de voir éventuellement, au loin, un SC3, pointer son nez. On peut donc sans prendre trop de risques dire qu’il y a une fenêtre d’au moins 5 ou 6 ans d’eSport SC2 à venir, ce qui est clairement un avantage : en effet, un jeu qui s’inscrit dans la durée à plus de chances d’être suivi, et d’attirer des nouveaux joueurs et public, qu’un jeu à la Call of Duty qui sort un nouvel épisode tous les ans.
En terme de contenu, le jeu est là encore très intéressant, surtout en ce qui concerne le niveau de jeu. Avec son système de ligue, du Bronze au Grand Master, tous les joueurs arrivent à prendre du plaisir, que ce soit au un niveau débutant ou tout en haut, chez les pro gamers. Et c’est un avantage certain, cette évolution du niveau des joueurs va très haut, le skillcap de StarCraft 2 est très élevé. De plus, le fait d’être dans l’attente d’extensions qui va apporter de nouvelles unité permet d’espérer de nombreux changements dans les stratégies des joueurs sur les années à venir, conservant dont l’intérêt que peut porter le public sur les joueurs.
Enfin, et paradoxalement, c’est ce que les joueurs considèrent comme peut-être le moins important, à l’inverse du public, le jeu est beau, très beau. Si l’on veut vendre du sport électronique au grand public, cela ne peut se faire qu’avec des jeux agréables à regarder (en faisant abstraction de tout le reste qui concerne le contenu du jeu). Déjà à l’époque ou CS 1.6 était le jeu phare du sport électronique, nombreux ceux qui mettaient en avant ses graphismes sommaires comme un frein à sa démocratisation. Avec l’évolution récente des plate-formes de VOD, de la diffusion en HD, de l’accessibilité du grand public vers du matériel (écrans, télévisions) toujours plus grands et de meilleure qualité, il est important que le contenu diffusable soit de qualité graphique correcte, et c’est le cas avec Starcraft 2.
Sans HD, tu y vois…rien!
De nombreuses qualités dont pour SC2, mais qui ne doivent pas masquer des défauts également…
UN JEU DIFFICILE A COMPRENDRE
Une fois de plus, je tiens à préciser qu’il faut pour comprendre cette réflexion se placer du point de vue d’une personne complètement étrangère au sport électronique et à SC2, la « cible », avec un terme marketing, que doit toucher l’eSport pour se développer.
Le premier obstacle, c’est que la richesse de SC2 est en fait un défaut : ses races, ses unités et leurs mouvements et possibilités doivent être connus du public pour pouvoir être apprécié et compris. Pour un non-initié, SC2 est un jeu où apparaissent à l’écran des dizaines d’unités, qui bougent vite, pour une action donc soutenue mais floue. Peut-on alors considérer que le jeu peut attirer les gens ?
Disons qu’il faut diviser le public en trois parties : les gamers, les casuals, et les autres. En ce qui concerne les gamers, oui, le jeu attire. Son activité débordante au niveau eSportif, le plaisir qu’il peut apporter dans le jeu, bref, SC2 attire les gamers, ce n’est pas un scoop. Pour les casuals, le jeu attire là encore, mais pas des moyens plus diversifiés. Par l’intermédiaire d’une campagne solo intéressante à jouer, où par des shoutcasteurs « grand public » tels que P&T, les casual gamers ont donc divers moyens d’être ramenés vers le multijoueur, et vers la compétition.
Mais quid de tous ces gens qui ne s’intéressent pas aux jeux vidéos, SC2 peut-il être LE jeu qui attire leur attention ? Pour une très faible partie d’entre eux, éventuellement, mais pour l’immense majorité, soyons clairs, la réponse est non. Pensez vous réellement que des gens qui ne s’intéressent pas aux JV soient attirés par un 200vs200 en TvZ ? Comme je l’ai dit précédemment, ce jeu qui est la tête de pont du sport électronique est difficile à comprendre, et est donc à l’opposé d’une volonté de démocratiser la discipline. Non, la démocratisation du sport électronique ne sera pas automatique, elle passera par une volonté réelle de le faire.
Mais pour SC2, il y a une donnée supplémentaire à prendre en compte.
