Après avoir parlé du premier succès d'un jeu d'arts martiaux avec le premier Street Fighter, il est temps pour nous de nous intéresser au jeu qui a révolutionné le genre, et dont l'empreinte est toujours présente dans les titres actuels. Pour ce second volet de Waulk in History, nous allons parler de Street Fighter II, la légende des jeux de combat.

Très peu de licences, voire même de genres de jeux vidéo possèdent un titre phare qui les a propulsés dans une autre dimension. Par exemple pour les jeux de football, nous pourrions penser à la série des FIFA, mais serions probablement incapables de dire quelle édition du jeu a fait entrer ce genre de jeux dans une nouvelle ère, les évolutions ayant été plus linéaires (ce qui s'explique en partie par la contrainte de devoir sortir un titre par an, alors que malgré ses différentes versions Street Fighter II est resté Street Fighter II). Mais certains genres de jeux ont eu un titre qui les a portés et les a faits rentrer dans une ère différente en un seul opus. Pour les jeux de plateformes, Super Mario Bros., sorti en 1985, s'impose comme le jeu qui a révolutionné le genre, tandis que pour les jeux de combat, ce fut Street Fighter II, qui, outre le fait d'avoir propulsé le jeu de combat sur orbite, a également posé certaines bases de l'esport.

Street Fighter II: The World Warrior

Street Fighter II: The World Warrior reprend certaines mécaniques du premier opus comme le système à six boutons (3 poings petit/moyen/fort et 3 pieds), les huit directions possibles, ainsi que des coups spéciaux réalisables en rentrant une séquence de boutons directionnels et de coups (comme le quart de cercle avant + poing pour le Hadoken). Le but du jeu est toujours de vider la vie de son adversaire pour gagner 2 rounds, et ainsi remporter le combat. Il devient également possible de réaliser une prise, plus communément appelée choppe en France, en appuyant simultanément sur la direction avant ou arrière, ainsi que deux boutons de coup de poing ou deux boutons de coup de pied (généralement M et H). Mais la mécanique de jeu révolutionnaire pour un jeu de combat est bien entendu la mécanique de combo, dont c'est la première apparition sur un jeu de combat populaire, même si ce système existait déjà principalement dans les beat'em up, et aussi sur certains autres jeux comme Culture Brain's Shanghai Kid, un autre jeu de combat sorti en 1985. Cette mécanique ne fut d'ailleurs pas implantée volontairement par Capcom.

Alors que je faisais une détection de bug lors du niveau bonus avec la voiture... j'ai remarqué quelque chose d'étrange, de curieux. Après avoir enregistré la séquence, nous avons vu que pendant le temps du punch, il était possible de lancer un second coup et de continuer ainsi. J'ai pensé qu'il était impossible de faire quelque chose d'intéressant avec ce concept, car le timing pour le réaliser était extrêmement serré. Nous avons donc décidé de laisser cette fonctionnalité, mais en cachée. La chose la plus intéressante est que cette fonctionnalité est devenue la base de nos futurs titres. Plus tard nous avons pu rendre ce timing plus accessible, et faire des combos une véritable fonctionnalité du jeu. Au début nous pensions qu'en ayant le timing parfait, il était possible d'enchaîner quatre coups à la suite, il me semble. Puis nous avions réussi à en placer huit ! Un bug ? Peut-être...
Noritaka Funamizu, producteur du jeu dans The Making Of... Street Fighter II

Ainsi ce qui allait devenir la fonctionnalité principale de tous les jeux de combat pour les décennies à venir résulte avant tout d'un bug. Une autre mécanique cruciale fut implantée dans Street Fighter II, celle du cancel. Cette mécanique permet d'annuler le premier coup lancé, en appuyant rapidement sur un autre bouton alors que l'animation du premier coup a déjà démarré. L'animation ne se termine pas, le premier coup n'est pas lancé et c'est celle du second coup qui prend le relai. Tout comme le système de combo, cette mécanique se retrouve encore sur la majorité des titres actuels, permettant de nombreuses feintes pour tromper son adversaire et le pousser à la faute.


