Pendant que l'écrasante majorité des coachs touchés par les sanctions combinées de l'ESIC et de Valve ont préféré se taire, le Bulgare Anton "ToH1o" Georgiev a lui choisi de se battre pour prouver son innocence. Un long combat qu'il a finalement réussi à remporter avec les honneurs.

La patience est la mère de toutes les vertus

Le coaching bug, cela vous dit forcément quelque chose. Il s'agissait du plus grand scandale touchant la scène CSGO en 2020 et impliquant un grand nombre d'entraîneurs de clubs parmi les plus influents de la scène. Suite à une alerte lancée par un administrateur de tournoi, l'Esports Integrity Commission (ESIC) s'était saisie du dossier et avait mené une enquête fastidieuse. Le genre d'enquête où quand vous n'avez pas de moyens, tant financiers qu'humains, il est très difficile de se dépêtrer. Toutefois les gendarmes du sport électronique n'avaient pas vraiment le choix et ils ne pouvaient pas passer l'éponge tant l'utilisation du bug, permettant aux coachs d'avoir une vue libre sur l'intégralité de la carte pendant un match, était problématique. 37 noms furent dévoilés publiquement, tous convaincus d'avoir utilisé le bug ou tout du moins d'avoir été touché par ce dernier sans en alerter les administrateurs des tournois auxquels ils participaient. Parmi ces 37 entraîneurs on retrouvait des noms reconnus de la scène comme le Français Morgan "B1GGY" Madour pour la Team Heretics, le Danois Nicolai "HUNDEN" Petersen pour la Team Heroic, le Suédois Robert "RobbaN" Dahlström pour FaZe Clan ou encore Casper "ruggah" Due pour Dignitas (et aujourd'hui sous contrat chez OG).


ToH1o au premier plan chez Windigo en 2017

Suivant leur degré d'implication ou tout simplement le fait qu'ils acceptent de coopérer afin d'aider au bon déroulement de l'enquête, les périodes de bannissements étaient variables. Certains se sont retrouvés bannis à vie par Valve, pendant que d'autres ont pu reprendre leurs activité dès 2021 comme dernièrement Nicolai "HUNDEN" Petersen chez Heroic. Toutefois il n'avait pas encore été question des faux positifs, ceux qui ont eu affaire au bug mais finalement à leurs dépends et sans en avoir abusé. Aujourd'hui il semble que l'un de ces cas, plutôt rares il faut l'avouer, a réussi à faire entendre sa voix après des mois de procédure. Il s'agit du coach bulgare Anton "ToH1o" Georgiev qui a été confronté via les fichiers récupérés par l'ESIC à au moins deux reprises face à ce bug en 2017. Une première fois lorsqu'il portait les couleurs des ex-Outlaws durant le match opposant ses joueurs aux hASSeLsNOk et comptant pour la qualification ouverte européenne aux IEM Oakland (le 20 septembre 2017), et la seconde fois lorsqu'il évoluait du côté de Windigo Gaming et affrontait les Tricked dans un duel comptant pour la CSGO.NET Cup #1 le 13 décembre 2017. C'est d'ailleurs son comportement lors de cette rencontre précise qui était principalement jugé suspect, Anton ayant été face au bug pendant l'intégralité de la partie sur Inferno sans jamais signaler un quelconque problème.

Toutefois le Bulgare s'est toujours défendu d'avoir volontairement été touché par ce bug ou même d'en avoir profité. Il a fourni toutes les preuves qu'il avait en sa possession, notamment les enregistrements audios du match ou encore des témoignages, afin de prouver qu'il n'a pas utilisé cette capacité pour l'aider, et même qu'il s'est senti plutôt lésé lorsque cela lui est arrivé. Et après une longue procédure qui aura duré plus de sept mois, l'ESIC a finalement pris en compte les éléments fournis par Anton "ToH1o" Georgiev et a retiré sa sanction. Lui qui avait été condamné à un bannissement de 10 mois voit donc sa peine réduite légèrement, mais surtout il est désormais officiellement innocent. Pour l'heure Valve n'a pas communiqué au sujet de ses propres prises de décisions qui s'ajoutaient à celles de l'ESIC, mais logiquement Anton devrait voir également son bannissement des Majors jusqu'au premier de 2024 être annulée. Celui qui est actuellement sans club depuis l'éclatement de toute cette histoire a souhaité communiquer via le site de nos confrères HLTV.org au sujet de sa victoire :

Je tiens tout d'abord à remercier l'ESIC pour sa compréhension et pour m'avoir donné la possibilité de faire appel et de fournir une grande quantité de preuves concernant mon dossier. Cela a pris six mois mais je comprends clairement l'ESIC et son calendrier serré face aux tricheurs ! Je suis vraiment heureux mais cela m'a pris tellement de temps, enfin maintenant je suis libre ! Je suis prêt à reprendre le travail et je chercherai un poste d'entraîneur avec n'importe quelle équipe et dans n'importe quel pays ! Je l'ai fait et je n'ai pas quitté la scène pendant tout ce temps, je continuais de l'observer de près donc je suis à jour ! De plus j'ai un visa américain et déménager ne me pose pas de problème pour me lancer dans un nouveau projet.

Pendant que certains sont restés dans leurs équipes malgré les sanctions, basculant vers des postes fictifs d'analystes ou d'encadrement, d'autres ont fait le choix de basculer sur Valorant comme si de rien n'était. Les sanctions imposées par l'ESIC et celles de Valve étant dissociées, changer de jeu vous permettait de retrouver une certaine liberté. Mais d'autres comme Anton "ToH1o" Georgiev ont finalement soufferts de cette situation, se sont battus pour faire valoir leurs droits et son parvenus à être innocentés après une longue procédure qui les aura vu être éloignés des serveurs pendant un long moment. Aujourd'hui de retour l'entraîneur parviendra-t-il à retrouver un club ? Il dit être resté proche de l'actualité et être prêt à aller n'importe où, mais l'état actuel de la scène ne lui laissera que peu de marge s'il souhaite pouvoir vivre de sa passion, les recrutements dans les écuries professionnelles se faisant rares et l'arrivée de nouveaux acteurs étant pour l'instant grandement ralentie par la pandémie et l'émergence de Valorant, notamment aux États-Unis où le Bulgare semble avoir une petite préférence.