L’UNIVERS DES SHOUTCASTEURS
StarCraft 2 est certainement le jeu qui a servi de boom au développement du shoutcast et du streaming. L’avantage d’une grande diversité de shoutcasteurs pour le public, c’est donc bien qu’il y a une grande diversité de styles, du très technique (mak0z) au grand public (P&T) en passant par divers shoutcasteurs tout aussi intéressants, YoGo ou Zerator par exemple.
A mon humble avis, c’est le fait que des shoutcasteurs parviennent à décrypter un jeu difficile à comprendre qui les rend aujourd’hui plus populaires qu’une bonne partie des joueurs dont ils analysent les parties. Est-ce un mal ? Non, comme je l’ai développé dans un précédent article, les pro gamers ont souvent très peu de charisme à l’inverse de ces commentateurs, donc il ne faut pas minimiser le travail et la popularité des shoutcasteurs qui sont, je pense, le premier vrai levier entre eSport et public (plus ou moins large).
D’AUTRES JEUX PLUS APTES A DEMOCRATISER L’ESPORT
Être le jeu phare du sport électronique ne signifie pas forcément être celui qui peut démocratiser la discipline, et d’autres jeux sont, ils me semblent, plus aptes, plus efficaces, et ce en dépit de leurs qualités intrinsèques.
En premier lieu, je pense aux jeux qui ne sont que des « virtualisations d’activités réelles », à savoir les jeux de sport ou de course automobile. Un non-initié aux jeux vidéos sera certainement plus enclin à regarder du FIFA/PES, ou du Gran Turismo, même non-commentée, que du Starcraft 2 ou d’autres jeux peut-être plus difficiles d’accès en terme de compréhension du spectacle proposé.
On trouve des tournois FIFA organisés par EA Sports un peu partout, des FNAC aux stades de foot.
C’est la raison qui devrait nous pousser, nous fans de sport électronique, à défendre ce genre de jeux, et les aider à devenir (ou rester) des disciplines fortes de l’eSport : ceux de foot, ou par exemple TrackMania, qui est certainement un modèle à suivre en terme de jeu propice au développement eSportif (gratuité, facilité de la prise en main, plaisir immédiat, skillcap très haut, compréhension immédiate du concept pour le public)
UNE VAMPIRISATION DE L’ESPORT PAR SC2 ?…
Pendant la DreamHack Winter, Rod « Slasher » Breslau a poussé un petit coup de gueule sur son Twitter :
Hey SC2 Community: You talk about ‘supporting eSports’ but then shit on other HISTORIC games. Stop being bitches and enjoy TRUE ESPORTS.
Car oui, partout, c’est Starcraft 2, et quasi-exclusivement du Starcraft 2. Sur les sites de news, c’est du Starcraft 2. Et la communauté Starcraft 2 défend Starcraft 2, et rien d’autre. Normal me direz vous, mais…quand est-ce qu’on s’y met ?
Depuis trop longtemps, les joueurs, les acteurs du sport électronique défendent leur petit bout de gras, en balançant sur les autres jeux, et…rien. La petite gueguerre qui a duré de nombreuses années, et qui n’est pas réellement finie , entre 1.6 et CSS en est certainement l’exemple le plus flagrant. Aujourd’hui, c’est SC2 qui domine, est-ce une raison pour enterrer tous les autres jeux ?
Chaque communauté organise ses petits événements, annonce faire ça « pour l’eSport », sorte de formule passe-partout pour justifier uniquement son envie de développer son petit business, et au final, rien n’avance.Starcraft 2 est un jeu formidable, et c’est l’un des rares jeux pour lequel il y a l’assurance de voir du spectacle pour les quelques années à venir, sans que Blizzard nous ponde un SC3 sorti de nulle part, mais c’est un jeu compliqué, et ce n’est pas ce jeu tout seul qui fera du sport électronique une discipline populaire.
Le seul petit point d’espoir que je vois, c’est ce qu’a fait O’Gaming, mais d’une façon plus ou moins involontaire à la base. Thud explique dans une interview qu’il y a eu un rapprochement avec Ken Bogard, et donc le monde du VS Fighting, au début pour diminuer les risques de fail autour de la soirée au Bataclan, en raison des coûts en amont. Mais au final, P&T ont rapproché SC2 avec un autre genre de l’eSport, et ça, c’est prometteur. Wait & see !
