Actuel coach de l'équipe Fnatic aux côtés du YamatoCannon, Tolki revient avec nous sur les résultats de l'équipe au Spring Split. L'occasion aussi pour revenir avec lui sur son parcours et ses débuts chez Splyce.

Bonjour Tolki ! Nous allons revenir avec vous sur votre parcours. De vos débuts jusqu'à aujourd'hui !
En 2019, vous rejoignez SPLYCE en tant que Data Analyst. Pour commencer, qu'est-ce qui vous avait motivé à rejoindre cette équipe en tant que vraie première expérience ? 

C'est facile, ce sont les seuls qui m'ont fait une offre ! (Rires.) Cela limite les options ! À l'époque, je n'avais pas vraiment de background dans le côté « équipe » en esport. Je n'avais que commenté chez O'gaming avant de partir au Japon. C'est Duke qui avait posté une annonce sur Twitter comme quoi il recherchait un analyste avec un background technique et qui connaissait bien League of Legends. Chips l'a retweeté et c'est ainsi que je suis tombé dessus ! J'ai postulé et après quelques calls avec Duke j'ai été sélectionné. C'est pour cela que j'ai choisi Splyce car c'était ma seule opportunité. Je ne savais pas trop dans quelle direction je voulais aller professionnellement. J'avais été coach et team owner avant (au Japon, ndlr), mais le projet de Duke sur les datas dans l'esport me paraissait intéressant. 

Comment qualifieriez-vous votre relation, aussi bien avec les joueurs que le staff de l'époque ? On sentait vraiment une synergie, une alchimie entre tout le monde...
Ça se passait très bien ! Je suis toujours en bons termes avec Vizicsacsi, même s'il est parti à la retraite juste après cette saison. Je lui parle toujours régulièrement ! J'étais en bons termes avec tout le monde, Xerxe en particulier. On discute encore de temps en temps. Il y avait une ambiance plutôt intéressante, une dynamique intéressante dans cette équipe. Les gens parlaient, c'est le moins que l'on puisse dire.

Qu'est-ce qui faisait cette dynamique intéressante ? Que ce groupe soit autant positif ?
Bonne question ! Ce n'était pas forcément toujours positif ! Il y avait quand même des tensions dans l'équipe mais tout le monde avait envie de gagner, et était prêt à faire les sacrifices nécessaires pour l'emporter. C'est ça qui faisait bien marcher l'équipe, les joueurs mutuellement. Ils voyaient que les autres faisaient des efforts et ça motivait tout le monde. Humanoid était un rookie à cette époque, il avait envie de faire ses preuves et ça crée une dynamique où tout le monde voulait se dépasser. 

L'équipe se qualifie cette saison-là pour les Worlds avec un parcours mémorable. Une phase de poules où vous tenez tête face aux futurs champions FPX. Enfin, on retient surtout le match en quart de finale contre SKT, perdu 3-1. Avec du recul, que vous a-t-il manqué face à la formation coréenne ? 
Ce qui nous a coûté le match contre SKT, ce sont beaucoup d'erreurs individuelles. On n'était pas au niveau mécaniquement. Cette saison-là on a eu beaucoup de chance dans la méta. Il ne faut pas se voiler mais les équipes qui réussissent sont celles qui ont de la chance parce qu'on ne sait pas quel patch sera joué aux Worlds et à quoi ressemblera le jeu. Être une équipe compétitive aux Worlds, c'est au moins 50 % de chance parce que le dernier patch tombe sur ce sur quoi on va êtres bons, à l'aise et ce fut le cas pour nous. On avait exactement le champion pool et le style de jeu qui se prêtait à ce tournoi. Mais, il y avait une différence individuelle qui était un peu douloureuse que l'on a pas réussi à résoudre et je pense que c'est ça qui nous coûte le match. Après j'en ai retenu une expérience intéressante car j'étais là-bas. C'était la première fois que j'étais à un tournoi en personne pour toute la durée des Worlds. C'était intéressant de voir l'équipe au jour le jour, l'organisation les jours de matchs... Généralement, tout ce que tu as prévu part par la fenêtre une heure avant le match. Il y a eu des scrims, des choses passées, des matchs avant... et toujours une heure avant le match, tout le monde a envie de changer tous les plans. Quand tu es data analyste ton boulot c'est de dire « non non, vous savez, on avait fait ça pour une bonne raison, faut pas changer ! (Rires.) Tout allait bien les gars, restez chill. C'est toujours le bordel avant les matchs. Le plus dur c'est de rester confiant dans son read et dans la façon dont on voit, perçoit le jeu.

