L'équipe ukrainienne est décidément dans tous les bons coups ces derniers temps. Après être parvenue à terminer à la troisième place du tournoi RMR russophone puis avoir été accusée de triche, voilà maintenant que des preuves prouveraient qu'il y a eu des paris suspects sur leurs propres matchs.

L'ESIC s'en remet à Valve

C'est pas le biais d'un communiqué officiel que l'Esports Integrity Commission (ESIC) a annoncé la nouvelle. Oleksandr Shyshko l'ancien patron de Project X, l'autre nom sous lequel évoluaient les joueurs Akuma au début de l'année, aurait parié sur les matchs de ses poulains. La majorité des mouvements suspects ont été réalisés avant le tournoi RMR, lorsque les Akuma portaient ce fameux tag Project X qu'ils ont depuis changé suite à la dissolution de l'organisation en mars dernier. Toutefois il y aurait eu également des paris pendant l'EPIC League CIS 2021, en particulier lors de la première confrontation opposant Virtus.pro à Akuma et remportée par ces derniers 2-0 (16-09 Mirage / 16-06 Dust2). Ce match, tout comme celui contre les Natus Vincere au tour précédent, est d'ailleurs l'un de ceux concernés par les accusations de triche qui entourent désormais les coéquipiers de Sergey "⁠Sergiz⁠" Atamanchuk.

Les éléments récupérés par l'ESIC ont été transmis à Valve, la commission recommandant de ne plus accepter d'équipe composée d'au moins trois joueurs Akuma. Ces derniers seraient donc dans l'obligation de se dissoudre et ne pourraient au mieux que se faire recruter en formant des binômes s'ils souhaitaient participer à des événements affiliés à l'éditeur de CSGO. Pendant ce temps Oleksandr Shyshko serait quant à lui interdit d'être lié à une quelconque structure, ou même d'avoir son nom qui apparaitrait dans une compétition. C'est un autre organe de contrôle qui a alerté l'ESIC sur les mouvements suspects qui ont eu lieu, le Suspicious Betting Alert Network (SBAN) a collecté des preuves qu'il a transmis au gendarme du sport électronique pour analyse. Il existe malgré tout un doute, mais dans son communiqué l'ESIC a déclaré qu'il y avait une :

Base raisonnable pour croire qu'un potentiel comportement de trucage de matchs et/ou de fraude aux paris a été perpétré. Bien que l'ESIC n'ait pas mené une enquête complète et approfondie, l'étendue et la validité de tous les éléments fournis en lien avec un comportement de trucage sportif, par les auteurs de ce type d'action, semblent confirmés par les informations disponibles qui indiqueraient qu'il s'agit d'une question qui mérite d'être approfondie. Si l'ESIC avait les compétences, nous aurions ouvert une enquête complète sur la base de ce que nous savons déjà. L'ESIC a donc renvoyé les preuves dont nous disposions à Valve pour un examen plus approfondi de ces dernières.

Ces mots forts proviennent directement du commissaire de l'ESIC Ian Smith qui semble avoir eu en sa possession des documents plutôt accablants. Toutefois dans le même temps la commission annonce qu'elle ne donne que des recommandations de sanctions et n'en imposera pas, tout simplement car elle n'a pas eu les compétences pour enquêter plus en profondeur sur le dossier. C'est donc désormais au tour de Valve de trancher, et quand on connait l'éditeur il ne risque pas de faire dans la dentelle.

D'autant plus que les joueurs Akuma se sont exprimés à leur tour. Ces derniers ont déclaré qu'ils ne pouvaient pas être tenus comme responsables des agissements du dirigeant, et qu'ils n'étaient en aucun cas impliqués dans ces paris. C'est le sniper du clan Dmitriy "⁠SENSEi⁠" Shvorak, déjà accusé de triche par 15 formations russophones, qui a pris la plume pour défendre son effectif. Il a déclaré être prêt à collaborer et à transmettre toutes les informations nécessaires afin de le disculper lui et ses coéquipiers. Toutefois désormais la balle est dans le camps de Valve et après tout le tintamarre causé par Akuma ces dernières semaines, l'éditeur devrait prendre la décision de trancher dans le vif. On le voit mal accepter de perdre du temps pour mener une enquête fastidieuse, dans laquelle il sera de toutes les façons nécessaire d'impliquer la police et la justice, qui plus est dans plusieurs pays étrangers (Russie et Ukraine), alors que dans le même temps quand il s'agissait de simplement vérifier des données directement liées à des comptes Steam, Valve trainait déjà la patte rendant certains dossiers rocambolesques. On pense notamment au Finlandais Elias "Jamppi" Olkkonen qui, malgré le soutien de sa structure ENCE et une décision de justice en sa faveur, n'avait finalement jamais réussi après des mois de procédure à faire entendre son cas personnel.

Prochaine étape désormais donc les sanctions qui seront infligées aux Akuma, sachant qu'en ce qui concerne la triche pour l'instant rien n'a avancé et le nom du fameux tiers qui aurait transmis les images du match aux joueurs n'a toujours pas été dévoilé. Alors et si finalement le seul moyen d'éteindre la polémique était de faire de cette équipe un exemple ? Cela irait malgré tout à l'encontre de tout ce dont un justiciable a normalement droit, en particulier une vraie enquête.