OUI MAIS EN COREE, IL AIMENT STARCRAFT ?
Right, Starcraft en Corée du Sud, c’est comme le football en France. Bon le souci, c’est que les coréens sont meilleurs que nous à Starcraft et au foot, bref.
Pour comprendre ce phénomène Starcraft en Corée, il faut prendre un point de vue plus large, et remonter un peu le temps. Il y a maintenant un bon moment que les autorités de Corée du Sud ont lancé une politique massive d’accès à Internet pour la population, qui leur procure aujourd’hui le meilleur accès à Internet du monde.
Certes, ils ont des bonnes lignes Internet, et alors ? Alors il faut se pencher sur le phénomène d’un point de vue « sociologique ». Cette politique pour l’Internet a été simultanée dans diverses régions de Corée avec les premières années de vente et de compétition sur Starcraft, premier du nom ; et par conséquent, Internet est rentré rapidement dans les mentalités coréennes, avec une partie de ce qui est lié, dont les jeux vidéos.
La situation est trop différente en France pour voir un phénomène identique, que ce soit économiquement ou culturellement. Il y a en France, et plus généralement en Europe occidentale une difficulté à s’ouvrir vers l’extérieur. Souvent, en France, on prend comme modèle l’Allemagne ou éventuellement le Royaume-Uni, mais pas ce qui se passe en Asie ou ailleurs. C’est une tendance qui dépasse complètement le jeu vidéo ou les loisirs, comme je peux le voir dans la matière dont je suis étudiant, l’histoire.
Il y a depuis les débuts de l’histoire une tendance que l’on appelle « l’ethnocentrisme occidental » cette manière plus ou moins volontaire de considérer notre région comme un centre, notamment culturel, en décrédibilisant ce qui peut se passer dans d’autres régions du globe, qui d’un point de vue historique, étaient considérées comme « moins influentes », ou « sous influence européenne »
Les choses évoluent aujourd’hui, dans un « monde mondialisé » ou les frontières s’effacent sous le passage d’Internet, ou n’importe qui peut communiquer avec n’importe qui et n’importe où. La génération des moins de 30 ans actuelle, qui est la première à avoir grandi avec les jeux vidéos et Internet est-elle plus ouverte sur le monde que ses ainés, la génération des 50+ ? Probablement. Mais pour quelques années encore, c’est bien cette génération des 50+ qui est au pouvoir, que ce soit au niveau politique, ou dans les médias, cette génération qui peine à comprendre des phénomènes tels que le sport électronique (ou qui ne veut pas comprendre, mais c’est un tout autre débat)
J’espère que le cheminement de ma réflexion n’est pas trop floue, j’essaye juste d’expliquer pourquoi, à mon avis, la possibilité de voir une vraie démocratisation du sport électronique à court terme, est très compromise. Mais sur un moyen ou long terme, avec un renouvellement générationnel, tout est possible ; mais ça ne viendra pas tout seul quoiqu’il arrive, il faudra un jour mettre les mains dans le cambouis !
CONCLUSION
Sorti en Juillet 2010, Starcraft 2 est aujourd’hui le jeu phare du sport électronique dans le monde entier. Profitant de ses grandes qualités, et de la disparition programmée des autres monstres de la discipline (Counter-Strike 1.6 et Quake), le joyau de Blizzard est bien placé pour tirer l’eSport vers le haut. Mais malgré toutes ses qualités, SC2 est et reste un RTS, donc un type de jeu compliqué à comprendre, notamment pour des non-initiés.
Être le jeu phare de l’eSport ne rime donc pas avec être le jeu qui démocratise l’eSport, et pour cette raison, il serait vraiment bon que les différents acteurs du sport électronique ne laissent pas Starcraft 2 éclipser le reste des jeux, et ce, pour le bien de la discipline, dans sa globalité. Mais « penser de façon globale », est-ce vraiment réaliste chez les gamers ? Jusque là, c’est pas évident…mais il faudra bien s’y mettre un jour non ? :)
Modifié le 17/04/2019 à 16:08
Pourtant visuellement rien que le fait des couleurs et des pseudos , montre bien la difference entre les héros et les mobs et le fait que ce soit assez clair visuellement au niveau de la map .
