Avant de tourner la page et de retourner à la saison 2021, la rédaction vous propose une rétrospective du Six Invitational en en survolant les moments les plus marquants.

Un dernier regard sur le Six Invitational

Dimanche soir, une édition 2021 mémorable du Six Invitational touchait à sa fin avec la victoire historique de Ninjas in Pyjamas. La compétition a fait rage pendant plus de dix jours, les 18 meilleures équipes de la planète étaient présentes à ce Major Roi au coeur de Paris pour disputer un premier tournoi international en un an et demi, mais surtout pour remporter l'Invitational et être sacrées championnes du monde. Entre upsets, histoires passionnantes et matchs exceptionnels, ce Major a été mémorable en plus d'un aspect et nous vous proposons de nous les remémorer.

Un Major et un cadre prestigieux en pleine pandémie

Enfin ! C'est la réaction des joueurs comme de la communauté tout entière quant à ce tournoi. Enfin les meilleures équipes du monde ont eu l'occasion de se mesurer les unes aux autres à ce Six Invitational, qui est le premier rassemblement international ayant eu lieu depuis l'édition 2020 de l'Invitational. Ce Major suprême était une aubaine dans le cadre de la pandémie de COVID-19 qui frappe la scène esportive de plein fouet depuis l'année dernière. Il était attendu de tous et s'il a été repoussé de trois mois, le Six Invitational cuvée 2021 a finalement eu lieu et ce exceptionnellement à Paris. Il a permis aux meilleures équipes du monde de retrouver le goût des affrontements transnationaux et de rendre compte de l'évolution des niveaux en jeu entre les différentes régions - comme cela s'est fait ressentir par les résultats, mais nous y reviendrons par la suite.

La phase de groupes a été disputée dans l'hôtel des joueurs, les Playoffs ont eu lieu - à huis clos - au Palais Bronghiart, un centre de congrès situé dans le quartier Vivienne, dans le deuxième arrondissement de la capitale qui a accueillait notamment la Bourse de Paris. Sans public et dans un cadre sanitaire strict, les équipes en charge de ce Six Invitational ont revu la formule et travaillé d'arrache-pieds pour proposer une expérience et une atmosphère adaptée et unique pour les joueurs comme les spectateurs, le pari a été relevé haut la main.

En effet, l'arène de ce Six Invitational était tout simplement grandiose ; le Palais Bronghiart était mis en valeur et sublimé dans l'univers et l'atmosphère de Rainbow Six, un fabuleux écrin au cachet majestueux parfaitement propice à la réception d'un événement mettant en jeu un titre de champion du monde. Les équipes se tiraient la bourre l'une en face de l'autre, seules à seules dans la salle, ce qui leur permettait de se regarder les yeux dans les yeux et de d'impressionner l'adversaire, mais aussi de se galvaniser en donnant de la voix, répercutée par l'architecture et le vide prenant de l'arène. Le Major suprême surprend année après année par le cadre dans lequel il est tenu et même si la Place Bell de Montréal ne l'a pas accueilli cette année, le Palais Bronghiart avait un charme inestimable et a été formidablement exploité pour un Six Invitational dans ce contexte.


Crédit photo : Ubisoft

ça ne passe pas pour BDS

Après leur fabuleux Top 4 obtenu à la surprise générale l'an dernier, les BDS Esport étaient attendus au tournant cette année et désignés par beaucoup comme les favoris à la victoire finale. En effet, s'ils ont été la surprise générale en 2020, Elemzje et ses hommes n'ont cessé de monter en gamme ces derniers mois et alors qu'ils sortaient d'un remarquable premier stage d'European League 2021 et témoignaient d'un niveau de jeu très relevé, la victoire leur semblait comme promise à ce Six Invitational.

