Zero Tenacity a décidé de se retirer de la scène VALORANT avant le Stage 3 de la saison 2025. Malgré un retour en début d’année, l’organisation estime que l’environnement Tier 2 reste économiquement insoutenable et dénonce l’inaction de Riot Games.

Un retrait qui reflète une crise plus large dans la scène compétitive secondaire

Zero Tenacity a officialisé le 28 mai son départ de la scène compétitive VALORANT, marquant un nouveau désengagement d’une structure européenne dans un écosystème Tier 2 en grande difficulté. Dans un communiqué publié sur ses réseaux sociaux, l'organisation explique sa décision par l'absence de progrès concrets en termes de viabilité économique et d'engagement de Riot Games envers les échelons inférieurs du circuit professionnel. Ce retrait met une nouvelle fois en lumière les failles structurelles du modèle compétitif mis en place autour du jeu de Riot.

Initialement sortie de VALORANT à la fin de l’année 2024, à l'instar de vouloir également mettre en pause son projet d'équipe League of Legends, Zero Tenacity avait été convaincue de revenir début 2025 par les nouvelles promesses de l’organisateur du tournoi régional North//East Challengers. L’organisation avait alors recruté un nouveau roster, avec l’espoir de voir le projet s’inscrire dans un environnement plus stable, incluant des événements LAN et une meilleure exposition médiatique. Cependant, malgré des résultats corrects et un roster compétitif composé notamment de Hawlasek, Grmek, Szubański, Erak, Minin, Hojoł et bowek, l’organisation explique qu’aucune amélioration concrète n’a eu lieu. Les attentes d’un retour sur investissement se sont vite heurtées à la réalité d’une scène où le modèle économique reste déficient. Le verdict est sans appel : "Vous ne pouvez tout simplement pas rentabiliser l’investissement dans le jeu", écrit Zero Tenacity.

Une situation financière intenable

La décision de quitter VALORANT ne s’explique pas uniquement par des résultats ou une stratégie sportive. Elle s’inscrit dans une crise plus large qui frappe de plein fouet la scène Tier 2 depuis quelques mois. Les revenus générés par les équipes non franchisées sont très faibles, l’audience reste limitée, et les sponsors ne s’y intéressent que marginalement. Selon Josh "Sideshow" Wilkinson, commentateur VCT, maintenir un effectif global coûterait environ 43 millions de dollars, un chiffre intenable pour un circuit non monétisé efficacement. Plusieurs autres structures, dont M80, ont déjà quitté la scène pour des raisons similaires. Ce désengagement en cascade met en évidence l’absence de stratégie claire de la part de Riot pour soutenir le Tier 2. La scène Challengers, censée servir de tremplin vers le VCT, est perçue par de nombreux acteurs comme un fardeau financier plutôt qu’un vivier de développement.

L’affaiblissement du circuit Tier 2 a également ouvert la porte à des dérives. Dans les semaines précédant l’annonce de Zero Tenacity, d’anciens joueurs et figures du circuit comme Sean "Gares" ont dénoncé l’existence de propositions de match-fixing au sein même de la scène Challengers. Certains joueurs auraient été approchés pour truquer des matchs en échange d’argent, dans un contexte où la précarité financière rend ces sollicitations plus attrayantes. Des preuves vidéos et des échanges de messages ont été publiés, mettant en cause notamment un individu surnommé "Bray". Même si toutes les tentatives de corruption n’ont pas abouti, la simple existence de ces pratiques souligne le manque de surveillance et d’encadrement dans cette partie du circuit.

Un appel à Riot Games

Dans son communiqué, Zero Tenacity interpelle directement Riot Games. L’organisation appelle l’éditeur à revoir en profondeur le fonctionnement de la scène Tier 2 et à mettre en place un système plus sain et plus durable. Le constat dressé est clair : "Nous ne voyons aucun bénéfice à investir dans cette scène en l’état". Pour Zero Tenacity, comme pour de nombreux autres acteurs, le problème dépasse le cadre de VALORANT : tous les titres Riot sont actuellement construits autour de ligues franchisées, sans véritable soutien aux compétitions secondaires.