à l'eswc je regardais les ecrans derriere les equipe pour dota pour essayer de voir la difference entre ces 2 jeux. Mais je comprenais rien .
Je suis juste jaloux en tant que joueur de fps la part de Sc2 et surtout la communauté qui fait vraiment vivre ce jeu. Sur cs ou css on se bouffe pour savoir qui aura le jeu le plus skill et bref cs meurs vraiment et css commence à dépérir ou enfin il stagne donc l'arrivé d'un 3eme ... (qui ressemble à un condition zero bis) ca divise encore plus.
Puis pour moi les fast fps (quake etc) aujourdhui sont completement morts. Le fait que ce soit super technique niveau gameplay.
Aujourd'hui c'est ca faut que le casu ou le joueur lambda se sentent directement immergé dans le jeu (donc simplicité d'accés etc ).
Modifié le 17/04/2019 à 16:08
Ce qui fait le succès d'un SC2 en streaming (et donc en esport) c'est plus la masse de non joueurs ou de joueurs ultra casuals dans les specs que des joueurs@60h/15jours ou plus. Or sans outils adaptés, streamer correctement un team-FPS c'est super compliqué. Et à regarder c'est malheureusement souvent chiant pour un non joueur.
Modifié le 17/04/2019 à 16:08
Voir un mec dans une cabine de verre sur scène est un poil dégradant pour l'esport. Les médias vont interpréter ca comme une coupure entre le joueur et la société (les spectateurs).
Voir 5 mec se féliciter et se tenir par l'épaule à la fin d'un match cs ajoute une dimension humaine réel pour les médias et les spectateurs et ca sc2 ne pourras jamais l'égaler. Les voirs sur scène à la merci des cris du publique la on a un vrai sport.
C'est là où l'article manque de fond, si tu veut démocratiser l'esport il faut montrer que derrière le jeu il y a des joueurs et que ces joueurs ne sont pas que des mecs dans leurs chambre seul à 4h du matin ou seul dans une cabine en plastique sur une scène.
Que le jeu video contrairement a ce que dis l'expert sur tf1 crée de vrai liens humains, j'en suis la preuve vivante et je suis fier de dire que oui counter strike m'a fait jouer en équipe avec des gens que j'adore, que j'ai soutenu, qui m'ont soutenu, et qui sont maintenant devenu clairement mes amis.
Certains vont me répondre que millenium est une équipe SC2 et qu'il y a plusieurs joueurs, et certe c'est indéniable il partage la même passion mais ne la vive pas en même temps et surtout leurs actes dans le jeu ne se répercute pas sur le jeu des autre et ça c'est un gros point fort des fps.
Sc2 à profiter de la com de blizzard et du succes du premier opus en corée. Mais il ne peut pas être le pilier du sport électronique en FRANCE, tout simplement car il ne connote pas des valeurs sociales impossible à contredire par les sociologiste, bien au contraire.
Ces valeurs d'équipes ont les retrouve où maintenant ? Dans LoL, c'est d'ailleurs sur ce jeux que les joueurs de fps passent leurs temps en ce moment. Car c'est le seul ont l'on peut retrouver se sentiment de victoire en équipe. Malheureusement voir 4 mecs se féliciter de la destruction de tourelles via des boules de feu et autre sorts magiques est à la limite du ridicule...
Alors voila, sc2 va t'il démocratiser l'esport ? Bien sur que non, tf1 a fait un reportage sur les millenium filles a cs en expliquant avec des mots simple le principe de cs et en prenant bien soin de mettre un point d'honneur sur le faite qu'elles sont des filles, qu'elles sont 5 filles ! Qui jouent ENSEMBLE sur le même jeu en même temps et face au public qui les soutiennes.
Impossible de faire un reportage sur tf1 sur sc2, impossible d'expliquer basiquement le principe du jeu, impossible de filmer une équipe de fille, impossible de montrer un mec seul dans une boite en plastique sur une scene.
Impossible de faire un reportage sur LoL, on dirais un jeu pour enfant de 8 ans, sa sonne pas pro, c'est tout aussi compliqué a expliquer et il n'existera surement jamais d'équipe fille.