Jaquette franco-néerlandaise du jeu avec Ryu, Blanka et Chun-Li

Outre les nouvelles mécaniques présentes, le jeu étoffe également son roster jouable, ajoutant à Ryu et Ken (qui restent juste des clones) six nouveaux personnages possédant chacun un gameplay propre et des coups spéciaux originaux. Ces combattants sont :

  • Chun-Li, la première femme de l'histoire des jeux de combat, et également la femme la plus forte du monde. Elle est rapide et technique, ses coups de pieds ayant vaincu de très nombreux joueurs. Le gameplay de Chun-Li inspirera par la suite énormément de combattantes dans divers titres, plaçant l'agent d'Interpol au moins aussi haut dans les légendes du jeu vidéo que Ryu. Sa marque de fabrique est le Hyakuretsukyaku, soit une succession de coups de pied extrêmement rapides. Elle est également le premier personnage de la franchise à pouvoir Wall Jump, c'est à dire se servir du mur pour effectuer une attaque ou sauter plus haut.
  • Blanka, un homme-bête du Brésil, victime d'une décoloration de la peau l'ayant rendu vert. Son style de combat est très acrobatique, certains de ses mouvements faisant penser aux plus grands primates peuplant notre planète, même si son attaque signature Electric Thunder emprunte, elle, à l'anguille électrique. Ses autres coups les plus connus sont le Rolling Beast, où Blanka se met en boule pour sauter sur son adversaire, et l'Amazon River Run, un coup glissé au sol lui permettant d'éviter les projectiles.
  • Guile, le militaire américain largement inspiré de deux personnages de Jojo's Bizarre Adventure, est un combattant défensif dont le gameplay se base énormément sur des charges, à savoir un bouton qu'il faut maintenir enfoncé pendant deux secondes (généralement bas et/ou arrière) afin qu'il puisse lancer ses coups les plus puissants. Ses techniques emblématiques sont le Sonic Boom (son projectile) et le Somersault Kick (aussi appelé Flash Kick) qui n'est rien de plus qu'un retourné acrobatique servant d'anti-air.
  • Dhalsim, maître yogi, rejoint le tournoi pour aider son village. Il est l'archétype du zoner, possédant à la fois des projectiles (Yoga Fire) et des membres extensibles, lui permettant de contrôler l'espace, empêchant son adversaire de l'atteindre. Il crache également du feu avec son Yoga Flame, son second move signature.
  • Zangieff, catcheur de l'URSS (le jeu étant sorti 9 mois avant l'effondrement du bloc communiste), est présenté comme un héros national dans son pays, et ne participe que pour la gloire de la mère patrie. Il est l'archétype du choppeur/grappler, étant assez lent mais possédant de redoutables prises une fois arrivé au contact. Il introduira également les notions de 360 et 720, faisant de lui un personnage généralement réservé aux joueurs avancés. Ses techniques les plus meurtrières sont son Spinning Piledriver où il attrape son adversaire, lui calant la tête entre ses cuisses puis effectuant un saut en tournant sur lui-même pour retomber assis, explosant ainsi et la tête et la barre de vie de son adversaire, ainsi que le Double Larriat.
  • E.Honda, le sumotori japonais, dont le gameplay se base lui aussi sur les charges. Tout comme Guile, c'est un personnage défensif, mais il se place bien plus bas dans la tier-list, ayant peu de coups safe on-block et étant relativement lent. C'est un personnage plutôt comique car il souhaite prouver la supériorité des sumos mais la plupart de ses techniques seraient interdites dans un match de sumo. Ses techniques fétiches sont le Sumo Headbutt (Honda se projette vers l'avant et donne un coup de tête) et le Hundred Hand Slap (les Mille Mains) qui est un Hyakuretsukyaku avec les mains.


Combat final pour Chun-Li

Outre les huit personnages jouables, quatre autres sont présents dans le jeu, servant de boss au mode arcade. Avec cet ajout de personnages, Capcom découvre les difficultés d'équilibrer correctement un jeu, certains personnages se révélant bien au dessus des autres. De plus, certains bugs et glitch restent présents, aidant encore plus certains personnages à se faire une place au soleil. L'exemple le plus célèbre est la Golden Stance de Guile, qui lui offrait ensuite la possibilité de réaliser des choppes inesquivables et/ou de freeze son adversaire, l'empêchant ainsi de réaliser n'importe quelle action jusqu'à ce que le joueur de Guile le décide.