Les Français ont début la compétition sur les chapeaux de roues en terminant deuxièmes du Groupe A, juste derrière la Team Empire, l'équipe russe contre laquelle ils ont encaissé leur seule défaite de la phase de groupes. Ce Six avait donc très bien débuté pour BDS, qui a su rapidement s'exprimer, mettre son jeu en place et se forger un bon momentum pour la phase finale. Cette dernière commençait fort pour BriD et compagnie qui étaient confrontés à NiP et s'ils ont donné du fil à retordre aux Brésiliens en remportant notamment la première map, ils sont tombés sur un os et se sont inclinés 2 à 1 face aux futurs champions du monde. La descente en Lower Bracket a été un gros coup au moral pour l'écurie suisse, mais ses membres sont parvenus à repartir de l'avant et s'imposer sur FURIA Esports après avoir encaissé la première carte. Les BDS étaient alors remotivés et prêts à remonter l'entiéreté du Loser Bracket, mais ce fut sans compter sur des TSM tout simplement meilleurs. Cette défaite a signé la fin du parcours de BDS à ce Six Invitational parisien, la formation française a été éliminée bien prématurément, elle qui n'aurait pu se satisfaire que d'une victoire, comme nous l'avouait Elemzje, son capitaine. Elle termine ainsi sur un Top 7/8, une réelle contre-performance qui a fait vivre une sensation très désagréable au groupe français. Il lui faudra néanmoins tirer les conclusions de cet échec et revenir plus fort l'année prochaine ; BDS a très bien commencé l'European League 2021 et il lui faudra y maintenir la pression si elle souhaite obtenir une nouvelle chance de remporter le titre de championne du monde.


Crédit photo : Ubisoft

G2 et Spacestation, la chute des légendes

G2 Esports et Spacestation Gaming étaient particulièrement suivies de prêt à ce Six Invitational ; la première participait au Major un peu plus d'un an après le départ de Fabian de ses rangs et trois mois après le départ à la retraite de Pengu, son leader et un des piliers du G2 légendaire, tandis que les joueurs de Spacestation remettaient leur titre de champion du monde suite à leur sacre en février 2020 à Montréal, à la seule notion qu'ils prenaient part à la compétition avec Canadian, leur leader emblématique faisant office de remplaçant après qu'il a lui aussi annoncé prendre sa retraite.

Les deux sélections ont fait comprendre dès la phase de groupes qu'elles n'étaient pas dans les meilleures dispositions à cet event et qu'il serait très surprenant de les voir remporter la victoire. En effet, les Européens et les Américains ont montré un visage très faible et un jeu pauvre et loin d'être mirobolant dans leur poule respective - leurs quelques victoires au forceps dans cette phase de groupes leur ont évité une absence aux Playoffs qu'ils ont vu passer de très près. Elles ont donc connu un sursis et ont pu accéder au premier tour du Loser Bracket, mais leur aventure n'aura pas été prolongée. Effectivement, respectivement vaincues par Parabellum et oNe, G2 et Spacestation ont tiré leur révérence à ce Six Invitational et quitté le Palais Bronghiart par la petite porte.

D'une part, cette performance de G2 confirme que son temps est révolu et met en exergue les cicatrices laissées par le départ de Pengu, le leader de l'équipe au Samouraï qui incarnait un réel pilier du collectif. D'autre part, cette défaite de Spacestation est venue effacer les maigres espoirs que nous avions de voir Canadian et les Spacestation briller pour la remise en jeu de leur titre mondial obtenu l'année précédente, mais également pour la dernière sortie de Canadian dans une compétition officielle, notamment lors du championnat du monde de Rainbow Six, qu'il aura remporté en 2017 et en 2020. La chute de ces deux cadors du Rainbow Six international nous montre bien que l'ère dominatrice de ces deux équipes est révolue et que l'esport sur le FPS d'Ubisoft entame un nouveau chapitre de son histoire avec le sacre d'autres champions et l'émergence de nouvelles étoiles montantes.


Crédit photo : Ubisoft

Brazil > World

L'hyperpuissance du Brésil et son incontestable supériorité pendant le championnat du monde est un des plus grands enseignements de ce Six Invitational. Effectivement, la région LATAM a débarqué en force avec pas moins de six équipes en lice au Mondial, ce qui représente 30 joueurs, soit 1/3 de tous les participants. Les formations latines ont montré de quel bois elles se chauffaient dès la phase de groupes et ont passé la vitesse supérieure lors des Playoffs, qui se sont révélés être un tournoi dans le tournoi.