De la même facon CS:GO sera surement trop compliqué, trop de détails, trop d'objet sur les cartes, trop d'armes, trop sombres. Un spectateur non avertit n'y comprendra absolument rien a ce jeu sur grand écran. Déjà que les joueurs cs n'y comprennent rien eux même...
Ce que vous prenez pour une expansion de l'esport en France c'est uniquement le début fulgurant de sc2, d'une communauté forte qui se déplace pour suivre et voir des matchs. Et de sponsors présent car eux même sont la preuve universelle que la communauté derrière ce jeu bah... c'est uniquement des joueurs de ce sc2 donc des clients potentiel.
Modifié le 17/04/2019 à 16:08
1) C'est pas comme si le "grand public" était pas habitué à voir des images de plus en plus belles, de plus en plus détaillées, que ce soit dans le jeu vidéo, ou dans les films etc...
2) Sur grand écran, faut un jeu un minimum beau. Aux Masters de Bercy (2008 ?), 1.6 qui passe après CoD sur la scène, ça fait un choc quoi. Mon dieu que c'est moche, que ça pique les yeux. Et si, pour les specs c'est important.
3) C'est pas comme si les jeux Valve nous avaient habitués aux .cfg. Rien que sur CSS, entre une version "moviemaking" et n'importe quelle config utilisée par des "pros", t'as pas l'impression de jouer au même jeu.
Pourquoi sur CS:GO se serait pas pareil, une version plus "propre" pour les gros joueurs, une version jolie pour les specs et les casuals ? (après si tu recherches une version aussi épurée que 1.6, c'est sur que vous switcherez jamais, mais dans ce cas faut savoir ce qu'on veut aussi).
Modifié le 17/04/2019 à 16:08
Modifié le 17/04/2019 à 16:08
Ce n'est pas une question de beauté, mais de lisibilité tout simplement.
J'ai aussi vu des final de COD sur grand écran et très franchement c'est beaucoup moins claire que cs sur ce même écran. C'est beau mais c'est tellement brouillon qu'on ne voit pas la beauté de l'action, on ne voit même pas l'action par moment.
Modifié le 17/04/2019 à 16:08
Mais je suis vraiment pas convaincu que ça change quoique ce soit pour un spec lambda d'avoir loupé ce petit bout de pixel là bas au fond à droite de l'écran parce qu'une fougère bloquait un peu la vue. A la rigueur si ça a de l'importance dans le round (parce que le mec a réussi à faire le frag, parce que les CTs se repositionnent suite à ça...) c'est justement l'un des rôles du commentateur de le souligner imho (genre "vous avez peut être pas fait attention sur le grand écran, mais le CT a vu en bas à droite etc...)
Je ne pense pas que sous prétexte de lisibilité tu puisses maintenant faire l'impasse sur une certaine qualité graphique. En poussant ce concept à l’extrême, on devrait modder CS pour n'afficher que du noir et blanc, avec les skins rouges pour les T et vert pour les CT : aucun problème de lecture ;)
Modifié le 17/04/2019 à 16:08
Je comprend très bien ta façon de penser et elle me parait tout à fait juste.
Cependant tu ne peut pas créer de show et faire vivre un public si celui-ci ne voit pas / comprend pas l'action . Et ce même pour les gens qui pratique le jeu, il n'y a qu'a regarder les videos de la beta de CS:GO pour se demander comment un spectateur lambda va faire pour comprendre une action, un moment clef du match avec autant de détails et de textures si moi même jouant a cs depuis une dizaine d'année n'y comprend rien devant une vidéo a 40 cm de mon nez.
Alors certe après avoir pratiquer le jeux je vais m'y retrouver, là ou je veut en venir c'est que un match cs sur scene c'est vraiment beau, c'est simple et accessible malgrès que cela soit moche. Je crain cependant qu'un match cs:go sur scene soit fouilli a cause de cette course aux détails graphiques sur tous les nouveaux jeux.
A force de faire des jeux de plus en plus complexe techniquement (je ne parle pas du gameplay, cs est la preuve que 12 ans après sa sortie le gameplay évolue encore malgrès ces graphisme ) est bien on obtient l'effet inverse par rapport aux média et au publique. C'est à dire qu'au lieu de rendre accessible le jeu video à la masse populaire on lui en prive par ces multitudes de détails et autres technicités graphiques.