Street Fighter II': Champion Edition

Un an et un mois après la sortie de Street Fighter II a lieu le premier gros patch et le premier season pass de l'histoire des jeux de combat : la sortie de Street Fighter II': Champion Edition. Bien que le but recherché soit sans doute de surfer sur le succès de Street Fighter II en incitant les joueurs à racheter le jeu pour avoir la nouvelle édition (rappelons que nous sommes en 92 et que les jeux en ligne sont marginaux dans un milieu qui est encore assez marginal), ce procédé nous rapproche du système actuel sur les jeux de combat, avec l'achat d'un jeu puis celui de Season Pass pour profiter des nouveaux personnages que l'éditeur mettra à disposition des joueurs. Les MAJ en revanche sont aujourd'hui gratuites, alors qu'en 1992 elle était partie intégrante de la facturation du nouvel opus. Il est désormais possible dans le jeu de s'affronter avec le même personnage, grâce à l'apparition de différents thèmes de couleur, permettant de les différencier. Cette nouvelle version de Street Fighter II corrige de nombreux bugs, tout en équilibrant davantage le jeu, mais ce que les joueurs attendent le plus sont les quatre boss du jeu original qui deviennent enfin jouables.

(Cher lecteur.ice, nous nous permettons ici de briser le quatrième mur pour annoncer un code couleur concernant les noms des personnages. Pour éviter un éventuel procès avec Mike Tyson dont l'un des noms s'inspirait grandement de [Mike Bison], et également parce que le nom du boss final ne leur semblait pas adapté à un boss final, Capcom USA a choisi de modifier certains noms entre la VO et les versions américaines et européennes. Ici, nous vous mettrons en rouge le nom japonais, en bleu le nom occidental et en vert le nom sous lequel la majorité des joueurs désignent les personnages pour éviter de s'embrouiller. Par contre, désolé y a pas de blague, c'était juste une note un peu longue. Bisous de la rédaction.)