Est-ce frustrant de voir ses plans changés comme cela avant le match ? Ou est-ce finalement excitant, et cela fait partie du jeu ?
Cela fait partie du boulot ! Ce n'est pas quelque chose de particulièrement négatif mais c'est rigolo ! Il faut qu'il y ait quelqu'un, une présence, ici c'était Duke, qui pendant un BO5 dit « non mais mec, on est venus avec un plan, il va marcher, on l'a juste mal exécuté ». Après avoir perdu une partie, ce qui arrive, il faut rester la tête froide et analyser l'ensemble. Est-ce une erreur d’exécution ? De jeu ? C'est là pour moi où Duke était très bon. Il savait quand rester sur la même stratégie ou la changer.

Au final, pas de regrets que cela soit en phase de poules, ou en quart ? Ce n'était que du bon ?
Oui c'était une très bonne année ! Il est difficile de faire mieux comme première expérience à bosser dans une équipe esport. Aller au top 8 Worlds, avec pas mal d'équipes qui disaient que l'on était la 3ème meilleure équipe d'Europe en Summer. Quand on voit ce que l'on a réussi à faire avec ce roster, on a clairement overachieve. Quand je dis « on » je pense à tout le coaching staff : Duke, Mac, Peter Dun, Malaclipse... Je pense vraiment que c'était une grande réussite de coaching. Je suis évidemment très fier de cette année parce que je pense qu'on a eu un très bon impact sur les joueurs.

Après cette expérience européenne, vous rejoignez T1 en tant que chef stratégique et analyste. Qu'est-ce qui a motivé votre choix de rejoindre la Corée du Sud ? Aviez-vous reçu d'autres offres de la part d'autres équipes ? Était-ce trop difficile, voire impossible, de refuser celle de l'équipe la plus « mythique » de League of Legends ? 
Il y a, dans un premier temps, quelque chose de très spécial pour moi qui est que je vis au Japon. Du coup, bosser sur le même fuseau horaire, ça arrangeait pas mal ! Travailler pour une équipe coréenne, pour moi, c'est beaucoup mieux que d'avoir accès deux heures par jour à une équipe puisqu'après j'ai envie d'aller dormir ! C'était un gros facteur de choix. Une équipe proche où je puisse facilement aller en Corée. Malheureusement il y a eu la Covid-19 mais le plan était d'y aller tous les mois. J'y suis allé en janvier 2020 pendant une semaine et ça s'est super bien passé. J'aurais aimé le faire plusieurs fois. Le plan c'était d'y aller une fois par mois. C'est à une heure et demie de vol de chez moi. J'habite à côté de Haneda, près de Tokyo. En trois heures je pouvais être dans la gaming house de T1, porte à porte. Mais la Covid a eu lieu. La proximité géographique, et le fait que ce soit une équipe légendaire, c'est ça qui a fait pencher la balance. 


Ressent-on de la pression avant d'aller chez T1, en tant que foreigner ? Comment se sont passées vos premières semaines ? 
J'ai jamais vraiment eu peur. J'ai bossé au Japon, je sais m'adapter à une nouvelle culture de travail, je sais ce que c'est d'être un « étranger » dans une société où tu ne parles pas forcément très bien la langue, tu ne connais pas forcément les codes culturels … Je n'avais pas peur du tout là-dessus. J'y étais déjà habitué. Il n'y avait pas trop de raisons de stresser. 


Avec la Covid-19 qui a touché l'ensemble du monde, comment avez-vous travaillé avec le coaching staff pour être optimal sur le travail, et les performances des joueurs  ?
C'était compliqué avec la distance en ne parlant pas la même langue. Il y avait Hajin qui traduisait les rapports que je faisais toutes les semaines pour T1. Mais clairement la communication ne marchait pas bien. Je n'ai pas réussi à avoir l'impact que j'avais réussi à avoir avec Splyce. J'avais été heureux à l'époque grâce à ce que j'avais réalisé, et ce que j'avais pu apporter à l'équipe. Mais à T1 c'était plus compliqué à cause du virus et de ces soucis de communication. 
Il y a pas mal de regrets aussi après les résultats du Spring. On explose tout le monde aux playoffs. La Mid-season Cup arrive, on meurt en poules. Au Summer Split pareil, on se fait rouler dessus par la moitié des équipes et on ne va pas aux Worlds. Ça la fout mal car on faisait des erreurs que j'aurais pu identifier mais je n'ai pas réussi à bien faire passer ces informations que j'avais pour aider l'équipe. 