Dès les demies, les Américains d'Oxygen Esports étaient la dernière équipe non-brésilienne du Winner Bracket et leur défaite assurait alors la présence d'une équipe brésilienne en grande finale de l'Invitational. La fabuleuse performance des joueurs de Team Liquid, qui ont remonté la quasi-intégralité du Lower Bracket, a offert un podium 100 % brésilien au pays de Bolsonaro à ce Six. Les Chevaux ont été suivis de très près et ont captivé les fans lors de cet événement. En effet, ils y participaient avec le statut de la meilleure équipe brésilienne et leur longévité en équipe leur octroyait le statut de favori. Ils ont été à la tête d'une fulgurante remontée du Lower Bracket durant laquelle ils ont éliminé notamment Empire et TSM. nesk et Paluh ont été les hommes de tous les records à cet Invitational et ce dernier, ayant appris le décès de son père lors des Playoffs, est allé chercher des ressources au plus profond de ses tripes pour accéder à la grande finale du tournoi, même s'il n'est pas parvenu à aller jusqu'au bout et soulever le trophée. Au-delà de cela, nous avions l'impression d'un match dans le match à ce Six Invitational ; ce n'était pas juste un rassemblement pour savoir qui allait devenir la meilleure équipe du monde, mais également une rivalité pour savoir qu'elle serait l'équipe brésilienne qui décrocherait le titre de championne du monde la première. En somme, l'Amérique Latine a dominé ce Six Invitational et affirmé sa supériorité sur le reste du monde, témoignant d'une signifiante montée en gamme. En effet, les troupes brésiliennes ont confirmé leur excellence à l'arme et leur faculté à jouer très bien collectivement, mais y ont ajouté un soupçon de dimension stratégie pour créer un cocktail explosif. Le Brésil est donc sur le toit du monde et il sera intéressant de voir s'il parviendra à conserver sa longueur d'avance sur les autres régions lors des prochains événements internationaux.


Crédit photo : Ubisoft

NiP rentre dans l'histoire

Les Ninjas en pyjama ont clôturé cette édition mémorable du Major suprême en apothéose. Un an et quelques mois après avoir essuyé une défaite cuisante en grande finale face à Spacestation Gaming, les Brésiliens ont su tirer des conclusions de leurs erreurs et revenir plus forts cette année.

Si leur performance ne payait pas particulièrement de mine pendant la phase de groupes, Psycho et ses partenaires de jeu ont passé la vitesse supérieure au coup d'envoi des Playoffs. Bourreaux de BDS Esport en quarts du Winner Bracket, ils ont ensuite enchaîné sur FaZe Clan puis MIBR pour obtenir leur qualification à une seconde finale d'Invitational d'affilée. Celle-ci fut donc la bonne pour NiP qui, même si elle s'est fait une petite frayeur, a su prendre le meilleur sur Liquid et remporter la game 3 à 2.

Les Ninjas in Pyjamas sont donc devenus les nouveaux champions du monde de Rainbow Six, une réelle rédemption après qu'ils ont obtenu un titre de vice-champions l'an passé alors qu'ils auraient dû décrocher l'or. Ce triomphe à Paris représente également la toute première victoire en LAN depuis la naissance de l'équipe et l'arrivée de l'écurie sur R6. Le club suédois rentre donc dans l'histoire compétitive du FPS d'Ubisoft en ce qu'il est le tout premier à offrir une victoire en Major à l'Amérique Latine, qui plus est un sacre mondial. A titre indicatif, la dernière victoire en tournoi majeur de la région remonte à mai 2017, lorsque les Liquid soulevaient les trophées de la Pro League Saison 7. En plus de rentrer dans le cercle très fermé des vainqueurs du Six Invitational aux côtés de G2 et Spacestation, NiP devient une des quatre équipes à avoir dépassé le million de gains sur Rainbow Six, se classant qui plus est première avec quelques 1 661 242 dollars. A titre de comparaison, G2 et Spacestation arrivent ensuite avec respectivement 1 475 193 et 1 387 500 dollars.


Crédit photo : Ubisoft