Le cast de Champion Edition au complet, artwork pris sur FightingStreet.com

  • M. Bison/ Balrog/ Boxer (Boxeur) : un pratiquant américain de boxe anglaise, possédant de nombreux coups issus de la boxe, à la fois des coups légaux pour des jabs ou des directs, et des coups illégaux mais que des boxeurs se sont déjà donnés à l'insu de l'arbitre comme son fameux coup de tête. Comme tout pratiquant de la version britannique du Noble Art, Boxeur ne donne pas de coups de pied. Ses coups les plus célèbres sont le Turn Punch, un coup dont la puissance dépend du temps de charge, ainsi que le Dash Straight, où il fonce vers son adversaire en lui donnant un coup de poing. Ce deuxième coup lui sert également de projectile, vu qu'il peut ainsi couvrir la majeure partie du terrain et arriver au contact, même s'il n'est ni invincible, ni armored durant ce coup, pouvant donc être bloqué par un projectile standard.
  • Balrog/ Vega/ Claw (Griffe) : Claw est l'un des personnages les plus agiles du jeu, mixant les arts ninjutsu et de la tauromachie, faisant de lui un personnage extrêmement difficile à attraper. Très à l'aise dans les airs avec plusieurs techniques aériennes, il est aussi très grand, possédant ainsi une allonge plus que confortable. Pour contrebalancer cela, le ninja espagnol est relativement fragile et plusieurs de ses coups sont unsafe on block. Sa marque de fabrique est le Back Slash, un genre de dash arrière invincible (mais qui s'exécute en appuyant rapidement trois fois sur un bouton de coup, et non une direction), ainsi que le Flying Barcelona, un coup aérien, et l'Izuna Drop, qui est la prise suivant le Flying Barcelona. Bien qu'étant le seul personnage du cast à posséder une arme, il peut perdre celle-ci après 14 coups bloqués (ou plus rapidement suivant les coups non bloqués encaissés), perdant à la fois en allonge et en dégâts.
  • Sagat : Boss du premier opus, son nom est le seul du quatuor à ne pas changer entre les régions. Sa pratique du Muay-Thaï lui donne accès à de nombreux coups de pieds avec une allonge confortable dûe à sa taille. Il possède aussi deux projectiles, les Tiger Shot, qui peuvent être soit hauts soit bas, lui donnant une variété de coups plus que confortable. Bien qu'il soit relativement lent et dispose de peu d'options aériennes, il possède aussi un équivalent du Shoryuken : le Tiger Uppercut. Son autre technique phare est le Tiger Knee, un coup de genou aérien. Extrêmement puissant, il était régulièrement banni des tournois Street Fighter II afin d'éviter que de trop nombreux joueurs le jouent.
  • Vega/ M. Bison/ Dictator (Dictateur) : Leader de l'organisation Shadaloo dont le but est la domination mondiale, Dictator fait sa première apparition officielle dans Street Fighter II, bien que le lore du jeu nous révèle qu'il était également derrière les événements du premier jeu. Il utilise pour combattre le Psycho Power, une énergie négative qu'il est le seul à maîtriser totalement (même si d'autres personnages utiliseront cette énergie dans la série). Ses techniques signatures sont le Psycho Crusher où il vole vers son adversaire  pour lui rentrer dedans, le Devil Reverse, un coup de poing aérien chargé de Psycho Power ainsi que le Head Press, où il marche littéralement sur la tête de son adversaire. Outre ses techniques liées au Psycho Power, ses mouvements classiques s'inspirent du Lerdrit, un autre art martial thaïlandais, pratiqué notamment par l'armée royale. Il est rangé dans la catégorie des personnages offensifs, même s'il possède plusieurs options défensives et reste globalement assez équilibré.

Après sa sortie le jeu est souvent copié pour être revendu moins cher, la version la plus célèbre de ces hack-roms étant Street Fighter II,: Rainbow Edition, titre inspiré par le logo principal du jeu qui est désormais coloré façon arc en ciel. Outre le jeu de base, cette version propose un équilibrage totalement inédit, améliorant par exemple grandement la vitesse de Zangieff et donnant accès à certains coups à des personnages ne les possédant pas à l'origine. Sept personnages deviennent ainsi capables d'utiliser le Hadoken, alors que cette technique était initialement réservée à Ryu et Ken. Il est également possible de transformer certains personnages en d'autres pendant le match. Cela forcera Capcom à sortir en décembre 1992 Street Fighter II': Hyper Fighting, aussi connu sous le nom Street Fighter II Dash Turbo.


Street Fighter Rainbow, où Ken envoie 2 hadokens simultanément, alors que Zangieff s'est transformé en Ryu

Ce titre n'apporte ni nouveauté profonde de gameplay, ni de nouveaux personnages, même si de nouvelles couleurs sont disponibles pour chacun d'entre eux. La vitesse du jeu est améliorée, le rendant encore plus nerveux, tandis que tous les personnages sauf les quatre boss finaux et Guile reçoivent de nouveaux coups. Les plus célèbres sont le Kikoken (projectile) de Chun-Li et le Yoga Teleport de Dhalsim, et surtout le Sumo Smash d'E.Honda, aussi appelé Butt Slam (contrairement aux deux autres coups, cela n'apporte pas grand-chose au personnage, mais il nous semblait important de préciser que le premier coup de cul des Street Fighter venait d'un Sumo. Qu'est-ce que tu vas faire maintenant, R.Mika ?!). Un patch d'équilibrage accompagne cette version, tout comme ce fut le cas pour Champion Edition.