Après un Spring Split remporté, l'équipe a eu des difficultés au Summer, avec une non qualification pour les Worlds. Avez-vous vécu cela comme une déception ? Ou au contraire non au vu du niveau des équipes au Summer ? 
C'était une très très grosse déception parce que je pense qu'on avait largement les joueurs pour aller aux Worlds. Même, de façon réaliste, pour les gagner. On n'était pas favoris mais avec le roster qu'on avait, on était une équipe qui aurait dû être là pour tenter de les gagner et qui avait vraiment sa chance. On avait cinq joueurs exceptionnels à chaque position ! Même plusieurs par position… Avec un roster pareil on aurait dû être là et être en compétition pour le titre. C'est une très très grosse déception de ne pas avoir réussi aussi à amener ce roster là où il pouvait aller. 

Avec du recul, comment qualifierais-tu cette expérience ?
Globalement ça reste une bonne expérience car j'ai pas mal appris. J'avais pu continuer à bosser, j'ai beaucoup travaillé sur l'ouverture de ce que je faisais. J'ai commencé à faire du développement open-source. À être plus impliqué dans la communauté. J'ai travaillé beaucoup notamment avec Leaguepedia dans l'année pour les aider à ce que le wiki soit bien. C'est quelque chose que toute la communauté utilise. Je suis très content d'avoir pu avancer personnellement et professionnellement. Mais par rapport à T1, je suis déçu principalement par les résultats et par le fait que, comparé à 2019 où on n'avait pas un roster de superstars et où on a réussi à overachieve, en 2020 on a fait l'inverse. Et en tant que coach c'est cent fois pire. Même si au final les résultats sont potables et que l'on a gagné le Spring… La chose que je ne veux jamais avoir en tant que coach c'est que mes joueurs aient un résultat  moins bon qu'ils auraient eu limite s'ils jouaient sans moi. Pour moi c'est un peu la catastrophe.


Tolki aux côtés de Chips & Noi sur le plateau O'Gaming (c) O'Gaming

Fini la Corée, tu rejoins Fnatic et cette fois-ci en tant que coach. Qu'est-ce qui t'a fait sauter le pas de travailler en tant que coach ? Travailles-tu toujours aussi, de près ou de loin, autour de la data ? 
J'ai pas mal automatisé mes workflows autour de la data. Je continuais de bosser avec mais cela me prenait beaucoup moins de temps. J'avais déjà accès à ce que je voulais sans à avoir besoin de faire du développement. Ce qui aide beaucoup ! 
Je suis allé chez Fnatic car je voulais devenir coach ! Yamato et moi avons le même rôle pendant ce split. On se répartissait les tâches. Moi je faisais plus de l'analyse, des choses qui étaient en rapport avec de la data. Mais j'avais une autre approche du coaching là où Yamato faisait le coaching League of Legends que seul un ancien pro peut faire. Et la raison pour laquelle j'y suis allé, c'est parce que je voulais être coach. Il n'y pas beaucoup de positions ouvertes de coaching dans le monde. Il doit y avoir 30 ou 40 équipes professionnelles où j'aurais eu envie de l'être. Fnatic était de loin la meilleure offre que j'aie eue. J'ai déménagé à Berlin pour ça ! La raison pour laquelle j'y suis allé, c'était que je voulais changer et aller dans un rôle de coach pour voir ce que je pouvais faire… et c'est l'échec ! (Rires.)

Cette première partie de saison a été assez mitigée pour Fnatic avec au final un 9-9 pendant la saison régulière. On a senti l'équipe un peu fébrile. En semaine 7 vous étiez partis pour accrocher le wagon du top 3 mais vous faites un 0-3 dans la dernière semaine. Comment l'expliqueriez-vous ? Était-ce la méta qui n'était pas adaptée pour vous ? Un step-up des équipes ?
Je pense qu'on n’était simplement pas au niveau. D'un point de vue individuel, on n'a pas réussi en tant que coachs à motiver les joueurs, à se dépasser. On a une équipe très particulière à Fnatic au Spring. On avait cinq joueurs avec beaucoup d'expérience, cinq joueurs qui étaient tous largement top 5 dans leur position en Europe. C'est dur dans ces conditions de créer une ambiance où tout le monde a envie de se dépasser. Tu n'as pas un rookie présent pour faire ses preuves, quelqu'un qui est en train de tryhard pour sa vie… Tout le monde était bon, avait l'expérience, et c'était compliqué, à mon sens, de créer la bonne dynamique. Les joueurs étaient très bons, mais sur la fin de la saison, comparé à Schalke avec Broken Blade qui est arrivé et qui a revitalisé l'équipe, on n'avait pas cette faim, cette envie d'être au-dessus de tout le monde et ça qui est nous a manqué.  
 
