Jour #8

En me réveillant, j\'ai vu un mouton qui dormait au pied de mon lit. Comment était-il arrivé là? J\'étais pourtant sûr d\'avoir tout verrouillé. Il dormait paisiblement, et une légère odeur de savon émanait de sa laine. une laine si belle, si propre, et qui semblait si douce. Je ne pu résister, je m\'approchai doucement du mouton endormi, et commençai à lui gratter le ventre tout en frottant ma tête contre sa laine. Voilà longtemps que je n\'avais pas ressenti autant de plaisir au contact d\'un autre être vivant, je souhaitais que cet instant dure à jamais. Il fallait que je lui trouve un nom, afin que plus jamais nous ne puissions nous perdre de vue. Il s\'appellerait Marien. Marien le magnifique, Marien le doux, Marien le...

Je ne sais ce qui m\'a poussé à décrire mon rêve. Je pense que l\'isolement commence à me rendre fou, moi aimer un mouton? Jamais, sauf dans mon assiette ! Je me pince afin de vérifier que je suis bien réveillé, ça semble être le cas.

A mon réveil, les moutons étaient encore à ma porte. Voyant au travers d\'eux un semblant de Marien, je n\'ose pas les tuer, chose que je regretterais sûrement plus tard. Aujourd\'hui, je vais travailler dans la galerie, mais avant, je dépose l\'argile récoltée la veille ainsi que le sable. Si jamais j\'étais pris d\'un malaise comme la dernière fois, je suis sûr de ne pas les perdre.

L\'un des moutons est tombé dans le fossé et a rejoins le cochon. J\'espère que je n\'aurais rien à nettoyer s\'ils s\'entretuent. L\'odeur du sang risquerait d\'envahir ma maison, et je n\'ai pas envie de risquer d\'attraper des virus en entrant en contact avec le fluide vital d\'un quelconque animal. Il faut que je me mette en route si je veux avoir le temps de travailler. Avant de partir, je vérifie bien que la porte n\'a pas été laissé ouverte comme la veille, puis je me met en route.



Une fois arrivé sur place, je m\'empresse de reprendre les travaux, mais mes outils ne sont pas du même avis. Je commence à peine qu\'ils tombent en morceau, je vais donc en fabriquer des nouveaux. Je regrette tant d\'avoir gâché tout ce fer, quel idiot je fais ! C\'était évident qu\'il ne fallait pas bouger le four pendant une fonte, mais non, monsieur ne voulait pas perdre de temps et réaménager son petit chez soi. J\'aurais pu fabriquer quelque chose de solide avec...Il faut que j\'arrête de parler de moi à la troisième personne. Si je venais à être fou, les créatures n\'hésiteraient pas à me trouver pour me dévorer.

Bref, je dois arrêter d\'y penser. Retournons à nos tâches, je vais donc à mon atelier. Une fois que j\'y suis, je me rends compte que j\'ai juste assez de bois pour renouveller une dernière fois mes outils. Il va falloir chercher du bois, et vite. Autant le faire maintenant, histoire de ne pas avoir de mauvaise surprise, je retournerais ensuite à mon chantier, d\'autant que je n\'ai pas besoin d\'une quantité importante de bois.

De retour sur le chantier, je reprends le minage et là, je tombe enfin dessus ! ! La galerie tant attendue ! Une première brèche est visible. Il faut vite que je l\'étende, j\'ai hâte de pouvoir en explorer le moindre recoins ! J\'ai encore neuf torches, mais avec ça je pourrais déjà commencer à m\'aventurer un peu. J\'agrandis la brèche pour que la lumière puisse y entrer.



Je reviens un peu en arrière pour voir où est le soleil dans le ciel. Apparement il est déjà plus de la mi-journée. Pour faciliter mes allers et venus, j\'improvise un pont en terre, puis je commence mon aventure dans la caverne.

Je fais quelques pas, puis installe une torche. Une salle de taille moyenne se dévoile sous mes yeux, avec une surprise qui n\'attendait que moi : du charbon. Je m\'empresse de miner ce qui fut un filon inestimable.

Des bruits étouffés semblent provenir de l\'autre côté de la paroi. Je ne sais si je rêve encore une fois, mais je décide de vérifier. La curiosité m\'envahit, mais aussi l\'appréhension, rendant mes mains moites, et traversées de quelques tremblements. Que vais-je trouver de l\'autre côté? S\'il y a des créatures, comment sont-elles arrivées là?



Voilà un moment que je suis dans la grotte, alors je ressors rapidement vérifier la position du soleil. Il ne me reste plus beaucoup de temps, juste assez pour atteindre les bruits je pense. Je prends le risque, quite à devoir piquer un sprint pour revenir. Ma curiosité doit être assouvie.

Le bruit devient soudainement reconnaissable : Slurp ! Je revois défiler devant moi la première nuit que j\'ai passé depuis mon arrivée dans cet archipel. Non...Non ! Ce n\'est pas possible ! Elles n\'ont pas pu me suivre jusqu\'ici, c\'est un cauchemar, que quelqu\'un me réveille ! Marien, où es-tu? Tu es forcément là ! Rien de tout cela ne peut être vrai !

Je me pose un instant pour réfléchir.Si je n\'ouvre pas une brèche trop grande, je pense pouvoir tuer la créature à l\'origine de ce bruit au travers, grâce à mon épée, tout en étant en sécurité, à moins qu\'elle n\'ait les moyens de m\'attaquer à distance, auquel cas je devrais trouver un plan B. Je verrais ça au moment voulu, mais à l\'heure actuelle, je ne pense pas avoir le temps, alors je fais demi-tour. Lorsque j\'arrive dehors, le soleil n\'est plus si loin de l\'horizon, j\'ai donc fais le bon choix. Je tue au passage un cochon, et coupe un dernier arbre avant de rentrer sur mon île. De là où je suis, je peux voir que les cannes à sucre ont bien poussé.

A peine suis-je arrivé sur ma parcelle que le crépuscule entre en scène. J\'ai le temps de récolter des plants de canne à sucre pour achever le tour de ma maison, alors je m\'exécute. Avant d\'aller me coucher, je vais fabriquer un portique afin de sécuriser non plus uniquement ma maison, mais bien l\'intégralité de ma surface habitable. Je peux enfin pousser un soupir de soulagement. Rien ne pourra plus me déranger tant que je serais dans mon abri. Les cannes à sucre me protégent des voyeurs et des flèches, la pierre me protège de tout incendie causé par une future canicule et me permet de garder une température agréable au sein de la maison, et bientôt j\'installerais du verre aux fenêtres. Que demander de plus? Même ce portique est une bénédiction, plus aucun animal ne pourra entrer chez moi à l\'improviste. C\'est sur ces pensées que je vais m\'endormir.