Super Street Fighter II: The New Challengers

Outre le désormais classique patch d'équilibrage, cette nouvelle version de Street Fighter sortie en octobre 1993 comprend notamment une mise à jour graphique et audio. Le système de score change, incluant des points bonus pour la première attaque, les combos, les reversals et les recoveries. Certains personnages voient certains de leurs coups redesignés, leur donnant une nouvelle jeunesse. L'exemple le plus révélateur de cette nouveauté sont le Shakunetsu Hadoken de Ryu (l'ancien Hadoken réalisé avec gros poing) qui n'est plus une boule d'énergie mais une boule de flammes. De la même façon, le gros Shoryuken de Ken se voit lui aussi doté de flammes, marquant pour la première fois une véritable différenciation visuelle entre les coups de Ryu et ceux de Ken. Clones lors de la sortie de Street Fighter II: The World Warrior, les deux personnages se différencient petit à petit au cours des jeux suivants, Ryu se concentrant plus sur les footsies et techniques basiques, tandis que le gameplay de Ken s'articule de plus en plus autour de son Shoryuken et quelques prises de judo, le transformant petit à petit en le personnage rushdown qu'il est devenu aujourd'hui. Même si leurs gameplays commençaient à se différencier un peu avant, c'est réellement à partir de cet opus que Ken n'est plus considéré comme un simple clone de Ryu. Cela est également dû au fait que ce n'est plus la même personne qui fait la voix des deux personnages.


Affiche de Super SF II avec Ryu, Chun-Li et les quatre nouveaux personnages

Quatre nouveaux personnages rejoignent également le combat lors de cet opus :

  • Cammy White/ Killer Bee : ancienne Doll (garde d'élite de Shadaloo, au nombre de 13, une Doll par mois de l'année + Cammy, un clone féminin de Dictator) au cerveau lavé par le Psycho Power, Cammy souhaite à la fois libérer ses sœurs Dolls (bien que Cammy les appelle sœurs, elles ne sont pas directement liées par le sang) et prendre sa revanche sur le tyran. C'est un personnage agile et rapide, qui excelle à courte portée tout en disposant de solides arguments à moyenne distance. Sa capacité de combo est l'une des meilleurs du jeu, mais en contrepartie, elle dispose de peu d'options à longue portée. Elle manque aussi de mix-ups (par rapport à d'autres personnages offensifs), dépendant davantage de frame traps, de contre-attaques et de baits pour ouvrir la garde d'un adversaire. Son attaque signature est le Spiral Arrow.
  • Dee-Jay : musicien jamaïcain rejoignant le tournoi pour gagner en popularité, Dee-Jay reste un combattant redoutable disposant de nombreuses options défensives. Tout comme Guile, c'est un personnage à charge. Ses coups viennent principalement du kickboxing, qu'il voit comme une sorte de danse. Ses coups fétiches sont le Jackknife Maximum (un anti-air résultant en une combinaison de kicks), le Machinegun Upper (un anti-air/juggler lui permettant de finir ou démarrer ses combos) et le Max Out/ Air Slasher (son projectile). Dans l'une des versions postérieures de Street Fighter II, à partir d'un certain mode de difficulté, l'ordinateur peut vider intégralement la barre de vie de certains personnages avec un seul Machinegun Upper.
  • Thunder Hawk aka T-Hawk : Indien d'amérique originaire de Mexico, il rejoint le tournoi pour se reprendre sa terre natale envahie par Shadaloo. Bien qu'il soit aussi fort que Zangieff et plus grand que ce dernier, T-Hawk n'est pas un choppeur, même s'il possède également une prise 360, son Mexican Typhoon (Typhon Mexicain), où, après avoir attrapé son adversaire, il le fait tourner autour de sa tête avant de l'écraser au sol. Ses autres techniques sont le Tomahawk Buster, un anti-air, et le Condor Dive, un coup aérien le faisant plonger sur sa cible.
  • Fei Long : star du cinéma hong-kongais, complètement inspiré de Bruce Lee, Fei Long rejoint le tournoi pour tester sa force. Son style de combat s'inspire du Kung-Fu traditionnel et du Jeet Kune Do, qu'il nomme Hitenryu dans le jeu. Ses techniques principales sont le Shienkyaku, un coup de pied enflammé miroir du Shoryuken de Ryu et Ken, ainsi que le Rekkaken, une série de coups de poing extrêmement rapides. Le Rekkaken est la première attaque spéciale des jeux Street Fighter (et l'une des premières dans les jeux de combat) à pouvoir infliger des coups multiples via des inputs répétés (quart de cercle avant + punch), créant le terme Rekkas pour désigner ce genre d'attaque, même dans les jeux d'autres licences (et parce que "attaque avec inputs multiples répétés pour comboter", c'était vachement long à dire quand même).