Contre Schalke 04, vous prenez un 3-0 sec face à une équipe qui était dans une forme totale, et en pleine bourre. Comment expliqueriez-vous le résultat de ce match ? 
On avait clairement des problèmes de champions-pool, on était mal préparés pour le match. On savait parfaitement que ces problèmes allaient venir et malgré ça nous n'avions pas trouvé les solutions… C'était très difficile de mettre l'équipe dans une bonne situation. Et, plus que le draft, ça crée une mauvaise ambiance. Les gens ne croient pas en leurs champions, en leurs chances de gagner, même si en vrai c'était tout à fait gagnable, et ça fait des dégâts mentaux. Nos joueurs ne s'attendaient pas du tout à se faire « skill check » de la manière dont ça s'est passé par Schalke. Individuellement on avait tout ce qu'il fallait pour les battre sans aucun souci mais ils étaient mieux préparés, jouaient mieux les meilleurs champions à cette époque et ça nous a coûté très cher.

Est-ce que cette position d'outsider de Schalke leur a permis de jouer libérés, sans pression ? Tandis que Fnatic était attendu comme « favori » et jouait un peu sous pression.
Oui ! Après Schalke n'a pas sorti des trucs très nouveaux au final. L'équipe jouait assez standard, et jouait toujours ce qu'elle savait faire. Mais ça marchait bien ! Nous on était un peu en arrière par rapport à ça malheureusement. Je ne pense pas que ça soit cela qui ait aidé vraiment Schalke. Ils ont juste été propres ce jour-là et nous on était un peu en retard sur le méta, sur ce qu'il fallait jouer. Ce qui fait que nous n'étions pas à l'aise. Si on regarde nos drafts, on a quasiment joué des compositions différentes à chaque game. Et ce n'est pas quelque chose qui devrait arriver. Avec des bans qui restaient similaires d'une game à l'autre, nos drafts changeaient complètement. C'est mauvais signe en général. 

Il faut de la stabilité…
C'est ça. Ça montre qu'on était pas sûrs dans ce que l'on amenait à la table et c'est toujours mauvais signe.

Comment jugez-vous le niveau européen, avec notamment ce renouvellement de la scène avec une autre équipe championne de LEC hors G2/Fnatic (hormis Alliance) avec le titre de MAD Lions ? Rend-il le championnat plus homogène, plus concurrentiel, meilleur ? 
Plus homogène, je suis 100 % d'accord. Meilleur je ne suis pas encore sûr. Personnellement, j'ai l'impression qu'après l'off season et les changements de roster qu'on connaît entre Fnatic et G2, malheureusement les deux équipes sont devenues plus faibles et on en voit encore aujourd'hui les répercussions. MAD est clairement beaucoup plus fort qu'il ne l'était l'année dernière. Mais je ne sais pas s'ils sont meilleurs que G2 l'était en 2019. L'Europe en tant que région dans son ensemble m'a l'air un peu de stagner. J'ai l'impression que la Chine s'améliore d'année en année. Pour la Corée, DAMWON était au-dessus de tout l'an passé et, même si les autres équipes étaient un peu en-dessous, elles restaient à peu près pareil voire au-dessus du niveau européen. J'aimerais bien voir un retour de la domination comme en 2018/2019 où l’Europe était en finale des Worlds, faisait de très bons résultats. Je ne sais pas si on y est encore. J'ai l'impression qu'il y a encore une étape à franchir pour qu'elle redevienne un contender au titre.

