Counter-Strike: Global Offensive est le premier jeu esport au monde concernant les paris. Cela a deux conséquences notables : l'importance des flux financiers qui permettent l'émulation de la scène, et la triche qui gangrène le milieu, particulièrement la Chine.

Une scène vérolée

Dernièrement Ian Smith, le commissaire en chef de l'ESIC (Esports Integrity Commission), a accordé un entretien pour l'émission de nos confrères d'HLTV Confirmed. Dans cette dernière il est revenu sur les matchs truqués qui représentent une part non négligeable du travail de l'ESIC, et a fourni quelques statistiques assez intéressantes, voir inquiétantes. Lors de cette conversation il a ainsi déclaré que Counter-Strike: Global Offensive représenterait entre 42 et 43% de l'ensemble des paris qui ont lieu dans le sport électronique aujourd'hui, et que 80% de la scène chinoise était victime de matchs truqués. Or cette situation est notamment causée par la manière dont Valve s'occupe de ses jeux, Dota 2 n'étant pas exempt non plus de ces problèmes, surtout lorsque l'on voit la façon dont Riot Games est parvenu à verrouiller cela en empêchant autant que possible le développement de business parallèles qu'ils ne gèrent pas eux-mêmes.


Ian Smith, commissaire de l'ESIC

Ce n'est pas la première fois que les paris sur CSGO sont pointés du doigt, ils avaient d'ailleurs déjà vu Valve intervenir quelques années après le lancement de son jeu lorsque des plateformes comme CSGO Lounge pullulaient. L'éditeur avait été contraint de lancer un ultimatum obligeant toutes ces plateformes à se mettre en règle. Cela n'a finalement pas totalement réglé la question, même si désormais l'éditeur s'est couvert vis-à-vis de la loi. Il n'en demeure pas moins que les jeux d'argent sont toujours présents et sont même les principaux sponsors visibles de la scène. Que ce soit Unibet, Parimatch,  Betway, 1XBET ou encore bet365, les sociétés qui se sont lancées sur le marché sont nombreuses et les contrôles plutôt souples ce qui permet à quelques scène locales d'être jugées suspectes. Il y a la zone russophone que l'on sait sujette à des arrangements de temps en temps, les récentes affaires entourant Akuma ou encore Winstrike nous l'ont rappelé, mais jusqu'à maintenant on ne savait pas dans quelle proportion le marché chinois était vérolé. Ian Smith a ainsi déclaré exactement ceci :

Qui paye le prix de cela ? Les dotations en tournois diminuent lorsque les sponsors se retirent, lorsque les émission s'arrêtent, lorsque HLTV ne veut pas diffuser quelque chose parce qu'il pense que c'est un produit corrompu ou arrangé, comme c'est le cas de 80% du CSGO chinois. Pourquoi n'y a-t-il pas de CSGO chinois sur HLTV ? Parce que c'est arrangé ! Ça ne vaut pas la peine d'en mettre, non ? Ce sont les joueurs qui pâtissent de cette situation et vous aussi les gars.

En 2020 CSGO était déjà en tête lorsqu'il s'agissait des paris, il représentait 53% des mises sur le site LOOT.BET, suivi par Dota 2 35% et League of Legends en troisième avec seulement 7%. Depuis l'arrivée de Valorant ce dernier est en passe de doubler le jeu qui occupait la quatrième place jusqu'à maintenant : FIFA. Le FPS de Riot a d'ores et déjà dépassé les plus établis Overwatch et Rocket League. On remarquera de fait que Valve est largement en tête et que cela n'est pas prêt de changer. Selon Ian Smith cette situation entraîne des dérives graves en Chine et cela porte préjudice à l'ensemble de l'écosystème. Tout d'abord lorsqu'il s'agit de développer la scène locale, cela n'est pas rendu possible car les matchs sont tellement arrangés qu'aucun diffuseur n'est intéressé pour diffuser les événements. Cela entraîne par conséquent une baisse des dotations et du nombre de compétitions. Les sites de paris sont également perdants puisque les joueurs profitent du système pour maximiser leurs gains, or le fonctionnement d'un jeu d'argent est plutôt inverse.

Et tout ceci pourrait expliquer pourquoi malgré un grand nombre d'incursions dans l'Empire du Milieu Counter-Strike n'est toujours pas parvenu à s'imposer comme un titre majeur sur place. Les difficultés sont d'ailleurs exactement les mêmes en Inde, un eldorado d'où les principaux investisseurs se sont tous retirés suite au scandale OpTic India et la triche, en LAN, de Nikhil "forsaken" Kumawat. Mais le pays était également touché par les arrangements de matchs et autres difficultés pour contrôler des nations où les difficultés financières sont telles, que certains sont prêts à tout pour gagner quelques dollars.