Le jeu a aussi été porté sur Game Boy, mais passer de six à deux boutons n'est pas forcément une bonne chose...

Outre les nouveaux personnages, et la différence entre Ryu et Ken qui s'accentue, les autres personnages ne sont pas oubliés, certains recevant même de nouvelles attaques comme Claw qui obtient sa Sky High Claw, un dash arrière suivi d'un plongeon en avant, dont le départ ressemble beaucoup au Flying Barcelona, ce qui lui permet de semer la confusion dans l'esprit de ses adversaires. La grosse nouveauté de ce nouvel opus concerne les reversals, permettant au joueur de récupérer plus rapidement d'une attaque entraînant une mise au sol ou après un blocage, ce qui a notamment pour effet d'empêcher certains personnages lents de subir une choppe sans pouvoir se défendre après avoir bloqué un coup léger. Il y a également un nerf de certains combos qui permettaient de restun l'adversaire après que celui-ci avait déjà subi un premier stun. Le jeu proposait quatre vitesses différentes, afin de s'adapter aux goûts des joueurs, contentant à la fois ceux qui étaient attachés à la vitesse de base du jeu et ceux qui avaient été séduits par la rapidité de Street Fighter II': Hyper Fighting.

Un nouveau mode de jeu appelé Tournament Battle fit également son apparition sur les bornes d'arcade. Nécessitant quatre bornes reliés entre elles, il permettait à huit joueurs de participer à un tournoi classique directement via un mode de jeu.

Street Figther II Turbo

Dernière version officielle du jeu sortie en mars 1994, elle n'en demeure pas moins l'une des plus mythiques pour différentes raisons. La première et sans doute la moins importante est l'ajout d'une possibilité de juggle, c'est à dire de réaliser des combos sur un personnage en l'air. Mécanique empruntée à la série des jeux Mortal Kombat, elle est également devenue très populaire au fil des années. La seconde mécanique ajoutée fut celle des Super Combo (les Super actuelles), dont il fallait remplir la barre avant de pouvoir les utiliser. Version plus puissante des coups spéciaux des personnages, cette fonctionnalité devenue aujourd'hui classique dans les jeux de combat fut en fait empruntée par Capcom à leurs rivaux de l'époque, SNK, qui l'avaient intégrée dans leur titre Samurai Showdown. Bien que maintenant souvent ancrée dans le système des jeux de combat, elle est en réalité issue d'un RPG/Survival Horror japonais : Laplace no Ma (le démon de Laplace), un jeu sorti le 4 juillet 1987. Outre ces nouvelles mécaniques, le jeu est de nouveau équilibré, et certains personnages reçoivent de nouveaux coups. Les plus célèbres sont le Banishing Flat de Zangieff (la main verte), le Rekkukyaku de Fei Long (Chicken Wing) un coup de pied hommage à Bruce Lee, et l'Oichi Throw d'E.Honda, qui est une choppe que le sumotori conclut en s'asseyant sur son adversaire, donnant ainsi son second coup de cul de la série. (Oui, on parle de ça pour être référencés à Street Fighter + cul sur google. C'est ça ou un top 10 de cosplay.) Il faut aussi noter que dans cette version du jeu, il était possible de jouer également avec les anciennes versions des personnages, c'est à dire sans barre de Super Combo, mais avec d'autres propriétés intéressantes comme l'invincibilité sur le Shoryuken.