Vous pensez qu'il serait possible, à partir du Summer, de voir l'Europe revenir proche du sommet ? Avec les futurs tractations du mercato, MAD qui va chercher à garder son titre, le retour de Fnatic/G2…   
Oui, je pense qu'il va y avoir un gros changement au Summer même dans les équipes qui ne font pas de roster moove dont G2 en particulier. Ils vont revenir dans une forme incroyable. G2 n'aime pas trop perdre et là, ne pas faire finale, ça va les mettre mal. Ils vont revenir dans une forme qui va être assez violente. Je pense que Fnatic aussi est dans la même situation où l'on a pas eu les résultats et le split qu'on voulait. Malheureusement on a eu un peu les splits et les résultats qu'on attendait puisque les gens, après avoir vu les rosters, nous plaçaient 3, 4, 5ème. Et c'est là où on a terminé. Mais nous savions que nous pouvions terminer mieux. On a vu, pendant tout le split, que l'on avait eu des « flashs » de brillance et qu'on pouvait truster, être en compétition pour le titre. 100 %. Mais au Summer, après la douche froide prise contre Schalke, nos joueurs ont envie de tout donner et repartir avec le titre. Ils se rendent compte que c'est faisable et qu'il faudra faire les mêmes sacrifices que les autres équipes. Mais s'ils y parviennent, ils réussiront, ils peuvent vraiment gagner. On a un très bon roster, avec un plafond très élevé.

Pourrait-on résumer cela à : l'orgueil des deux bêtes blessées que sont G2 et FNC face aux nouveaux chiens fous que sont Rogue et MAD ? 
(Rires.) On peut dire ça. C'est assez imagé ! Il va se passer des choses cet été. Ces deux équipes ne vont pas revenir en se disant « ouais c'est okay, on continue comme ça » alors qu'elles ont terminé 3ème et 5ème (rires).

Vous avez travaillé en Europe, et en Corée. Est-ce qu'il y a une réelle différence dans l'approche, dans le culture du travail entre ces deux régions ?
Tous les analystes font leur boulot séparément. C'est dur à dire. Je ne sais pas comment les autres analystes bossent, ni en Europe, ni en Corée. Moi j'ai mon style, mes outils. J'ai beaucoup communiqué là-dessus, je suis très ouvert par rapport à comment je travaille. Mais les autres ne le font pas. Donc c'est compliqué ! Moi J'utilise Python, SQL, j'ai des databases avec toutes les données de toutes les parties pro, de solo/Q pour aller très deep quand j'ai une question. Je ne sais pas comment font les autres analystes, donc je n'en ai aucune idée. 
Par rapport à la façon de travailler, l'éthique de travail en Corée… C'est rigolo parce que d'un côté c'est plus casual. Ils sont en gaming-house, sont là pour jouer aux jeux-vidéo et grind durant 15/16heures par jour. Alors qu'en Europe personne ne fait ça. D'un côté c'est plus relax dans le sens où on se croirait avec des jeunes qui jouent aux JV plutôt qu'avec des personnes en train de bosser. Mais d'un autre côté, ils le font deux fois plus que les joueurs en Europe. Donc ça se sent au final dans les mécaniques. La solo/Q en Corée est ultra compétitive, ils prennent vraiment ça au sérieux. Les joueurs l'utilisent vraiment comme un outil d'entraînement au quotidien. Cependant il y a des joueurs européens qui arrivent à faire très bien et être au meilleur de leur performance avec beaucoup moins de temps passé en solo/Q et plus de temps à penser, réfléchir au jeu, à comment jouer... et c'est pas plus mal non plus. 

Vous êtes toujours chez Fnatic, comment voyez-vous votre futur sur League of legends ? 
C'est une question vaste. J'ai bien aimé mon expérience à Fnatic et j'ai trouvé ça très intéressant. Je voulais partir pour être head coach mais avec l'offre que nous avons reçue ensemble avec Yamato, je pense que c'était pour moi une très bonne chance de démarrer. Mais en vrai, après le Spring, je n'ai pas été capable d'emmener ces joueurs au niveau auquel je voulais les emmener. Ce n'était pas une réussite. Donc je réfléchis beaucoup à ce que je ferai l'an prochain, et comment aider Fnatic à performer mieux et faire bouger les choses au Summer. Pour l'instant c'est une question très ouverte, ce que je ferai l'an prochain (rires). J'y réfléchis, j'ai plusieurs options. On va voir en temps et en heure. 

Merci Tolki pour cette interview. Chez *aAa*, il est de tradition de laisser le dernier mot à nos invités… 
Merci beaucoup pour l'invitation ! Tout ce que j'ai à dire c'est que je reçois beaucoup de messages de gens qui me demandent « comment commencer la data analysis ? comment commencer à bosser dans l'esport ? ». La réponse est toujours la même pour tout le monde : commencez par faire des trucs vous-mêmes car il n'y a pas assez d'opportunités dans le milieu. Il faut faire des choses par soi-même et se créer soi-même ses propres opportunités. C'est ça qui marche le mieux !