Jaquette de Street Fighter II Turbo avec Honda et Sagat

Cependant, ce qui fit vraiment rentrer cette version dans l'histoire est la présence d'un personnage caché, extrêmement fumé, qui n'apparaissait que sous certaines conditions, à savoir : avoir battu les huit adversaires classiques et les trois premiers boss (Boxeur, Claw, Sagat) sans utiliser de continue et en moins de 25 minutes (il fallait aussi obtenir un certain score, mais avec des stats de ce genre, le joueur l'obtenait généralement juste en remplissant les deux premières conditions), pour se retrouver devant Dictateur qui se faisait oblitérer en quelques secondes par un adversaire mystérieux : Akuma, ou Gouki en japonais. L'histoire de ce personnage n'est pas banale, car il est issu d'une erreur de traduction pour les versions occidentales. La citation de victoire de Ryu était mal traduite, disant : "You must defeat Shen Long to stand a chance" (Tu dois battre Shen Long pour avoir une chance contre moi). Or, Shen Long n'était pas un prénom mais une référence au poing du dragon, à savoir le Shoryuken, la technique avec laquelle il avait vaincu Sagat lors du premier opus. La bonne traduction aurait donc dû quelque chose comme : "Tu dois battre mon Shoryuken pour avoir une chance de me vaincre". Berné par cette mauvaise traduction, Shen Long a longtemps été perçu comme un personnage caché, le plus puissant de tous les jeux, et le maître de Ryu et Ken. Les développeurs de Capcom ont donc décidé d'ajouter un personnage caché, qui serait surpuissant, mais qui au lieu d'être le maître des deux combattants serait celui qui l'a tué.


Capcom n'affiche pas son nom afin de renforcer le mystère, et on peut voir le corps de Dictateur en arrière plan

Akuma utilise également le style Shotokan de Capcom, comme les deux personnages phares de la série. Il est également sélectionnable par un joueur en réalisant une manipulation précise lors de la sélection du personnage : rester sur Ryu 3 secondes, puis sur T-Hawk 3 secondes, puis Guile 3 secondes, puis Cammy 3 secondes, puis revenir sur Ryu, attendre de nouveau 3 secondes avant de valider ce choix en appuyant simultanément sur start et les trois boutons de punch. Il était bien entendu possible de rater cette manipulation et de se retrouver à jouer le Ryu marron. Il est néanmoins beaucoup moins puissant que lorsque contrôlé par l'ordinateur, possédant moins de santé et une moins bonne résistance au stun, tandis que certains de ses coups perdent en vitesse et donc en priorité. Il ne peut plus non plus lancer deux hadokens dans les airs. La version officielle de Capcom à ce sujet est qu'Akuma se retient pour laisser une chance à son adversaire, alors que lorsqu'il apparaît pour affronter le joueur, c'est qu'il a reconnu sa valeur et va donc se battre à 100 %. Il est l'un des boss les plus durs de l'histoire des jeux de combat. Malgré ses nerfs, le personnage jouable reste très fort, au point d'être banni des tournois américains, et bien qu'il soit toléré dans les tournois japonais, un gentleman agreement veut qu'aucun joueur ne le sélectionne.


Le remix HD de SFII

D'autres versions de Street Fighter II verront le jour, lors de diverses rééditions comme Hyper Street Fighter II The Anniversary Edition, une édition anniversaire sortie en décembre 2003 sur borne d'arcade au Japon et sur PS2 et X-Box en occident. Cette édition regroupe les cinq versions de Street Fighter II mais ne contient pas d'ajout. Super Street Fighter II Turbo HD Remix sera également disponible sur les stores X Box 360 et PS3. Il s'agit d'une version remasterisée qui, outre le jeu de base et un nouvel équilibrage du mode arcade, incluera des fonctionnalités présentes sur les jeux de combat actuels, comme notamment un mode classé en ligne. Elle bénéficie également d'une mise à jour graphique. La toute dernière version du jeu est sortie en 2017 uniquement sur Switch, et se nomme Ultra Street Fighter II: The Final Challengers, mais contrairement aux autres versions sorties depuis Super Street Fighter II Turbo, elle contient deux nouveaux personnages : Evil Ryu et Violent Ken, les versions possédées des deux compères. Ce sera d'ailleurs la seule apparition de Violent Ken dans un jeu Street Fighter exclusif, ce personnage n'étant apparu avant que dans SNK vs Capcom: SVC Chaos, et dans divers produits dérivés comme des films et des mangas.

Street Fighter II dans l'esport et la culture populaire

Bien qu'il n'y ait pas eu de circuit officiel comme l'est aujourd'hui le Capcom Pro Tour, des compétitions ont cependant existé sur Street Fighter II et des champions ont émergé, notamment au Japon et aux États-Unis, pays où les salles d'arcade ont connu le plus de succès. Certaines des plus grandes figures des jeux de combat ont fait leur début sur ce titre, notamment Daigo Umehara et Alex Valle, même si ce n'est pas sur ce jeu qu'ils bâtirent leur légende. À cause du manque d'archives et de tournois internationaux, il est difficile de dire qui dominait vraiment la scène à cette époque, mais de nombreux tournois furent organisés par les communautés locales, qui posèrent les bases de ce que deviendrait l'esport des jeux de combat. Le titre reste quand même très aimé et des tournois sont encore organisés aujourd'hui partout dans le monde en différentes occasions. Le jeu fit partie des titres principaux de l'EVO de 2002 à 2008, et le titre non-officiel de champion du monde fut porté par Afrocole (Dhalsim 2002), Daigo Umehara (Ryu 2003, Original Sagat/Ryu/Boxeur 2004), Gian (Dhalsim 2005), Alex Wolfe (Super Turbo Dhalsim/Champion Edition Dictateur 2006), Tokido (Claw 2007), Choiboy (Ryu/Ken/Original Sagat 2008), Afro Legends (Dee Jay/Balrog 2009) et Snake Eyez (Zangieff 2010).


À la fin du film, les gentils gagnent et prennent la pose

Le jeu a également connu de nombreuses adapations, dont la plus célèbre reste le film Street Fighter : l'Ultime Combat avec Jean Claude Van Damme, Kylie Minogue et Raul Julia, à qui ce film est dédié. Il ne respecte en rien l'histoire et est devenu un nanard reconnu, éclipsant une autre adaptation de Street Fighter : Future Cops. Pour trouver une bonne adaptation de l'époque, il faut se tourner vers le film d'animation Street Fighter II: The Animated Movie. Une série de dessins animés fut aussi créée, Street Fighter II V, qui se présentait comme une préquel au jeu mais ne resta pas dans les mémoires. Des jouets furent créés par Hasbro, qui les lia à sa célèbre gamme G.I. Joe, C'est d'ailleurs grâce à eux que Ken gagna son nom de famille (Masters) afin de ne pas être confondu avec le Ken de Mattel, celui qui accompagne Barbie.


Un jeu avec des combattants digitalisés existe aussi. Parce que pognon, argent, biff, oseille...

La bande son de Street Fighter fut reconnue comme l'une des toutes meilleures de cette génération de console, et si le thème de Guile est aujourd'hui connu partout dans le monde, il n'est pas la seule musique à avoir marqué les esprits. On retrouve aujourd'hui des samples issus du jeu dans 78 morceaux de musique, les plus connus étant FACTS de Kanye West, Pop Style de Drake, Cercle Rouge de Disiz la Peste, Night de PSY et Gangster Moderne d'MC Solaar.

Street Fighter II détenait trois records dans le Guiness Book 2008, celui de premier jeu de combat à utiliser des combos (ce qui était faux dans un sens, mais SF II est le premier jeu à avoir orienté son gameplay autour), celui du jeu de combat le plus cloné de tous les temps et enfin celui de jeu de combat d'arcade le plus vendu.


Dans les séries animées, Chun-Li est à l'affut du moindre truc louche qui pourrait la mener à Shadaloo

Avec sa bande originale fantastique, ses personnages charismatiques rentrés depuis dans la pop culture, ses systèmes de jeux innovants et son orientation naturelle vers la compétition entre joueurs, Street Fighter II n'a pas seulement marqué les jeux de combat, mais de nombreux autres domaines. Il est aujourd'hui une œuvre majeure du jeu vidéo, et, au même titre qu'un Mario, Zelda, Metal Gear et d'autres, est un titre auquel tout gamer se doit de jouer au moins une fois, juste pour voir.